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PHILIPPIENS (ÉPITRE AUX). CHRISTOLOGIE


renonçant ainsi, pour un temps, aux honneurs divins qui lui étaient dus. » Prat, op. cit., t. ii, p. 155.

Ainsi, en prenant la condition d’esclave, c’est la majesté divine et les honneurs qui lui sont dus que le Christ abandonne. Il accepte la nature humaine avec ses humiliations. Homme, il le sera par toute sa vie, par un ensemble d’actes qui sont propres à la nature humaine, par ses abaissements, par ses souffrances, par sa mort. Phil., ii, 7. « Parti du sein de Dieu, où il est chez lui, le Fils par J’assomption d’une nature humaine se disqualifie, se vide de ce qui, dans sa condition glorieuse, est susceptible de renoncement ; il le fait spontanément et par amour. Il mène cette nature créée, donc capable d’humiliation et de souffrance, jusqu’à l’extrême limite de l’abaissement. Mais, de cet abîme, Jésus est ramené par son Père, avec sa nature humaine, désormais imposée à l’adoration de tous, en partant du monde infernal où la mort l’a engagé, à travers les mondes humains et célestes, jusqu’à la gloire originelle. » De Grandmaison, Jésus-Christ, 13e éd., t. ii, p. 604.

La théologie a facilement déduit le dogme de l’incarnation de l’analyse du texte aux Philippiens. Possédant la nature divine, le Christ a pris une nature humaine semblable à la nôtre. Le Christ a accepté l’humiliation de l’incarnation, mais, de plus, dans cette humanité qu’il avait prise, il s’est humilié jusqu’à l’ignominie de la croix. Possédant la nature de Dieu, il a pris une nature humaine parfaite dans l’ordre des biens qui constituent cette nature, privée pourtant de cette dernière détermination qui l’eût faite une personne humaine, et cela afin qu’elle n’eût d’autre personnalité que celle du Christ possédant la nature divine. Par suite, une seule et même personne s’est trouvée être Dieu et homme tout ensemble. Voir Labauche, Leçons de théologie dogmatique, Le éd., t. i, p. 191.

Pour s’unir à la personne du Verbe, la nature humaine a été privée de sa personnalité propre ; mais, dans ce mystère de l’union des éléments divins et humains, la divinité a-t-elle subi des modifications intrinsèques ? Y a-t-il eu diminution de la divinité ? C’est la question de la kénose, « système né sur le terrain de la dogmatique luthérienne ». On trouvera à l’article Kénose tous les renseignements sur cette question, ainsi que la bibliographie.

2. La justification.

Les avertissements contre les judaïsants amènent Paul à parler de la justification. Phil., ni, 1-11. Il oppose, comme il l’avait fait dans l’épître aux Galates ii, 16, la justice de la Loi et la justice de la foi, « or, voyant que l’homme n’est pas justifié par les œuvres de la Loi, mais seulement par la foi au Christ Jésus, nous aussi nous avons cru à Jésus-Christ, afin d’être justifiés par la foi au Christ et non par les œuvres de la Loi, puisque, par les œuvres de la Loi, personne ne sera justifie. et Phil., m. 9, « afin d’être trouvé (dans le Christ) non pas avec une justice mienne, celle qui vient de la Loi, niais avec celle qui vient par la foi au Christ, avec la justice qui vien » de Dieu sur la base de la foi ».

C’est dans un raccourci qui rassemble en quelques lignes toute la doctrine de la justification que saint Paul exprime sa pensée : dernière affirmation qui gagne en précision et qui profite des réflexions passées iui un sujet qui est proprement son évangile. Il semble bien qu’il veuille procéder par une série d’antlthi circoncision de la chair et circoncision spirituelle. avantage ! de la i m et supériorité de la connaissance du Christ, justice qui est mienne, (elle de la Loi. et justice qui vient de Dieu par la fui au Christ.

Dans l’épître aux Romains, n. 25 sq., Paul établit

la m (me do< I nue mu la aleur de la circoncision. I a

circoncision est utile, en effet, si tu accomplis la Loi.

