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PIERRE LOMBARD

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les membres de l'Église, etc., et que, plus tard, les traités spéciaux, comme ceux de Jacques de Viterbe et d’Augustin Triumpho, à l'époque de Philippe le Bel el de Louis de Bavière, émanés de théologiens ou de canonistes, présentaient une matière toute prête pour entrer dans un programme d’ensemble. La Somme contre les gentils de saint Thomas a donné un exemple peu’ou pas suivi.

L’exposé dialectique, réduit chez le Magister, a rapidement débordé des cadres où il l’avait restreint, ce que Pierre le Chantre, Verbum abbreviatum, 3, P. L., t. cev, col. 28-29, Etienne de Tournai, Lettres d’Etienne de Tournai, édit. Desilve, Paris, 1893, lettre cclxxiv, p. 344-345, dans P. L., epist. ccli, t. ccxi, col. 517, et d’autres ne tarderont pas à déplorer. Mais plus tard, l’idée philosophique est venue féconder la synthèse dogmatique ; ce qui vaut mieux.

La documentation patristique n’a malheureusement pas suivi la voie de progrès ouverte par Pierre Lombard. Son livre est pris comme arsenal de textes, et ceux-ci, trop souvent, deviennent desséchés et sans vie en s’isolant des originalia, comme on disait alors ; les exceptions chez les théologiens suivants sont rares, l’information patristique s’appauvrit, l’herméneutique ne progresse pas ou guère au delà des eadem verba in diversis signifteationibus exposés ci-dessus.

En se dissociant des éléments dus à l’espace et au temps, la théologie a remplacé aussi par quelque chose de plus absolu, de plus général et de plus indépendant des circonstances, le caractère occasionnel ou fragmentaire qui s’accuse dans beaucoup des œuvres patristiques ; à plus d’un égard, c’est un gain. Mais la tournure scolaire, qu’elle a prise à la place, la différencie totalement aussi du caractère pastoral, de la note pieuse et du ton religieux qui faisait le grand attrait éducateur des traités patristiques. L'évêque instruisait alors son peuple ; une partie de cet enseignement passe désormais aux écoles qui en modifient le programme et la méthode. La théologie y devient plus technique, plus précise ; en un sens, c’est un progrès, à condition que chacun refasse pour soi la synthèse de ces divers éléments dissociés ; mais, chez beaucoup, en raison même de la diminution d’attention donnée à la valeur religieuse du dogme, elle perd de sa fraîcheur et prend une forme qui l’empêche de s’emparer aussi foncière ment de l'âme humaine et chrétienne. Sans doute, le changement se faisait dès avant Pierre Lombard et sans lui. On ne peut pas en rendre celui-ci responsable, bien que son livre se prêtât à accentuer cette tendance. Il faut, au contraire, reconnaître que sa modération dialectique, la richesse patristique, l’ampleur de son programme, l’orthodoxie de son enseignement et maintes fois son sens théologique ont apporté un sérieux élément de progrès, dans les circonstances où il parut, et justifient l’appréciation d’un des Pères du concile de Trente qui range Pierre Lombard parmi les « doctores benc merilos de Ecclesia ». Concilium Tridenlinum. t. v. 1911. p. 155, lig. in.

I. Textes.

Livre des Sentences : Pétri Lombardi libri IV Sententiariim, studio et cura PP. Collegii S. Bonnventuræ in lucem edili, 2 vol., Quaracchi, 1916 ; l re édit. dans le commentaire de saint Bonaventure, S. Bonavenlurie opéra omnia, Quaracchi, t. i-iv, 1883-1889 ; dans P. L., t. cxcii, col. 519-964, ainsi que dans son édition de la Summa theologica divi Thomæ Aquinalis, Paris, 1841, au début du t. i, col. 11-454, reproduit la réimpression de l'édition de Jean Aleaume, faite à Anvers en 1757. — Texte des gloses sur les psaumes, P. L., t. cxci, col. 55-1296. — Texte des gloses sur les épîtres de saint Paul, ibid., col. 1297-1696 et t. cxcii, col. 9-520.

II. Ouvrages généraux.

1° Bibliographes ancien* et . historiens des littératures, des diocèses, des universités, etc. —

Bellarmin, De scriploribus ecclesiasticis, Cologne, 1631,

p. X~> ; C. Oudin, Commentarius de scriploribus Ecclesia : antiquUs, t. ii, Leipzig, 1722, col. 1202-1206 ; G. Cave, Scriplorum ecclesiasticorum historia lilteraria, t. ii, Oxford, 1743, p. 216 ; J.-A. Fabricius et J.-D. Mansi, Bibliotheca latina mzdiæ el infime ietatis, t. v, Padoue, 1754, p. 26 4-265 ; Histoire littéraire de la France, t.xii, Paris, 1830, p. 585-609 ; R. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, t. xxiii, Paris, 1763, p. 14.

G. Tiraboschi, Sloria délia litteratwa italiana, Florence, 1805-1813, t. m b, p. 207-304 ; L.-A. Cotta, Museo Xovarese, Milan, 1701, p. 2>7-258 ; G. Ferrari, Opéra, t. iv, Milan, 1791, p. 370-384 (Patria di Pier Lombard » ).

