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POSSKSSION Dl lit) MOI I’.


mant. millum ipsi dent mwum esse nec proprie untirn quid constituant cum homine obsesso. /)< serv. Dei beatif. et beat, canoni :.. t. iv. 1° part., c. xxix, n. 2.

D. Sehram, o. S. H. : i Possessio consista in eo quod dwmon sit intra corpus et intra iltud operetur cum speciali potestate utendi despotice et invita etiam homine… Dirmon possidens unitur cum homine possesso per illapsiun specialem. cum dominio et potestate in corpus. » Institutioncs theologise mysticæ, § 205.

Mgr Ribet : « La possession est l’envahissement, par le démon, du corps d’un homme vivant, dont il meut les organes en son nom et à son gré, comme si ce corps était devenu le sien. » La mystique divine, tit. iii, 2e sect.. ex, § 1.

J. de Bonniot, S. J. : « La possession est un phénomène double. Elle comprend une sorte de catalepsie de l’organisme, un état organique qui soustrait le système nerveux d’abord et, par suite, tout le corps à l’influence du pouvoir directeur normal, c’est-à-dire de l’âme qui lui est unie : c’est le premier élément du phénomène. Le second consiste en ce qu’un pouvoir étranger, un démon, se substitue à l’âme frappée d’impuissance, non pour animer, ce qui est impossible, mais pour mouvoir le corps à sa place. » Le miracle et ses contrefaçons, Paris, 1887, I re part., c. v, p. 99. Cf. du même. Le miracle et les sciences médicales, Paris, 1879, p. 112-117.

John Smit, après avoir transcrit l’explication du P. de Bonniot, ajoute : « Præsens autem dsemon in corpore humano tanquam molor adveniitius non in ipsam essenliam anima’hominis dilabitur atque operari potest, nec in facilitâtes animas, ut in voluntatem, directum influxum exercere, nec actus anima’proprios, i. e. aclus vitales producere, sii>e sinl sensiles sive sint intellectuales. .. Sed supra corpus hominis energumeni diemon directe et immédiate lyrannica potestate dominatur hominemque per motum localem (action physique) vario modo vexai. » De dœmoniacis in hisloria evangelica, Rome, 1913, p. 66-68.

IV. Causes.

A l’avènement du Christ, « les influences maléfiques se donnaient libre carrière au point d’exercer une sorte d’hégémonie : une puissance spirituelle ennemie de tout bien tenait parfois captifs les corps avec les âmes ». Pressentant l’adversaire, le Malin paraît avoir alors tenté un suprême effort pour prolonger son règne. De là, le grand nombre, insolite peut-être, des démoniaques que rencontre Jésus ». Ce « retour offensif est prédit, partiellement victorieux : ce sera le lot de cette génération perverse. L’esprit impur, trouvant sa maison nettoyée, s’en va prendre sept autres esprits plus méchants que lui… et le dernier état de cet homme est pire que le premier. » Matth., xii, 43-45 ; Luc, xi, 24-26. Jésus a fait reculer l’adversaire sur tous les terrains, en particulier sur celuide l’obsession physique, de la possession. L’envie du prince de ce monde a dû se borner ordinairement, depuis, en pays chrétiens, à des suggestions tout intérieures. » D’autant qu’en nos civilisations occidentales, on serait porté à dire que le diable a plutôt intérêt à dissimuler son action. Ne tient-il pas les hommes d’autant mieux que ceux-ci l’ignorent ou le nient ? Mais, dans les régions où l’Évangile pénètre pour la première fois avec intensité, il se heurte encore, comme aux jours anciens, à une sorte de pouvoir occulte, usurpé mais établi, qui rappelle tout à fait, par ses résistances et ses manifestations, les convulsions des méchants démons en face de Jésus. Il n’y a guère de missionnaire en ces contrées qui ne s’y soit heurté, et ne puisse confirmer ainsi, par voie d’analogie, la vérité et le caractère miraculeux des faits évangéliques. » L. de Grandmaison, Jésus-Christ, t. ii, p. 349-354.

