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1999
2000
PIERRE LOMBARD. DOCTRINES


col. 527, et 1. Ill.disi. XXXIV, c. 2, p. 699 : ce que ses

commentateurs comme (iandulphe de Bologne, Sententiariun libri IV. édit.von W’alter.l. III, § 126 el 1 14, p. : <67 et 381, et Pierre de Poitiers, Sententiarum libri Y. t. III, c 17. P. /… t. ccxi, col. 1078-1080, ne feront pas davantage. Ce qui est plus curieux, c’est qu’un des inspirateurs les plus constants de la pensée lombardienne. l’auteur de la Siunma Sententiariun, 1. III. c. 17, P. L.. t. CLXXvi, col. 114, avait pris la solution opposée, admise aussi par Jean de Salisbury, si celui-ci est vraiment l’auteur du De septem septenis, .">. P. L., t. cxcix, col. 95 I. et le Lombard n’y fait pas allusion, tant il se contente d’un long extrait de saint Ambroise. Lottin, Les dons du Saint-Esprit chez les théologiens depuis Pierre Lombard jusqu'à saint Thonyis. dans les Recherches de théol. anc. et méd., t. i. 1929, p. 41-42. Pierre Lombard insiste sur la crainte et ses diverses sortes, servilis, initialis, castus, comme tous ses contemporains, dist. XXXIV, c. 4-9, p. 701707 : il consacre une distinction entière aux dons d’intelligence et de sagesse, dist. XXXV, p. 707-710, ce qui montre la place qu’il leur reconnaît dans la vie surnaturelle, Ch. Bôckl, Die sieben Gaben des hl. Geistes in ihrer Bedeutung fur die Mystik, Fribourgen-Br.. 1931.

La définition des vertus et leur connexion, dist. XXXVI, p. 711, est un autre problème qui permet de saisir une fois de plus les positions de Pierre Lombard et les progrès réalisés ensuite. Comme toute la tradition qu’il suit, il est net pour la connexion, mais sa définition vise surtout les vertus infuses, et pour lui il n’y a pas de différence entre la vertu et la grâce, voir I. II. dist. XXVII, c. 5, 6 et 10. Ce n’est que plus tard, avec Philippe de Grève, qu’on distinguera entre les vertus infuses et les vertus acquises et pour celles-ci on niera la connexion. Voir O. Lottin, La connexion des vertus avant saint Thomas, dans les Recherches de théol. anc. et méd., t. 11, 1930, p. 23, 29, 30, 40, etc. ; Les premières définitions et classifications des vertus au Moyen Age, dans la Revue des sciences philos, et théol., t. xviii, 1929, p. 370-371.

! Livre IV. — La chose importante que présente le I. IV est d’abord la synthèse de la doctrine des sacrements, qui est définitivement enchâssée dans l’ensemble de la théologie, comme on l’a vu plus haut ; on peut en dire autant de la doctrine des fins dernières.

Cette partie sacramentaire, dont la documentation surtout et quelques idées sont grandement tributaires de la Concordia de Gratien, ne peut être interprétée dans le sens d’une brisure dans la ligne traditionnelle, le Décret de Gratien, dans cette explication, représentant, comme dernier témoin, l’ancienne conception primitive sacramentelle et ecclésiastique. Cette thèse de R. Sohm, Dus altkatholische Kirchenrecht und das Dekret Gratians, Leipzig, P.) 18, aussi spécieuse que sensationnelle, a été, après un moment de surprise, généralement rejetée et ses preuves estimées fausses ; qu’il suffise de rappeler, avec les interventions de Gôller et de Stutz, la longue étude de Fr. Gillmann, Einteilung und System des Gratianischen Dekrets, dans VArchiv jùr kath. Kirchenrecht, t. evi, 1926, p. ~2.

