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PISTOIE (SYNODE DE). CIRCONSTANCES


clergé ; elle recevait des curés et de jeunes ecclésiastiques, âgés d’au moins vingt-cinq ans, et venant des séminaires de Prato ou de Pistoie, qui avaient été installés par l'évêque dans des. couvents désaffectés. L’Académie elle-même était établie dans le couvent supprimé des olivétains de Pistoie. Le bibliothécaire avait été désigné par Tamburini, de Pavie. Le règlement des éludes était soigneusement établi : on devait laisser de côté les spéculations inutiles et les subtilités mises à la mode par les scolastiques, et on devait étudier les fondements solides de la foi. Pour les matières de la prédestination, de la grâce de Jésus-Christ et l'économie de la divine Providence dans la distribution des secours nécessaires au salut, on se tiendrait éloigné du molinisme et des tempéraments que des esprits, amis de la nouveauté, avaient inventés, et on suivrait renseignement de saint Augustin, dans la doctrine duquel l'Église-a toujours reconnu sa propre doctrine. » L'évêque de Chiusi et Pienza, à cette date, communiquait à Ricci la liste des ouvrages dont il prescrivait la lecture et qui devaient se trouver en bonne place dans la bibliothèque de l’Académie : la Bible, avec les notes de Sacy, les Institutions théologiques à l’usage du séminaire de Lyon, le Bon Pasteur et la Théologie catholique d’Opstraët ;.pour l’histoire, les ouvrages de Du Pin et de B. Racine ; pour le droit canonique, les Principes de la jurisprudence sacrée de Robert Curait, et surtout les ouvrages de Van Espen, Marca, Fébronius et Richer ; les ouvrages de PortRoyal et les écrits de Tillemont, de Noël et de Tamburini, parmi les modernes. De son côté, Ricci recommande les ouvrages de Du Pin et de Boursier, le Traité de théologie du P. Vallat, le Traité de l'Église de Legros, les écrits de Quesnel et les Œuvres d’Arnauld, qui venaient d'être éditées à Lausanne. L’ami, de Bellegarde, envoyait comme particulièrement nécessaires les Provinciales de Pascal, avec les notes de Nicole, et recommandait pour l’instruction des fidèles, les catéchismes de Colbert, de Gourlin, « en remplacement du catéchisme de Bellarmin et, plus tard, le catéchisme de Montazet, plus court ». L'énumération des écrits suffit à montrer l’esprit qui présidait au choix de l'évêque de Pistoie. Des revues étaient également propagées : les Annales ecclésiastiques et les Nouvelles ecclésiastiques, avec la Collection des opuscules intéressant la religion, que Ricci faisait alors imprimer à l’usage des prêtres et des fidèles instruits, afin de développer en eux la connaissance exacte des droits respectifs du pape, des évêques et des curés. (Voir Niccolo Rodolico, Gli amicie i tempi di Scipione di Ricci, saggio sul giansenismo italiano, c. ii, p. 49-111.)

Ricci continue d’ailleurs à répandre la bonne parole dans ses mandements. Le Il avril 1783, il recommande aux curés la lettre-circulaire du grand-duc, qui rétablit les évêques dans leur ancien droit de nommer aux bénéfices, que la cour de Rome avait usurpé, et il parle de Quesnel, « le savant et pieux martyr de la vérité ». En même temps, l'évêque veut rétablir l’ancienne discipline de l'Église sur la pénitence. Il proteste contre les mandements de ses confrères, archevêques et évêques de Toscane qui, s’appuyant sur une lettre-circulaire de Benoît XIV, ont avancé la vigile de saint Mathias, qui tombe le mardi gras, au samedi précédent ; « on ne devrait jamais anticiper le jeûne, sous l’unique prétexte que c’est le mardi gras ».

