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PHILIPPIENS (ÉPITRE AUX). CHRTSTOLOGIE


Paul attribue au Christ un rôle dans la création à l’égal de Dieu son Père : « Cependant, pour moi, il n’y a qu’un Dieu, le Père de qui sont toutes choses et nous à lui, et un Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes nous-mêmes. »

I Cor., viii, 6.

Paul connaît le Christ historique et son témoignage est en tous points d’accord avec la catéchèse apostolique, dont, à maintes reprises, il revendique l’autorité. Son Christ est messianique, car il est le véritable objet de la promesse faite à Abraham. Gal., ni, 16.

II est de la race de David, né d’une femme sous la Loi. Gal., iv, 4 ; Rom., i, 3. Toute sa vie terrestre est en parfaite conformité avec les Écritures. I Cor., xv, 3 sq. Il meurt pour le péché, il est mis au tombeau, il ressuscite le troisième jour. Comme la christologie de Paul est toute orientée en vue de la sotériologie, il ne mentionne que les deux moments qui situent le Christ dans l’histoire : sa naissance, sa mort, l’incarnation et la rédemption. Et. comme il s’attache à l’analyse de l’incorporation au Christ, il note, par une psychologie précise, les éléments constitutifs du Christ historique, l’un transcendant, Trvs’jtj.x àyioa’jvvjt ;, qui rapporte à son origine divine sa glorification, l’autre humain, caractérisé par un mot qui épuise en sa concision et en sa brièveté toute la vie terrestre du Christ, toG yevou.évou zv. a~ipxoL~oc, vauei.8 xaxà oâpxa.

L’œuvre du relèvement de l’humanité s’opérant par la mort sur la croix, toute l’attention de Paul est tournée vers Jésus crucifié et vers Jésus glorifié. L’homme, par une union mystique et réelle, la plus absolue qui soit, retrace en sa vie religieuse, pour se les approprier, les effets surnaturels du sacrifice sanglant et, par une incorporation qui n’a pour limites que les déficiences de sa nature, devient un autre Christ enseveli avec lui, ressuscité avec lui et avec lui glorifié. Gal., ii, 20 ;

I Cor., xv, 49 ; II Cor., iii, 18 ; II Cor., v, 10.

La doctrine des épîtres de la captivité accentue les traits qui précèdent. La préexistence est affirmée et développée en ses conséquences. Phil., ii, 5 sq. La condition de vie qui appartient à l’homme, la nature humaine unie à la nature divine sont les deux pôles de la psychologie christologiquc de Paul. Phil., n ; Col., I, 19 ; ii, 9. C’est d’une manière concrète et précise que le caractère rédempteur de la mort du Christ est mis en évidence, Col., ii, 13, de même que la réconciliation totale de l’humanité, Eph., ii, 16 ; Col., i, 20, et la consommation finale de tous en lui. Eph., i, 9, 10,

II ; Phil., ii, 10, 11. Le mystère de la volonté divine est de tout réunir dans le Christ comme sous un seul chef, ce cjui est dans les cieux, ce qui est sur la terre ». Constitué Seigneur universel, Phil., ii, 5-11, exalté au-dessus de tous les êtres, il devient la tête de l’Église qui est son corps. Eph., i, 20, 23. Ayant situé de la sorte notre texte dans l’ensemble de la christologie paulinienne, il nous sera plus facile d’en saisir la profonde valeur.

V. Prat, op. cit., l’a heureusement décomposé en ses éléments, p. 439, note. Phil., ii, 5-11.

foÛTO ippoveÏTE êv V’-'.v >, y.v. vj XpioTtji’Itjooû,

A. Le Christ préexistant, 6, 7 : ôç Iv ii, op<p7J’ÛTtàpytov '/>/ -/-.--’-Lv ; r t - ; r^.y-’j ro eïvoci taat 0eâ>, -/>, >.-/ caurov bcévcoagv ixop^v SouXou Xa6(i>v, iv ôfxoiat(j.7.7<. iv6pb>7tov yev6jtevoç’B. Le Christ historique, 7, 8 : xal ayV)|Aam z’jpeOzic,

iTOTcetviaæv êauTOv z’i'/j.z’j', q ôïrfpcooç

;.
/-.’. BavdTOU, ÔOvàTOU H UTO

C. Le Christ glorifié, 911 : 8lû xal 6’- » :  ; - ; KOT&V

)-Z’/y’j(., n-.) XTX.

On voit que toute la phrase dépend du pronom relatif o : ci se rapporte par conséquent au même Bujet,

i ii personne du Christ, mais dans ses trois différents

états.

