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    1. PIERRE LOMBARD##


PIERRE LOMBARD. ŒUVRES DOUTEUSES

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autres, un ancien ms. de Tegernsee, Munich, lut. 18 10'.) qui remonte au milieu du xiie siècle. Gregorianum, t. ii, 1921, p. 445. Mais la rapide transcription de l’ouvrage et la multiplication des copies ne favorisait pas la correction des exemplaires. Les premiers imprimés s’en ressentent évidemment. Comme exemple de corruption textuelle, nous nous contentons de rappeler ici l’interpolation d’une note primitivement marginale qui se rencontre dans le traité de la pénitence (t. IV, dist. XXI 1, c. 3) : « (Quidam dicunt) ut Gandulphus », et que perpétue l'édition d’Aleaume, Paris, 1542, etc. ; Louvain, 154(i, etc. ; reprise par celle d’Anvers, 1757, et, à sa suite, par celle de Migne, toc. cit., col. 898 ; voir l'édit. Quaracchi, p. 888. Cette interpolation, qui, longtemps, n’avait pas été remarquée, aurait donné raison à ceux qui voulaient placer chronologiquement Gandulphe de Bologne avant Pierre Lombard, comme le P. Déni fie et beaucoup d’autres à sa suite ; cf. Les notes marginales du Liber Sententiurum, dans la Revue d’hist. eeclés., t. xiv, 1913, p. 518, 521-523, etc. ; voir plus haut la question de l’originalité des Libri Sententiarum.

La grande édition de saint Bonaventure, S. Bonaventuræ opéra omnia, Quaracchi près Florence, 18821889, Coiwnentaria in IV Libros Sententiurum, 4 vol., amena les franciscains de Quaracchi à éditer critiquement le texte de Pierre Lombard qu’avait commenté saint Bonaventure ; le travail se compliquait d’une difficulté nouvelle, car, au moment où saint Bonaventure composait son commentaire, c’est-à-dire vers 1248, il s'était écoulé près d’un siècle depuis l’achèvement des Libri Sententiarum et, dans l’intervalle, les variantes avaient altéré la teneur primitive du texte. Les éditeurs franciscains procédèrent avec prudence et sagacité et nous fournirent un texte notablement amélioré, qui, pendant trente ans, demeura le seul texte critique connu. L’indication des sources et l’identification des modèles textuellement utilisés, sans le dire, par Pierre Lombard, était faite avec une précision et une sûreté qui décuplait la valeur de l'édition.

En 1916, revenant à l’idée primitive du P. Fidèle de Fanna, l’initiateur et le promoteur de leurs belles entreprises d'éditions, les franciscains de Quaracchi se décidèrent à donner isolément l'édition critique à laquelle ils avaient partiellement renoncé en 1882 ; voir les prolégomènes de la grande édition de saint Bonaventure, t. i, p. lxxxii i.xxxiii ; elle a paru durant la guerre : Pétri Lombardi I V libri Sententiarum studio et cura PP. collegii S. Bonaventura' in lucem editi, 2 vol. à pagination continue, in-8°, Quaracchi, 1916, lxxx-1057 pages ; voir p. lxiii sq.

Cette édition, basée sur un bon choix de mss. — auxquels on aurait pu ajouter ceux de Munich, lut. 18 109 et 4522 (c'était pendant la guerre) — a tenu compte d’un certain nombre de témoins plus anciens que ceux qui avaient servi à l'édition de Bonaventure ; celle-ci n’avait aucun ms. du xiie siècle. Elle n’a plus donné de place aux variantes des anciennes éditions souvent arbitraires ; elle a perfectionné encore l’identification des sources et des plagiats, et n’a pas hésité à introduire, en petit texte, un certain nombre des notulæ et des nolæ volatiles, additions de témoignages patristiques, dues peut-être à une revision de son œuvre par l’auteur lui-même, ibid., p. xliii-xliv : voir plus loin à propos des Dubia vel spuria. La grande réserve qu’elle a mise à n’en admettre qu’une petite vingtaine, mérite sans doute approbation ; mais les recherches effectuées depuis une dizaine d’années sur les anciens mss. de Pierre Lombard et surtout sur les gloses primitives qui expliquaient son texte ont révélé l’existence d’un certain nombre de notulæ, qui se présentent avec des titres, semble-t-il, non moins légitimes ; la question, 'toutefois, n’est pas définitivement résolue ; voir Land gi al, Notes de critique textuelle sur les Sentences » de Pierre Lombard, dans les Recherches de théol. anc. et méd., t. m. L930, p. 89-99. Les études sur les écrits de la première génération qui suit Pierre Lombard et sur les habitudes du milieu du xiie siècle en matière d’enseignement et d'édition de texte, donneront sans doute un peu plus de lumière sur ces énigmatiques énoncés.

