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PISTOIE (SYNODE DE). CIRCONSTANCES


Four bien montrer l’importance théologique du

synode de l’istoie et les condamnations de la bulle Auctorem fidei, il est nécessaire d’indiquer, au moins sommairement, les préliminaires de ce synode, son histoire avec les thèses qui y furent exposées, les oppositions qu’il souleva et aboutirent à l’assemblée de Florence et en lin le sens et la portée de la bulle Auctorem fidei qui condamna la doctrine du synode.

I. Préliminaires et origine. II. Le synode de Pistoie, col. 21 II. III. Assemblée de Florence, col. 217(3. IX. La riposte de Home. col. 2202.

I. Préliminaires et origine.

1° Œuvre du duc de Toscane. — Fierre-Léopold, frère de l’empereur Joseph 11, auquel il devait succéder, en 1790, sous le nom de Léopold 11. était grand-duc de Toscane eu 17(13.

Dès le début de son gouvernement, il voulut, comme son frère, s’occuper des affaires religieuses. Des négociations avaient déjà été engagées avec Rome pour conclure un concordat, mais un magistrat, Ruccellai, Imbu de maximes gallicanes, suggéra au grand-duc qu’il serait bien plus facile de régler, de sa propre autorité, les affaires en litige. Léopold se laissa aisément persuader et, le 7 janvier 1780, il adressa aux archevêques et évêques de son duché une lettre-circulaire sur la police extérieure de l'Église. Cette lettre résume, en 12 pages in-folio, des lettres qu’il avait déjà envoyées ; elle comprenait 31 articles, ayant pour objet les ordinations, le choix des curés, le gouvernement des paroisses, la résidence, le casuel, les tribunaux ecclésiastiques, les dévotions. En 1779, avait paru le Sommaire des règlements et des lois que Léopold avait publiés, sur ces divers sujets, de 1765 à 1778, et les Nouvelles ecclésiastiques (5 juin 1786, p. 89) parlent avec enthousiasme de ces règlements « qui ne respirent que la bienfaisance, la générosité, la sagesse et la plus grande équité ».,

Les premiers articles de la circulaire regardent le clergé qui doit mériter le respect des peuples ; mais il faut au prêtre des qualités d’esprit et des « facultés temporelles » pour qu’il ne soit pas réduit à mendier des messes pour subsister. Les curés sont « la partie la plus intéressante du clergé, car ce sont eux qui forment les bonnes mœurs du peuple : ils doivent avoir une subsistance nécessaire et décente ». Léopold n’a aucune sympathie pour le clergé régulier. La circulaire maintient l’usage de pourvoir aux cures par la voie des concours, mais elle déclare que cette voie est défectueuse, car elle ne constate qu’imparfaitement les talents et l’intelligence ; le meilleur moyen d’avoir de bons curés, c’est d’avoir de bons évêques. Aussi, Léopold s’appliquera à choisir de bons évêques, mais il leur trace des règles. Les évêques doivent imposer la résidence aux curés et ceux-ci doivent remplir leurs devoirs d'état et instruire les peuples. A ce sujet, le duc exhorte les prélats à employer exclusivement les deux catéchismes qu’il a fait imprimer, l’un

les enfants et l’autre pour les adultes ; il s’occupe

des religieuses, dont les confesseurs doivent être

uliers ; les évêques d’ailleurs doivent travailler à faire rentrer les couvents sous leur Juridiction ordinaire, mais les biens des monasti res <i - ront être régis par des administrateurs indépendant des évêques. D’autre part, les causes criminelles des clercs sont toutes attribuées aux juges royaux, sauf les « élises proprement religieuses qui sont laissées aux juges ecclésiastiques ; le bras séculier leur viendra en aide, si c’est nécessaire. II est défendu de porter hors de l'État les causes qui sont ecclésiastiques de leur nature.

Mais, pour faire exécuter ces règlements, il fallait des évêques choisis. En 1780. Léopold fit placer sur les sièges réunis de Pistoie et de Frato, Scipion Ricci, qui

fut son « mauvais génie », son inspirateur, son i ministre des cultes ».

