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POMÈRE — POMPIGNAN (LE FRANC DE

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choses ne sont pas pour les mots, mais les mots doivent exprimer les choses. » Col. 520.

Appréciation.

Le contenu du traité De l’ita

contemplaliva est. on le voit, passablement touffu. Pomère aimait les digressions et tombait facilement dans les redites. O. Bardenhewer semble avoir trouvé la note juste en le caractérisant comme « un manuel d’édification à l’usage des clercs, qui, dans les deux premiers livres, donne des directives pour le ministère pastoral ». Geschichte der altchristlichen Lileratur, t. iv, p. 600. A vrai dire, dans les passages visés par Bardenhewer. Pomère ne parle que des évêques ; mais ce qui est dit pour eux vaut aussi pour les clercs.

Pomère savait le grec : il cite Job, vii, i, d’après la version des LXX. Col. 419. Au t. III, il fait preuve d’une connaissance sérieuse de la philosophie de l’antiquité, et il cite à plusieurs reprises Tes écrits philosophiques de Cicéron. Toutefois, ce n’est pas un esprit original. II déclare lui-même avoir suivi saint Augustin pour l’élaboration de son traité. Col. 517. Les extraits cités plus haut le démontrent d’ailleurs surabondamment. Mais son augustinisme « est large, modéré et foncièrement pratique de tendance ». Cayré, Patrologie, t. ii, p. 179. Le style est clair et limpide, évitant toute recherche et affectation. Il se lit facilement. Certains passages, par exemple, la description du vaniteux, col. 489, celle de l’orgueilleux, p. 484, mériteraient d’être insérés dans une anthologie.

La principale édition du De vita conlemplaliva est due à J.-B. Le Brun des Marettes et D. Mangeant qui l’ont publiée à la suite des œuvres de Prosper, Paris, 1711. Cette édition a été reproduite par Migne, P. L., t. lix, col. 415-520. Traduction française dans Le prêtre d’après les Pères, t. Vlïl, Paris, 1842.

Le style de Pomère a été étudié par Fr. Degenhart, Studien zu Julianus Pomerius, Eichstætt, 1905, qui donne aussi une collation des quatre manuscrits qui se trouvent à Munich.

Voir aussi dom Ceillier, Hist. des auteurs eccl., l re éd., t. xv, p. 451-472 ; Arnold, Ca’sarius von Arclaie und die gallische Kirche seiner Zeit, Leipzig, 1894 ; Malnory, Saint Césaire d’Arles, Paris, 1894, passim ; L. Valentin, Saint Prosper d’Aquitaine, Paris, 1900, p. 651-655 ; O. Bardenhewer, Geschiehle der altchristlichen Lileratur, t. iv, Fribourg-en-B., 1924, p. 599-601 ; F. Cayré, Précis de patrologie, t. ii, Paris, 1930, p. 176-179.

G. Fritz.

POMPIGNAN (Jean-Georges Le Franc de) <1715-1790), né à Montauban, le 22 février 1715, fit ses études à Louis-le-Grand, puis au séminaire Saint-Sulpice. En 1740, il assista à l’assemblée du clergé, comme député de la province de Vienne. Il fut nommé évêque du Puy, en 1743, et assista à l’assemblée de 1755, où il prononça le discours d’ouverture. Il devint archevêque de Vienne en 1774 et fut député aux États généraux de 1789. Le 27 juin 1789, il se mit à la tête des 149 membres du clergé qui se joignirent au tiers état. Louis XVI le nomma ministre de la Feuille, le 4 août. Son rôle au sujet du bref de Pie VI, 10 juillet 1790, contre la Constitution civile du clergé, n’est pas très net, mais on ne « aurait lui reprocher de n’avoir pas empêché le roi de signer la Constitution civile, 24 août 1790, car, dès le 17 août, il était tombé gravement malade. Il mourut le 29 décembre 1790.

Les écrits de Pompignan sont, presque tous, dirigés contre l’incrédulité du xviiie siècle et ils valurent à leur auteur les sarcasmes de Voltaire. Les principaux sont : Instruction pastorale aux nouveaux convertis de son diocèse, in-8°, Montauban, 1751 ; c’est un ouvrage d’apologétique et de controverse. — Questions sur l’incrédulité (au nombre de 5), in-12, Paris, 1753 et 1757 ; c’est un ouvrage dirigé contre la philosophie, où l’auteur étudie les caractères, l’origine et les effets désastreux de l’incrédulité (Mémoires de Trévoux, févr. 1752, p. 259-276). — Le véritable usage de l’autorité

