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POSTEL (GUILLAUME) -- POTHIER (RÉMI)

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plus vraisemblable, étayée qu’elle est par la compa-’raison avec des lettres de Postel, et par l’étude d’une rétractation adressée par celui-ci à Catherine de Médicis. Le livre est bien, en effet, la louange des femmes et tout spécialement de cette Mère Jeanne dont l’influence sur Postel avait été décisive. Mais, sous celle louange des vertus et de la vie d’une humble religieuse, se cache une bizarre théorie qui affleurait déjà danstous les ouvrages composés après 1517. Postel distingue dans la nature humaine la partie supérieure ou intellective et la partie inférieure ou la raison ; la première s’appelle vir, la seconde femina. « La partie supérieure, vir, fut, il y a 1547 ans (durant la vie de Jésus-Christ), moyennant l’obédience de la foi, purifiée et rachetée et ressuscitée de la mort de souveraines, ténèbres, pour obéir à la même vérité en se captivant. » Quant à la partie inférieure, sa restitution avait été sans doute prédite par Jésus, mais ne s’était pas encore accomplie (la raison n’était pas capable d’entendre et de comprendre la vérité divine), jusqu’au jour où les révélations de Mère Jeanne, ayant ouvert les yeux à Postel, celui-ci fut vraiment restitutus, comme il le dit très souvent. Sa raison acquit une force et une supériorité qui le mettait en état de pénétrer le sens de l’Écriture, la signification profonde des mystères. Ainsi l’action de Mère Jeanne avait bien été pour lui le point de départ d’une nouvelle vie intellectuelle et religieuse.

En définitive, on retrouve dans cet ouvrage de Postel (corroboré par un autre paru en italien en 1555, et appelé d’ordinaire La vergine venetiana) l’idée capitale de l’auteur : La raison humaine arrive par le secours divin à la pleine intelligence des mystères. Cette pensée s’exprimait déjà dans la Concordia, elle se renforce dans les ouvrages suivants ; après 1547, la crise illuministe ayant atteint alors son maximum, elle fait le fond de la mentalité de Postel. « Il prétendait, dit Nicéron, démontrer par la raison et par la philosophie tous les dogmes de la religion chrétienne, sans en excepter les mystères de la Trinité et de l’incarnation. Persuadé que sa raison naturelle était beaucoup au-dessus de celle de tous les autres hommes, il s’imaginait qu’il convertirait par son moyen toutes les nations de la terre à la foi de Jésus-Christ. » Nous sommes très loin de l’athéisme, du matérialisme, et des erreurs monstrueuses que n’ont cessé de lui reprocher les protestants.

A quoi il faudrait ajouter, pour être moins incomplet sur ce curieux personnage, les grandes rêveries politico-religieuses qui font l’objet de plusieurs de ses livres et affleurent même en ceux qui ne s’y rapportent pas directement. Son ambition était d’établir par toute la terre le règne de Jésus-Christ, sous la forme d’une monarchie universelle dirigée par le pape et le roi de France. Cette idée de la monarchie chrétienne universelle, il l’avait dès avant 1544, quand il se présentait à saint Ignace, persuadé que la nouvelle compagnie le seconderait dans l’exécution du plan qu’il nommait la plus belle œuvre du monde ; il y est resté fidèle jusqu’à la fin.

Duverdier, Bibliothèque française (Duverdier a connu personnellement Postel), éd. Rigoley de Juvigny, t. n. 1773, p. 114-118 ; La Croix du Maine, Bibl. française, éd. Rigoley, t. i, p. 340-343 ; Scévole de Sainte-Marthe, Éloges des hommes illustres, trad. franc., Paiis, 1044, p. 295298 ; A. Thévet, Histoire des plus illustres et sçavauts hommes de leurs siècles, éd. de Paris, 1670 (la l re éd. est de 1584), t. viii, Thévet est la source à laquelle ont puisé, très souvent sans y rien changer, les bibliographes postérieurs ; Chr.-Gottlieb Petzsch, E.rercitatio historico-theologica de Guilielmo Poslello, thèse présidée par Ittig, sous le nom duquel elle est citée, Leipzig, 1704 ; A.-H. de Sallengre, Mémoires de littérature, La Haye, 1. 1, 1715 ; t. ii, 1716 ; Nicéron, Mémoires pour semir à l’histoire des hommes illustres dans la république

des lettres, t. viii, Paris, 1729, p. 295-356 ; J.-G. de Chaufepié, Nouveau dictionnaire historique et critique pour servir de supplément au dictionnaire de l’, Bayle, i. m. Amsterdam-La Haye, 1753. p. 215-236 ule beaucoup la plus solide enquête sur Postel) ; ses résultats sont repris dans Mtchaud, Biographie universelle, t. xxxiv, et dans Hoef.-r. Nouvelle biographie générale, t. xi., 1866.

