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POLOGNE. SCIENCES SACRÉES, XIXe SIÈCLE
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antimoderniste des théologiens polonais dénote en général un caractère plutôt d’information que de polémique. Seuls, deux membres de la congrégation de la Résurrection, qui travaillaient parmi les émigrés polonais, se mirent en opposition avec Towianski : le philosophe Semenenko, mentionné plus haut (voir son traité écrit en français : Towianski et sa doctrine, Paris, 1852), et le chef zélé de la mission polonaise à Paris, Alexandre Jelowicki (1803-1877). Kobylecki, S. J., dans son traité La philosophie des âmes libres, dans Przeglad powszechmj, 1900 et 1901, et Urban, S. J., Catholicisme éleusinien, ibid., 1910, ont polémiqué aussi avec le professeur Lutoslawski. La question du modernisme proprement dit fut traitée par quelques jésuites, en premier lieu par Jean Rostworowski, né en 1876, auteur d’excellents traités parus dans la Revue universelle : Des nouveaux aspects de l’idée catholique, Le catholicisme libéral et Deux philosophies. Ces ouvrages furent réunis en un recueil intitulé : Esquisses du modernisme, Cracovie, 1911. Un professeur du séminaire de Tarnôw, l’abbé A. Macko, écrivit : La signification de l’encyclique relative au modernisme, Tarnôw, 1909, et le professeur de théologie de Varsovie, Mgr Czeslas Sokolowski (né en 1877), actuellement évêque coadjuteur de Podlasie, en dehors de quelques traités plus courts, publia un grand ouvrage sur Loisy, Varsovie, 1918.

Sciences bibliques.

Les savants polonais s’occupant de la Bible déployèrent quelque activité surtout à partir de la première moitié du xixe siècle. Ils

publièrent une série de traités concernant les questions bibliques. II convient de citer ici : l’apologiste Serwatowski mentionné plus haut, auteur d’un Cours d'Écriture sainte. Nouveau Testament, 3 vol., Vienne, 18441846 ; 4 vol., Varsovie, 1860 ; l’abbé Michel Bobrowski, professeur à l’université de Vilna, auteur du traité Image des sciences bibliques, leurs parties et leur littérature, Vilna, dans la revue périodique Dzieje dobroczynnosci ( « Histoire de la bienfaisance » )> 1823, 1824. Un autre professeur de Vilna, le lazariste Thomas Hussarzewski, publia, en 1819, à Vilna, une traduction du psautier en langue latine, selon le texte hébreu ; le lazariste André Pohl (tl820), mentionné plus haut, auteur d’une série de manuels pour séminaires, publia une introduction à l'Écriture sainte en 5 volumes, sous le titre de Scriplura sacra per quæstiones exposita…, Vilna, 1810-1811. Varsovie fournit aussi plusieurs biblistes de valeur, entre autres le lazariste Antoine Putiatycki (1787-1862), qui publia Enchiridion hermeneuticæ sacrée, Varsovie, 1859 ; Ladislas Knapinski (1838-1910), bibliothécaire de l’académie de Varsovie, ensuite professeur à l’université de Cracovie, auteur de quelques traités : Opr, Varsovie, 1887 ; De la formation du Penlaleuque, Varsovie, 1903. Parmi les élèves de l’académie de Pétersbourg, il faut mentionner Alexandre Zaremba (1857-1907), professeur au séminaire de Plock, qui publia une série d’articles approfondis sur des questions bibliques ; Mgr Antoine Szlagewski (né en 1864), actuellement évêque coadjuteur de Varsovie, célèbre prédicateur qui publia en polonais : Introduction historique et critique à l'Écriture sainte, 4 vol., Varsovie, 1907-1908, ainsi que le Souveau Testament, remaniement modernisé de l’ancienne traduction de Wujek, Varsovie, 1902 et 1913. L’abbé Joseph Kruszynski (né en 1877), professeur au séminaire de Wloclawok et à l’université catholique de Lublin (dont il a été recteur de 1926 à 1933), a publié également une introduction à l'Écriture sainte et une série d’autres traités bibliques. Comme traducteur de la Bible, il faut citer Mgr François Albin Symon (1841-1918), recteur de l’académie de Pétersbourg, ensuite évêque coadjuteur de Mohilôw, qui, après avoir été expulsé par le gouvernement

