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PISTdll' ; SYNODE DE). DÉCRETS, LA GRACE

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grâce et renouveler une proposition de Quesnel déjà condamnée et déclarer que les infidèles ne reçoivent aucune grâce et donc que tous les hommes ne sont pas appelés au salut. Puis le synode expose le contenu de la foi ; il parle d’un Dieu distinct en trois personnes (§2), et du Verbe, incarné pour l’homme « tombé dans un abîme d’ignorance et d’impuissance par le péché originel. On doit l’adorer, car il est Dieu, mais il ne faut pas le diviser par un culte superstitieux et erroné ou a la nature divine OU à la nature humaine, niais en vénérant, d’une seule adoration, la divine personne. Adorer directement l’humanité de Jésus-Christ et plus encore une partie de celle-ci, serait rendre un culte divin à une créature ; adorer la seule nature divine en Jésus-Christ sérail le diviser i (§3). On voit nettement que le synode veut attaquer le culte du Sacré-Cœur.

2° L'Église. — Jésus n’a pas simplement réparé le péché, il a fondé un sacerdoce et une religion par le moyen desquels l’homme participe au fruit de la rédemption. La nouvelle alliance est fondée non plus sur la crainte et la force, mais sur la charité et la douceur. (Test sur ce fondement que Jésus a bâti son Église, laquelle doit conserver intact le dépôt de la foi et de la morale, reçu de Jésus lui-même. La religion du Christ n’est point une œuvre humaine qui aurait besoin d’expérience et de réflexion pour s'édilier, mais une œuvre divine, immuable, à laquelle il faut croire jusqu'à la fin des temps. Les canons de discipline ne font point partie essentielle de la foi, mais ce sont des moyens qu’on a pensé nécessaires, suivant les temps et les pays : dans la doctrine et dans la morale, cela est vrai qui est ancien, et est certainement faux tout ce qui s’est introduit avec le temps (§ 4-6). Dans le cours des siècles, il y a pour l'Église des temps d’obscurité, où la vraie doctrine semble étouffée sous les erreurs, parce que les pasteurs n’ont pas veillé, et que des personnes illusionnées, intéressées, ou méchantes, ont répandu la zizanie. Mais les promesses de Jésus sont absolues : il a laissé un juge vivant et parlant qui empêche l’erreur de triompher : ce juge, c’est l’Eglise elle-même, représentée par le corps des pasteurs, vicaires de Jésus-Christ, unis au chef ministériel et au centre commun, le pontife romain. Celui-ci est « le premier parmi les vicaires de Jésus-Christ. L’infaillibilité dans les jugements a été concédée non point à un particulier, mais au corps des pasteurs représentant l'Église ( > : 7 et 8). Les décisions s’appuient sur l'Écriture et la tradition ; les quatre premiers conciles généraux, si respectés dans l’antiquité et les autres conciles œcuméniques n’ont fait que séparer la vraie doctrine des innovations des hommes téméraires et proposer, avec plus de clarté et de précision, ce qu’avait toujours cru l'Église, louchant les articles controversés. Si l'Église avait agi autrement, elle aurait abusé de son autorité et perdu tout droit à l’infaillibilité que lui a conférée Jésus ( *, ! M. Mais le fidèle n’a rien à redouter de pareil, car l’assistance divine, qui lui assure l’infaillibilité, lui donne le privilège de n’en point abuser ( ^ 10).

L'Église donc n’a aucun droit d'établir des dogmes nouveaux ; son rôle est de conserver les anciens en s’appuyant sur l'Écriture sainte et sur la vénérable tradition uniforme ; les définitions de l'Église doivent être claires et précises : des définitions obscures et incertaines ne feraient que multiplier les divisions et les doutes. Au temps heureux de son histoire. l'Église chercha à persuader et ne songea point à imposer ses décisions. D’autre part, l’autorité de l'Église ne s'étend qu’aux choses spirituelles. Ce serait un abus de porter cette autorité au delà des bornes de la doctrine et des mœurs, de l'étendre aux choses extérieures et d’exiger par la contrainte ce qui dépend seulement de la persua sion et du cœur ». Les décisions ne sont alors que des usurpations irrégulières ( $ 13). L'Église ne doit donc pas employer la force extérieure pour imposer ses décisions ( ij 14). Le synode adopte la déclaration et les quatre articles de 1<>X2 ( S 15). L’insertion de ces articles dans un acte qui a pour titre Décret sur la foi est au moins singulière. C’est pourquoi le synode applaudit à la piété éclairée du très religieux grandduc, qui, pour l’avantage du bien public, avait aboli, par un décret royal du 2.S août 1784, l’Extravagante Ambitiosas de Paul II, qui confond les deux puissances.

