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PISTOIE (SYNODE DE). APRÈS L’ASSEMBLEE DE FLORENCE 2198

approuvé les projets exposés dans les 57 articles, il eût été facile de publier, malgré la cour de Rome, les Actes de Pistoic.

Mais l’Assemblée avait mal tourné ; en général, quelques concessions de forme, plus que de fond, axaient été accordées par la majorité ; seuls, les trois évoques de Pistoie, de Chiusi et de Colle avaient approuvé les vues du grand-duc et ils furent parfois appuyés, sur quelques points secondaires, par un ou deux autres évêques, mais l’opposition comprit toujours la grande majorité des prélats sur les points essentiels des réformes proposées par le grand-duc L’opposition se manifesta, d’une manière particulièrement nette, dans l’examen de V Instruction pastorale de l'évêque de Chiusi qu’avaient sévèrement condamnée deux brefs de Pie VI, alors que Ricci avait demandé que l’on exigeât de Rome une « réparation éclatante » pour cette condamnation qu’il estimait injurieuse aux évêques de Toscane et au gouvernement lui-même. La majorité refusa de suivre Ricci et, à plusieurs reprises, elle jugea l’Instruction vraiment infectée de l’esprit d’hérésie ; bien plus, la majorité chargea l’archevêque de Florence d'écrire au grandduc, pour lui demander de condamner les livres que Ricci avait fait imprimer à Pistoie et elle reprocha à cet évêque de chercher à pervertir l’Italie et à y introduire et propager le jansénisme le plus déclaré.

1° Émeute de Prato (20 mai). — - Ce n’est pas tout ; dans son diocèse même, Ricci avait soulevé de très vives oppositions ; l'émeute de Prato, le 20 mai (on sait que Prato était alors uni à Pistoie), avait été provoquée par ses réformes.

On conservait, à la cathédrale de Prato, un autel d’argent, qu’on appelait l’autel de la sainte ceinture ( ! ' la sainte Vierge ; c'était, disait-on, une relique donnée par Marie à l’apôtre saint Thomas, à l’instant où elle montait au ciel, en corps et en âme. Ce précieux dépôt était à la cathédrale depuis le xiie siècle. A certaines solennités, fixées par une coutume très ancienne, un prêtre exposait cette relique avec un cérémonial imposant et s’en servait pour donner la bénédiction, « comme il aurait fait avec le corps du Christ ». Ricci avait interdit ces bénédictions, en se réservant de supprimer totalement la relique elle-même. « Les ennemis du prélat, disent les Nouvelles ecclésiastiques, tl décembre 1787, p. 197-200, persuadèrent la canaille superstitieuse qu’il abolissait des pratiques saintes et essentielles du christianisme, des usages consacrés par l’antiquité la plus reculée, qu’il haïssait le culte des saints et de leurs reliques, qu’il était imbu des erreurs des protestants, qu’on l’en avait convaincu dans l’assemblée des évêques, qui se tenait alors à Florence, que ces évêques allaient condamner les Actes du synode de Pistoie et les livrer aux flammes, que M. de Ricci et tous ses adhérents y seraient excommuniés, déposés, proscrits. » On prétendit aussi que l'évêque voulait faire enlever l’autel d’argent.

Dans la nuit du 20 mai, la foule fit irruption dans la cathédrale, mit un garde devant l’autel d’argent, brisa la chaire de l'évêque et en brûla les morceaux sur la place, pénétra dans le palais épiscopal et enleva de la bibliothèque les livres jansénistes, en particulier les Réflexions morales de Quesnel, qui furent également jetés aux flammes. On sonna le tocsin toute la nuit et les paysans des environs se précipitèrent, la nuit et le lendemain matin, dans la ville de Prato, en poussant des cris tumultueux : « Qu’on nous montre la sainte ceinture, qu’on conserve l’autel d’argent ! » La foule se rendit au grand séminaire, dont le supérieur était connu pour son attachement à Ricci, mais on ne put se saisir de lui, car il s'était caché, tandis que les séminaristes s'étaient réfugiés dans des voûtes souterraines ; enfin la foule pénétra dans les autres églises de

Prato, où l’on avait découvert les images, et on les lit recouvrir, comme autrefois ; enfin, on envahit la maison où, par ordre du gouvernement, on gardait les tableaux des couvents supprimés ; la foule « les prit très respectueusement et les porta à la cathédrale, en procession ».

