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PISTON' ; (SYNODE DE). LES MÉMOIRES AU GRAND-DUC


pour fixer de nouvelles limites aux paroisses, en tenant compte des droits acquis par certaines d’entre elles comme dons, secours, distribution de pain.

5° Réforme des ordres religieux. C’est sur ce point surtout qu’on trouve des innovations importantes que la bulle Auctorem relèvera. Le synode célèbre d’abord la beauté de la vie régulière et monastique aux premiers siècles, l « (rient conserva longtemps cel te admirable perfection ; puis les moines passèrent d’Orient en Occident, apportant partout les plus beaux exemples de vertus. L’admiration qu’ils provoquèrent amena leur multiplication..Mais, hélas ! la multitude produit presque nécessairement la décadence. La multiplication des richesses, l’amour de l’oisiveté et de la mollesse substituèrent au travail des mains, qui est' si nécessaire, une spiritualité oisive ; l’union de plusieurs communautés sous un seul chef, l’abus des privilèges et des exemptions recherchés souvent par vanité et accordés par intérêt et par politique, la fureur irrégulière de s’introduire dans la hiérarchie ecclésiastique et, enfin, l’idée de vouloir constituer une petite monarchie au cœur de l'État sans prendre part aux obligations, tout cela a contribué à faire inconsciemment déchoir cette belle institution qui, dans sa pleine ferveur, aurait pu servir de rempart à l'Église.

Le synode déclare donc solennellement qu’il ne condamne point les institutions monastiques, mais il voudrait qu’elles fussent des écoles de perfection et de simplicité chrétiennes. Le concile de Trente a dû renoncer à les réformer, mais en suivant l’esprit de ce concile., « excités par les soins paternels de notre incomparable prince, après un sérieux examen, en tenant compte de l’avantage du peuple et de ceux qui composent les ordres réguliers, nous croyons de notre devoir de proposer au prince le plan de réforme suivant » : Le saint synode s’appuie sur trois règles fondamentales : 1. la profession monastique ne peut pas, par elle-même, se concilier avec le soin des âmes et le ministère de la vie pastorale ; elle ne peut donc faire partie de la hiérarchie ecclésiastique ; le moine se retire du monde pour vivre uniquement dans la pénitence et dans la solitude ; 2. la multiplicité et la diversité des ordres engendre nécessairement le trouble et la confusion. Historiquement, ce sont les luttes, les jalousies, les haines, les persécutions qui naissent de cette diversité et provoquent des troubles dans la société civile : 3. les réguliers forment un État dans l'État, car ceux qui sont liés à une communauté veulent échapper aux liens de la société : ils forment une monarchie.

Et le synode tire des conclusions : 1. il faut admettre un ordre unique dans l'Église et choisir pour cet ordre la règle de saint Benoit, qui est la plus parfaite ; le modèle de cet ordre, c’est la communauté de PortRoyal ; 2. les religieux ne doivent pas s’immiscer dans la niérarchie ; ils n’auront pas d'églises privées ; ils ne seront pas revêtus du sacerdoce ; un ou deux, tout au plus, parmi eux seront prêtres et tous les autres seront laïcs ; et, par suite, tous les fidèles viendront à l'église paroissiale ; 3. il y aura un seul monastère dans chaque ville, en dehors des murs, dans des endroits éloignés, afin que les moines n’aient pas la tentation de vagabonder. On établira pour eux une pension et on leur concédera des champs, afin qu’ils puissent so livrer au travail des mains ; 4. le travail des mains fut cher aux fondateurs des ordres religieux ; il faisait partie de leurs occupations et laissait un temps convenable à la psalmodie et à l'étude. La psalmodie devrait être modérée, car la longueur engendre la précipitation, l’ennui et la dissipation. La ferveur et la sainteté ont diminué chez les religieux en proportion de la longueur de la psalmodie ; 5. il n’y aura pas de distinction entre les religieux de chœur et ceux qui sont appliqués

au travail manuel ; cette distinction a été, en tout temps, occasion de procès, d discorde et a chassé des monastères l’esprit de charité ; <i. suppression des vœux perpétuels, que les anciens moines ne connurent point. Les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance ne seront pas admis comme une règle commune et stable ; pour faire tous ces vœux, ou seulement quelques uns, il Faudra l’autorisation de l'évêque, qui ne permettra jamais de vœux perpétuels, mais seulement des vœux annuels : 7. l'évêque aura toute l’inspection des religieux pour leur conduite, leurs études, leur avancement dans la perfection chrétienne. A lui seul il appartiendra de recevoir OU de chasser les réguliers, après qu’il aura pris conseil de ceux qui vivent dans le monastère ; X. enfin, les religieux, déjà prêtres, continueront d'être admis dans le monastère ; ils mèneront la même vie que les autres et on ne permettra la célébration dans le monastère que d’une ou, au plus, de deux masses par jour ; les autres prêtres devront se contenter de concélébrer avec la communauté.

Les mêmes règles générales s’appliqueront aux religieuses ; pour elles, pas de vieux perpétuels jusqu'à 40 ou 45 ans ; elles devront s’appliquer à des choses utiles et spécialement au travail et elles s'écarteront surtout de cette spiritualité charnelle qui fait l’occupation de la plupart d’entre elles. Pour elles, il faudrait voir s’il est utile de laisser leur monastère en ville.

Si le souverain daigne accepter ce programme, il faudra ton lier à des personnes savantes et zélées le soin de tracer des règles pour rendre la vie régulière profitable à ceux qui se sentent appelés à l’embrasser.

Convocation d’un concile national.

Quiconque

étudie l’histoire de l'Église constate la grande utilité des conciles nationaux. Cette utilité serait plus grande que jamais. Ce concile national pourrait confirmer les décrets des synodes diocésains et produirait l’uniformité dans l’enseignement de la doctrine et dans la discipline. C’est le seul remède vraiment efficace pour fixer la vérité et terminer les discussions ; il ferait l’accord des décrets portés dans divers synodes. Ce concile ferait la gloire de notre prince, qui en tirerait un grand profit. Au prince, comme père et protecteur de ses sujets, comme vengeur et défenseur de la religion dans son état, comme évêque extérieur de son Église, il appartient de procurer cette concorde en convoquant un concile national. Suit un bel éloge de l'Église de France, qui a toujours soutenu que c’est un droit pour les princes de convoquer le concile de tous les évêques de leurs états. Cette opinion s’appuie sur les droits inaliénables de la souveraineté et peut revendiquer en sa faveur l’exemple des premiers empereurs chrétiens.

Pour toutes ces raisons et beaucoup d’autres encore, le synode croit nécessaire, pour le bien de l'Église de Toscane, de supplier le souverain de convoquer un concile national.

La réponse du gouvernement grand-ducal.

Dès

le I novembre, le chevalier François Seratti répondit, au nom du grand-duc. a la supplique dressée par le synode et expose son sentiment sur chacun des six mémoires :

1. Le gouvernement estime juste que les fiançailles ne donnent lieu à aucune action pour forcer à contracter mariage ; elles ne peuvent que donner lieu à une action civile pour les dommages et les dépenses et il conviendrait de faire une loi sur ce point ; 2. le prince permettra au concile national et aux évêques de régler ce qui regarde les empêchements d’honnêteté publique et de parenté spirituelle et de limiter les empêchements d’affinité et de parenté. Il établira une peine pour les mariages faits par surprise et prendra soin que les