séculière, dans les matières qui concernent la religion, in-12, Avignon, 1753. L’auteur y défend l’Église contre les empiétements des parlements, et établit la distinction des deux puissances ; il est surtout question des refus de sacrements. Les principes exposés dans cet écrit seront repris dans l’assemblée du clergé de 1755 et dans les Remontrances de l’assemblée de 1760. — La dévotion réconciliée avec l’esprit, in-12, Montauban, 1754 ; la dévotion s’allie fort bien avec les belles-lettres, les sciences, le gouvernement et les affaires de la société. — Controverse pacifique sur l’autorité de l’Église, ou Lettres de M. D. G. à l’évêque du Puy, avec les réponses de ce prélat, in-12, s. L, 1757 ; ce sont deux lettres qui répondent aux objections faites par un pasteur protestant, en faveur de la Réforme. Ce travail fut publié en 1757 par François Favre, chanoine de Genève. — 7’incrédulité convaincue par les prophéties, 3 vol. in-12, ou 1 vol. in-4°, Paris, 1759 ; l’auteur prouve la vérité de la religion par l’accomplissement des prophéties (Mémoires de Trévoux avril 1759, p. 838-854 ; juill. 1759, p. 1607-1632, et oct. 1759, p. 2352-2377). — Lettre écrite au roi sur l’affaire des jésuites, le 16 avril 1762, in-8°, s. 1., 1762 ; cette lettre fut condamnée par un arrêt du parlement de Bordeaux, le 18 juin 1762 et par un arrêt du parlement de Rouen, le 30 juin de la même année. — Instruction pastorale sur la prétendue philosophie des incrédules modernes, in-4°, Paris, 1763, et 2 vol. in-12, Le Puꝟ. 1764 (Mémoires de Trévoux, oct. 1763, p. 2522-2563, et nov. 1763, p. 2790-2841, et Nouvelles ecclésiastiques du 6 février 1765, p. 27-28) ; l’auteur signale chez les incrédules, leur engouement pour les sciences naturelles et il attaque surtout Rousseau. — Instruction pastorale sur l’hérésie, pour servir de suite à celle du même prélat sur la prétendue philosophie des incrédules modernes, in-4°, Paris, 1766 (Mémoires de Trévoux, août 1766, p. 246274). L’auteur y attaque le jansénisme et on y répondit par une Lettre à l’évêque du Puy, in-12, 1766 (Nouvelles ecclésiastiques du 16 oct. 1766, p. 169-172). — Défense des actes du clergé de France concernant la religion, publiée en l’assemblée de 1765, in-4°, 1769 ; c’est une réponse au violent réquisitoire de M. Le Blanc de Castillon, avocat général à Aix. — La religion vengée de l’incrédulité par l’incrédulité elle-même, in-12, Paris, 1772 (Mémoires de Trévoux, nov. 1772, p. 350-361), combat les théistes, les déistes et les athées, qui embrassent les diverses formes de l’incrédulité. — Avertissement de l’assemblée générale du clergé de France sur les avantages de la religion et sur les effets pernicieux de l’incrédulité, in-4° et in-12, Paris, 1775. — Pompignan publia, en 1779, un Catéchisme qui fut réédité à Vienne, en 1782 ; les Nouvelles ecclésiastiques du 25 déc. 1787, p. 205-208, en font une critique assez vive ; il publia aussi un certain nombre de Mandements importants, parmi lesquels il faut citer le mandement du 31 mai 1781 contre une édition des Œuvres de Voltaire (Nouvelles ecclésiastiques du Il déc. 1781, p. 199-200) et celui du 3 août 1781 contre la lecture des Œuvres de Rousseau et de Raynal.

Pompignan laissa quelques manuscrits. Le plus célèbre est intitulé : Lettres à un évêque sur divers points de morale et de discipline : il a été édité par M. Émery, avec une notice détaillée sur la vie du prélat, 2 vol. in-12, Paris, 1802. Les lettres sont adressées à M. de Sarra, évêque de Nantes et ami de Pompignan : il y a huit lettres sur l’entrée dans l’épiscopat et la résidence, sur la science et les talents nécessaires à l’évêque, etc. (Annales de la religion, t. xvii, p. 550-557).

Michaud, Biographie universelle, t. xxxiv, p. 32-34 ; Hoefoi, Nouvelle biographie générale, t. XL, col. 722-723 ; Picot. Mémoires pour servir <i l’histoire ecclésiastique pendant le XVIII’siècle, t. vi, p. 180-488 ; Émery, préface des Lettres aux évêques, 1802 ; Caillau, Les gloires de Notre-Dame du