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2223 PISTOU- : (SYNODE DE). APRÈS LA BULLE ( AUCTOREM FIDE1

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Suprême Inquisition il ressort seulement qu’aucun jugement n’a été prononcé.

/II. APRÈS I.A PUBLICATION DE LA BULLE. — La bulle parut au milieu des troubles politiques et religieux de la Révolution : aussi elle passa inaperçue en beaucoup d’endroits, particulièrement en France. Elle fut même supprimée en quelques régions : à Xaples, à Turin, à Venise, à Milan, en Allemagne. Pie VI la fit envoyer à tous ses nonces, avec ordre de la répandre et de la faire connaître et appliquer. En Toscane, la chose était assez délicate, à cause du gouvernement et de l’opposition de quelques évêques, même après la démission de Ricci.

En Toscane.

L'évêque de Colle et celui de

Pienza et Ghiusi, les amis de Ricci, qui s'étaient constamment rencontrés avec lui, à l’assemblée de Florence avaient, depuis, donné des preuves positives de leur zèle pour la doctrine du synode de Pistoie, dans leur diocèse, par la publication de lettres et mandements (Nouvelles ecclésiastiques des 16-23 oct. 1790, p. 166-171. et des 5-19 juin 1794, p. 90-97) ; ils devaient tout naturellement rester opposés à la bulle, mais les autres archevêques et évêques de Toscane se montrèrent soumis. Celui qui succéda à Ricci sur le siège de Pistoie, Falchi, exigea de tout son clergé des actes d’acceptation formelle et des actes de rétractation et d’abjuration de la part de ceux qui avaient positivement approuvé les erreurs de Ricci. Il fit des efforts pour faire disparaître les livres qui avaient été gratuitement distribués par l'évêque ; il supprima les Actes du synode dans le diocèse. Aussi le nonce de Toscane pouvait constater le succès de la bulle ; il écrivait au secrétaire d'État : « Cette bulle est un véritable coup de foudre exterminateur… J’ai particulièrement goûté les lettres au grand-duc, que le pape veut mettre en préface. Le Saint-Père ne pouvait s’exprimer avec plus de sens et d'énergie, donner des raisons plus convaincantes qu’il n’a fait, montrer enfin à Son Altesse royale plus d’estime… » Dépèche du 30 sept. 1794, citée par Gendry, Pie VI, sa vie, son pontificat, t. i, p. 481-482.

A Gênes.

Parmi les évêques, Benoît Solari,

évêque de Noli, dans la République de Gênes, est le seul évêque catholique qui ait manifesté une opposition formelle à la publication de la bulle Auctorem. Par une lettre du 8 octobre 1794 au sénat de Gênes, Solari dénonça le décret de l’inquisition qui, sans l’approbation du gouvernement, voulait faire publier la bulle : il déclarait que la bulle ne pouvait pas obtenir l’approbation du gouvernement pour trois raisons qu’il développa plus tard, à la demande du sénat, dans un mémoire adressé à celui-ci : 1. la bulle approuve les censures encourues par le seul fait, ipso facto, sans monitions préalables, et c’est une prétention contraire à la règle prescrite par Jésus luimême pour la correction des pécheurs ; 2. la bulle accorde à l'Église, par droit propre, le pouvoir d'établir des empêchements dirimants de mariage, indépendamment de la concession des princes ; 3. les brefs d’Innocent XI et d’Alexandre VIII contre la déclaration du clergé de France de 1682 sont donnés par la bulle comme revêtus d’une autorité infaillible et ainsi on prétend que les papes ont reçu de Dieu l’autorité sur les princes, même dans l’ordre temporel. Tout le mémoire de Solari vise à prouver que les constitutions dogmatiques des papes doivent être soumises à l’autorité de la puissance séculière et obtenir son approbation. Cette autorisation est particulièrement requise pour la bulle Auctorem dont les décisions contre le synode de Pistoie viennent du fait que la suppression des abus préconisés par ce synode, en particulier pour les empêchements de mariage et le rétablissement des droits épiscopaux, tarirait les revenus de la

Daterie romaine. Ainsi, les décisionsde la bulle auraient été dictées à la cour de Rome par une simple raison d’intérêts matériels. Nouvelles ecclésiastiques des 1 « -15 juill. 1796, p. 49-56.

