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PLATONISME DES PÈRES. LA CONNAISSANCE DE DIEU


vent Plotin, olox vouç, otov èvépyeia. Les anciens exprimaient ainsi, sans lui donner les précisions qu’elle reçut pins tard, la doctrine de l’analogie entre l >ieu et ses créatures.

1° A cause de sou imprécision, la méthode n'était pus sans danger-. Certains pensent, dira plus tard Nicolas de (Aies, qu’on peut affirmer de Dieu certaines choses et en nier d’autres (méthode disjonctive). Ils se trompent : il faut à la t’ois affirmer et nier tout de Dieu (méthode copulative), car Dieu est tout et il n’est rien. C’est la voie de la Docte ignorance. Sans doute la raison discursive répugne à s’y engager : mais il faut dépasser la raison discursive, se hausser jusqu'à l’intellect ion et à « cette simplicité où les contradictoires coïncident. De docta ignorantia, concl. Cf. Edmond Vanstèenberghe, Le cardinal ieolas de Cæs, Paris. 1920. p. 28." »

Nicolas de Cues voulait soustraire la théologie à l’emprise d’une dialectique décadente qui compromettait la science sacrée. L’intention était bonne. Mais, comme le remarque justement son historien, en reléguant le réel véritable dans un domaine où cesse le raisonnement et où ne vaut même plus le principe de contradiction, il rendait impossible toute métaphysique et toute théologie. Op. cil., p. 282-287. C'était le danger de la théologie négative telle que la comprenaient les néoplatoniciens. A force d’exalter la transcendance de l’Un, ils n’osaient plus lui attribuer aucun prédicat positif. Comment connaître ce qu’il est ? Il fallait tout attendre de l’extase.

5° La théologie négative, comprise à lu manière néoplatonicienne, prépare l’extase. — Elle est en quelque Mille l’envers de la vision de Dieu : et rien ne montre mieux la différence qui existe, sous des appellations semblables, entre le retranchement néoplatonicien et la via negationis de la philosophie scolastique. Cette dernière s’exerce sur des concepts et les corrige ; elle fait abstraction de ce qu’ils contiennent d’imparfait : pousse au contraire à la limite ce qu’ils ont de bon et de parfait et arrive ainsi à se faire de Dieu une idée moins indigne, mais en restant dans le champ des concepts, dans le mode ordinaire de notre connaissance, abstractif et discursif.

Pour un néoplatonicien, il s’agit de tout autre chose, d'écarter une réalité gênante qui nous borne, le voile qui s’interpose et nous empêche de voir plus loin. Le réalisme qui est à la base de cette dialectique ascendante prétend par le retranchement conduire à la vision de Dieu : « Enlève, disait Plotin. et contemple », nv.-, -zl S9] D « peXâ>v. Rnn.. IV, vii, 10 ; cf. Y, ni, 17.

II. L.l PURIFICATION, CONDITION /'/- LA VISION DE

D1BV. — 1° Voir Dieu, c’est là que tendaient, au début de l'ère chrétienne, beaucoup de désirs inquiets. — Le problème était moins de savoir si nous pouvons connaître ce qu’est Dieu que de trouver le moyen de le voir, c’est-à-dire de nous unir à lui dans une union qui serait le bonheur.

Ce qui attirait au platonisme, c’est qu’il prétendait satisfaire ce désir. Le premier Bien est ineffable ; mais un fréquent commerce le rend présent et « tout à coup comme d’un feu qui jaillit une lumière s’allume dans l'âme. vu" lettre, attribuée à Platon, citée par Origène, Cont. Cels., VI, m. /'. G., t. xi. col. 1292 15. Dieu n’est saisi par aucun discours, mais les sages qui, par de grands efforts, se sont séparés du corps autant que possible, en conçoivent comme un éclair quelque idée : c’est parmi les ténèbres l'éblouissement soudain d’une vive lumière. L’intelligible…. le pur, le simple brille comme un éclair et soudain permet à l'âme de le toucher et de l’apercevoir. Plutarque, De [s. et Osir., i. xxvii. Cherchez Dieu, dil Plotin avec assurance. il n’est pas loin du tout et vous le trouverez, les intermédiaires ne sont pas nombreux. Il suffit de prendre

dans l'âme qui est divine la partie la plus divine. V, i. 3.