Mais si tu es transgresseur de la Loi, ta circoncision n’est plus qu’une incirconcision. » « Car ce n’est pas celui qui est extérieurement circoncis qui est Juif, ce n’est pas non plus celle que l’on porte extérieurement dans la chair qui est la circoncision. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement, et la circoncision c’est celle du cœur selon l’esprit et non selon la lettre. » Même idée dans l’épître aux Philippiens. « C’est nous qui sommes les circoncis, nous qui savons par l’Esprit de Dieu et qui nous glorifions dans le Christ et qui ne mettons pas notre confiance dans la chair. » iii, 2. On trouve également ici l’antithèse entre chair et esprit. Rien du dualisme qui marque une opposition entre la chair qui serait essentiellement mauvaise et l’esprit. La circoncision qui atteint la chair par un rite extérieur ne devient réelle qu’autant qu’elle atteint le cœur et elle ne l’atteint que moyennant l’Esprit de Dieu. Ilv£Ûjj.aTi est ici un instrumental. C’est la prise de possession de l’homme par l’Esprit-Saint, mais avec tout le cortège de ses puissances, de ses dons, de ses grâces qui opèrent en l’homme une rénovation spirituelle. Cette gloire de la chair qu’est la circoncision, avec l’agrégation qu’elle comporte au peuple choisi, Paul la possède autant et plus que tout autre, car il est devenu « irréprochable au point de vue de la Loi », mais ce « gain » il l’a dédaigné, plus encore il l’a regardé comme une perte et finalement une infériorité. AixoctooùvTjv tyjv èx vô|jt.oo, qui est ici objectif, marque la norme proposée et la conformité est tout extérieure. Au ꝟ. 9, la justice est donnée comme venant de la Loi ; c’est une justice qui est « mienne », en ce sens que l’homme se l’approprie par une exacte conformité aux préceptes légaux qui lui sont proposés. La Loi était pour Paul « un gain » : elle apportait les avantages extérieurs donnés par l’appartenance au peuple hébreu et dont le signe était la circoncision, mais plus encore la propre justice réalisée par l’observance légale et le zèle pharisaïque. Ce gain est désormais considéré comme une perte, « à cause de la supériorité de la connaissance du Christ, mon Seigneur ». Cette supériorité consiste dans la valeur de la foi pour la justification, dans cette justice qui ne s’obtient que dans le Christ par la foi en lui, « justice qui vient de Dieu, fondée sur la foi ». Comme dans l’épître aux Galates, Paul met en avant son expérience personnelle appuyée sur ses révélations, sur son évangile, mais son expérience est valable pour tous et sa personnalité recouvre tout homme qui pose le même problème ; le èycà du ꝟ. 4 se réfère à è’<7[XEv du v. 3. La raison du rejet de la Loi, c’est la supériorité de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur : connaître dans le sens d’expérimenter, comme v. 10, le connaître lui-même. Dans le grec du Nouveau Testament, -/r/vo)axeiv implique souvent une relation personnelle entre celui qui connaît et celui qui fait connaître, avec une influence de l’objet connu sur celui qui le reçoit. Joa., ii, 24, 25 ; I Cor., ii, 8 ; I Joa.. iv., S. 1<..m : est donc une connaissance supérieure et profonde, surnaturelle, qui détermine la volonté, mais cette connaissance est en même temps une vie. II Cor., v. tti : I pli., ni. 19. Cette vie. c’est la dispensatimi du mystère du Christ, que Paul a connu par révélation, Eph., MI.3 ; ce sont les richesses incompréhensibles du

Christ. Eph., 111, 8 ; c’est la dispensai ion du m caché de tout temps en Dieu. Eph., m. 9 ; c’est le fait

d’être édifié en une demeure de Dieu vw Esprit, I pli., ii, 22 : èv w v.-r : z : z

L/-.<>< : I. ! -i -.<., ) bt T.’tr’yyi’: ’I !  : XpiOT

Cet abandon de la Lui. ce dépouillement des avantages qu’elle procure, qu’ils soient extérieurs ou qu’ils proviennent des efforts pour établir la vie dans la

norme de la Loi et. par suite, atteindre a cette justice des œuvres personnelles dont Paul, par ailleurs, a