La grâce et la prédestination.

Le second décret,

adopté dans la 111e session, a pour objet les thèses capitales du jansénisme sur la grâce et la prédestination. Le synode déplore d’abord cet obscurcissement général, répandu durant les derniers siècles, sur les vérités les plus importantes de la religion ; il félicite le souverain qui a compris la nécessité de revenir à l’unité de principes et de prendre pour règle la doctrine de saint Augustin contre les pélagiens et les semi-pélagiens qui ont prêché un nouvel évangile pour le dogme et pour la morale. Et le synode donne les idées essentielles de la doctrine vraie (S 1, 2). « Toute la religion consiste dans la connaissance du premier et du second Adam. Ces deux objets forment le plan de la religion de Jésus-Christ » (§ 3). Le premier homme fut créé dans l'état d’innocence et il ne pouvait sortir autrement des mains du Créateur. L’idée d’un autre état est chimérique, dégrade l’humanité et combat de front les perfections d’une souveraine Providence ; la foi nous enseigne qu’Adam fut créé dans la justice et dans la charité. Aussi, Adam aimait son Créateur et, en lui, il n’y avait aucune inclination contraire. Cependant, Adam pécha et son péché est particulièrement grave : il eut deux conséquences désastreuses : l’ignorance et la concupiscence ; ce sont les deux' plaies les plus profondes et Adam les a transmises à sa postérité. La racine corrompue a produit des fruits corrompus (§4, 5). Adam a transmis à ses descendants l’ignorance du bien et la vicieuse inclination au mal. La concupiscence, née du péché, est une inclination contraire à l’ordre et mauvaise en elle-même. Elle domine dans l’homme, à moins que la grâce de Dieu ne s’oppose à elle. C’est pourquoi, sans la grâce, l’homme est l’esclave du péché et il ne peut, quoi qu’il fasse, réussir à s’y soustraire. Il pèche, malgré lui, et il ne connaît pas le péché (S (3-9). Dieu eut pitié de l’homme et lui promit un rédempteur. Il lui donna la loi, mais, parce que l’homme était par lui-même incapable d’observer la loi, il a accru sa faute, et ainsi la loi, très sainte en elle-même, n’a fait qu’aggraver la condition de l’homme pécheur. La loi a servi à faire connaître à l’homme ses maux, à le convaincre de sa faiblesse et à faire désirer un médiateur. La loi de Moïse fut donnée par Dieu à l’homme non point pour guérir ses plaies, mais pour l’avertir de ses maladies et lui faire reconnaitre la nécessité d’un remède (S 10).

Vint la plénitude des temps, lorsque Jésus apporta le salut, par sa grâce, qui guérit la nature : c’est la délectation céleste, contraire à la concupiscence ou délectation terrestre, et qui la domine. Saint Augustin a enseigné toute l'économie de la grâce, qui est gratuite, ainsi que la prédestination, qui en est la conséquence et qui est efficace par elle même (SI'. 12).

Le synode tire explicitement les conséquences de cette doctrine qu’il prétend, après Pains, Jansénius el Quesnel, empruntera saint Augustin : a) l’homme est vraiment coupable toutes les fois qu’il viole la loi naturelle, bien qu’il ne la connaisse pas. qu’il n’j fasse pas attention ou qu’il en doute. < L’ignorance, l’inadvertance, la probabilité ne peuvent excuser du péché commis contre les préceptes de la loi naturelle (S 13) ; b) la foi a Jésus Christ et aux mystères est