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2209 PISTOIE (SYNODE DE). LA BULLE, SUR LES SACREMENTS 2210

Cette proposition est en elle-même captieuse, suspecte, et elle favorise l’hérésie semi-pélagienne.

3° Erreurs sur la grâce (propos. 21-26). — 1. De la grâce illuminante et excitante. — Propos. 21e. — - « La lumière de grâce, quand elle est seule, ne fait que nous faire connaître l’infidélité de notre état et la gravité de notre mal : en ce cas, la grâce produit le même effet que produisait la loi ; il est donc nécessaire que Dieu crée, en notre cœur un saint amour et inspire une sainte dilection contraire à l’amour dominant en nous ; ce saint amour, cette sainte dilection est proprement la grâce de Jésus-Christ, l’inspiration de la charité qui, étant connue, nous fait agir par le saint amour ; c’est la racine d’où naissent les bonnes œuvres ; c’est la grâce du « Nouveau Testament qui nous délivre de la servitude du péché et nous constitue fils de Dieu » (De la grâce, § 11). En tant qu’elle prétend que cellelà seule est la vraie grâce de Jésus-Christ qui crée en notre cœur un saint amour, qui nous fait agir, et par qui nous sommes libérés de la servitude du péché et établis fils de Dieu, et que, par conséquent, la grâce qui touche le cœur de l’homme par l’illumination du Saint-Esprit n’est pas la vraie grâce du Christ (concile de Trente, sess. vi, cap. 5) et qu’il n’y a pas une vraie grâce à laquelle on résiste, cette proposition est fausse et captieuse, elle conduit à l’erreur condamnée comme hérétique dans la 2' - proposition de Jansénius et elle la renouvelle.

2. De la foi comme première grâce.

Propos. 22e. — La foi « par laquelle commence la série des grâces et par laquelle, comme par la première voix, nous sommes appelés au salut et à l'Église » (De la foi, § 1), est la très excellente vertu de foi, par laquelle les hommes sont appelés et sont vraiment fidèles, comme s’il n’y avait pas auparavant cette grâce qui « de même qu’elle prévient la volonté, prévient aussi la foi (saint Augustin, De donn persev., c. xvi, n. 41). La proposition qui insinue cela est suspecte d’hérésie, elle sent l’hérésie, elle est déjà condamnée dans Quesnel (propos. 26-27) et erronée.

3. Du double amour.

Propos. 23e. — La doctrine du synode sur le double amour de la cupidité et de la charité dominante énonce que l’homme sans la grâce est sous la servitude du péché ; dans cet état, le péché, par l’influence générale de la cupidité dominante, infecte et corrompt toutes nos actions (De la grâce, § 8). En tant qu’elle insinue que, tant qu’il est sous la servitude ou dans l'état de péché, privé de la grâce qui libère de la servitude du péché et constitue fils de Dieu, l’homme est tellement dominé par la cupidité que par son influence générale toutes ses actions, par elles-mêmes, sont infectées et corrompues : ou bien que toutes les œuvres qui sont faites avant la justification, quel qu’en soit le principe, sont des péchés comme si, dans tous ses actes, le pécheur était soumis à la cupidité dominante, cette proposition est fausse, pernicieuse ; elle induit à l’erreur condamnée comme hérétique par le concile de Trente et de nouveau dans Baius, art. 40.

Propos. 24e. — En disant qu’entre la cupidité et la charité dominante, il n’y a pas, dans la nature ellemême, d’affections moyennes et louables en ellesmêmes (De la grâce, § 12), qui, avec l’amour de la béatitude et la tendance naturelle au bien, « sont restés comme les derniers vestiges et les restes de l’image de Dieu » (saint Augustin, De spir. et lilt., c. xxviii) ; comme si « entre la dilection de vivre, qui nous conduit au royaume céleste et l’amour humain illicite qui nous fait damner, il n’y avait pas un amour humain licite qui ne mérite pas de châtiment (saint Augustin, Serm., cccxlix, Dé caritate, édit. Maur, ), cette proposition est fausse et déjà condamnée.

