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    1. PORTUGAL##


PORTUGAL. EXPANSION CATHOLIQUE

2618

Diocèses Archidiocèscs

stations missions

Prêtres

Séminaristes

Portugal en Afrique

17. Gap Vert

et Guinée

18. Angola

et Sâo-Tomé el Princ

19. Mozambique

30

22

5

2

65

94

7

7

41

56

148

181

Portugal dans l’Orient

Plein-padroado

20. Goa

21. Cochin

22. Méliapour

23. Macao et Timor.

Demi-pddrtHido

24. Trichinipoli

25. Mangalor

26. Quilon

27. Bombay

135

710

il

52

71

i

49

80

i

122

358

63

i

924

V

175

110

98

75

1

458

651 44

38

90

823

Total (excepté le demi-padroado) : 5 224 prêtres. Remarquons que parmi les 710 prêtres de Goa, il y en a 180 dont l’activité s’exerce hors de leur diocèse. Aussi, pour les diocèses d’Afrique, on a mis ensemble tous les missionnaires prêtres qui y travaillent, séculiers et réguliers. Par contre, on n’a fait mention que des séminaristes appartenant au clergé diocésain.

Ordres religieux et congrégations.

Le Portugal,

est aujourd’hui nettement déficitaire sur ce point, les conditions du recrutement étant assez difficiles ; le manque de culture générale du pays, la défaveur des pouvoirs publics, et même quelque incompréhension de la part de certains catholiques, ont fait qu’un peuple, aux traditions religieuses si fortes, n’arrive à avoir qu’environ 370 religieux prêtres. L’ordre le mieux partagé est la Compagnie de Jésus. Elle y compte aujourd’hui 181 religieux. Les autres sont des franciscains, des pères du Saint-Esprit, bénédictins, lazaristes, salésiens, dominicains, prêtres du Sacré-Cœur de Marie, etc. Les frères de Saint-Jean de Dieu y constituent aussi une province (110 frères, dont 4 prêtres). Tous ces religieux, malgré leur petit nombre, accomplissent au Portugal un travail de charité et de culture catholique vraiment remarquable, d’autant plus efficace qu’il est fait sans bruit.

Les ordres et congrégations de femmes sont plus nombreux. Celles-ci s’adonnent plutôt au ministère de l’enseignement et de l’assistance hospitalière : sœurs de Sainte-Dorothée, de la Visitation, thérésiennes, franciscaines (trois branches : Trines, de Calais, de Marie), hospitalières du Sacré-Cœur, dominicaines, du Bon-Pasteur, de SaintJoseph, du Cœur de Marie, oblates, carmélites, etc.

Depuis le gouvernement de Sidônio Pais (1918), les pouvoirs publics ont fermé les yeux, ils ont laissé rentrer en Portugal quelques religieux et religieuses et ouvrir quelques maisons. Mais les lois contre les congrégations subsistent toujours. C’est une menace permanente.

L’expansion catholique du Portugal.

Au

moment où l’Europe, travaillée par les idées de la renaissance païenne et par les nationalismes germanique et saxon, préparait la réforme protestante, le Portugal entrait au Maroc (1415) avec la pensée du » service de Dieu » (mot du roi Jean I er). Ce fut le premier pas, celui qui ouvrit l’ère des grands voyages et découvertes maritimes des temps modernes, lui outre, le Portugal allait attaquer les musulmans non seulement en Afrique, sur ses deux côtes, mais aussi dans les Indes, détournant ainsi leurs forces de la Méditerranée. Alors qu’une grande partie de l’Europe se séparait violemment de l’Église, le Portugal (et à sa suite l’Espagne) ouvrait à celle-ci les immenses contrées de l’Afrique, de l’Asie, de l’Océanie et de l’Amérique. A lui aussi revient l’honneur d’avoir pris l’initiative du grand mouvement missionnaire des temps modernes dès le commencement du xve siècle. C’est son plus beau titre de gloire comme nation catholique.

1. Missions dans le passé : padroado. — Le « service de Dieu » dont parlait le roi Jean I er, se transforma dans la bouche de son fils, le prince Henri, l’initiateur des découvertes maritimes, en cette phrase plus explicite : « attirer les nations barbares au joug du Christ ». On trouve ce mot dans l’historien Barros et le même, ou son équivalent, dans toutes les chroniques des navigations portugaises et jusque dans le poème national Les Lusiades, où le poète chante non seulement l’expansion de l’empire, mais aussi celle de la foi, la foi avant l’empire (…dilalando a fé, o império, i, 2).

Le Portugal a demandé de bonne heure au Saint-Siège les faveurs nécessaires pour encourager les nouveaux missionnaires. Le pape Eugène IV les lui accorda. De nombreux documents pontificaux donnent au Portugal le patronat des Églises qui viendraient à être fondées dans « les terres d’outre-mer ». La bulle de Calixte III, au même prince Henri le Navigateur, lui accorde le patronage, c’est-à-dire le droit de présenter à tous les bénéfices ecclésiastiques, dans toutes les terres « découvertes ou à découvrir au delà du cap Bojador jusqu’aux Indes » (13 mars 1455). Léon X concède expressément ce droit de patronage aux rois de Portugal (1514).

Ce padroado portugais devait rendre de grands services à l’Église. Ce ne fut point une concession purement gracieuse. Comme contre-partie, le Portugal dépensait de grosses sommes pour entretenir le culte et les missionnaires, qui ne firent pas défaut. De nouveaux diocèses portugais furent fondés : en Afrique, Ceuta, Çafim, CapVert, Congo et Angola, Ethiopie, Mozambique ; en Amérique, Bahia, Para, Guiabâ, Goiâs, Olinda, Maragnon, Rio-de-Janeiro, Mariana, Sâo-Paulo, etc. ; en Asie, Goa, Cochin, Cranganore, Méliapour, Malacca, Damao (Indes) ; Macao, Pékin, Nankin ((mine) ; Funaï (Japon), ainsi qu’à Angra (Açores) et Funchal (Madère). Ce dernier siège a eu même, pendant quelque temps, juridiction sur toutes les terres découvertes par les Portugais depuis l’Afrique jusqu’au Brésil et au Japon. Bien des prêtres séculiers demandèrent ces missions. Religieux de tous ordres, franciscains, carmes, augustins, dominicains, oratoriens, capucins, jésuites, avec saint François-Xavier et le bienheureux Jean de Brito. Le plus gros contingent des missionnaires venait tout naturellement du Portugal, mais bien d’autres sont accourus de toutes les contrées de l’Europe pour s’embarquer à Lisbonne sur les bateaux portugais et avec l’aide de l’État. Nommons seulement, parmi les étrangers, Nobili, Ricci, Shall, Verbiest. Toute une série de missionnaires portugais furent à la tête du célèbre tribunal astronomique de Pékin (Rocha, Rodrigues, Espinha, Almeida). Le mouvement missionnaire fut grandiose. Partout on fonda des églises, des hôpitaux, des collèges, dans un admirable élan de foi. Pénétrant en Perse, arrivant à Agra, capitale du Grand-Mogol, on ne craignit même pas les mystères, encore redoutables aujourd’hui, du Thihet.

Le grand collège de Sâo-Paulo, à Goa, le premier