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POSIUS (ANTOINE) — POSSESSION DIABOLIQUE

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le texte, mais aussi les sommaires et les notes marginales. Elle constitue une des meilleures éditions anciennes du commentaire de saint Bonaventure.

Le 1’. Posius publia encore Thésaurus in omnia . ristotelis ei Averrois operà, copiosissimus index, Venise, 1560, 1562, ainsi que de nombreuses Conciones et Orationes, parmi lesquelles il faut mentionner le discours qu’il tint, le 3 mai 1562, devant les Pères du concile de Trente. Il composa, enfin, les ouvrages inédits : Disputationes de rébus theologicis et De motibus animi obscur is.

L. Wadding, Scriplores ordinis minorant, Rome, 1906, p. 29 ;.i.-ll. Sbaralea, Supplementum ad scriplores ordinis minorum. t. i. Rome, 1908, p. 92 ; Apollinaire de Valence, O. M. Cap.. Bibliotheca jr. min. capuccinorum prooincim neapolUamr. Rome, 1886, p. 104-105 ; S. Ronaventure, Opéra omnia, éd. Quaracchi, t. i, p. i.xxv ; Mansi, Concilioriun colleciio. t. xxxiii, Taris. 1902, col. 213.

Am. Teetært.

    1. POSSESSION DIABOLIQUE##


POSSESSION DIABOLIQUE. - I. Aux

temps évangéliques. II. Aux temps postévangéliques. III. Théologie de la possession. IV. Causes. V. Un élément psychologique. VI. Distinction d’avec l’obsession. VII. Conduite à tenir.

1. Aux temps évangéliques.

Les évangiles mentionnent fréquemment le cas de malheureux tourmentés par le démon. Noir l’art. Démon. On les a appelés du nom générique de démoniaques, d&moniaci, selon le grec 8<xip : ov(.Ç6u£voi, que la Vulgate traduit par dœmonium habentes ou dirmonia habentes, a dœmonio vexali. Voir Démoniaques. Tantôt, les évangélistes se contentent de dire qu’ils furent délivrés par Jésus, ou encore par ses disciples. Tantôt, ils racontent avec détails la scène de la délivrance. Voir Exorcisme.

Peu à peu, dans le vocabulaire des commentateurs et des hagiographes, s’introduisirent les termes énergumènes, pseudo-Denys, De eccl. hierarch., c. iii, 6, P. G., t. iii, col. 431, obsessi, obsessio, plus tard possessi, possessio, possédés.

En même temps, se forma progressivement toute une théologie ou une dogmatique de la possession. Elle s’appliqua à déterminer la nature propre de la possession, ses causes, ses effets, ses raisons. Cette théologie prend son point de départ et son point d’appui dans les textes scripturaires. Ce sont ces textes qu’il convient de rappeler, si connus qu’ils soient, avant de les commenter brièvement.

Les quatre scènes principales.

1. Le démoniaque

de la synagogue de Capharnaûm, Marc, i, 23-28 ; Luc, iv, 33-37 : i II y avait dans la synagogue un homme en puissance d’esprit impur (d’après Luc, ayant l’esprit d’un démon impur). Et il vociféra, disant : « Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : le saint de Dieu ! » Et Jésus lui enjoignit : « Tais-toi et sors de lui ! » Alors l’esprit impur, l’ayant agité convulsivement et ayant poussé un grand cri, sortit de lui (Luc : sans lui faire de mal). »

2. L’énergumène de Gérasa, Luc, viii, 26-39 ; Marc, v, 1-20 ; Matth., viii, 28-34 : « Jésus… se trouva en face d’un homme de la ville ayant des démons. Depuis longtemps, il ne portait pas de vêtements et n’habitait pas dans une maison, mais dans les tombeaux. Ayant aperçu Jésus, il tomba à ses pieds avec des cris et dit d’une voix forte : ’Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, fils du Dieu suprême ? Je t’en prie, ne me tourmente pas. » Car il ordonnait à l’esprit impur de sortir de l’homme. Et bien des fois, il l’avait saisi, et on l’attachait avec des chaînes et des <nt raves sous bonne garde. Et lui, brisant les liens, il était poussé au désert par le démon. Jésus lui demanda : « Quel est ton nom ? » Il dit : « Légion », car beaucoup de démons étaient entrés en lui. Et ils le

suppliaient de ne pas leur enjoindre de s’en aller à l’abîme. Or, il y avait là. paissant sur la montagne, un troupeau de porcs assez, nombreux. Et ils le supplièrent de leur permettre d’entrer dans ces porcs. Et il le leur permit. Les démons, sortis de l’homme, entrèrent dans les porcs, lot le troupeau se précipita de l’escarpement dans le lac et fut noyé. »

