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PONCE (JEAN) — PONCE DE LÉON
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1630, il succéda au P. Martin Walsh, O. F. M., comme recteur du collège Ludovisi, érigé, en 1627, par le cardinal Ludovisi et Luc Wadding pour l’éducation du clergé séculier irlandais. Plus tard, il enseigna à Lyon et à Paris. Combien de temps demeura-t-il dans cette dernière ville ? Quelle fut l’influence qu’il y exerça ? A-t-il été le maître du P. Jean-Gabriel Boyvin ou du célèbre P. Claude Frassen ? Autant de problèmes intéressants qui n’ont pas encore reçu de solution définitive. Nous savons toutefois qu’à Rome et à Paris il servit de son mieux la cause irlandaise. Des dissensions existaient entre les confédérés irlandais ; Richard Bellings, secrétaire du Suprême Concile, avait publié son fameux ouvrage : Vindicte catholicorum Hiberniæ, Paris, 1650 dans lequel il s’insurgeait contre les catholiques irlandais, restés fidèles au nonce. Jean Ponce répliqua par Richardi Bellingi vindiciæ eversæ, Paris, 1653. Dans cet ouvrage, il réfute les accusations portées contre lui-même et contre les partisans du nonce. Il y déclare que le travail de Richard Bellings a été mis à l’Index parle Saint-Office. Il conseilla fréquemment aux catholiques irlandais de se méfier des royalistes. Après le chapitre général, célébré à Tolède le 4 mai 1633, le nouveau ministre général, Jean-Baptiste de Campanea, chargea Luc Wadding de préparer la grande édition des œuvres de Duns Scot, réclamée par tout le chapitre. Afin d’assurer plus efficacement la prompte exécution de ses projets, il lui adjoignit les PP. Jean Ponce et Antoine Hickey, qui furent chargés de compléter les commentaires du P. Lychetus, ce dont ils s’acquittèrent à la satisfaction de tous. Grâce à l’activité prodigieuse du P. Wadding et de ses deux collaborateurs, grâce à leur vaste érudition et à leurs connaissances philosophiques, théologiques, scripturaires et patristiques, l’ouvrage entier fut terminé en moins de quatre ans et édité à Lyon en 1639. Cette édition comprend seize volumes. Les volumes v, vi, vii, viii, qui contiennent le commentaire de Duns Scot sur les deux premiers livres des Sentences, donnent les commentaires de Jean Ponce, comme supplément au commentaire du P. Lychetus. Le t. x, Reliquee distinctiones ejusdem libri 111 (à partir de la distinction XXVI) contient les commentaires du même Jean Ponce. L’œuvre du P. Wadding et de ses collaborateurs était un véritable arsenal mis à la disposition des théologiens et fut accueillie partout avec le plus grand enthousiasme. Jean Ponce mourut à Paris en 1672 ou 1673. Il est commémoré au chapitre général intermédiaire de Tolède, en 1673, parmi les membres illustres de l’ordre décédés récemment.

De l’assentiment de tous les historiens, Jean Ponce constitue une des plus grandes gloires de l’école scotiste et un des interprètes et des commentateurs les plus fidèles et les plus pénétrants de la doctrine du Docteur subtil. Il fut aussi un des principaux pionniers de la renaissance des études scotistes, qui, par leurs travaux assidus, portèrent l’école scotiste, au xvii c siècle, à une renommée ignorée jusque-là. C’est si vrai, que le savant Caramuel, cistercien, confessait, en 1651, que l’école de Duns Scot, à cette époque, comptait plus de représentants, à elle seule, que toutes les autres écoles réunies. Jean Ponce écrivit un cours complet de philosophie : Philosophie ? cursus integer, Rome, 1643, 3 vol. in-4° ; ibid., 1645, édition corrigée et améliorée ; Paris, 1056 ; Lyon, 1672, avec l’addition de VEthica. A peine sorti de la presse, ce cours de philosophie fut attaqué vigoureusement par un autre scotiste, le célèbre conventuel Mastrius, qui combattit plusieurs opinions de Jean Ponce, comme contraires à la doctrine de Scot. Jean Ponce répondit à son adversaire dans son ouvrage : Appendix apologetica ad preedictum cursum, Rome, 1645. Il y déclare

D1CT. DE THÉOL.CATHOL.