G. Dubois, Historia Ecclesix Parisiensis, t. ii, Paris, 1710, p. 123 ; Gallia christiana, t. vii, Paris, 1744, col. 68-70.

C.-E. Du Boulay (Bulœus), Historia universitalis Parisiensis, t. ii, Paris, 1665, p. 324 et 326 ; Sarti et Fattorini, De Claris archigymnasii Bononiensis professoribus, t. i b, Bologne, 1772, p. 4-5, ou édit. Albicini et Malagola, Bologne, 1888-1896, t. i, p. 622-623.

2° Historiens récents de la littérature médiévale, des universités, de la philosophie, de la théologie ou du dogme. — H. Hurter, Nommclalor, 3e édit., t. ii, 1906, p. 114-115 ; M. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Méthode, 2 vol., t. ii, Fribourg-en-Br., 1911, p. 359-407 ; du même, Die Geschichte der katholischen 7'heologie seit dem Ausgang der Vàlerzeil, Fribourg-en-Br., 1933, p. 40-46 et 290 ; J. de Ghellinck, S. J., Le mouvement théologique du XIIe siècle, études, recherches et documents, Paris, 1914, p. 75-24-4 et passim ; F. Cayré, Précis de patrologie, t. ii, Paris, 1930, p. 452-458 ; Manitius, Geschichte der laleinischen Literatur des Miltelalters, t. iii, Munich, 1931, p. 151.

P. Féret, La faculté de théologie de Ptu-is et ses docteurs les plus célèbres. Moyen Age, t. i, Paris, 1894, p. xii et vi et passim ; Hastings Rahsdall, The universities of Europe in the Middle Ages, t. i, Oxford, 1895, p. 56 sq., 270 sq., 128 sq. ; H. Denifle, O. P., Die Universilàten des Miltelalters bis 1400. i. Die Enlstehung der Universilàten des M. A. bis 1400, Berlin, 1885, p. 655 sq. ; du même, Abdlards Sentenzen und die Bearbeitungen seiner Theologia vor Mille des XII. Jalurhunderts, dans VArchiv fur Lit. u. Kirchengeschichte des M. A., t. i, ' 1885, p. 402-469 et 584-624 ; du même, Ergdnzungsband I zu Denifle’s Luther und Lutherlum, Quellenbelege, Mayence, 1905, p. 358-366 ; du même, Quel livre servait de base à l’enseignement des miitres en théologie dans l’université de Paris ? dans Revue thomiste, t. ii, 1894, p. 149-162 ; Bourgain, La chaire française au XIIe siècle, Paris, J879, p. 169-193.

M. de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, 5e édit., t. i, Louvain, 1924, p. 192-197 et passim ; B. Geyer, Ucberiveg’s Grundriss der Geschichte der Philosophie der… scholastischen Zeil, t. ii, Berlin, 1928, p. 272-276 ; J. Bach, Die Dogmmgeschichle des Miltelalters vom christologischen Standpunkte, t. ii, Vienne, 1875, p. 192-194 et 390-446 ; O. Baltzer, Beilràge zur Geschichte des christologischen Dogm’is im XI. und XII. Jahrhunderl, dans Studien zur Geschichte der Théologie und der Kirche, t. n a, Leipzig, 1898 ; Loofs, Leilfaden zum Sludium der Dogmengzsehichle, 4e édit., Halle, 1906, p. 520, 527, 528, 541-543, etc. ; Seeberg, Lehrbuch der Dogmzngischichle, Leipzig, 3e édit., 1930, p. 196-202 et passim ; ces deux derniers beaucoup mieux renseignés et plus exacts que A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichb-, 4° édit., t. iii, Tubingue, 1910, p. 373 sq., 412, 618, etc.

III. Études monographiques.

- 1° Articles d’encyclopédies. — Morgott, dans Kirchenlexikon, 2e édit., t. ix, Fribourg, 1895, col. 1916-1923 ; Seeberg, dans Protest. Realencyklopiidie, t. xi, Leipzig, 1902, p. 630-642 ; J. de Ghellinck, dans The catholic encyclopxdia, t. xi, New-Ybrk, 1911, p. 768-769 ; Ersch et Gruber, dans Allgem ?ine Encyklopàdie der Wissenschaften und Kunste, iiie section, t. xix, Leipzig, 1844, p. 396-397 ; Encyclopxdia britannica, 11° édit., t. xxi, Londres, 1910, p. 293 ; Migne, Dictionnaire de patrologie, t. iii, Paris, 1854, col. 1126-1140.

Éludes spéciales.

F. Protois, Pierre Lombard,

évêque de Paris, dit le Maître des Sentences. Son époque, sa vie, ses écrits, son influence, Paris, 1880 ; les Prolegomena de l'édit. de Quaracchi, Pétri Lombardi libri IV Sententiarum, t. i, 1916, citée plus haut, p. v-lxxx ; Espenberger, Die Philosophie des Pelrus Lombardus und ihre Slellung imXII. Jahrhundert. Munster, 1901, dans les Beilràge zur Geschichte der Philosophie des Miltelalters de Bàumker, t. iii, fasc. 5 ; O. Baltzer, Die Sentenzen des Peints Lombardus, Leipzig, 1902, dans les Studien zur Geschichte der Théologie und Kirche, t. viii, tasc. 3 ; Bresch, Essai sur les « Sentences » de