russe, s'établit à Cracovie. lui dehors de nombreux traités historiques et bibliques, il a donné les premiers volumes d’une nouvelle et originale traduction de l'Écriture sainte (1911-1912), mais ne put achever son œuvre. Pareil essai fut entrepris par le jésuite Ladislas Szezepanski (1877-1927), auteur de nombreux traités de géographie biblique, professeur à l’Institut biblique de Rome et plus tard à l’université de Varsovie. Il publia seulement une traduction des quatre évangiles et des Actes des apôtres. La traduction surpasse celle de Wujek par son exactitude, mais Wujek possédait mieux la langue polonaise. Il faut mentionner aussi Stanislas Spis (1843-1910), longtemps professeur à l’université de Cracovie, auteur de plusieurs ouvrages concernant le Nouveau Testament. Dans l’annexion prussienne, vers la fin du siècle, le savant professeur d'Écriture sainte au séminaire de Poznan, Stanislas Hozakowski (1869-1934) développa une grande activité. Il est l’auteur de plusieurs traités très précieux, écrits en allemand et en polonais. Méritent encore une mention : Mgr Stanislas Okoniewski (né en 1870), actuellement évêque de Pelplin, qui publia un ouvrage considérable : L'Écriture sainte dans les œuvres de Pierre Skarga, Poznan, 1912, et Alexandre Lipinski (né en 1875), actuellement recteur du séminaire de Podlasie, auteur d’une Archéologie biblique, en polonais, Varsovie, 1911.

Droit canonique.

Dans le domaine de la

théorie, une assez grande stagnation se fait sentir au xixe siècle, en Pologne. Un laïque, Louis Cappelli, professeur de droit à l’université de Vilna, publie un court Manuale juris canonici, Vilna, 1819, imprégné de fébronianisme. André Pohldonne la Collcctio bullarum et decrelorum, Vilna, 1815. L'évêque de Vilna, Adam Krasinski (1810-1891), publie en polonais Le droit canon, Vilna, 1861. Mgr Joseph-S. Pelezar (18421924), auteur abondant, professeur à l’université de Cracovie, puis évêque de Przemysl, donne La loi ecclésiastique matrimoniale, Cracovie, 1882, 1885, 1898. Le professeur laïque de l’université de Lwôw, Edouard Rittner (1845-1899), écrit La loi ecclésiastique catholique, Lwôw, 1878, 2e éd., en 2 vol., sous le titre de Manuel pour le droit canon, Lwôw, 1879. L’abbé André Retke (1852-1907), professeur à l’académie de Pétersbourg, publie De matrimonio traclalus juridicus, Varsovie, 1895. Jean Matulewicz, Lithuanien, professeur à l’académie de Pétersbourg, donne un traité précieux, De justitia et jure, Pétersbourg, 1903. En ce qui concerne le domaine de l’histoire du droit canon en Pologne, le mouvement scientifique fut plus intense, mais il en sera question plus loin.

7° La littérature ascétique du xixe siècle, en Pologne, est fort riche mais, généralement parlant, peu originale et trop populaire. Les écrivains suivants méritent d'être mentionnés ; d’abord les jésuites : Charles Antoniewiez (1807-1852), poète et apôtre zélé, mort en odeur de sainteté, auteur d'écrits pieux à l’usage du peuple ; Henri Jackowski, Michel Mycielski et beaucoup d’autres ; les capucins ensuite : le P. Procope (1812-1895), auteur fécond de Vies de saints et le P. Honoré (1829-1916), créateur et chef de nombreuses congrégations religieuses, tenues secrètes en Pologne (le gouvernement russe avait aboli presque toutes les maisons religieuses en Pologne après l’insurrection de 1863). Les œuvres ascétiques les plus vastes et plus originales sont : La mystique, Cracovie, 1896, du célèbre philosophe Pierre Semenenko, cité plus haut, qui traite d’une manière très originale les questions de la vie intérieure, et La vie spirituelle, de Mgr Pelezar, 2 vol., 1873, nombreuses éditions. Cette œuvre contient un aperçu général sur l’ascèse. Les questions mystiques proprement dites ne furent presque pas traitées par les auteurs polonais du xixe siècle.