On peut consulter sur cette précieuse édition les appréciations de.1. Cavallera, Et. Martin, A. Ivars et J. Pelster, respectivement dans le Bulletin de lill. eeclés., Ve série, t. ix, 1918, p. 151-154, dans la Revue d’hist. eeclés., t. xix, l'.)2.J, p. 73-74, dans VArchivo ibero-americano, t. xvii, 1922, p. 2 : > !)-2< ; 2, et dans le Gregorianum, t. ii, 1921, p. 443. L'édition du texte est précédée d’une fort bonne notice biographique et bibliographique sur la vie, l'œuvre, les luttes et le succès de Pierre Lombard (p. v-lxii). Les titres des questions qui, très tôt déjà, après la mort de Pierre Lombard, coupaient le texte en un certain nombre de sections, mais n'étaient nullement identiques à la liste initiale des capitula, n’ont pas été maintenus ; on aurait pu les reproduire entre crochets à cause de leur utilité et de leur ancienneté ; voir Pelster, art. cit. du Gregorianum, t. ii, 1921, p. 443.

V. ŒUVRES DOUTEUSES OU 1 XAITHEXTIQUES. — On peut diviser en deux catégories les œuvres douteuses attribuées à Pierre Lombard : la première comprend des œuvres à titre bien précis, imprimées ou inédites, et dont on rencontre la nomenclature plus ou moins complète, depuis deux siècles ou davantage, chez la plupart des bibliographes et des historiens de la littérature. La seconde est composée d'œuvres que récemment on a cru pouvoir attribuer à Pierre Lombard et dont la nature ou le contenu échappe plus d’une fois encore à une détermination précise.

Première catégorie.

Il faut citer : 1. L' Apologia,

prétendument trouvée par Leland dans un manuscrit anglais, Commentarii de scriptoribus britannicis, t. i, Oxford, 1709, c. ce, p. 227. Leland, que suit l’Hist. litt. de la France, t.xii, p. 603, voulait y voir la réponse faite par Pierre Lombard à VEulogium de Jean de Cornouailles. Mais cet Eulogium n'étant pas antérieur à 1 175, il s’ensuivrait que la réfutation vue par Leland serait -de plus de quinze ans postérieure à la mort de Pierre Lombard ; voirie Mouvement théologique, p. 129130 et 153-154, et l'éd. Quaracchi, p. xxxiv-xxxv. La chronologie admise par Protois, qui date de 1164 la réponse de Pierre Lombard, s’appuie sur la donnée gratuite ou erronée qui fixe la mort de Pierre Lombard en 1164. Pierre Lombard, évêque de Paris, p. 149 et 53. Cette réponse ne peut viser non plus V Apologia de Verbo incarnato, P. L., t. clxxvii, col. 295-316, attribuée à Jean de Cornouailles et habituellement regardée comme postérieure à VEulogium ; même le prologue manuscrit de VEulogium, vu jadis par Oudin à l’abbaye de SaintVictor, Scriptor. eedes., t. ii, col. 1157, 1224 et 1530, semble bien dater de l’approche du concile du Latran de 1179 la rédaction de sa l re édition de VEulogium.

2. Quelques Lettres conservées à la bibliothèque de l’université de Leipzig ont été attribuées à Pierre Lombard ou à ses correspondants par Fabricius-Mansi, Biblioth. lat. med. et inf. setatis, t. v, Padoue, 1754. p. 264, et par Oudin, Scriptor. eccles., t. ii, col. 1220. ainsi que par VHist. litt. de la France, t.xii, p. 603, n. 1, et par Protois, qui qualifie ces documents de précieux. Op. cit., p. 149. Mais le nom de ces correspondants, Philippe de Beims et Arnoul de Metz, sont parfaitement inconnus dans les listes épiscopales de cette époque pour ces deux sièges. Mouvement théologique, p. 130, n. 2 ; éd. de Quaracchi, t. i.-p. xxxv. Ces auteurs s’appuyaient sur le catalogue de Joachim Feller, Catalogus codicum mss. bibliothecæ Paulinae… in universitute Lipsiensi, Leipzig, 1686, p. 182, cod. 10 : le nouveau catalogue de B. Helssig, Katalog der