La possession est bien la marque de cette dureté de

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l’empire du démon, que saint Ignace rappelle en la méditation « des deux étendards », dureté qui s’inspire de la haine envers Dieu et envers les créatures de Dieu. Pourquoi Dieu permet-il ces réussites passagères du mauvais. » C’est, répond saint Bonaventure, « soit en vue de manifester sa gloire (en contraignant le démon, par la bouche du possédé, à confesser, par exemple, la divinité du Christ), soit pour la punition du péché, soit pour la correction du pécheur, soit pour notre instruction. Mais, pour laquelle de ces causes, précisément, il laisse faire le démon, c’est ce qui échappe à la sagacité humaine : les jugements de Dieu sont cachés. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont pas injustes. » In //um Sent., dist. VIII, part. II, q. i, art. unie.

Les théologiens anciens voyaient surtout dans la possession la suite d’un péché grave. Les modernes admettent, d’ordinaire, à l’origine au moins, une imperfection. C’est une opinion — assez commune — chez les uns et les autres qu’elle se produirait volontiers par un acte extérieur : un fruit mangé, une fleur respirée.

V. Un élément psychologique.

La possession est-elle consciente ? Les psychiatres modernes ont été amenés, avec l’école de la Salpêtrière, à étudier, chez les névropathes, ce qu’on a appelé le dédoublement de la personnalité. Au moment des crises, soit naturelles, soit provoquées dans le sommeil hypnotique, se déroule, agit, parle, gesticule, un personnage tout différent de celui qui se manifeste à l’état normal. Tantôt le personnage normal n’a aucune conscience, au temps de la crise, du rôle nouveau qui se joue et n’en manifeste aucun souvenir quand il est rentré au temps calme : et c’est le cas le plus fréquent. Tantôt, au moment de la crise, il se sent envahi par un personnage nouveau, il lui paraît que sa personnalité se dédouble en deux entités plus ou moins en antagonisme l’une avec l’autre ; il a conscience de la vie mentale que chacune mène, et en même temps qu’une de ces vies lui est imposée. Dans le premier cas, il y a double personnalité successive ; dans le second, double personnalité simultanée.

A quelle catégorie appartient la possession ? « La conscience du malade, lisons-nous dans Harnack, sa volonté et sa sphère d’activité se dédoublent. En toute vérité subjective — il y a naturellement des supercheries de temps en temps - — il a l’impression qu’il y a un deuxième être en lui qui le domine et le gouverne. Il pense, il sent, il agit tantôt comme l’un, tantôt comme l’autre et avec la conviction qu’il est double. » Medizinisches aus der âltesten Kirchengeschichle, p. 105. T.-K. Œsterreich note là-dessus : « Si l’on regarde les relations récentes détaillées, on aperçoit avec étonnement qu’un tel dédoublement de conscience n’a pas été réel dans tous les cas. Il manque dans beaucoup et même dans la plupart ; le démon ne gouverne ordinairement encore que l’organisme, que déjà le sujet a complètement perdu la conscience de son individualité habituelle… Eschenmayer, d’après huit cas d’observation personnelle, considère la perte de conscience comme le caractère essentiel de la possession. Il y aurait un évanouissement subit de la conscience et une ignorance totale de ce qui a eu lieu pendant la crise. » Les possédés, traduct. René Sudre, Paris, 1927, p. 47. Remarquons qu’Œsterreich, ici comme à travers tout son livre, mêle les possessions démoniaques avérées avec les crises pathologiques d’ordre naturel, confusion qu’il ne faut pas perdre de vue, mais qui ne l’empêche pas de reconnaître un caractère spécial de véracité aux descriptions que les évangélistes nous font des démoniaques. En tout cas, nous adopterons, pour la possession proprement démoniaque, sa conclusion en la renforçant : la possession est inconsciente. Au moment de la crise démoniaque, le possédé perd

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