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PORPHYRE. SA POLÉMIQUE


Gen., i, 10 ; In Matth., iii, 3 ; In Dan., i, 1 ; Adv. Pel., ii, 17. Enfin, si l’on rencontre surtout des attaques déjà connues contre les apôtres et les évangélistes : In Gal., prol. et ii, Il sq. ; De psalm. lxxxi ; Episl., lvii, 9 ; In Matth., ix, 9 ; In Joël., ii, 28 sq. ; Epist., cxxx, 14, il en est au moins quelques-unes de fort curieuses, par exemple, celle qui porte sur l’autorité des femmes dans l’Église. In Is., iii, 12.

7. Saint Augustin.

Au rebours de Jérôme, l’évêque d’Hippone parle toujours de Porphyre sur un ton plutôt bienveillant. Certes, il le reconnaît pour l’ennemi acharné des chrétiens, mais il ne peut s’empêcher de parler avec grand respect du philosophe néoplatonicien : Philosophus nobilis, magnus gentilium philosophus, doclissimus philosophorum, quamvis christianorum accerrimus inimicus. De civ. Dei, XIX, xxii, cf. XXII, xxvii. Une telle indulgence, de la part d’Augustin, s’explique par l’élévation de son esprit et parle rôle que jouèrent, lors de sa conversion, certains livres « platoniciens ». Conf., VII, ix. Mais elle tient aussi sans doute à ce qu’il n’a pas eu entre les mains le Karà XpicTiavcôv et qu’il ne semble même pas avoir connu les réfutations grecques de Méthode, d’Eusèbe et d’Apollinaire. De fait, s’il parle souvent des autres ouvrages de Porphyre, il est très sobre de renseignements sur le traité Contre les chrétiens.

Son témoignage est tout entier contenu dans l’épître en à Déogratias, véritable petite dissertation intitulée : Sex quæstiones contra paganos expositæ, P. L., t. xxxiii, col. 570-586. Saint Augustin nous apprend lui-même les circonstances historiques de cette lettre. Retracl., II, xxxi, t. xxxii, col. 643. Déogratias, en lui envoyant de Carthage le texte de six questions posées par un païen, avait sollicité une réfutation. Quelques-unes de ces difficultés étaient, paraît-il, tirées du philosophe Porphyre. L’évêque d’Hippone rendit volontiers le service qu’on lui demandait, non sans faire tout naturellement ses réserves sur l’authenticité des objections. En réalité, sa bienveillance, encore ici, le trompait. Porphyre doit être l’auteur des trois questions qui lui sont plus ou moins expressément attribuées : la deuxième, sur le retard apporté à la rédemption ; la troisième, sur la ressemblance des sacrifices juifs et païens ; la quatrième, sur l’interprétation d’une parole de Notre-Seigneur, Matth., xvi, 16. Bien mieux, il est fort possible que les trois autres difficultés : sur la résurrection, sur Jonas, sur une parole de Salomon, proviennent de la même source, car elles offrent quelques rapports avec certaines attaques authentiques de Porphyre. Ainsi donc, les citations contenues dans la lettre à Déogratias, surtout la seconde, qui semble rapportée textuellement, ne sont pas sans intérêt, bien qu’elles n’aient ni l’ampleur, ni la variété de celles de Macaire ou de saint Jérôme.

8. Les derniers témoins.

A vrai dire, ils ont très

peu d’importance, étant donné le petit nombre de fragments conservés et leur relation parfois incertaine avec le traité de Porphyre Contre les chrétiens. Aussi sufïira-t-i] de citer les noms avec les références : Némésius d’Émèse, De natura hominis, xxxviii, P. G., t. xl, col. 761 (sur l’enseignement chrétien de la résurrection ) ; Théodoret, De cur. afject. grsec, vii, 36, t. Lxxxiii, col. 1001 (sur les prophètes et les sacrifices dans l’Ancien Testament) ; Sévérien de Gabala. De mundi creatione, orat., vi, t. lxi, col. 487 (sur Gen., m, 3 sq.) ; Anastase le Sinaïte, Hodegos, -x.ui, t.Lxxxix, col. 233 (sur la venue de Jésus en ce monde) ; Théophylacte, Enarralio in evang. Johan.. i, 2, t. cxxiii, col. 1141 (sur la doctrine du Verbe).

Contenu.