Le lundi 21, les paysans des régions voisines, alertés par le tocsin, qui avait sonné toute la nuit, accoururent à Prato pour honorer les saints. La force publique dut intervenir, mais le nombre des manifestants fut tel qu’on ne pût pas les atteindre. On arrêta environ deux cents mutins ; soixante furent condamnés au fouet, trente enfermés dans des maisons de corrections, quelques-uns relégués dans l'île d’Elbe ; six des plus compromis, signalés comme les instigateurs de la révolte, allaient être jugés sévèrement, mais Ricci intervint en leur faveur et écrivit, le 28 mai, une lettre au duc pour demander leur grâce et oITrir sa propre démission. Il demanda deux grâces : la liberté et le pardon de tous ceux qui ont été compromis dans cette malheureuse sédition, et la publication des Actes de son synode. « Tous les bons pasteurs, qui ont formé et consacré les décrets avec moi, désirent ardemment qu’on donne au public ce témoignage de leur foi et de leur zèle pour la bonne discipline… Ce synode servira de contre-poids à tant de résolutions d’une partie de l’assemblée de Florence qui ont eu pour principe un esprit de parti et d’aigreur, plutôt qu’un vrai zèle et l’amour de la paix. » Le duc n’accepta pas la démission, qui aurait été « nuisible à sa cause, à son Église, à la tranquillité publique et au bien de l'État ». Nouvelles ecclésiastiques, du 30 avril 1788, p. 69-71.

Le même journal ajoute (Il déc. 1787, p. 199) que le prince fit transporter à Florence les fausses reliques et les images qui entretenaient, dans ces esprits bornés, les superstitions et le fanatisme ; on en chargea six voitures ; il ordonna, de plus, la reconstruction du trône pontifical. Ces mesures rétablirent l’ordre matériel mais semèrent la défiance et, écrit Picot, « des curés, qui avaient signé les Actes du fameux concile, demandaient à se rétracter par des actes formels. La réaction devait se manifester, dès le moment où Léopold quitta la Toscane, en 1790, et Ricci dut donner sa démission. »

D’ailleurs, dès le début de l’assemblée de Florence, et, de plus en plus, à mesure que les sessions se succédaient, Léopold se convainquit davantage que les évêques de ses états ne le suivraient pas, dans son programme de réformes, puisque, sur 18 prélats, 14 au moins s'étaient à peu près constamment refusés à signer les articles projetés. Dès lors, il devait renoncer à la convocation du concile national de Toscane, qu’il avait envisagé, et dont l’assemblée de Florence devait préparer les matériaux, afin de rendre les décisions plus uniformes et plus rapides.

2° Publication des Actes de l’assemblée de Florence. — L’assemblée de Florence s'était terminée le 5 juin 1787. Le grand-duc reçut toutes les pièces et les mémoires secrets que lui présenta l’archevèque-président. Il remit les mémoires secrets aux évêques intéressés, afin qu’ils pussent y répondre et il décida de faire imprimer tous ces documents ; ce sont les Actes de l’assemblée, avec plusieurs mémoires sur différents sujets. L'édition fut faite au palais ducal, avec toutes les précautions nécessaires, pour qu’il n’y eût aucune supercherie, ni aucune falsification.

La publication de l’ouvrage fut confiée à Réginald Tanzini, un ami de Ricci, qui avait assisté aux séances et rédigé une Histoire, très tendancieuse, des assemblées de Florence. L’ouvrage contient 7 volumes ; il comprend 4 volumes intitulés : Actes de l’assemblée des archevêques et évêques de Toscane, tenue à Florence en 1787. Le t. i renferme le protocole des résolutions