4. De la crainte servite. - - Propos. 25e. - Le synode rejette en général la crainte des peines, « bien qu’elle ne puisse pas être dite un mal, si elle sert à arrêter la main > (De la pénitence, § 3) ; comme si la crainte même de l’enfer, que la foi enseigne devoir être infligé au [léché, n'était pas bonne en elle-même et utile, comme un don surnaturel, et un mouvement inspiré de Dieu et préparant à l’amour de justice. Cette doctrine est fausse, téméraire, pernicieuse, injurieuse aux dons divins, déjà condamnée, contraire à la doctrine du concile de 'trente et à l’opinion commune des Pères : il est nécessaire, pour se préparer d’ordinaire à la justification « de faire entrer d’abord la crainte pour arriver à la charité » ; < la crainte est un remède, la charité est la guérison » (saint Augustin, I' : ép. de saint Jean, c. iv, tract. IX, n. 4, 5 ; Év. de saint Jean, tract. XLI, n. 10 ; Sur le ps. CXZVII, n. 7 ; Serm., clvii, Sur les paroles de l’Apôtre, n. 13 ; Serm., clxi, Sur les paroles de l’Apôtre, n. 8 ; Serm., cccxlix, De la charité, n. 7).

5. De la peine de ceux qui meurent avec le seul péché originel. — Propos. 25e. — Le lieu des enfers (que les fidèles appellent en général limbes des enfants), où les âmes de ceux qui meurent avec le seul péché originel sont punies de la peine du dam, sans la peine du sens (Du baptême, § 3), est rejeté comme une fable pélagienne, comme si ceux qui rejettent la peine du feu affirmaient, par le fait même, l’existence d’un lieu et d’un état intermédiaire, exempt de faute et de peine, entre le royaume de Dieu et la damnation éternelle, comme l’imaginaient les pélagiens. Cette doctrine est fausse, téméraire, injurieuse pour les écoles catholiques.

4° Erreurs sur les sacrements (propos. 27-60). — 1. Des sacrements et d’abord de la forme sacramentelle avec une condition. — Propos. 27e. — La délibération du synode (Du baptême, § 12) par laquelle, sous prétexte d’adhérer aux anciens canons, dans le cas d’un baptême douteux, on affirme la décision d’omettre toute mention de forme conditionnelle, est téméraire, contraire à la pratique, à la loi et à l’autorité de l'Église.

2. De la participation à la victime dans le sacrifice de la messe. — Propos. 28e. — - Après avoir établi que « la participation à la victime est une part essentielle du sacrifice », le synode ajoute « que cependant il ne condamne pas comme illicites les messes auxquelles les assistants ne communient pas sacramentellement, parce que ceux-ci participent, bien que plus imparfaitement, à la victime, parla communion spirituelle » ; en tant qu’il insinue qu’il manque quelque chose au sacrifice auquel personne n’assiste, ou à celui auquel les assistants ne participent ni sacramentellement, ni spirituellement ; comme si devaient être condamnées comme illicites les messes où seul le prêtre communie, et auxquelles personne n’assiste qui communie sacramentellement ou spirituellement. Cette doctrine est fausse, erronée, suspecte d’hérésie et sentant l’hérésie.

3. De l’efficacité du rite de la consécration.

Propos. 29e. — Pour enseigner le rite de la consécration, le synode, afin d'écarter toutes les questions scolastîques touchant le mode suivant lequel Jésus se' trouve dans l’eucharistie, exhorte les curés chargés d’instruire les fidèles à s’en tenir aux deux propositions suivantes : 1° le Christ, après la consécration, se trouve vraiment, réellement, substantiellement sous les espèces ; 2° alors toute la substance du pain et du vin a cessé, seules leurs espèces demeurent (De l’eucharistie, § 2). On omet de faire aucune mention de la transsubstantiation ou conversion de toute la substance du pain au corps et de toute la substance du vin au sang, que le concile de Trente a définie comme Un dogme et qui est contenu dans la profession solennelle de la foi. En tant que, par cette omission malencontreuse et suspecte, on soustrait la connaissance d’un article de