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POHTMAISK (JEAN) — POHTIKU


tous scs projets, il revient en France en 1568 et réside alternativement à Tours et a Poitiers. En 1583, il fut provincial. Doué d’un caractère tenace, il ne cessa de combattre le gouvernement, qui cherchait à intervenir dans l’administration intérieure de l’ordre. En 1589. il était théologal de Poitiers et l’un des principaux ligueurs. Il ne cessa de défendre, dans ses sermons, les droits de l’Église catholique et de flageller Henri III et Henri IV, ainsi que les gouvernements, qui favorisaient la Réforme et autorisaient le culte protestant. Toutefois, quand Henri IV entra en triomphateur à Paris, en 1594, le P. Porthaise se retira à Saumur et se réconcilia avec le roi. On ignore la date de sa mort.

Le P. Porthaise est l’auteur de nombreux ouvrages de controverses, dont nous ne citerons que les principaux : Les catholiques démonstrations sur certains discours de la doctrine ecclésiastique, Paris, 1567, in-8° ; Les articles faits à La Fontaine en Anjou, auxquels devait répondre M. Jean Trioclie, ministre de Château-Seul ; La chrétienne déclaration de l’Église et de l’eucharistie, en forme de réponse au Hure nommé : « La chute et ruine de l’Église romaine », avec une succincte doctrine du service de Dieu en elle : ensemble deux réponses à certaines objections contre la confession et l’eucharistie, Anvers, 1567, in-8° ; De verbis Domini « hoc facite in meam commemoralionem » pro acumenico concilio Tridenlina adversus sophisticas nebulas Matlhœi Flacci Illyrici. Anvers, 1567 et 1585, in-8° ; De la vraie et fausse astrologie contre les abuseurs de notre siècle, Poitiers, 1578 (aussi 1579), in-8° ; Paris, 1579, in-8° ; Interdits des catholiques, vrais et légitimes enfants de l’Église de Jésus-Christ, où sont déduits certains points et articles contre les modernes hérétiques, Bordeaux, s. d., mais vers 1579 ; Défense à la réponse faite aux interdits de B. (Bernard) de Pardieu, par les ministres de l’Église prétendue réformée, Poitiers, 1580, in-16 ; De l’imitation de l’eucharistie, Poitiers, 1602, in-8° ; Parascève générale dt l’exact examen de l’institution de l’eucharistie, contre la particulière interprétation des religionnaires de notre temps, Poitiers, 1602, in-12, dédié à Henri IV ; Traité de l’image et de l’idole, Poitiers, 1608, in-12.

Le P. Porthaise a publié aussi cinq Sermons, dans lesquels est traité tant de la simulée conversion du roi de Xavarre que du droit de l’absolution ecclésiastique et autres matières propres à ce temps, Paris, 1594, deux parties en un vol. in-8°. Ces sermons, qu’il faudrait appeler plutôt libelles, et qui furent prononcés à la cathédrale de Poitiers, sont intitulés : 1° De la conversion et absolution d’Henri IV divulguée, « ad caulelam » le 25 juillet 1593 à Saint-Denis en France ; 2° Sur l’arrêt donné à Tours le 5 août 1591 ; 3° De l’absolution ecclésiastique qui ne se doit impartir aux déchus de la foi et moins aux rechus, sans grande difficulté et longue exploration de leur pénitence ; 4° Sur la déclaration du chef des huguenots ; 5° Sur les patentes du chef des ennemis. Cet ouvrage complet est très rare ; les deux derniers sermons manquent quelquefois. La I re partie (100 p.) comprend deux sermons ; la IIe (120 p.) contient les trois autres, avec un titre particulier : Sermons sur la simulée conversion du roi de Xavarre. Le P. Porthaise s’efforce d’y prouver que la conversion de Henri IV est simulée et manque de sincérité et que l’absolution est invalide. Dans son sermon sur l’arrêt rendu à Tours, le 5 août 1591, contre l’excommunication du Béarnais, il soutient la primauté et la puissance du Siège apostolique contre les soi.-disant libertés de l’Église gallicane. Les sermons du P. Porthaise représentent les doctrines des municipalités de provinces. L’orateur ne fut pas au centre même de la Ligue. Il n’eut pas les passionsdes Seize et les Halles à satisfaire. L’échevinage de Poitiers ne demandait pas les mômes

précautions populaires que la turbulente municipalité de Paris.

