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    1. PORPHYRE##


PORPHYRE. RECONSTITUTION DU TRAITÉ

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n’y fait jamais allusion et que ce silence assez curieux peut être diversement interprété. Quoi qu’il en soit, c’était une œuvre immense et, si elle n’est pas perdue sans retour (elle figurait encore, en 1575, sur un catalogue de la bibliothèque de Rodosto, et même, au xviie siècle, parmi les manuscrits du monastère Iviron, au Mont-Athos), c’est néanmoins un témoignage capital qui fait défaut. Il en reste seulement, dans un ms. du x c siècle, une brève mention (cf. von der Goltz, Eine textkristische Arbeil des x. bezw. vi. Jahrhunderts, dans Texte und Untersuch., t. xvii, fasc. 4, Leipzig, 1899, p. 41 sq.) où Eusèbe, à propos de Act., xv, 20, accuse Porphyre de calomnie.

Toutefois, l’évêque de Césarée, dans ses autres ouvrages d’apologétique, prend souvent à partie l’adversaire des chrétiens. Tantôt il en parle sur le ton ironique : « Ce prince de la philosophie grecque, cet admirable théologien, cet interprète des mystères », Prwp. evang., V, xiv ; tantôt il l’invective : « Ce philosophe distingué, chez qui l’obscénité du fond l’emporte sur l’emphase de la forme », Preep. evang., III, vu. Mais, souvent aussi, ce qui vaut mieux pour nous, il le cite. Grâce à lui, nous avons conservé quelques bribes de la Philosophie des oracles, des Images des dieux, de la Lettre à Anébon, etc.

Parfois même, quoique très rarement, Eusèbe insère dans son argumentation quelque passage du Kaxà Xpicrnavûv. Deux de ces textes, en particulier, sont d’un grand intérêt. Hist. eccl., VI, xix, 4-8, et Præp. evang., V, i, car ils nous révèlent, le premier, la façon dont Porphyre critiquait la méthode allégorique d’Origène, le second, la manière dont il répétait les calomnies du populaire contre le christianisme. Les autres extraits, Preep. evang., i, ix ; X, ix, et Chron., il, prsef., qui ne reproduisent pas, à proprement parler, des objections, ont moins d’importance. En revanche, il est possible de reconnaître, à certains endroits de la Préparation ou de la Démonstration évangélique, des allusions à la critique de Porphyre. On a même cru retrouver dans le 1. III de la Démonstration une partie considérable de l’ouvrage contre le philosophe païen ; cf. J. Stevenson, Studies in Eusebius, Cambridge, 1929, p. 36 sq. Quoi qu’il en soit, les attaques contre les évangélistes, Dem. evang., III, v, contre les prophètes, Dem. evang., VI, xviii, contre la foi et la conduite des chrétiens, Præp. evang., i, i-ii ; Dem. evang., i, ii, constituent un réquisitoire qui ressemble à d’autres accusations du même genre, conservées ailleurs et mises sur le compte de Porphyre. Tant et si bien que le témoignage d’Eusèbe de Césarée est loin d’être négligeable. Il nous permet, pour le moins, de saisir l’ampleur et la variété des attaques du philosophe païen. Ancien et Nouveau Testament, problèmes d’exégèse ou de philosophie religieuse, recherches savantes ou diatribes du commun : Porphyre faisait flèche de tout bois et menait le combat sur tous les terrains.

3. Apollinaire de Laodicée.

Lorsque Julien l’Apostat entreprit une persécution d’un nouveau genre contre le christianisme, Apollinaire de Laodicée fut un ardent défenseur de la foi chrétienne. Il passa même à l’offensive contre les représentanPs les plus distingués de l’hellénisme. Sa réfutation de Porphyre, en particulier, était une œuvre de grande valeur et, si elle fut englobée dans une condamnation générale, elle n’en resta pas moins, longtemps, une mine de renseignements. C’est ainsi qu’en relisant à la loupe tout saint Jérôme, on aurait quelque chance d’en retrouver d’assez nombreuses traces. Toujours est-il que le savant docteur n’en rapporte d’une façon expresse que deux fragments. Comm. in Dan., prol. et ix, 24, P. L., t. xxv, col. 492 et 548. L’un est le résumé d’un argument de Porphyre contre l’authenticité du livre de Daniel. L’autre a pour nous encore moins de prix, bien

qu’il reproduise un court passage de la réfutation d’Apollinaire, car il ne fournit aucun renseignement sur la critique porphyrienne. Cf. Lietzmann, Apollinaris von Laodicea, t. i, Tubingue, 1904, p. 150, 205 sq. fragments 100, 107.