 Ce n’est pas avec ces débris que l’on

peut songer à une analyse, ni même à une reconstitution d’ensemble du KocTà Xpiemavûv. Les essais de Wagenmann (1878), de Georgiadès (1891), de Kleff ner (1896), de Crafer (1914), quelque méritoires qu’ils soient, restent trop peu concluants pour engager à poursuivre dans cette voie. Il n’y a, en effet, que sept fragments dont on connaisse l’appartenance à tel ou tel livre du traité Contre les chrétiens : la question de l’incident d’Antioche au 1. I (S. Jérôme, In Gal., prol.) ; la critique d’Origène et de sa méthode d’interprétation dans le Pentateuque au 1. III (Eusèbe, Hisl. eccl., VI, xix, 9) ; quelques détails sur Sanchoniathon et Philon de Byblos au 1. IV (Eusèbe, Præp. evang., i, ix, et X, ix), la critique détaillée des prophéties de Daniel au 1. XII (S. Jérôme, In Dan., prol.) ; une objection probablement sur Matth., xxiv, 15 sq. au 1. XIII (S. Jérôme, In Matth., xxiv, 16) ; enfin une attaque contre Marc, i, 2 au 1. XIV (S. Jérôme, Tractatus in Marci evangelium, dans Morin, Anecd. Mareds., t. m b, p. 320). En résumé, des t. I, V-XI, XV, on ne sait absolument rien et des autres parties de l’ouvrage on ne possède qu’une brève indication qui ne renseigne pas toujours exactement sur leur contenu. Il ne peut donc être question de rétablir le plan d’une œuvre sur des données aussi restreintes.

Notre but ici est tout autre. Nous voulons seulement tracer une esquisse de la méthode et des arguments employés par Porphyre contre les chrétiens. Nous disposons pour cela d’une centaine de fragments qui nous sont parvenus d’une manière plus ou moins directe. Les uns, véritables extraits, doivent être considérés comme les ipsissima verba du philosophe païen ; d’autres ne reproduisent que le sens de son objection : il en est même plusieurs sur lesquels il est permis d’élever quelque doute. Mais, somme toute, si l’on peut discuter sur l’authenticité de tel détail ou de telle tournure, s’il n’est pas toujours facile de déterminer comment et dans quelle mesure certains traits remontent à Porphyre, il y a là cependant un ensemble d’éléments qui constituent une base assez sûre pour donner une idée générale de sa polémique.

1. Jésus.

Au milieu des attaques outrancières de notre philosophe contre la foi chrétienne, sa réserve vis-à-vis du Christ est très remarquable. Ainsi, lorsqu’il critique avec violence les paroles ou les actions du Sauveur dans l’Évangile, il a soin à l’ordinaire de spécifier qu’il ne croit pas que Jésus puisse en être l’auteur. Cette maxime « insensée » : il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux, Matth., xix, 24, doit être attribuée à un pauvre désireux de s’enrichir. Apocrit., ni, 5. Il n’y a qu’un « nigaud » pour affirmer que les paroles du Christ resteront, Matth., xxiv, 35, alors que le ciel et la terre sont condamnés à disparaître. Apocrit., iv, 7. De même, l’histoire des pourceaux jetés à la mer, Apocrit., iii, 4 ; Jérôme, Cont. Vigil., 10, renferme plus d’un trait indigne du caractère de Jésus : les démons imposteurs exaucés, le grand dommage causé au propriétaire du troupeau, le trouble jeté parmi les gardiens et dans la ville. Ce récit paraît plutôt une invention ridicule des évangélistes. Les « fausses » prédictions sur la fin du monde ne semblent pas davantage imputées au Sauveur. Apocrit., iv, 3, 5. En d’autres passages, Apocrit., ii, 15, 16 ; iii, 3, bien que Porphyre ne précise pas sa pensée, on a aussi l’impression qu’il ne met pas sur le compte du Christ ce qu’il appelle des « discours de charlatan » : Joa., v, 46 ; viii, 43-44 ; xii, 31. Quant à la promesse « brutale et absurde » faite par Jésus de donner sa chair à manger et son sang à boire, Joa., vi, 53, notre philosophe a tout l’air d’en rejeter la responsabilité sur l’apôtre Jean, car il note avec intention qu’elle ne se rencontre que dans le quatrième évangile. Apocrit., ni, 15.

Parfois, il est plus difficile de se prononcer, vu que l’objection de Porphyre est connue par la seule réponse de Macaire (n, 7, 8, 9, 10, 11). A notre avis, cependant,