L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, Home, 1900, p. 150 ; J.-II. Sbaralea, Snpplementum ad scriptores ord. minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 119 ; J.-Ch. Brunct, Manuel du libraire..V éd., t. iv, Berlin, 1922, col. 828-829 ; A. De Scient, (). F..M., Les frères mineurs français en face du protestantisme au XVI’siècle, dans Eludes franciscaines, t. XLI, 1929, p. Ô(l2-. r)04 ; Enciclopedia universal iluslrada curopeoamericana, t. xlvi, p. 628-629 ; N. Paquot, Mémoires pour servir à l’iiisloire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas, t. ix, Louvain, 1767, p. 71-77, où l’on peut trouver le catalogue complet des ouvrages du P. Porthaise.

Am. Teetært.

PORTIER — On désigne sous ce nom le clerc qui a reçu l’ostiariat, le premier des ordres mineurs dans l’Église latine.

La fonction principale des portiers, ostiarii ou jetnitores, qui est de garder la porte, est plus ancienne que le christianisme, puisque dans l’Ancien Testament, on voit que les janitores du Temple étaient spécialement choisis et constitués sous la surveillance des lévites. Quelques-uns des plus beaux psaumes lévitiques, les ps. lxxxiii et cxxxiii, semblent avoir pour auteurs de simples portiers du Temple.

L’institution fut donc naturellement continuée dans l’Église, mais la charge en fut longtemps laissée à de simples laïques. A Rome, cependant, dès le iiie siècle, les portiers font partie du clergé : la première mention des portiers, parmi les ordres inférieurs, se trouve dans la lettre du pape Corneille à l’évêque Fabius (251), dans Eusèbe, Hist. eccl., VI, xliii, P. G., t. xx, col. 622. Voir Ordre, col. 1232.

I. Attestations anciennes.

1° En Occident, les portiers sont assez rarement nommés. A Rome, en dehors de l’indication du pape Corneille, il est fait mention d’un certain Crescentius, lector et romanus ostiarius, dans le Liber pontificalis, éd. L. Duchesne, t. i, p. 155 (cf. ibid., p. 69), comme compagnon du martyre de saint Laurent, en 258. Les décrétâtes des papes Sirice, Zosime, Gélase, voir Jafïé, Regesta. n. 255, 339, 636, sur l’avancement dans la carrière ecclésiastique, ne font pas mention de. l’ostiariat comme d’un ordre de début. Gélase, le seul qui le nomme, dans sa lettre du Il mars 494, l’oppose aux autres degrés, en disant que la connaissance des lettres est obligatoire pour entrer dans les ordres, et que, sans elle, vix fortassis ostiarii (quis) possit implere ministerium. Jafïé, n. 636 ; P. L., t. lix, col. 47. Il est vraisemblable que, dès le ive siècle, les portiers sont devenus, à Rome, des employés de rang inférieur ; ils furent remplacés par les mansionarii, sorte de sacristains en dehors des ordres.

Le Liber pontificalis, t. i, p. 161, 171, contient deux énumérations des ordres, l’une sous Gaius (283-296), l’autre sous Sylvestre (314-335). La première omet l’ostiariat et le remplace par la fonction de custos martyrum. Le Constitulum Silvestri, du début du vie siècle, l’omet cinq fois sur sept dans ses énumérations des degrés de la hiérarchie. Au dire de Duchesne, aucune inscription romaine ne mentionne ce degré.

En dehors de Rome, une inscription de Trêves signale un Ursalius ustiarius (sic). Cf. Le Blant, Inscriptions chrétiennes de la Gaule, p. 290. On trouve aussi l’ostiariat dans une loi de 337, Cod. Theod.. t. XVI, tit.xii, lex 24 ; et il est indiqué dans la lettre des saints Loup et Euphrone ; cf. Hardouin, Conciles. t. ii, p. 791.

La correspondance de saint Cyprien semble ignorer

l’ordre de portier, bien qu’elle fasse mention de tous

les autres degrés inférieurs. Mais, dit Duchesne, le

silence sur cet ordre peut s’expliquer parle peu d’occa j sions que saint Cyprien et ses correspondants pou l vaient avoir d’en parler. Le IIP concile de Cartilage,