4. Le rhéteur Drepanius Pacatus.

Le personnage n’est guère connu et encore moins son traité contre Porphyre. Voici, toutefois, quel serait, d’après Harnack. op. cit., le mot de l’énigme :

a) Une réfutation latine de Porphyre a été composée, au début du v° siècle, par un certain Pacatus. La preuve en est dans les petits faits suivants : une Chaîne latine de Jean Diacre sur l’Heptateuquc (Pitra, Spicilegium Solesmense, t. i, p. 281 sq.) mentionne la réponse à une objection tirée de la Bible, sous le titre deux fois répété : Pacatus contra Porphgrium ; une autre Chaîne latine de Jean Diacre (Pitra. ibid., p. lviii sq.) donne la solution d’une difficulté faite certainement par Porphyre (cf. S. Jérôme. Comm. in Dan., i, 1) et indique, comme source, Victor de Capoue d’après Pacatus ; enfin, deux autres scolies de la même Chaîne (Pitra, ibid., p. lxii et lxiv) attribuées encore à Victor de Capoue, renferment deux objections tirées des évangiles et tout à fait dans la note de Porphyre. De cet ensemble d’observations on est en droit de conclure : il a existé une réfutation latine du Korrà Xp1.a71.avo.1v par Pacatus et les quatre passages cités plus haut doivent, selon toute vraisemblance, lui appartenir. En outre, grâce à certains indices littéraires assez sérieux, il est permis d’en fixer la date vers 410-430.

b) Les Pseudo-Polycarpiana, c’est-à-dire les cinq fragments mis sous le nom de saint Polycarpe, P. G.. t. v, col. 1025-1028, doivent constituer d’autres débris de cette réfutation latine de Porphyre par Pacatus. Chacun renferme, en effet, la solution et en même temps parfois aussi l’exposé d’une objection tirée de la Bible, suivant la méthode du philosophe païen. Or. d’une part, ces fragments, trouvés dans une Chaîne latine sur les quatre évangiles, ont été empruntés au grand ouvrage : Responsorum capitula de Victor de Capoue ; cf. Bardenhewer, Gesch. d. allkirch. Lileratui t. i, 2e éd., 1913, p. 108 sq. D’autre part, d’après certains détails, Victor de Capoue lui-même aurait choisi ces morceaux dans un ouvrage de polémique écrit contre Porphyre par un auteur latin postérieur au ive siècle. Comme on n’imagine pas deux réfutations de Porphyre citées par Victor de Capoue, les Pseudo-Polycarpiana doivent aussi sans doute faire partie de l’ouvrage de Pacatus.

c) Quel était ce Pacatus ? L’adversaire de Porphyre mis à part, on connaît deux autres personnes de ce nom : un rhéteur aquitain, ami d’Ausone, qui exerça diverses magistratures et prononça, en 389, un célèbre panégyrique, devant Théodose le Grand, P. L., t. xiii. col. 477 sq., et un chrétien qui, après la mort de son ami Paulin de Noie (431), voulut écrire sa biographie en vers, P. L., t. lui, col. 859 sq. Or, il y a tout lieu de croire que ces trois Pacatus : le réfutateur de Porphyre, le rhéteur aquitain, l’ami de Paulin de Noie, ne sont qu’un seul et même personnage, car ils semblent, tous trois, appartenir au même milieu littéraire (cf. les objections de W. Bæhrens, dans Hermès, t. lvi, 1921, p. 443-445).

5. Macaire de Magnésie.

Ce personnage est encore moins connu que le précédent, mais l’œuvre mutilée qu’on lui attribue, Movoyevrçç y)’ATCOxpiTtxèç Tzpoç "E/O^vaç, « le Fils unique ou Réponse aux Grecs. est d’un intérêt capital pour notre sujet. Voir l’art. Macaire de Magnésie. C’était un ouvrage en cinq livres dont la moitié environ a été conservée (n, 71v, 30). L’auteur y reproduit les objections faites, soidisant dans des conférences publiques, par un philo-