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IMIILASTHK DE BRESCIA

PIIILKïn [ÉPITRE V

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Philastre a voulu les atteindre, au risque de multiplier arbitrairement les hérétiques et les erreurs.

Le Liber de hæresibus n’a qu’une faible valeur doctrinale ; nulle part son auteur ne se préoccupe de définir le concept même d’hérésie, et il lui arrive de comprendre, sous ce nom, des opinions qui n’ont rien d’erroné ; pouvons-nous lire, sans étonnement, des notices comme celle-ci : Alia est hæresis quæ terras motum non Dei jussione et indignatione fieri, sed de naturel ipsa elemenlorum opinatur, Hseres., en ?. C’est surtout dans la dernière section de l’ouvrage que se multiplient les notices de ce genre ; Philastre semble même s’y complaire, et son esprit, un peu brouillon et passablement naïf, accumule sans critique les théories les plus disparates. Il nous serait aujourd’hui impossible de mettre des noms et des dates sous les erreurs, réelles ou imaginaires, qu’il décrit.

La i re section de la IIe partie, où les hérésies se suivent à peu près selon l’ordre historique, est plus importante. Il est hors de doute que saint Philastre s’est servi, pour la rédiger, de sources bien informées. Parmi celles-ci, on admet généralement qu’il faut placer le Syntagma, aujourd’hui perdu, de saint Hippolyte. Il est également probable que l’évêque de Brescia a connu et utilisé l’ouvrage de saint Épiphane, Adversus hæreses. Cet ouvrage a dû être achevé entre 376 et 377, mais on sait que les livres circulaient rapidement au iv siècle et que l’Occident chrétien était à l’affût des travaux publiés en Orient. Toutefois, le problème des rapports entre saint Épiphane et saint Philastre pourrait être examiné de plus près qu’il ne l’a été jusqu’ici.

Inutile de parler du style de saint Philastre ; il est celui des hommes de son temps, et ce n’est pas dans de brèves notices, construites sur le même modèle, qu’il faut chercher des leçons dans l’art de bien dire.

Le Liber de hæresibus, édité pour la première fois par .1. Sichard, Bâte, 1528, a été réédité par J.-A. Fabricius, Hambourg, 1721, et par P. Galeardi, Breslau, 1738 : c’est ce dernier texte qui est reproduit par Aligne. La meilleure édition est celle de F. Marx, dans le Corpus de Vienne, t. xxxviii, 1898.

Sur les sources de Philastre, voir R.-A. Lipsius, Zur Quellenkriiik des Epiphanios, Vienne, 1865 ; Die Quellen der àllesten Kelzergescliichte neu untersucht, Leipzig, 1875 ; J. Kunze, De historiés gnosticismi fontibus novæ quæstiones criiicse, Leipzig, 1894 ; J. Wittig, Filastrius, Gaudentius und Ambrosiaster, Breslau, 1909 ; P. de Labriolle, Les sources de l’histoire du montanisme, Paris et Fribourg, 1913.

Sur la langue de Philastre, P. -G. Juret, Étude grammaticale sur le latin de saint Filastrius, Fribourg, 1904.

G. Bardy.

    1. PHILÉMON (épître A)##


PHILÉMON (épître A). — A peine peut-on donner le nom d’épître au court billet envoyé par Paul à Philémon. C’est cependant l’unique lettre écrite tout entière de la main de l’Apôtre en faveur de l’esclave fugitif Onésime. Mais, au témoignage de Lightfoot, elle est empreinte d’une telle expression de dignité simple, de courtoisie affinée, de large sympathie, de chaude amitié, que, malgré un style lâche, elle reste sans rivale, parce qu’elle tire tout son effet de l’âme de l’écrivain. Voir Prat, Théologie de saint Paul, t. i, p. 384.

