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PIERRE LOMBARD. COMM ENTA I R E SUR LES PSAUMES


En attendant quiles recherches dans les manuscrits des premiers glossateurs et commentateurs des Sentences viennent ajouter quelque nouveau trait à l’histoire des IV libri Sententiarum et des habitudes professorales de leur auteur, ce qui précède contient virtuellement tout ce qui est connu jusqu’ici de la biographie et de l’activité de Pierre Lombard. Pour tout ceci, on peut voir La carrière de Pierre Lombard. Quelques précisions chronologiques, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, t. XXVII, 1031, p. 792-830, les Prolegomena de l'édition de Quaracchi, 1916, p. vxxiv, et l’introduction de.J. Schupp, Die Gnadenlehre des Petrus Lombardus. Fribourg-en-B., 1932, p. 1-13, ouvrage paru depuis la composition de cet article, mais qui en confirme, à part un ou deux détails, tous les résultats.


II. Œuvres. — Les œuvres authentiques de Pierre Lombard se réduisent à quatre : le Commentarius in psalmos davidicos (autrement dit, les Glossœ), les Collectanea in omnes Pauli apostoli epistolas, les Sermones, les IV Libri Sententiarum. Ce dernier ouvrage a seul fait l’objet d'études sérieuses ; les autres, à part les recherches de Déni fie sur les Glossæ pauliniennes, n’ont guère ou pas été étudiés. Il faudra donc examiner d’un peu plus près ces œuvres exégétiques, et les sermons, avant de passer aux Sentences. Un dernier paragraphe sera consacré aux œuvres douteuses ou apocryphes.

I. LE COU M EXT AI RE SOS LES PSAUMES.

1° Le

nom. — Commentarius in psalmos davidicos, Glossæ conlinuæ, Troyes, ms. 543, ou Glossæ psalterii, Gerhoch et Arnon de Reichersberg, peu après 1160, op. etloc. injra cit. D’après Seeberg, Protest. Real’ncyklopùdie, t. xi, p. 642, lig. 16, le titre serait aussi Glossa magislralis ex selectis et orthodoxis auctoribus ; mais ce titre avec Vépithète de magistralis dénote une ori gine passablement postlombardienne, qu’on retrouve dans l'édition de 1478. Par contre, nous savons, entre autres, par le chroniqueur Aubri des TroisFontaines, Chronica, Mon. Germ. hist.. Script., t. xxiii, p. 843, lig. 39-44, qu’au milieu du siècle suivant, l'œuvre s’appelait dans les écoles, major glossatura, comme du reste c'était aussi le cas pour les gloses sur saint Paul (voir Denifle, Ergânzungsband I zu Denifle’s Luther und Luthertum, Qucllenbelege, Mayence, 1905, p. 56 et 57, n. 1), la glose du Lombard, sur ces deux parties de la Hible, s'étant substituée à celle de Walafrid Strabon. L’auteur du catalogue de la riche bibliothèque de Salvatorberg, chartreuse près d’Erfurt, nous en dit autant vers 1477 : Glosas quæ communiter dicuntur glosæ ordinàriæ, ou has communiter nominamus glosas ordinarias, P. Lehmann, Mittelalterliche Kataloge, t. ii, Munich, 1928, p. 282, lig. 19 ; p. 327, lig. 18, et p. 555, lig. 8 ; avant lui, Jean Boston de Bury avait conservé le titre de majores glossæ Psalleriis dans son inventaire des bibliothèques anglaises vers 1410, voir plus loin aux Opéra dubia vel spuria.

2° L’authenticité de l'œuvre est attestée par l’ensemble des bibliographes et des chroniqueurs médiévaux de tous pays, dont on trouvera plus loin le témoignage quand il sera question des œuvres apocryphes. Les exemplaires conservés en manuscrits, dont beaucoup sont anonymes, atteignent un nombre considérable, ce qui témoigne d’un énorme succès, malgré l’avis contraire, non motivé, de Bresch, Essai sur les Sentences de Pierre Lombard, Strasbourg, 1857, p. 69 : citons, entre autres, Yat. lai.. 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, Pal. 610 et P.rg. 104, et surtout les nombreux exemplaires de France, à Paris, bibl. Mazarine, 205, 206, 207, 208, 209, 210, 212, 213, de Troyes, ô8, 77, 80, 92, 141, 176, 216, 217, 229. 295, 479, 543, 702, de Reims, 147, 148, 149, 150, 151, / ; ?. 153, etc. Mais on n’a jamais élevé aucun doute sur la paternité lombar dienne, malgré l’erreur de Geoffroy de Clairvaux, dans sa lettre de 1 188, n. 9, P. L., t. ci.xxxv, col. 592 C, qui l’attribue à Gilbert de la Porrée et est suivi par Y Hist. lilt. de la France, t.xii, p. 473-474.

