Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

L947

    1. IMKRHE LOMBARD##


IMKRHE LOMBARD. VIE

1948

baril, leur rareté dans le I". et le choix restreint qui se borne à quelques chapitres du De fi.de orthodoxa, alors que pas mal d’autres auraient pu avantageusement s’ajouter aux '27 citations qu’il utilise. Le mouvement the’ologique…, p. 241 ; voir aussi Les œuvres de Jean de Damas en Occident au zile siècle, premières citations… chez Pierre Lombard, dans la Revue des quest. hist., t. Lxxxvin, 1910, p. 149-160 ; tout cela s’explique aisément par eetle occasion du voyage qui lui fait prendre contact au dernier moment avec l'œuvre fraîchement traduite du Damascène.

Mais quand a eu lieu ce voyage ? Du Boulay, Hist. univ. Paris., t. ii, p. 251-252, et beaucoup d’autres à sa suite le plaçaient vers 1148-1149, sur la foi d’une lettre d’Eugène 111. Mansi, Concil., t. xxi, col. (545. Mais, comme le fait remarquer le P. Pelster, Wann hat Petrus Lombardus die « Libri IV Sententiarum » vollendet ? dans Gregorianum. t. ii, 1921, p. 387-392, et comme l’insinue une expression d’un des correspondants romains, sludium quod semper tiberalibus artibus applicuit, P. L., t. clxxxvi, col. 1415 B, ce qui ne désigne pas les études théologiques, cette lettre d’Eugène III. non datée du reste, Jafïé, Regesta, t. ii, p. 65. peut difficilement concerner Pierre Lombard ; car il n’est pas vraisemblable que le vir déjà venerabilis aux yeux de saint Bernard, dix ou douze ans plus tôt, tout récemment censeur théologique au concile de Beims, se soit commis dans une rixe d'étudiants, à laquelle la lettre pontificale accuse le magister Petrus d’avoir participé. Ce magister Petrus doit donc avoir été un autre, qu’il n’est pas possible d’identifier.

Mais une autre lettre pontificale vient à l’appui de la glose de Bamberg pour attester le voyage de Borne ; en même temps, elle montre l’estime qu’on avait à Borne de l’activité théologique de Pierre Lombard : c’est la lettre du 19 janvier 1152, datée de Segni, et qui recommande Pierre Lombard à l'évêque Henri de Beauvais, sur les instances de saint Bernard, pour que le magister Petrus qui tam longo tempore scholasticis ttudiis utiliter et honeste per Dei gratiam insudavit nec lamen ad hue ecclesiaslieo meruit bene/icio sublevari, P. /… t. ci.xxx. col. 1498-1499, et édit. Quaracchi, t. i. p. xix, soit nanti enfin d’un bénéfice ecclésiastique. Tous les traits fournis par la recommandation pontificale cadrent parfaitement avec ce que nous savons de Pierre Lombard et les mots pro lalore prwsentium désignent le bénéficiaire, qui reçoit à la curie même la lettre qu’il est venu solliciter. Par le fait même, la date de l’achèvement des Libri Sententiarum se place au plus tôt dans la deuxième moitié du premier semestre de 1152 ; car, malgré la fréquence, catervatim, des voyages pour appels à Borne au XIIe siècle, ce serait sortir des données historiques que de recourir, sans preuve nouvelle, à une autre démarche à Borne de la part de Pierre Lombard avant 1152.

Cette lettre d’Eugène III, qui affirme que Pierre Lombard n’a encore été investi d’aucun bénéfice, écarte définitivement le canonicat de Chartres, que beaucoup d’auteurs voulaient attribuer au Maître des Sentences, comme le Gallia christiana, t. vii, col. 68, l’abricius-Mansi. t. v, p. 262, et Cave, t. ii, p. 220, sur la foi sans doute de Du Cange, dans son Gloss. med. et inf. latin., t. i, Paris, 1841°. p. 367, au mot Archiater, qui fait d’un Petrus Lombardus le médecin de Louis VII et un chanoine de Chartres.