2° L'œuvre de Scipion Ricci. Dès son installation, ce prélat suggéra au grand-duc des circulaires multiples, qui entraient dans les moindres détails de la discipline et de la liturgie : catéchisme pour les enfants, livres pour les fidèles, confréries à supprimer, processions à réglementer ou à supprimer. Ricci appliquait aussitôt à son diocèse les décisions qu’il avait inspirées. Il publiait des mandements contre la dévotion au Sacré-Cœur et sur les indulgences qu’il supprimait presque ; il bouleversait l’enseignement dans les écoles et les séminaires, modifiait les cérémonies, proposait comme modèles les appelants français : Quesnel, Mésenguy, Gourlin, et faisait traduire en italien leurs livres, condamnés par Rome.

1. Les publications.

A cette époque on publiait, à Venise et à Florence, des écrits dont la plupart n'étaient que la traduction italienne d’ouvrages français, dirigés contre la cour de Rome ; on imprimait, à Florence, les Réflexions morales de Quesnel, avec une dédicace au grand-duc de Toscane. Mais c’est surtout à Pistoie que ces ouvrages se multiplièrent.

L'évêque Ricci, pour rendre la propagande plus active, établit à Pistoie une imprimerie, chargée d'éditer les ouvrages des jansénistes français et de répandre les idées qui lui étaient chères. Un Recueil d’opuscules concernant la religion, analysé avec complaisance par les Nouvelles ecclésiastiques, préparait les thèses fondamentales qui seraient reprises par le synode de Pistoie. C’est pourquoi il est nécessaire de donner quelques détails sur les ouvrages réunis dans les douze volumes de ce Recueil.

Le Recueil est dédié aux évêques et aux pasteurs du second ordre, « comme aux vicaires de Jésus-Christ, aux dépositaires de la foi, aux défenseurs de la moraleet de la discipline des anciens Pères de l'Église » ; on veut dévoiler « les injustes prétentions de cette Babylone spirituelle qui a bouleversé et dénaturé toute l'économie de la hiérarchie ecclésiastique », de la communion des saints et de l’indépendance des princes temporels, qui ne tiennent que de Dieu seul leur dignité et leur puissance. On y verra établi que le pape est le chef ministériel de l'Église et le premier des évêques, mais que sa prétendue infaillibilité, ainsi que celle que certaines gens attribuent aux congrégations romaines, ne sont que des chimères. La plupart des écrits du Recueil sont des réimpressions, mais il y a des notes et des remarques, qui en soulignent et en accentuent les thèses essentielles.

Le t. i contient une Dissertation sur l’exaction des dots pour entrer dans l'état religieux, à laquelle on ajoute les sages lois du grand-duc de Toscane du 4 mai 1775 et du 30 juillet 1782, et celle du duc de Modène du 3 octobre 1782 ; une lettre examine l’opinion de Benoît XIV sur les dots monastiques. Les autres écrits sont empruntés aux thèses jansénistes : l' Instruction pastorale de M. l'évêque d’Auxerre contre la légende de Grégoire VII, avec l'éloge du « savant prélat » ; Le fantôme du jansénisme découvert, avec des louanges à l’adresse de Nicole et d’Arnauld et des renvois « à tous les ouvrages cités dans le Catéchisme historique et dogmatique » ; enfin V Instruction sur la grâce d’Arnauld, le Dialogue sur l’accord de la grâce cl de la liberté de Nicole, le Discours sur l’amour de Dieu d’Arnauld, et la Lettre à une religieuse sur la défense de lire les meilleurs livres, en particulier les Réflexions morales de Quesnel.

Le t. ii réédite un certain nombre d'écrits contre la bulle Unigenitas. Ce sont divers opuscules : Entretiens du prêtre Eusèbe et de l’avocat Théophile, sur la part que les laïcs doivent prendre à l’affaire de la bulle, œuvre du docteur Le Gros, qui, écrit l'éditeur, « démontre