La synthèse sacramentaire présente une caractéristique qui la différencie, au premier coup d’oeil, des autres essais contemporains ou antérieurs. D’abord, elle mentionne et décrit explicitement l’ordre et le mariage, qui manquaient a la Summa Sententiariun ; elle en fait autant pour les deux sacrements qu’ignorait la nomenclature d’Ahélard et auxquels son école avait pratiquement donné peu d’attention, bien que, en divers endroits de son œuvre, le maître du Pallet en eût parlé, a savoir la pénitence et l’ordre. Puis, elle laisse de côté tous les objets et rites qui avaient si longtemps figuré dans les listes, complètes et incom plètes, des sacrements, c’est-à-dire des sacramentaux, le mot qui devait les distinguer n’apparaissant qu’alors. Pierre Lombard, qui n’ignorait évidemment pas le vieil emploi du mot, puisqu’il parle de sacramentorum ecclesiasticorum notilia, du sacramentum fidei et du sacramentum Trinitatis. prologue ; t. III, dist. XXII, c. 1, et 1. 11, dist. I, c. 6, p. 1, 650 et 312, et des sacramentel Judseorum, Collectanea in epistolas sancti Pauli, 1 Cor., ix, 18-22, P. L., t. c.xc.i, col. 1614 C, et qui emploie le mot sacramentalia, I. IV, dist. VI, c. 7, p. 784, bien avant Alexandre de llalès, habituellement, mais à tort, regardé comme l’initiateur de cette locution, ne semble même pas se soucier ou se souvenir de tous ces sacramenta minora ; ce en quoi il est fidèle à l’exemple d’Abélard. Mais cette abstention, qui est tout à fait contraire à la synthétique exposition d’Hugues de Saint-Victor, ne laisse pas que d'étonner. Aussi un glossateur, dont l'écrit se place dans les vingt années sans doute qui suivent l’apparition des Sentences, ne manque pas de le constater par cette note intéressante : Nota quod hic principalia sacramenta enumerantur de quibus specialiter tractabitur, de minoribus vero… ut aqua benedicta et sacramentum eineris et hujusmodi, tacetur, ms. de Bamberg, Patr. 128, fol. 3 r°. A l'époque de Pierre Lombard, on rencontre déjà le mot sacramentalia. employé avec un sens juridique dans une charte de 1143. Cf. Pour l’histoire du mut "Sacramentum », 1. 1, p. 27, n. 3, dans le Spicilegium sacrum Lovaniense. fasc. 4, 1924.

L’affirmation septénaire, qui apparaît dans son énumération si ferme, dist. II, c. 1, p. 751, est une des premières qui se rencontre : résultat doctrinal dû beaucoup moins à l’analyse dialectique qu’aux effets d’une longue pratique qui mettait en évidence les rites auxquels s’associait l’idée salvifique. Les courtes formules d’introduction ou de groupement, employées par Abélard, par Hugues de Saint-Victor et par les Sententise divinitatis de l'école gilbertine et qu’on a rappelées ci-dessus, orientaient dans cette direction. Un peu plus tard, les gloses des premiers glossateurs et commentateurs de Gratien, à partir -de Kufin d’Assise, devaient revenir à ces anciens groupements si amplement décrits par Hugues de SaintVictor, en intégrant sacrements et sacramentaux, sacramenta principalia et sacramenta minora, dans la quadrijormis species sacramentorum, qui eut son demi-siècle de célébrité. Sur tout ceci, ' voir Mouvement théologique, p. 359-369 ; Geyer, Die Siebenzahl der Sakramente in ihrer historischen Entivickelung, dans Théologie und Glaube, t. x, 1918, p. 325-348 ; Gillmann, Die Siebenzahl der Sakramente bei den Glossatoren des Vratianischen Dekrets, dans Der Katholik, tiré à part remanié et développé, t. 11, JVIayence, 1909 ; E. Dhanis, Quelques anciennes formules septénaires des sacrements, qui donne l’exposé le plus complet de cette matière, dans la Revue d’hist. ecclés., t. xxvi, 1930, p. 574-608, 916-950, et t. xxvii, 1931, p. 5-26, surtout synthèse finale, p. 17-26 ; voir ici, art. Gratien, t. vi, col. 17471748.

La définition du sacrement, la composition du rite sacramentel et son efficacité sont des matières qui doivent beaucoup à Pierre Lombard ; relevons notamment, dans sa définition, son insistance sur l’idée du signe efficace et sur la causalité, ce qui écartera beaucoup de confusions dans la nomenclature, malgré sa conception incomplète de la collation de la grâce par le mariage. Voir Un chapitre dans l’histoire de la définition des sacrements au XIIe siècle, dans les Mélanges Mandonnet, t. -11, Paris 1931, p. 76-96 ; Pourrat, La théologie sacramentaire, Paris, 1910, p. 39 sq. el passim, 62, etc.

Ce même 1. IV nous donne aussi, à l’exemple de