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POLITI POLOGNE


sons. Ils n’en pensèrent pas moins, avec toute la tradition de l'Église, et ils maintinrent dans leurs décisions qu’une certaine intention est du moins nécessaire de la part du ministre d’un sacrement. Sarpi. p. 993-994.

Les représentants de la toute jeune Compagnie de Jésus au concile de Trente ne possédaient pas encore le doctorat en théologie. Catharin fut, comme il est bien naturel, du nombre des membres de la commission d’examen. Cette circonstance a fait écrire parfois, d’une manière elliptique et très impropre, que c’est Ambroise Catharin qui éleva ces jésuites au rang de docteurs. En réalité, c’est le cardinal Del Monte, le futur Jules III, qui donna à Bologne la patente de docteur à Lainez et à Salmeron. Monumenta Laynaini…, Monumenla epislolæ Salmeroni, t. i, p. 84-86. Catharin n’a pas rédigé et signé cette patente. Les impétrants avaient été préalablement examinés par deux théologiens dominicains : Vincent v illa et Vincent de Quintiano. Eux seuls portèrent le jugement. Le rôle de Catharin en cette affaire fut d’avoir été désigné comme contrôleur de ces épreuves et d’y avoir assisté, p. 85. Voir le cas de Claude Laugé, Canisius, Salmeron, dans Chronicon de Polanco, p. 481. Catharin était dans les meilleurs termes avec Lainez et Salmeron au concile de Trente. Mais c’est une simplification grossière que de vouloir ramener toutes les théologies de la grâce des théologiens jésuites du xvi c siècle à une seule qu’on prêterait en commun à Catharin et à Molina. La pensée des théologiens jésuites du xvie siècle a plus de richesses. Saint Bellarmin, par exemple, assez caractéristique d’une moyenne judicieuse entre les opinions théologiques librement soutenues dans la Compagnie de Jésus, est tout à fait hostile à Ambroise Catharin. Échard, t. ii, p. 151.

Le nouveau pape Jules III, ancien élève de Catharin, ayant fait baptiser un enfant juif et une cabale s’en étant suivie, Catharin prit la défense du pape dans un opuscule : De pueris judœorum sua sponte ad baptisandum venientibus. En 1552, paraissait le dernier groupe de traités théologiques, Tractatus theologici plures, d' Ambroise Catharin ; ce devait être son testament théologique et il demeurait conforme à toute sa pensée doctrinale. Il y revenait encore sur les paroles de l’eucharistie, l’immaculée conception, la prédestination en général, la prédestination du Christ, le culte des images, la notion de sacrifice, l’intention du ministre dans le sacrement. Il s’y préoccupait parfois de problèmes de théologie pastorale : la communion doit-elle se faire sous les deux espèces ? Faut-il faire communier les enfants ? Faut-il répandre les textes de la sainte Écriture par l’emploi des langues vulgaires ? Ce recueil comportait en outre une dénonciation et une réfutation de l’immoralisme de Machiavel, alors dans tout son prestige.

Cette même année 1552, Catharin devenait, dans le royaume de Naples, archevêque de Conza. Il était appelé à Rome, vraisemblablement pour y recevoir la pourpre cardinalice, lorsqu’il mourut, le 8 novembre 1553. Échard donne, t. ii, p. 150, une liste de travaux de Catharin qui restèrent manuscrits. Avec un style d’humaniste etbeaucoup d’idées, allant depuis la bizarrerie d’un esprit trop personnel jusqu'à la profondeur d’un grand théologien, Catharin fut un des cerveaux du concile de Trente. C’est dans les épisodes infiniment complexes de diverses sessions conciliaires qu’il faudrait suivre son rôle, lequel, en des détails parfois savoureux, demeure toujours si important qu’il intéresse vraiment, là encore, l’histoire de la théologie catholique.

I. Chronologie des œuvres de Catharin-Politi (d’après Quétif-Échard). — -Les titres complets des ouvrages principaux ont été mentionnés au cours de l’article. I. Adver sus Martini Lutheri dogmata, 1020. — II. Excusalio dispulalionls contra Lutherum, 1521. - III. Speculumhasreticorum…,

