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PAUL 1er

PAUL II

fenseur très courageux de la foi orthodoxe, Paul envoya à plusieurs reprises des légats aux basileis Constantin et Léon, pro restituendis conflrmandisque in pristino venerationis slaiu sacratissimis imaginibus Domini et Salvatoris nostri Jesu Christi, sanctœque ejus Genetricis. Liber pont., éd. Duchesne, t. i, p. 464. Plusieurs lettres du Codex Carolinus font allusion à l’une de ces légations. Jaflé, n. 2355, 2356. Or, dans sa lutte contre le Siège apostolique, qui s’était posé dès le début comme le défenseur des saintes images, le basileus essayait de s’appuyer sur la cour franque, où il savait bien que l’on n’avait pas pour le culte des images une particulière tendresse. Plus ou moins averti de tout ceci, Paul s’efforça à diverses reprises de mettre le roi Pépin en garde contre ces tentatives. Voir en particulier Jaffé, n. 2364, 2370. Pépin eut la sagesse d’écouter le pape ; c’est toujours de concert avec lui qu’il négocia soit à Constantinople, où se transportèrent ensemble les envoyés de Paul et les siens, soit en France, quand les débats y refluèrent. Les Annales de Lorsch signalent, à Pâques 767, le synode de Gentilly : Tune habuit domnus Pippinus rex in supradicta villa synodum magnum (sic) inter Romanos et Greecos de sancta Trinitate vel de sanctorum imaginibus. P. L., t. civ, col. 386. Nous n’avoris pas d’autre précision sur cette assemblée. Mais L. Duchesne souligne, avec raison, la mention des Romains. « La présence de ceux-ci montre, dit-il, que Pépin persévérait toujours dans son système de n’admettre aucune discussion religieuse en dehors du pape, y Les premiers temps de l’État pontifical. Le pape Paul mourut peu après, le 28 juin 767, dans le monastère attenant à la basilique de Saint-Paulhors-les-Murs, où il s’était transporté pour se mettre à l’abri des chaleurs de l’été. Il fut provisoirement enterré dans cette église ; c’est seulement trois mois plus tard que son corps fut transféré à Saint-Pierre, dans l’oratoire que, de son vivant, Paul s’y était préparé. La notice du Liber pontiftealis, tout en célébrant ses vertus, ne peut s’empêcher de signaler les vexations exercées par ses « iniques satellites », loc. cit., p. 463 ; le coup d’État militaire, qui, au lendemain de sa mort, mit sur la chaire pontificale un membre de l’aristocratie laïque, Constantin, allégua ultérieurement, pour se justifier, la dureté qu’avait montrée Paul I er, propter gravamina ac prsejudicia illa quæ Romano populo ingesserat domnus Paulus papa. Ibid., p. 475. « Avec le prestige du pouvoir, la papauté en avait maintenant les inconvénients. » (Duchesne.)

I. Sources.

La notice du Liber pontiftealis, édit. Duchesne, t. i p. 463-467, est surtout consacrée aux travaux ou embellissements exécutés à Rome (signale en particulier la construction du monastère de Saint-Sylvestre, fondé par le pape, dans sa propriété personnelle). — Beaucoup plus importantes les lettres groupées dans le codex Carolinus, l’édition de P. L., t. xcviii, col. 134-228, reproduit celle de G. Cenni, Monnmenla dominationis pontificiee, t. i, Rome, 1760, se reporter de préférence à des éditions plus récentes : Jaffé, Bibliolheca rerum Germanicarum, t. iv, Berlin, 1864 ; édit.Grundlach, dans Mon. Germ. hisi., Epist., t. iii, Hanovre, 1892. Autre série de lettres de Paul, reproduisant en partie les précédentes, dans P. L., t. lxxxix, col. 1135-1198. Analyse dans Jafîé, Regesta pontif. rom., 2’édit., t. i, p. 277-283.

II. Travaux.

Gregorovius, Geschichte der Sladt Rom, 5e édit., t. ii, p. 298 ; Baxmann, Politik der Pàpste, t. i, p. 259 sq. ; L. Duchesne, Les premiers temps de l’État pontifical, Paris, 1898 ; Hauck, Kirchengeschichle Deutschlands, 3 « -4e édit., t. ii, p. 29 sq.

É. Amann.