Pour les années de l’activité professorale de Pierre Lombard, l’on sait aussi qu’il fréquentait beaucoup les Pères latins, surtout Ililaire et Augustin ; qu’il lisait usidûment Abélard, voir Jean de Cornouailles, Eulogium, c. m. P. L., t. cxcix, col. 1052 CD et 1053 B, comme les écrits de Hugues de Saint-Victor avec la Summa Sententiarum (voir plus loin) ; qu’il axait avec lui le texte de la Concordia de Gratien, dont il fera don

par son testament au chapitre de Notre-Dame, Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris, Obiluarium, n. 125. publié par Guérard, t. iv, p. 60, dans la Collection des carlulaires île France, t. vii, Paris, 1850 ; qu’il était consulté par Alexandre III, entre autres sur une question de correction fraternelle, voir Laides d’Ourscamp, Qusestiones magistri Odonis Suessionis, dans l’itra. Anal, noviss., t. ii, 1887. p. 142. Robert de Courson, Summa theologica, ms. île Bruges, 247, 191, fol. 69 r° ; qu’il suivait de très près toutes les discussions et problèmes qui se posaient dans les écoles et enregistrait avec soin les avis qu’on y donnait en réponse, à preuve les nombreux quirri solet, quæritur, etc., de ses Sentences ; qu’il connaissait, semble-t-il, l'œuvre de Bobert le Poule et d’Adam du Petit-Pont, voir Landgraf, Some unknown writings, dans The new scholasticism, t. iv, 1930, p. 3 et 14, et Recherches de theol. <inc. et médiév., t. iii, 1931, p. 140 ; que Jean de Cornouailles et que Maurice de Sully venaient l'écouter, mais n’admettaient pas chacune des thèses de son enseignement, Jean de Cornouailles, Eulogium, c. m et iv, ibid., col. 1053 B et 1055 A, pas plus que Bobert de Melun, De modo eolligendi Summas, préface du ms. de Bruges, 191, et Jean de Cornouailles, op. cit., c. iv, ibid., col. 1055 A ; qu’il avait des rivaux peu favorables qui tâchaient de le trouver en défaut, mais qu’il était décidé à rester fidèle à l’orthodoxie, voir Jean de Cornouailles, op. cit., c. in et iv, col. 1052 C et 1053 B, et prologue des Libri Sententiarum, P. L., t. cxcii, col. 521-522 ; Quar., t. i, p. 2 : déclaration qu’il répétait encore peu de temps avant son épiscopat.

Quelques années se passent encore, dans le travail professoral et le renom, sinon dans l’aisance ou le confort, et le magister Petrus, qui a fini depuis longtemps ses Collectanea sur saint Paul, puis ses / V Libri Sententiarum, et sans nul doute ses Commentaires sur les psaumes, avec probablement un certain nombre de sermons, passera bientôt de la chaire de l'école NotreDame au siège épiscopal de Paris. Il occupait jusque-là une maison située à peu près aux confins des propriétés de l’abbaye Sainte-Ceneviève et de celles de l'église Notre-Dame de Paris, Cartulaire de l'église N.-D. de Paris, t. iii, n. lxviii, p. 395 : domus quie fuit magistri Pétri Lombardi… usque ad pilarium lapideum médium inler censivam nostram et eensivam Ecclesia ? I^arisiensis.

4° L'épiscopat et la mort. — On peut dire qu’avec la nomination à l'évêché, de Paris la carrière de Pierre Lombard est virtuellement terminée ; car, à part deux ou trois actes sans importance conservés par les documents, nous ne savons rien de son épiscopat.

Les circonstances de l'élection présentent quelque intérêt et la nomination elle-même manifeste l’estime et la célébrité qui entouraient son nom. L'élection eut lieu après l’année d’interrègne qui suivit la mort de Thibaut, décédé le 8 janvier 1158. Elle est décrite par la chronique de Bobert de Torigny et par l’anonyme qui y a joint quelques additions pour cette année, dans des termes qui n’ont rien que d'élogieux pour les deux candidats en présence : Philippe, archidiacre de NotreDame et frère du roi Louis VII, sur lequel se porte d’abord le choix du chapitre, puis Pierre Lombard, que se fait substituer le premier élu après sa renonciation : Magister etiam Petrus Lombardus Parisiensem episcopatiim adeptus est, connivente Philippo ejusdem ecclesiæ decano, /ralre régis Francorum, qui ut dicunl, clcctioncm suam concessit eidem Petro, dans Mon. Germ. hist.. Script., t. vi, p. 5111, lig. 31 ; Delisle, La Chronique de Robert de Torigny ou du Mont-Saint-Michel, dans les Publications de la Société d’histoire de Normandie, t. (, Rouen, 1872, p. 32 1 ; llowlett, même chronique dans les Chronicles and memorials of Grc<d Britain ami Ireland, t. lxxxii, vol. iv, p. 204. Les additions au texte original, conservées par le Suec. 553, Ou Vatican,