    1. DFGKLP ont yap après toutoX BAC l’omettent##


DFGKLP ont yap après toutoX BAC l’omettent. C 3 KLP, ixe siècle, ont çpovstaOco. X B ont e^op-o-XoyyjarjTai. , peut-être par similitude avec x-xy.’^. ACDFGKLP ont s^opi.oXoy7)asTat. La ponctuation de la Vulgate est défectueuse. Et habitu inventas ut homo se rattache à humiliavit. xvl ay^y.oc-1 eôpsflstç <î>ç avOpcorcoç STOCTïeivtoasv sauTÔv. « Ayez en vous les mêmes sentiments… » ii, 5. Saint Paul apporte ce témoignage du Christ en exemple d’humilité que doivent suivre les chrétiens de Philippes. C’est donc sous l’influence de préoccupations morales pratiques que saint Paul est amené à écrire. Ce qu’il demande aux Philippiens, c’est de ne point prendre en considération leurs seuls intérêts personnels, mais de les subordonner à ceux de la communauté. Le devoir donc ne devra pas se mesurer aux préséances sociales, ni à l’importance des services rendus dont il ne conteste pas la légitimité ; aussi bien, dans la vie chrétienne, les valeurs s’établissent autrement et l’intérêt des autres, la considération de leur propre valeur dans une estimation très humble de la nôtre doivent être la norme de la conduite. C’est ainsi que l’extérieur se subordonne à l’intérieur et que l’humilité, tout en tenant compte du décor qui met en évidence les personnalités, s’attache à des réalisations spirituelles où la première règle est, avant de s’apprécier soi-même, de donner à autrui la pleine mesure de notre estime. Tel fut l’exemple du Christ, qui ne l’a pas fait dans l’égalité d’homme à homme, mais dans la transcendance d’une origine, d’une condition, d’une puissance qui le place à une infinie distance des mortels, par une renonciation volontaire à la majesté de sa préexistence.

MopçY] ©sou, p-op^v ; 800X00. L’antithèse paulinienne réclame une explication des termes. Platon et Aristote usent du mot nopçr/] dans le sens de forme, opposé à eISoç et à tSév, l’apparence extérieure en opposition avec ce qu’est la chose en elle-même et plus particulièrement avec sa réalité intérieure et spirituelle. Appliqué à un objet immatériel, ils l’emploient dans le sens de caractère spécifique, mais Aristote s’en sert dans le sens d’extérieur, sans cependant attacher toujours au mot le même sens ; enfin le mot fait partie du vocabulaire de la théorie hylémorphiste. Très j ustement le I’. Prat fait remarquer que, dans le Nouveau Testament il n’y a pas lieu de se référer à la [i-opçY) d’Aris-, tote, opposée à la matière, ûlr t, comme l’acte est opposé à la puissance. Selon lui, il faudrait plutôt songer a la u.opqn/j de Platon et surtout à celle des contemporains de l’Apôtre, Philon, Josèphe. Voir Prat. t. i, p. 145, note U. Mopep-r ; désigne quelque chose de profond et d’intime qui n’est pas la nature, mais qui est inhérent à la nature et inséparable d’elle. Boni., viii. 29 ; Gal., iv, 19 ; II Cor., iii, 18 ; Phil., iii, 10.

Mais, dans notre texte, c’est par opposition à U-Opqrî] 800X00 que le terme est employé. C’est donc en analysant ce qu’est cette ptoptp^ 800X00 que pourra s’éclairer le sens de p.op’; /r, ©SOÛ. C’est un état de serviteur, une condition inhérente à la nature humaine qui ne peut être séparée d’elle, en ce sens qu’elle ne peul exister que dans une nature humaine qui la supporte par suite toujours. La [iOpç-J] ©soû sera donc une condition de Dieu qui suppose nécessairement la nature divine qui la supporte. Voir Heelen. Coin, m rpisl. ad Phil.. p. 58-63. En somme, c’est moins dune philosophie quc du langage commun que relève la termina .le l’Apôtre. Le mot est surtout script lirai re et Indique quelque chose de profond et d’intime, bien distinct des dehors et des apparences, touchant a

l’essence de l’être et Inséparable d’elle, ~/o’"' marque

précisément ce qui est superficiel, mobile, instable, et l’on trouve n/r^ri oov.r, ;. et presque jamais l’inverse. I Cor.. VII, 31 : Rom., XII, 2 : Il Cor., xi. 13. II.

Cf. Prai. < » /<. cit., p. 1 12, note 1. Le texte Phil., iii, 21,