De concert avec le grand-duc, l'évêque de Pistoie avait supprimé « une multitude de confréries que l’avarice et la superstition avaient introduites. Elles ne servaient qu'à entretenir l’ignorance des fidèles, à leur faire négliger la pratique des vertus les plus essentielles du christianisme, à les endormir dans une fausse sécurité par des indulgences et des pratiques minutieuses, qui laissaient subsister le règne des pas sions.. Il établit une confrérie toute différente, qui n’a pour objet que l’accomplissement des principaux devoirs de la charité. Le plan et les règles de cette nouvelle compagnie ont été conçus pur Pierre-Léopold, et Ricci n’a fait que les rédiger en y joignant une Instruction pastorale (5 sept. 17X1). toute consacrée à l’explication du grand précepte de l’amour de Dieu et du prochain : il s’agit de la visite des pauvres, des moribonds, des hôpitaux ». Les avantages d’une telle confrérie ne consistent point dans des espérances équivoques d’amples passeports pour l’autre vie, mais dans le mérite réel des œuvres de la piété chrétienne ».

La lettre du 3 février 1785, pour présenter et recommander aux curés le résumé d’histoire et de morale de Mésenguy, et celle du 1 er mars 1785 sur les cas réservés, ont pour but d’instruire les pasteurs. Des conférences, tenues dans le palais de l'évêque, achèvent cette instruction ; un Recueil de cas de conscience rappelle les solutions données et les conseils de l'évêque : le premier cas recommande de s’intéresser à l’injuste oppression de l'Église d’Utrecht ; le sixième, qui a pour objet l'étude de l'Écriture sainte, enseigne que, pour bien comprendre les passages difficiles, il faut consulter Sacy, Mésenguy et surtout les Réflexions morales de Quesnel. Pour connaître les dispositions requises pour les sacrements de pénitence et d’eucharistie, il faut lire la Fréquente communion d’Arnauld et les autres bons auteurs.

En même temps, en conformité avec les circulaires du grand-duc, dont il était l’inspirateur, Ricci faisait, dans son diocèse, de nombreuses réformes que le synode de Pistoie n’aurait qu'à sanctionner.

En 1782, il avait supprimé, à Pistoie, les trois congrégations de Sainte-Marie, de la Trinité et du Saint-Esprit ; il avait fait confisquer leurs biens qu’il fit attribuer aux curés du diocèse « pour leur assurer une honnête aisance et les mettre en état de ne plus trafiquer des choses saintes ».

Ricci voulait aussi épurer le culte et le débarrasser de ce qu’il appelle une < idolâtrie ». Il fit distribuer à ses curés (Il avril 1783) le mandement de l’archevêque de Salzbourg du 29 juin 1782, accompagné de la lettre-circulaire du grand-duc, du 1 er mars 1783. Toutes les cérémonies d'éclat étaient supprimées et défense était faite d’allumer plus de quatorze cierges ; dans chaque église, il ne devait y avoir qu’un seul autel, afin d’empêcher la célébration simultanée de plusieurs messes » introduites, dit-on, très indécemment et maintenues par l’ignorance et l’avidité des ministres du sanctuaire ». Les réguliers ne pouvaient pas ouvrir leurs chapelles, les dimanches et fêtes, afin d’obliger les fidèles à fréquenter l'église paroissiale, et là le curé devait expliquer l'Évangile durant la sainte messe, faire un petit catéchisme avant et un grand catéchisme après les vêpres, et, pour terminer la cérémonie, donner la bénédiction avec le saint ciboire et chanter, en langue vulgaire, les litanies de Jésus.

Pour affirmer les droits épiscopaux, Ricci accorda des dispenses de mariage : il donna 317 dispenses en cinq ans, dit son biographe, et. dans sa lettre du 31 mai 1784, il écrivait : < Le contrat civil seul constitue le mariage et il est tout le mariage ; or, ce contrat est tout entier du pouvoir civil, qui doit le régler. » D’autre part, il veut soumettre les réguliers à la jur ! diction ordinaire de l'évêque ; aussi, il combat les privilèges des moines et il fait supprimer le couvent des dominicaines de Prato, après avoir dénoncé les abus dont ce couvent était le théâtre : il combat également la doctrine qu’enseignent les réguliers, en particulier l’infaillibilité des papes, que les religieux regardent comme un dogme, et les pouvoirs du Saint-Siège sur le temporel des rois. Pour les réformes faites par Ricci dans son diocèse, voir Fr. Scaduto, Statoe Chiesa,