3. La lillelte syro-phénicienne, Marc, vii, 24-30 ; Matth., xv, 21-28 : tue femme dont l’enfant avait un esprit impur, vient se jeter aux pieds de Jésus, le suppliant de délivrer sa fille. Refus. Humble instance. « Va, le démon est sorti de la fille. » — « Et s’étant rendue à sa maison, elle trouva la petite enfant jetée sur son lit, et le démon était sorti. »

4. L’épileptique possédé, au pied du Thabor, Marc, ix, 14-29 ; Luc, ix, 37-42 ; Matth., xvii, 14-21 : Un homme de la foule dit à Jésus : « Je t’ai amené mon fils, qui a un démon muet. Et quand il s’empare de lui, il le jette à terre. Et l’enfant écume, et grince des dents et devient raide. Et j’ai dit à tes disciples de le chasser, et ils n’ont pu »… Et quand l’enfant vit Jésus, il fut aussitôt agité convulsivement par l’esprit ; et, tombant à terre, il se roulait en écumant. .. Et Jésus commanda à l’esprit impur : « Esprit muet et sourd, je te l’ordonne, sors de lui, et ne reviens plus en lui. » Et le démon sortit en criant et en agitant convulsivement l’enfant qui devint comme mort, de sorte que beaucoup disaient : « Il est mort. » Mais Jésus, le prenant par la main, le releva, et il se tint debout… Puis aux disciples : « Cette espèce ne peut être expulsée que par la prière (Matth. : et le jeûne) ».

2° Quelles indications se dégagent de ces textes ? — Le démoniaque nous est présenté comme subissant l’action du démon, action contraignante, qui en fait un instrument passif au pouvoir de l’esprit. Cette action ne s’exerce pas, à proprement parler, par le dehors. L’énergumène de Gérasa est montré comme ayant des démons ; beaucoup de démons étaient entrés en lui. La syro-phénicienne avait un esprit impur. Le démoniaque de la synagogue de Capharnaûm est dit par saint Luc ayant l’esprit d’un démon, par saint Marc « en esprit impur », èv TcvsofxaTi. àxaGâpTW, « en puissance d’esprit impur », traduit avec exactitude, semble-t-il, le P. de Grandmaison, Jésus-Christ, t. ii, Paris, 1928, p. 346. Et le sens de ces expressions est renforcé par les termes qui expriment le commandement de Jésus et la délivrance du démoniaque : « Sors de lui… », et alors l’esprit impur sortit de lui. Il ordonnait à l’esprit impur de sortir de l’homme. Les démons sortirent de l’homme, entrèrent dans les porcs. « Va, le démon est sorti de ta fille. » « Esprit muet et sourd, je te l’ordonne, sors de lui et ne reviens plus en lui. » « Cette espèce ne peut être expulsée par aucun autre moyen que par la prière. »

Toutes ces locutions impliquent, de la part du démon, une invasion, une occupation, une prise de possession. Le mot « possédé » répond à l’état du démoniaque mis sous l’empire du démon. Les évangiles usent du terme plus général de « démoniaque » ou des périphrases que nous avons rapportées. Mais possédé » traduit, sans déformation, semble-t-il, l’état des malheureux en puissance ou en possession de l’espril mauvais, tels que les évangiles nous les montrent.

L’usage a aussi introduit le mol Èvepyo<Ju.svoç, « énergumène ». Le mot, au sens d’énergumène, démoniaque, ne se rencontre pas dans le Nouveau Testament, ni, à ce qu’il paraît, dans la patristique la plus ancienne. Par contre, èvepyeïv, sous diverses formes, est assez fréquent dans le Nouveau Testament. Il indique soit une action divine. Gal., ii, * ; v, (> : Eph., i, lit ; soit une action diabolique, Rom., vii, 5, OU présumée telle, Matth., XIV, 2 ; en un mot, une action surnaturelle ou supranaturellc, miraculeuse ou prodi-