1532. — IV. De peccato originali…, s. d. — V. De perfecta jusiiflcatione…, s. d. - VI. Annotationes in excerpla… de commentariis Cajelani…, 1535. - VII. De officia et dignitaie sacerdotum…, 1537. - VIII. Opuscula…, 1542. — IX. Claves ad sacras Scriptnras…, 1543. — X. De reprobatione doctrine Ochini…, 1544. — XI. Oraiio ad Paires…, s. d. — XII. De residentiu episcoporum…, 1547. — XIII. De necessaria residentia…, s. d. — XIV. Pro possibili certiludine gratiæ, 1547. — XV. De justificatione…, 1547. — XVI. Contra schedulam a B. Spina…, s. d. — XVII. Adversus apologiam D. Soio…, 1547. — XVIII.fleziz « niis…, 1547. — XIX. Summa doclrirue de prædestinatione…, 1550. — XX. Discept. ad Solo super quinque arliculis…, 1551. — XXI. Commentaria in Pauti epislolas…, 1551. — XXII. Tractatus theologicos plures (sic), 1551-1552 : 1. In priora cap. Geneseos, 1552 ; 2. De pueris Judeorum…, s. d. ; 3. Assertiones de certiludine gratiœ…, 1551 ; 4. Contra schedulam, cf. XVI ; 5. Quibus verbis Christus eucharisties, etc. — Après de nouvelles recherches, Échard ajoute : Compendio d’errori…, 1544 ; Dissertalio de epislola ad Hœbreos, s. d. ; Orationes Tridentinx, 1548.

II. Travaux.

Pour une bibliographie de Politi-Catharin consulter : Quétif-Échard, Scriptores ordinis prædicat., t. ii, p. 144-151, 332, 736, 825 ; Moréri, Le grand dictionnaire, art. Calharin ; Touron, Les hommes illustres de l’ordre de SaintDominique, t. iv, p. 127 sq. ; Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’ordre des frères prêcheurs, t. v, p. 316-322, 441445, 450-451 ; t. vi, p. 69 ; surtout Joseph Schweizer, Ambrosius Catharinus Politus ( 1484-1553), sein Leben und seine Schri/len, Munster, in-8°, 1910. Malheureusement, l’ouvrage parfaitement documenté de Schweizer ne comporte aucune étude doctrinale étendue. D'études doctrinales concernant Catharin et véritablement dignes de ce nom, il n’existe encore qu’un article, il est vrai important, sur un point spécial : Diomède Scaramuzzi, O. F. M., Le idée scotiste di un grande teologo domenicano del' 500 : Ambrogio Calarino, Florence, 1933, extrait des Studi francescani, 1932, p. 297319, et 1933, p. 197-217 ; accessoirement, voir F. Lauchert, Die Polemik des Ambrosius Catharinus gegen Bernardino Ochino, Inspruck, 1907 ; du même, Die italienischen literarischen Gegner Luther s, Fribourg-en-B., 1912 ; J. Serry, Ambrosii Catharini de necessaria in perficiendis sacramentis intentione, Padoue, 1727 ; du même, Historia congregationum de auxiliis divines gratiæ, Anvers, 1729. — Pour le rôle de Politi-Catharin au concile de Trente, voir : Pallavicino, Ialoria del concilio di Trento, 1793, p. 109 ; Fra Paolo Sarpi, Histoire du concile de Trente, édit. Amelot de La Houssaie, Amsterdam, 1699, p. 135, 160, 163, 164, 179, 180, 188, 189, 195, 196, 198, 201, 212, 223, 224, 528 ; enfin et surtout, la grande collection Concilium Tridentinum, de la Gœrresgesellschaft, t. i, passim ; t. ii, passim ; t. iv, p. 582-586 ; t. v, passim et surtout p. 471, 655-657, 731, 741, 778, 893, 933 ; t. viii, p. 543 ; t. ix, p. 277 ; t. x, passim et p. 607 ; t.xii, p. 473, 529, 538.

M. -M. Gorce.

    1. POLOGNE##


POLOGNE. - On étudiera successivement : 1. La situation actuelle de la Pologne au point de vue religieux ; 2. Les sciences sacrées en Pologne.

I. SITUATION RELIGIEUSE ACTUELLE. —

Dans le présent article, nous traiterons exclusivement de la situation de la Pologne contemporaine et non de celle de la Pologne d’avant-guerre. Après la chute de l'État polonais, l'Église catholique entra dans une période de persécution. Les États usurpateurs, . Russie schismatique, Allemagne protestante et Autriche joséphiste, gênèrent l’activité de l'Église, la persécutèrent même dans certains domaines et lui imposèrent une législation étrangère, imprégnée d'éléments protestants et schismatiques. L'Église fut privée de l’aide de l'État catholique. En même temps, une partie des forces sociales qui, auparavant, collaboraient avec elle lui retiraient leur collaboration, obligées qu’elles étaient de se vouer à la défense et au développement de la culture polonaise. Avec la résurrection de KÉtat polonais, en 1918, commence pour l'Église une ère nouvelle. L'Église a retrouvé la liberté de son organisation et de son activité en même temps qu’elle a gagné l’aide de l'État. Il v a eu. de toute évidence, et il reste encore,