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POMPIGNAN (LE FRANC DE)— PONCE (JEAN


Puy, Paris, 1846, in-8°, p. 137-138, 339 ; Collombet, Histoire de la sainte Église de Vienne, 3 vol. [n-8°, t. iii, Lyon, 1817, p. 359-376 ; Claude Bouvier, Une carrière d’apologiste au XV IIIe siècle : Le Iranc de Pompignqn, évêque du Pu ; /, archevêque de Vienne ( 17 15-1790), Lyon, 1903, in-8°.

J. Carreyre.

    1. POMPONAZZI Pierre ( Pomponaccius)##


POMPONAZZI Pierre ( Pomponaccius), philosophe italien, né à Mantoue le 16 septembre 14C2, mort à Bologne le 18 mai 1525. Il étudie la philosophie à Padoue, sous Trapolino, l’y enseigne à son tour avec grand succès, dès 1488, bien qu’il eût conservé le lourd accent de Mantoue. Il est tout petit de taille : on l’appelle Peretto ; et il s’est marié trois fois. En 1509, la guerre l’oblige à quitter Padoue ; il transporte sa chaire à Ferrare, puis à Bologne, en 1512 ; il y meurt, et son élève, le cardinal Hercule Gonzague, lui fait donner la sépulture en l’église Saint-François de Mantoue, où une statue de bronze’rappel le encore son souvenir.

C’était un génie subtil, trop subtil peut-être, qui rappelle Abélard par sa virtuosité en dialectique. Ses doctrines, qui furent plutôt les formules successives d’un esprit curieux que des trouvailles d’un esprit vraiment philosophique, le placèrent, devant les écoles et l’Église, dans une situation ambiguë et suspecte. C’est contre les tendances qui se faisaient jour dans l’enseignement de notre philosophe qu’entend réagir le Ve concile du Latran dans la viiie session (décembre 1513), voir Denzinger-Bannwart, n. 738. Aussi la publication de son livre De immortalitate animée, paru en 1516, lui attira-t-elle les attaques des aristotéliciens à la manière scolastique et des théologiens orthodoxes. A Venise, les frati prêchaient contre lui dans les chaires des églises : le résultat y fut que le livre fut brûlé publiquement par ordre de l’inquisition. Il fallut toute l’influence des cardinaux Bembo, Bibbiena et Jules de Médicis pour éviter une condamnation de Léon X, mais celui-ci exigea une rétractation en 1518. Plus tard, le concile de Trente inscrivit l’ouvrage à l’Index des livres défendus. La rétractation eut-elle lieu, et, si elle eut lieu, fut-elle sincère ? On peut en douter en présence des erreurs non moins graves qui se font jour dans le De incantotionibus et le De fato, parus en 1520 et 1525. Une lettre du 20 mai 1525, publiée par Cian, nous montre Pomponazzi mourant plutôt en stoïcien qu’en chrétien, à la suite d’un refus de nourriture que certains ont interprété comme un suicide.

Aristote a posé la question de l’immortalité de l’âme, et l’a résolue dans un sens matérialiste selon Alexandre d’Aphrodisias, dans un sens panthéiste selon Averroès. Les deux thèses s’opposaient à celle de l’aristotélisme traditionnel de la scolastique. Selon Pomponazzi, aucune raison d’ordre naturel ne peut démontrer l’immortalité de l’âme. Au contraire, soutient-il, l’âme intellective ne peut se concevoir qu’identique à l’âme sensitive et végétative ; en supposant même que l’imagination supplée le corps, qui est son objet non son sujet, elle doit périr avec le corps lui-même. La raison apodictique ne peut donc que prouver la mortalité de l’âme. Pourtant, ajoute-t-il, l’immortalité nous étant enseignée par la révélation divine, force nous est de l’admettre pour demeurer chrétiens.

Dans la fameuse question de la providence divine et de la liberté humaine, Pomponazzi ne cache pas ses préférences pour les doctrines stoïciennes. Enfin, dans le De incantalionibus, il va jusqu’à nier la possibilité du miracle. S’il doit admettre, d’après l’Écriture, les miracles de Moïse et de Jésus-Christ, il n’en concède la possibilité que comme un moyen nécessaire à la propagation de la religion révélée dans le monde. Il est clair que, sans rien céder de ses thèses les plus audacieuses, Pomponazzi voudrait ne pas rompre avec l’enseignement de l’Église. D’où cette solution inattendue de l’éternel problème de l’accord de la raison avec la

foi : Nous avons en nous, dit-il, une double forme de raison : raison spéculative et raison pratique. La philosophie appartient à la première, la religion à la seconde. La première est le privilège d’un petit nombre, la seconde est nécessaire à tous et appartient à tous. C’est celle-ci qui est le principe de la morale, et, conséquemment, de la religion.