De toutes les attirances du platonisme, celle-là s’exerçait le plus puissamment sur les âmes les meilleures.

Justin a décrit la véhémence des espoirs qui le soulevèrent lorsque, après avoir essayé d’un stoïcien, d’un péripatéticien, d’un pythagoricien, il rencontra enfin un platonicien ; cet homme lui parlait des êtres qui n’ont pas de corps et de la contemplai ion ; il lui faisait espérer de voir Dieu bientôt, car tel es !, remarque.Justin, le but de cette philosophie ; et, tout de suite, cette pensée donnait comme des ailes à son esprit : il lui semblait qu’il allait prendre son vol. Dial., 2, /'. G., t. vi, col. 477 C. Saint Augustin raconte en termes. semblables son enthousiasme à la lecture des livres < platoniciens ».

2° Une question préliminaire se posait pourtant : Sommes-nous capables d’atteindre Dieu ? avons-nous un œil pour le voir ? Oui, répondait-on d’ordinaire dans l'école de Platon, mais il faut le purifier. Le Discours vrai de Celse donnait aux chrétiens ce conseil dédaigneux : « Fermez vos sens et levez le regard de l’esprit, détournez-vous de la chair, ouvrez l’oeil de l'âme, alors, alors seulement vous verrez Dieu. » Origène réplique à cette semonce que les vrais chrétiens mettent tout cela en pratique, sachant bien que c’est « en ouvrant l'œil de l'âme et en fermant celui de la sensation qu’on voit et contemple le Dieu suprême et son Fils qui est Logos et sagesse ». Cont. Cels., VII, xxxix, P. G., t. xi, col. 1477 A.

La réponse aurait besoin de plus d’une précision. Du moins, sur la nécessité d’une préparation morale, tout le monde était d’accord : on ne peut atteindre le pur avec ce qui est impur. Phédon, 07 ab. C’est comme une vérité première que des chrétiens admettent volontiers, le Seigneur ayant dit : « Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». « Oui voit Dieu ? Ah ! ce n’est pas la foule des hommes, mais celui-là seulement qui s’est purifié par la justice et par toute sorte de vertus. » Justin, Dial., L P. G., t. vi. col. 484 BC ; cf. Théophile, Ad Autoltjcum, i, 2, ibid.. col. 1025 B. Becevoir la connaissance de Dieu, quand on se laisse encore entraîner par ses passions, c’est impossible. Clément, Strom., III, v, P. G., t. viii, col. 1145 C. La raison en est qu’il faut être semblable à l’objet qu’on désire connaître. « Pour connaître dans leur vérité les Écrit uros et arriver, autant que le peut l’humaine nature, à la science du Verbe de Dieu, il faut une belle vie. une âme pure et la vertu selon le Christ. Qui veut voir la lumière du soleil se purifie de façon à se rendre semblable à l’objet de son désir, afin que l'œil étant devenu lumière, voie la lumière du soleil, ïva <jjto> cpôç -'svôusvoç ô ocfiOxVxôc 70Û 7)Xîou <pâ>ç t’S’jf). »

De même, qui veut comprendre la pensée des tlîéo logiens », doit d’abord, par sa vie, laver et purifier son âme et s’approcher des saints en imitant leurs actions, afin que, leur étant uni par la ressemblance de la vie. il saisisse à son tour ce qui leur a été révélé par Dieu. Saint Athanase, Oratio de incarnatione Verbi. P. G.. t. xxv, col. 196, 197. Grégoire de Nazianze dit de même que c’est par la lumière qu’on trouve la lumière. Oral., xi., 37, l. xxxvi, col. 112 C. Ht Augustin : Si solem… videre vellemus. oculos corporis purgaremus… ; volenies videre Deum. oculum qùo Deus videri potes purgemus. In epist. I Joan., tr. vii, 10, P. L., t. xxxii. col. 1349 ; Soliloq.. I, vi.

Ainsi Platon disait : L'œil recherche la lumière parce qu’il renferme des éléments lumineux », 'l’imée, 45 bd : Posidonius, ' dans son commentaire sur le Timée 70 '/<")Ç… 'jttô tt, ç (pwToeiSoûç o’j : o)Ç v.yL-xky.{ifjyMZ~y.'(cf. Schmekel. Die Philosophie der mittleren Sloa,