que, tout en acceptant les conclusions de Duns Scot, il n’est point tenu à adopter toutes les preuves alléguées par le Docteur subtil. Mastrius reconnut la force des raisons fournies par le P. Ponce et affirma que ce dernier avait réussi à placer dans leur véritable jour de nombreux problèmes compliqués de la philosophie scotiste. Jean Ponce publia encore un Cursus theologicus ad menlem Scoti, Paris, 1652. Ces deux ouvrages exposent avec beaucoup de clarté et de précision l’enseignement de l’école scotiste au xviie siècle. Il édita ensuite son grand ouvrage : Commentarii theologici in IV libros Sententiarum, Paris, 1661, 4 vol. in-fol. de commentaires sur la théologie de Duns Scot. Hurter appelle cette œuvre opus rarissimum. Tous ces ouvrages sont demeurés classiques. Il édita aussi : Judicium doctrinse SS. Augustini et Thomse, Paris, 1657 ; Deplorabilis populi hibernici pro religione, rege et patria status, Paris, 1651 ; Scotus Hiberniæ restitulus, Paris, 1660. Ce dernier traité constitue une réplique au P. Ange de Saint-François (Mason), qui avait soutenu que Duns Scot était originaire de l’Angleterre. Jean Ponce, au contraire, le revendique pour l’Irlande. Ce dernier ouvrage fut ultérieurement publié, au début des Commentarii theologici in IV libros Sententiarum.

L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1906 p. 149-150 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriplores, ordinis minorum, t. ii, Rome, 1921, p. 118 ; H. Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 961-962 ; Smith, The ancient and présent slate of the counlry and city of Cork, Cork, 1815 ; Brenan, 7’he ecclesiastical historg of Ireland, Dublin, 1864 ; Gilbert, Hisiory of the Irish confédération and war in Ireland, Dublin, 1891 ; Dominique de Caylus, Merveilleux épanouissement de l’école scotiste au XVIIe siècle, dans Études franciscaines, t. xxiv, 1910, p. 497-502 ; t. xxv, 1911, p. 43-47 ; t. xxvi, 1911, p. 285-286 ; Gr. Cleary, O. F. M., Falher Luke Wadding and St. Isidore’s collège Rome, Rome, 1925, ’p. 43, 55-56, 83-87.

Am. Teetært.

    1. PONCE DF LÉON Basile##


PONCE DF LÉON Basile, théologien espagnol de l’ordre de Saint-Augustin (1570-1629). — Né à Grenade en 1570, Basile était parent du célèbre Louis de Léon, voir son article, t.. ix, col. 359. Entré chez les augustins de Salamanque, il fut, après saprofession religieuse, envoyé à Alcala, où il enseigna au collège royal. Salamanque le revit en 1605 ; il y occupa successivement à la faculté de théologie, les chaires de Scot (1608), de saint Thomas (1612), de Durand (1618). Au départ d’Augustin Antonilez, nommé en 1624 évêque de Compostelle, il le remplaça dans la première chaire. Il fut plusieurs fois chancelier de l’université. Quand, en 1626, Corneille Jansénius, le futur évêque d’âpres, vint à Salamanque, envoyé par l’université de Louvain, pour liguer les universités espagnoles contre l’envahissement des jésuites (ceux-ci projetaient à ce moment une grande fondation à Madrid), Basile fut mêlé de très près aux négociations qui furent alors nouées, dans cette vue, avec Alcala et Valladolid. Voir, à ce sujet, Alexandro Vidal y Diaz, Memoria hislorica de la universidad de Salamanca^ Salamanque, 1869, p. 131 sq. C’est à la suite de ces événements que la faculté de théologie imposa à ses membres, en dépit des franciscains, le serment de défendre la doctrine de saint Augustin et de saint Thomas. Basile composa à ce sujet l’ouvrage intitulé : Celeberrimæ Academiæ Salmanticensis de tenenda ac docenda doclrina SS. Augustini et Thoni.T Aquinatis judicium, statuto juramentoque solemni firmatum et contra impugnantes propugnalum, Salamanque, 1(127 ou 1628 ; réimprimé à Rome ; à Douai, 1634 ; à Paris, 1657. Basile Ponce mourut peu après le 28 août 1629, laissant une. grande réputation de bon orateur, de savant théologien et même de canoniste distingué.

Outre l’ouvrage de circonstance signalé plus haut et un recueil de sermons sur les évangiles du carême

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