Vingt ou vingt-cinq ans plus tôt, trois contemporains, qui connaissent bien les œuvres de Pierre Lombard, points de mire de leurs attaques, sont de précieux témoins pour l’authenticité : c’est Gerhoch de Beichersberg († 1169), dans sa lettre de 1162-1164, à Alexandre III, Epist., xvii, P. L., t. exem, col. 565 C et D ; c’est son frère Arnon († 1175), qui écrit peu après, et sûrement avant d'être prévôt (1169), son Apologeticus contra Folmarum, n. 12 et 13, édit. Weichert, Leipzig, 1888, p. 13, où il utilise la lettre de Gerhoch, ce que l'éditeur n’a point noté ; c’est enfin leur correspondant Éberhard de Bamberg († 1172), dans sa lettre de la même époque, Epist., xvi, parmi celles de Gerhoch, col. 562 A ; à Paris même et vers la même date, l'élève le plus brillant du Lombard et le plus attaché à son maître, Pierre de Poitiers, nous est un garant incontestable de l’authenticité par ses commentaires ou ses postilles sur la glose du Lombard, Distinctiones super psalterium magislri Pétri Lombardi, ms. de Paris, Bibl. nat. lut. 14 423, et Reims, 161. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Méthode, t. ii, Fribourg, 1911, p. 503 ; Denifle, op. injra cit., p. 94, n. 4. Les catalogues des bibliothèques du xiie siècle témoignent aussi de l’authenticité, par exemple celui de l’abbaye de Prùfening en 1158, n. 150. Becker, Catalogi bibliothecarum antiqui, Bonn, 1885, p. 214 ; celui de Chaalis. publié par H. Martin, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, t. viii, 1899, p. 442, n. 53, etc. Sur la confusion entre Gilbert de la Porrée et Pierre Lombard, inaugurée par Geoffroy de Clairvaux, qui a mis dans l’erreur pas mal de' modernes, voir Denifle, Erganzungsband I zu Denifle’s Luther und Luthertum, Qucllenbelege, Mayence, 1905, p. 358-366. Vers 1170 et avant 1176, Herbert de Boseham, dont il a été question ci-dessus, est un témoin de plus pour l’authenticité.

Caractéristiques.

Ce Commentarius in psalmos

est une espèce de chaîne, commentaire perpétuel des psaumes, verset par verset, composé à l’aide des citations des Pères et des écrivains ecclésiastiques. L’ouvrage n’a pas de préface ou d’avant-propos qui nous renseigne sur le but et le mode de travail de l’auteur ; Pierre Lombard se contente dans sa Præjatio, P. L., t. cxci, col. 55-62, de commenter, à l’aide d’extraits patristiques et autres, le titre et le contenu du psautier. Rien non plus n’y figure explicitement qui puisse nous aider à fixer la date ou les circonstances de sa composition. Mais un renseignement transmis par un disciple, le même Herbert de Boseham, qui le tenait directement de son maître, meus in hac doctrina institutor prœcipuus… ipsomel rejerenle didici, nous apprend que Pierre Lombard n’avait d’autre but que de remédier à la brièveté d’Anselme de Laon : Solum ob id jacta (hœc opéra) ut antiquioris glosaloris magislri Anselmi Laudunensis brevilalem elucidarent obscuram, qu’il ne s’attendait nullement à voir sa Glossa devenir matière d’enseignement dans les écoles, et qu’il n’avait pu encore lui donner la dernière main avant son élévation à l'épiscopat. Ms. 150 de Trinity Collège, à Cambridge. Prima pars Psalterii Glosali sec. Herb. de Boseham, fol. 1.

Édité deux fois à l'époque des incunables, à Nuremberg, par Sensenschmidt entre autres en 1478, Hain, Reperlorium, n. 10 202 et 10 203, puis à Paris, en 1533, en 1537 et en 1541, et reproduit finalement dans P. L., t..cxci, col. 55-1296, d’après cette dernière édition, ce commentaire a été assez peu étudié. Il en faudrait une édition critique qui identifiât parfaitement les sources ; on verrait ainsi ce qui appartient en propre