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IMKRRK LOMBARD. DOCTRINES


Hugues de Saint-Victor et de l’auteur de la Summa Sententiarum, les premiers linéaments du traité De sacrmnento circumcisionis qui prendra plus d’une fois un développement et une importance démesurée chez les scolastiques, dist. I, c. 6-10, p. 748-751 ; de même, les premiers préludes à la doctrine du baptême de désir, à côté du baptême du sang, dist. IV, c. 4, p. 765-768, mais pas encore avec la fermeté de vues qui réduit les divers éléments à l’unité chez Robert de Melun. Voir R.-M. Martin, Les idées de Robert de Melun sur le péché originel, Rémission du péché originel, dans Revue des sciences philos, et théol., t. xi, 1922, p. 403-406.

Sur quelques-uns des sacrements suivants, relevons encore quelques particularités : le traité du baptême et les notions qui regardent en général tous les sacrements, dist. IV, c. 1, p. 762, avec une description du charcuter, qu’il ne faudrait pas trop vite identifier avec le caractère de nos trois sacrements non réitérables ; voir Brommer, Die Lehre vom sakramentalen Charakter in der Scholastik, dans les Forschungen zur christ. Literatur-und Dogmengeschichle, t. viii, fasc. 2, Paderborn,

1908, p. 4-10. Pour la nécessité du baptême, voir ici, art. Baptême, t. ii, col. 250-251, 277, etc. ; sur la confirmation et le moment de son institution, voir ici, t. iii, col. 1070-1071. Sur l’eucharistie, la conversion (pour la transsubstantiation, le mot n’y est pas mais la chose s’y trouve), voir ici, t. v, col. 1259-1261, 1267, 1298, etc., où l’on verra comment se situe l’enseignement de Pierre Lombard au milieu de celui de ses contemporains..

A propos de la pénitence, on verra la reviviscence des péchés pardonnes, le rôle dévolu à l’absolution du prêtre avec la nécessité de la confession, la confession aux laïques, dist. XXII, cl, p. 885-888, et dist. XVIII, c. 1-8, p. 857-866. Voir La reviviscence des péchés pardonnés à l'époque de Pierre Lombard et de Gandulphc de Bologne, dans la Nouvelle revue théologique, t. xli,

1909, p. 400-408, et dans ce Dictionnaire, t. iii, col. 878, 881, etc., à compléter et modifier par A. Debil, La première distinction du « De pœnitentia » de Gratien, dans la Revue d’hist. ecclés., t. xv, 1914, p. 251-273, et 442455, cf. p. 255 et 453 ; H. Weisweiler, S. J., Die Busslehre Simons von Tournai, dans Zeitschrift fur katholische Théologie, t. lvi, 1932, p. 211-212, 227, etc. ; Teetært, La confession aux laïques dans l'Église latine, Bruges, Paris, 1926, p. 137-142 et passim, et l’art. Pénitence, t. xii, col. 915, 931 sq. Les chapitres sur l’extrême-onction, dist. XXIII, p. 889-892, avec les hésitations sur la réitération, sont une jolie mosaïque d’emprunts à Hugues et à la Summa Sententiarum. Noir aussi H. Weisweiler, S. J., Der Sakrament der letzten Œlung in den systemalischen Werken der ersten Fruhscholastik, dans Scholastik, t. vii, 1932, p. 321353, passim.

Tandis que le traité de la reviviscence des péchés plaçait en un jour lumineux les qualités du Magister comme rapporteur, instruit et vraiment judicieux, des avis en présence, celui des ordres ecclésiastiques, dist. XXIV, c. 1-13, p. 892-902, nous montre les procédés du copiste ou du plagiaire, qui recourt simultanément à trois ouvrages pour l'élaboration symétrique d’une longue dissertation, mais dont la régularité systématique ne connaît qu’une exception au cours des sept ordres ecclésiastiques, celle qui lui fait abandonner Gratien quand il s’agit de l’imposition des mains dans l’ordination sacerdotale : omission voulue ou fortuite, qui aura de grosses conséquences pour la théologie du sacrement de l’ordre. Voir Le traité de Pierre Lombard sur les sept ordres ecclésiastiques, ses sources, ses copistes, dans la Revue d’histoire ecclésiastique de Louvain, t. x, 1909, p. 290-302 et p. 720-7'2N ; t. xi, 1910, p. 28-46. Dans ses Colleclanea sur saint

Paul, I Tim., iv, 14, P. L., t. cxcii, col. 350 C, Pierre Lombard parle de l’imposition des mains au moins pour les évêques, mais dans une formule peu claire, précédée d’un vel ; voir aussi G.-M. van Rossum, De essentia sacramenti ordinis disquisilio hislorico-theotogica, Fribourg-en-Br., 1914, p. 140 et 141, n. 340, 343, etc.