É. A.MANN.

    1. POSTEL Henri-Joseph##


POSTEL Henri-Joseph, jésuite belge. Né à Binche (Hainaut), le 2(5 mai 1707, il entra au noviciat de Tournai le 27 octobre 1728, enseigna la rhétorique à Lille, puis la philosophie et la théologie à Douai, où il mourut le 7 mai 178(1. « On a remarqué, dit le P. Feller, S. J., dans ses leçons, une solidité, une précision et une clarté qui en ont fait désirer la publication » (Journal historique et littéraire du 15 décembre 1788, Luxembourg). Malheureusement, nous n’avons de ses cours que trois programmes de thèses défendues a Douai par ses élèves (voir titres et description dans Sommervogel) ; il existe en outre un volume manuscrit : Tractatus theologici in tertiam parlem Divi Thom ; e. Le P. Postel est connu surtout par deux ouvrages apologétiques : L’incrédule conduit à la religion catholique par la voie de la démonstration, Bruxelles et Tournai, 1769 ; La vérité de la religion catholique démontrée contre toutes les sectes, ou IIe partie du livre intitulé : L’incrédule…, Tournai, 1772. Dans la préface du premier, il dit modestement : < N’y cherchez pas les grâces du discours ; souvenez-vous que c’est un Flamand qui écrit, et que le but est de convaincre et non de plaire. > Dans ces ouvrages de bonne vulgarisation, écrits en forme de dialogue, l’auteur fait preuve d’une information étendue ; les arguments sont développés avec beaucoup de rigueur logique, bien que, parfois, sur un ton un peu trop vif ou oratoire. Le premier traité établit, par les preuves classiques, l’existence de Dieu, la spiritualité et l’immortalité de l’âme, la religion naturelle, la possibilité et les critères de la révélation, l’existence de la révélation mosaïque et chrétienne. Le second prouve la vérité du catholicisme contre les hérétiques. L’ensemble forme une apologétique solide qui, pour la méthode et l’argumentation, ne le cède guère aux traités plus récents.

Feller, S. J., Journal /lis/, et littér., 15 déc. 1786 ; Simonin, S. J., Bibl. douaisienne des écrivains de la Comp. de Jésus, 1890, p. 268 ; Biographie nationale de Belgique, t. xviii, 1905, p. 71 ; Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. VI, col. 1098.

J.-P. Grausem.

    1. POTEAU Nicolas##


POTEAU Nicolas, dominicain lyonnais, appartenant au couvent de Lucques, en Italie ; il publia, en 1625, Les entretiens de l’amour divin où l’âme dévole s’entretient avec son cher époux, avec les merveilles et les louanges de l’oraison et un petit recueil d’oraisons très dévoles tirées de plusieurs saints et graves personnages…, Lyon, in- 12.

Quétif-Échard. Script, on/, prsedicat., t. ii, p. 441.

M. -M. Gorce.

POTHIER Rémi (1727-1812) naquit à Reims en 1727, devint curé de Bétheniville et chanoine deLaon ; il mourut à Reims le 23 juin 1812. Pothier avait des idées originales qu’il défendait avec une verve caustique et qui paraissent dans ses écrits. En 1773, il fit connaître le plan d’une Explication de l’Apocalypse, qui fut dénoncé aussitôt comme capable de provoquer des troubles. Le Parlement ordonna de brûler le livre ; Pothier répondit au réquisitoire de l’avocat général Séguier dans la préface du livre qui fut imprimé clandestinement, 2 vol. in-12, Douai, 1773. Il fut réimprimé, en 1793, à Liège, où Pothier s’était réfugié, pour échapper à la Révolution. Une 3e édition, en latin, fut imprimée à Augsbourg, en 1797, 2 vol. in-12 et, en 1798, en un volume in-4°. De cette dernière, Pothier fit un extrait qu’il intitula Les trois dernières plaies par