Quelque temps après, en 1796, parut à Lugano une brochure anonyme où on dit que la bulle Auctorem, « fille disgraciée d’une mère malheureuse (la bulle Unigenitus), avait comblé la mesure du scandale. L’auteur prétend que Rome a condamné la doctrine exposée à Pistoie, non point pour censurer des erreurs, mais par intérêt, pour anathématiser et discréditer une assemblée, qui avait donné un exemple funeste, en se mettant au-dessus des prétentions de la cour de Rome et des droits qu’elle s’est arrogés ». Il s'élevait contre le curialisme de Rome et louait l'évêque de Noli de n’avoir pas imité la prévarication de ses comprovinciaux.

Réponses du cardinal Gerdil.

Aux attaques de

Solari et de l’anonyme, le cardinal Gerdil, qui avait rédigé, après le dernier examen des Actes de Pistoie, les propositions de la bulle répondit, par un écrit intitulé : Examen des motifs de l’opposition de M. l'évêque de Noli à la publication de la bulle « Auctorem fidei », précédé ds l’Examen des Réflexions préliminaires de l’anonyme éditeur du même ouvrage (Anilecta juris pontificii, I re sér., 1855, col. 623-646) et il s’applique à montrer que le sénat de Gênes n’a aucun motif sérieux de s’opposer à la publication de la bulle, qui est approuvée dans toute l'Église. Le cardinal mit la dernière main à cet écrit, durant le conclave de Venise et il le dédia au nouveau pape, Pie VII (Œuvres du cardinal Gerdil, t. xiv, p. 1-295. Les t. xiv et xv de l'édition latine des Œuvres de Gerdil ont pour objet la bulle Auctorem fidei).

Plus tard, l'évêque de Noli, dans une lettre aux évêqûes constitutionnels de France, qui l’avaient invité à assister au concile convoqué à Paris pour le 29 janvier 1801, reprit quelques accusations contre la bulle. Gerdil fit des observations sur cette lettre, sous la forme d’appendice à Y Examen des motifs (Œuvres, t. xv, p. 307-335). Le cardinal avait déjà fait des « remarques » ( Animadversiones), sur les -notes que Cl. Feller avait cru utile de joindre à une édition qu’il fit de la bulle en 1794. Les notes de Feller furent d’ailleurs jugées fort sévèrement (Ami de la religion, du 5 avril 1820, p. 244-248). Mgr Annibal de la Ganga (le futur Léon XII), dans des lettres du 25 janvier et du 18 juillet 1795, écrit que « ces notes sont légères, inutiles et inopportunes », et il ajoute : « la bulle a dispersé le parti puissant de Pistoie, frappé l’université de Pavie, attaqué de front et renversé toutes les innovations de Joseph II, sans que personne ait encore osé élever la voix » ; aussi « on peut mépriser les observations d’un simple particulier » (Analecla juris pontificii, le série, 1860, col. 1432-1436). Les remarques de Feller, qui sont au nombre de cinq, portaient surtout sur le Sacré-Cœur.

Les évêques de Hollande.

En maints endroits de

ses mandements et dans les Actes de son synode, Ricci avait comblé d'éloges l'Église opprimée de Hollande. Il était donc tout naturel que l’archevêque d’Utrecht et ses sutTragants prissent parti contre la bulle qui condamnait le synode. Le 31 octobre 1794, ils écrivirent à Ricci une lettre d’approbation. Nouvelles ecclésiastiques, du 4 déc. 1796, p. 94-96. Us font l'éloge du synode de Pistoie et se montrent surpris « de cette étonnante bulle qui est une injure faite à la chaire de saint Pierre, encore plus qu’au synode de Pistoie, et par laquelle on a déshonoré le pape, en la lui faisant adopter. Rome a mis le comble au scandale … Les prélats critiquent vivement cette bulle « qui, rend sensibles à tout le monde l’esprit de chicane et la mauvaise foi honteuse qui la caractérisent… Elle ne