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POLOGNE. SCIENCES SACRÉES, XIXe SIÈCLE


répandue jusqu'à présent en Pologne, qui a paru sous le titre de Petites heures de ta sainte Vierge ; Martin Hincza, auteur de nombreuses méditations ; Jean Morawski, mentionné plus haut, auteur de magnifiques méditations sur la vie des saints, intitulées Fasti sanctorum, Poznan, 1676, et d’autres écrits ; Thomas Mlodzianowski, auteur d’un manuel pour retraites et méditations ; Stanislas Solski, mathématicien, auteur de méditations, etc. Parmi les dominicains, il faut citer Paul Ruszel († 1658), propagateur du culte de la Sainte-Croix (une très importante relique de la Sainte-Croix se conserve dans l'église dominicaine de Lublin), et Gabriel Leopolita (| 1649), auteur de nombreuses méditations sur la passion de NotreSeigneur et d’autres ouvrages encore.

Le droit canonique.

A rencontre d'époques précédentes où l'étude du droit canonique prédominait parmi

les sciences sacrées, il y a, au xviie et au xviiie siècle, une certaine stagnation dans ce domaine. L’activité des quelques canonistes polonais se limite à la publication de décrétales des synodes, de divers manuels juridiques et de commentaires du Corpus juris. On peut faire ici mention de professeurs jésuites de Vilna : Bekanowski, auteur de Qusesliones canonico-morales de seplem sacramentis, Vilna, 1732 ; Mïlunski, auteur d’Explanationes juris ecclesiastici… de sponsalibus et matrimoniis, Vilna, 1705 ; Benoît de Soxo, auteur d’un manuel très érudit, mais chaotique, intitulé Claves juris, Vilna, 1648 : Albert Tylkowski, auteur de Tribunal sacrum, Varsovie, 1690, et de Sacri canones et decisiones apostolicæ ad sacramentum matrimonii, Varsovie 1692. Puis vient le dominicain Camille Jasinski († 1651), auteur de quelques traités qui se rattachent au droit particulier de l’ordre ; les deux professeurs de l’académie de Cracovie, Albert Lancucki († 1686) ; Quæstio juridica de jure immunitatis ccclesiasticee, Cracovie, 1658, et Jacques Marciszewski († 1773) ; Controversée quæstiones juris, s. 1., 1771 ; Continuatio controversarum quæstionum, s. 1. n. d. ; De prselatis et canonicis, Cracovie, 1776 ; Regulæ canoniese de irregularitale, ibid., 1766 ; enfin, le basilien T. Szezurowski (1740-1812), qui publia en polonais un manuel de droit canon, Suprasl, 1792.

Sciences positives.

Le domaine de la théologie

positive n’est guère exploité au cours de ces deux siècles en Pologne. En histoire ecclésiastique, nous ne pouvons citer que quelques noms, et d’abord celui d’Abraham Bzowski (Bzovius), dominicain (15671637). Depuis 1611, Bzowski séjournait à Borne, où on lui avait confié la continuation des Annales de Baronius. Il commença son travail en résumant Baronius, Historia ecclesiastica ex Ctes. Baionii Annalibus, 2 vol. in-fol., Borne, 1616, puis fit paraître neuf volumes d’Annales. Les deux derniers n’ont été édités qu’après sa mort, Cologne, 1640 ; Rome, 1672. Son travail s’arrête à la mort du pape saint Pie V (1572). Bzowski fut un homme de grand savoir et d’une extraordinaire assiduité au travail, quoiqu’il manquât quelquefois de sens critique. Il publia encore une série d'écrits théologiques, ascétiques et historiques ; ces derniers concernent particulièrement l’histoire de l’ordre dominicain en Pologne.

Un autre nom célèbre parmi les historiens de l'Église de Pologne à cette époque est celui de Simon Starowolski (1588-1656), professeur, puis chanoine à Cracovie. De ses nombreux ouvrages, qui traitent d’histoire, de géographie, de droit et de politique, nous devons citer Scriptorum Polonicorum hecatontas…, Francfort, 1625 ; Venise, 1627 ; Breslau, 1733, contenant plus de 170 biographies, et Polonia sive status regni Potonise descriptio, Cologne, 1632 ; Danzig, 1562 ; Wolfenbùttel, 1656 ; Breslau, 1731 ; puis Varsovie, . 1761, dans l'édition de Mitzler, Historiarum Poloniœ…

collectio magna, qui nous fournit maints renseignements sur l'état de l'Église de Pologne au xviie siècle. Un certain manque de critique est le plus grand défaut de Starowolski.