Il y aurait lieu de signaler aussi son attitude hésitante à propos des ordinations hérétiques ou simoniaques, dist. XXV, p. 904-911, dont il faut rapprocher ce qu’il dit, avec plus de fermeté cette fois, contre la validité de la messe des hérétiques et des excommuniés, dist. XIII, c. 1-2, p. 815-818, avec, à l’appui, un texte d’un pseudo-Augustin inidentifiable, p. 816, n. 1. Mais l’on était à peine sorti alors de la grande controverse des investitures ; et cette circonstance doit faire pardonner à Pierre Lombard la réserve où il se tient : « question perplexe et presque insoluble, dit-il, à cause des avis opposés des docteurs », et de nouveau il s’acquitte avec conscience et exactitude de son rôle de rapporteur en énumérant les quatre théories des écoles du moment ; voir sur les solutions du Lombard, Saltet. Les réordinations, Paris, 1907, p. 342-344 ; les Sententiæ divinitatis, p. 141*-142*, pas bien nettes non plus, penchaient cependant vers l’affirmative.

Le très long Traité du mariage met principalement en relief la théorie consensuelle de l’essence du mariage, opposée à la théorie de Bologne ; Pierre Lombard y a un rôle important et les conséquences de la doctrine de Paris se font sentir en théologie comme en droit canon. Sur tout ceci, voir l’art. Mariage, t. ix, col. 2151, 2155, 2156, etc.

Le traité des fins dernières, dist. XLIII-L, p. 9941038, qui commence à prendre place partiellement dans la synthèse théologique de l'école d’Anselme de Laon, voir les Sententiæ Anselmi, édit. Bliemetzrieder, déjà citée, p. 152-153, mais qui n’a sa place ni dans l'école abélardienne, ni dans l'école porrétaine, est largement développé dans le De sacramentis d’Hugues de Saint-Victor, t. II, part. XVI sq., P. L., t. clxxvi, col. 584 sq., la Summa Sententiarum l’ignore encore, et Robert de Melun laissera sa Summa inachevée. Mais Pierre Lombard, qui suit l’exemple du Victorin, auquel, du reste, il emprunte beaucoup de passages, consacre définitivement l’entrée de ce traité dans l’exposé systématique. Hésitant pour toutes les questions que n’a pas tranchées Augustin, il transmet aussi les doutes du docteur d’Hippone sur les corps des âmes séparées, sur la mitigation des peines, etc. Voir ici, art. Enfer, t. iv, col. 83 ; Feu de l’enfer, col. 2209, etc. L’ordre suivi n’est pas bien ferme ; l’auteur se laisse trop facilement détourner des grandes lignes d’Hugues par des questions secondaires. C’est dans ces distinctions sur les fins dernières qu’entrent des extraits d’un ouvrage spécialement consacré à ces matières, le Prognosticon fuluri sieculi de Julien de Tolède, dist. XL IV, c. 7, p. 1003 ; voir Le mouvement théologique, p. 143-144, 25-26, etc. Le Spéculum universale de Raoul l’Ardent, malgré ses attaches porrétaines, fera une place, lui aussi, à l’eschatologie, fin du t. VIII, ms. 709 de la bibl. Mazarine, fol. 121 r° et 146 sq.

Mais l’on ne peut quitter ce IVe livre des Sentences sans mentionner une autre caractéristique qui s’y accuse fortement : la très fréquente utilisation de la Concordia ou Decretum de Gratien qui est pour les matières sacramentaires le grand arsenal des arguments patristiques ; par suite aussi se manifeste l’influence des collections canoniques pour Je libellé même des énoncés à propos de l’eucharistie et de la controverse sur la présence réelle ; voir Mouvement théologique, p. 301 sq. ; art. Eucharistie, t. v, col. 12631624 ; P. Fournier et G. Le Bras, Histoire des collée-