Voici la liste des œuvres principales de Pomponazzi : Liber in quo dispulatur pênes quid intensio et jormarum remissio altendantur, nec minus parvitas et magniludu y Bologne, 1514 ; Traclatus de reactione, Bologne, 1515 ; De immortalitate animas, Bologne, 1516 ; Apologia prusuo tractatti de immortalitate animæ aduersus Contarenum, Bologne, 1519 ; De/ensorium, seu responsiones ad Aug. Niphum, Bologne, 1519 ; De nutritione et auctione, Bologne, 1521 ; De naturalium efjectuum admirandorum causis, scilicet de incantalionibus liber, Bâle, 1 5, 1556 ; De fato, libero arbitrio, providentia libri V, Bâle, 1525 ; Dubitationes in quartum Meteorologicorum Arislotelis librum, Venise, 1564 ; Opéra, Venise, 1525 et Bâle, 1567.

B. Podesta publia, en 1868, quelques documents inédits sur Pomponazzi ; Ferri découvrit à la bibliothèque Angelica de Borne un ms. contenant son Commentaire sur le Traité de l’âme d’Aristote, qui n’est autre que ses leçons professées à Bologne en 1520 ; enfin F. Fiorentino avait déjà signalé, en 1868, dans la bibliothèque Magliabecchiana de Florence, une autre œuvre inédite, intitulée : Qusestiones animastiese mag. Pétri Pomponatii.

Kicéron, Mémoires… des hommes illustres, t. xxv, 1731, p. 329-350 ; Tirabosciii, Sloria délia lelleratura italiana, 1810, t. vi, p. 480-481, et t. vii, 1° part., p. 277 ; 2e part., p. 414421 ; Bayle, L ictionnaire critique, t. iii, 1741, p. 777-783 ; Jac. Brucker, Histoire critique de ta philosophie, t. IV, p. 158182 ; t. vi, p. 712-713 ; F. Fiorentino, Pietro Pomponazzi, Florence, 1868 ; B. Mariano, Pietro Pomponazzi, dans Polileenico, t. vi, 1868 ; G. Spicker, Leben und l.ehre des Petrus Pomponatius, Munich, 1868 ; Olearius, Dissertalio de Pomponatio, Iéna, 1709 ; Eckhard, Nachricht von Pomponatius^ Eisenach, 1793 ; Fahricius, Biblialheca Medii ALvi, t. vi, p. 8-9 ; Cian, Nuovi documenli su Pietro Pomponazzi, Venise, 1887 ; Giuliari, I i Pietro Pomponaccio, Vérone, 1869 ; B. Ardigo, Pietro Pomponazzie la psirologia corne scienza positiva, Padoue, 1869 ; L. Ferri, études dan » Archiv. s/or. ilaliano, 1871 ; Atti délia rente Accademia dei Lincei, 1875-1876 ; Nuova anlologia, 1894 ; La psicologia di P. Pomponazzi, Borne, 1877 ; L. Mabillcau, Pomponazzi et ses interprètes italiens, dans Revue philosophique, 1877 ; Bagnisco, P. Pomponazzi et G. Zabarella, Venise, 1887 ; Péladan, Les premiers rationalistes : Pomponacci et Valla, dans la Revue bleue, 1902 ; A. H. Douilas, The philosophy and psyclwlogy of Pietro Pomponazzi, Cambridge, 1910 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. ii, col. 1281 ; bibliographie plus complète, dans Ul. Chevalier, Bio-bibliographie, col. 3792.

F. BONNARD.

    1. PONCE Jean##


1. PONCE Jean, frère mineur irlandais, un des plus célèbres disciples et défenseurs de Scot au xviie siècle. — Né à Cork en 1603, il entra jeune dans l’ordre des frères mineurs au collège Saint-Antoine des frères mineurs irlandais à Louvain. Il étudia la philosophie à Cologne et commença ses études théologiques à Louvain sous Hugues Ward et Jean Colgan. Il continua sa théologie au collège Saint-Isidore, à Borne, que le célèbre L. Wadding venait d’ouvrir officiellement, le 21 juin 1625, pour l’éducation des franciscains irlandais, et dont Jean Ponce, avec Félix Dempsy et Bonaventure de la Hoid, étaient les premiers élèves. Ponce entra au collège le 7 septembre 1625. Il y trouva comme recteur Luc Wadding lui-même et comme professeurs de théo’ogie et de philosophie respectivement les 1 P. Antoine Hickey et Patrice Fleming. Après avoir terminé ses études, il fut désigné pour enseigner la philosophie au collège de SaintIsidore et, plus tard, il y devint premier professeur de théologie. Le 8 juillet