En dehors de ces deux bons représentants de l’histoire ecclésiastique polonaise, on ne rencontre, à cette époque, aucun autre écrivain remarquable. On trouve surtout des chroniqueurs des ordres religieux. Le meilleur serait l’historien de la province lithuanienne de la Compagnie de Jésus, Stanislas Rostowski 7111784), qui se rendait vraiment compte des conditions du travail scientifique ; il ne laissa pas, néanmoins, d’user de la méthode annalistique. Son œuvre, intitulée Lithuanicorum Societatis Jesu historiarum provincialium pars prima, Vilna, 1768, donne l’histoire du premier siècle de la Compagnie en Lithuanie (1564-1664). Comme source historique, nous possédons encore une autre œuvre de valeur, c’est le Diarius domus professée Cracoviensis Societatis Jesu, du P. Jean Wielewicki (1566-1639), sorte de journal relatant les faits les plus importants arrivés à la maison, entre 1579 et 1639. Ce journal, édité à Cracovie entre 1881 et 1899, en

9 volumes, est une source inépuisable d’informations ecclésiastiques. Beaucoup d’autres travaux semblables, publiés ou non, ont été composés dans tous les ordres polonais, celui par exemple des franciscains conventuels dont l’auteur est le P. Bonaventure Makowski (1700-1795). Plusieurs biographies d'évêques et d’autres hommes d’action ont été conservées, comme, par exemple, les œuvres du chanoine régulier E. Damalewiez († 1673), Vitæ Vladislaviensium episcoporum, Cracovie, 1642, et Séries archiepiscoporum Gnesnensium, Varsovie, 1649, ou l'œuvre du jésuite Bzepnicki, Vitæ præsulum de la Pologne et de la Lithuanie jusqu'à 1766, 3 vol., Poznan, 1761-1763. Les œuvres de l’historien héraldiste de Lithuanie, Albert Wijuk Kojalowicz (1009-1677) sont, elles aussi, une source importante pour l’histoire ecclésiastique de Pologne. De nombreuses informations biographiques sont également fournies par un immense armoriai polonais du jésuite Gaspard Niesiecki (1682-1744), l re éd. à Lwôw, 1728-1743, 4 vol. ; le t. v, non terminé, a été achevé en complété par le P. Czaplinski qui ne l’a cependant point publié. Une nouvelle édition de cet armoriai et

10 volumes a paru à Leipzig en 1839-1846. Il faut encore mentionner de très nombreuses Vies de saints de moindre valeur scientifique. En particulier, la Vie des saintes vierges Eufrosine et Parascève, parue sous le titre Chronologie… et Addition à la chronologie…, Vilna, 1782-1783, œuvres du basilien I. Stebelski († 1805), fournit maintes données concernant l’histoire de l’union et de l’ordre de Saint-Basile. Enfin le piariste Théodore Ostrowski (1700-1802), savant historien du droit, fut le premier écrivain polonais qui ait entrepris une étude générale de l’histoire ecclésiastique en Pologne. Il publia : Histoire et lois de l'Église de Pologne, 3 vol., Varsovie, 1793 ; 2e éd., Poznan, 1846, avec des notes du savant éditeur, Joseph Lukasiewicz. L'œuvre d’Ostrowski manque de profondeur et de critique. Les notes de Lukasiewicz dénotent une certaine hostilité envers l'Église catholique.

V. Le xixe siècle. — 1° Généralités. — Les vicissitudes de l’histoire des idées théologiques en Pologne au xixe siècle ne sauraient être comprises si l’on ne tenait compte de deux facteurs qui ont exercé une influence considérable sur la mentalité polonaise.

D’une part, des courants antireligieux venant d’Occident pénètrent de plus en plus en Pologne, vers la fin du xviiie siècle, à l'époque de sa défaite politique. D’autre part, le démembrement de la Pologne amène de déplorables conditions d’existence, au point de vue national aussi bien que religieux. En ce qui concerne