3. PAUL II, pape du 30 août 1464 au 26 juillet 1471. — Pie II était mort le 14 août 1464 ; le conclave qui se réunit le 28 du même mois s’accorda, dès le premier jour du scrutin, sur le choix de Pierre Barbo, cardinal de Saint-Marc, qui prit le nom de Paul II.

Né le 23 février 1417 d’une riche famille vénitienne,

neveu par sa mère du pape Eugène IV, il avait été dirigé par celui-ci vers la carrière ecclésiastique ; dès 1440, il était cardinal du titre de Saintc-Marie-la-Neuve, qu’il échangea plus tard contre le titre de Saint-Marc. Son influence avait naturellement été grande à la curie sous Eugène IV et aussi sous les deux successeurs de celui-ci, Nicolas V et Calixte III ; elle avait quelque peu baissé, paraît-il, sous le pontificat de Pie IL Mais la popularité de Pierre Barbo, le cardinal de Venise, comme on l’appelait d’ordinaire, était demeurée considérable. Riche et généreux, amateur et collectionneur plutôt que vraiment humaniste, il attirait l’attention tant par son extérieur majestueux que par le luxe de sa vie.

Son couronnement qui eut lieu le 16 septembre correspondit, à ce point de vue, à ce que l’on attendait de lui. Mais ses relations avec le Sacré-Collège se tendirent presque aussitôt après. Comme les autres cardinaux, il avait juré au conclave un pacte électoral, aux termes duquel le nouvel élu se conformerait aux désirs relatifs à la « réforme de l’Église dans son chef et dans ses membres ». Texte dans Raynaldi, Annales, an. 1464, n. 55. L’article le plus important était le troisième, prescrivant la prompte réunion du concile général : Concilium générale christianorum intra triennium cogeret, in quo et’principes sœculi ad tuendam religionis causam accenderentur, segrœque partes Ecclesise communi medicamento sanitatem reciperent. Les autres articles renforçaient le rôle des cardinaux dans le gouvernement de l’Église, bien qu’il soit exagéré de dire, avec L. von Pastor, qu’à exécuter ce pacte, « le pape aurait été réduit au rôle de simple président du collège des cardinaux. Ce pacte, Paul II l’avait juré à nouveau sitôt après son élection, et il aurait dû publier, le troisième jour après son couronnement, une bulle le confirmant. Il n’en fut rien ; le pape se fit donner par divers canonistes des consultations sur le point de savoir s’il était lié par le serment prêté en conclave. Les réponses furent négatives. Voir dans Pastor, p. 308, n. 2, l’énumération des réponses favorables au droit pontifical et aussi de celles qui leur furent opposées. Paul II présenta dès lors aux cardinaux un nouvel acte qui modifiait considérablement le pacte électoral, et il obtint, non sans peine, leur adhésion plus ou moins volontaire.

Souverain temporel, Paul II eut à cœur d’administrer convenablement les États de l’Église. Rome lui dut quelques heureuses transformations ; on essaya aussi de mettre à la raison divers féodaux remuants. Une campagne rapide, en juin 1465, en finit avec l’insolence des Anguillara ; mais avecRobert Malatesta, qui prétendait disposer en souverain de Rimini (1469), il fallut venir à des accommodements. Aussi bien celui-ci trouva-t-il un appui dans les petites cours italiennes de Naples, de Milan, de Florence. Paul II, qui, au cours des années précédentes, avait épuisé toute sa diplomatie à maintenir la paix entre ces puissances, lors de l’ouverture de la succession du duc de Milan, François Sforza (8 mars 1466), dut finalement accepter un compromis. Robert Malatesta conserva, comme vassal du pape, non seulement Rimini mais un territoire très agrandi (1470).

Des préoccupations beaucoup plus graves, en effet, assiégeaient le pape en tant que chef de la chrétienté. Le péril turc se faisait de jour en jour plus grand ; la côte orientale de l’Adriatique même allait bientôt être l’objectif de Mahomet II. Mais, si tout le monde en Occident voyait le péril, il était impossible d’amener les puissances chrétiennes à s’unir pour y faire face. Pendant plusieurs années. Paul II dut se contenter de fournir des subsides à la Hongrie, sentinelle avancée de la chrétienté, qui d’ailleurs se renferma bientôt dans une attitude strictement défensive. Il appuyait