I. Occasion.

L T n esclave de Philémon, Onésime, avait abandonné la maison de son maître et s’était réfugié à Rome. Il paraît s’être approprié ce qui appartenait à son maître. Comment entra-t-il en relation avec Paul prisonnier ? nous l’ignorons. En fait, il se convertit à la foi chrétienne et vécut dans l’amitié et au service de l’Apôtre qui, volontiers, l’eût gardé près de lui. Mais Paul, estimant que réparation devait être faite par Onésime, se décida à le renvoyer à son maître. N’ignorant rien des châtiments qui peuvent atteindre l’esclave fugitif. l’Apôtre tient à présenter

lui-même sa défense et confie à Tvehique, qui part pour Colosses, accompagné d’Onésime, une supplique

pour Philémon. La lettre est adressée à Philémon, bien-aimé et collaborateur, à Apphia « la sœur t et à Archippus, « notre compagnon d’armes. Elle intéresse du reste l’Église qui s’assemble dans la maison de Philémon, i. 1, 2, et qui était l’Église de Colosses.

Colosses, sur la voie qui va d’Éphèse à l’Euphrate, était dans la mouvance de cette ville s m Église devait sa fondation à Épaphras. Col., i, 7. Il est possible, mais en somme peu probable, que les Colossiens aient reçu la visite de l’Apôtre, à moins que l’on fasse dans le texte une distinction entre « ceux qui ont vu le visage de Paul en la chair i et ceux qui ne l’ont pas vu. Philémon avait dans la communauté une situation considérable, et sans doute sa large aisance lui permettait de recevoir chez lui l’assemblée des fidèles. Paul l’appelle son compagnon d’oeuvres, son bien-aimé. Il s’était probablement converti pendant le séjour de Paul à Éphèse.

Apphia était sans doute son épouse, et le cas d’Onésime l’intéresse comme une affaire de famille ; son nom est phrygien. L’Apôtre n’ignorait pas la valeur de la puissance féminine au service d’une cause difficile. Archippus, que la plupart considèrent comme le fils de Philémon. occupait un certain rang dans la hiérarchie ecclésiastique, Sicocovtav. Sur ce ministère, les opinions sont divergentes, comme sur le lieu où il l’exerçait, mais l’opinion la plus fondée est en faveur de Colosses. Vincent, lntern.critic. commentary.Epist. to the Philip, and Philémon, 1897. p. 176. Paul lui fait, dans sa lettre, une recommandation, Col., iv, 17, qui, du reste, n’a rien d’un blâme.

II. Authenticité. Intégrité. — Les allusions à l’épître dans les lettres d’Ignace (Eph., n ; Magn., xii : Polyc., vi) sont vagues. On la trouve dans les anciennes versions syriaques et latines. Origène la donne comme paulinienne. Hom. in Jer., 19 : Comm. in Malth.. tract. XXXII 1, XXX IV, P. G, t. xiii, col. 501. 1707, 1715, Tertullien, Adv. Marc, v, 21, P. L. (1844), t. ii, col. 524, remarque que sa brièveté l’a mise à l’abri des falsifications de Marcion. Ce dernier l’a, dans son recueil, avant l’épître aux Philippiens. Elle est au canon de Muratori avec les Pastorales. Eusèbe, Hisl. eccl., III, xxv, la range parmi les otj.oYouf.teva., livres reçus de tous. Saint Jérôme, Comm. in epist. Philem., Proœm., P. L., t. xxvi, col. 601, rapporte que certains lui refusaient une origine paulinienne, ou, s’ils la lui accordaient, lui refusaient du moins l’inspiration. Saint Jean Chrysostome, In Philem., prol., P. G.. t. lxii, col. 702, défend l’authenticité et l’inspiration de l’épître.

C’est Baur qui, le premier, attaqua son authenticité au nom de la critique interne. Ses arguments portent sur le caractère de la lettre elle-même. Rejetant du reste les épîtres de la captivité, il lui était difficile d’admettre la lettre à Philémon. Enfin, les circonstances qui entourent la fuite d’Onésime, sa rencontre avec Paul ont une saveur de roman. Pour lui, l’épître est le centre de cristallisation d’un roman analogue aux Récognitions clémentines. — Holzmann la recevait, hormis les t. 4-6, qui seraient de l’auteur de l’épître aux Éphésiens. — Weizsâcker et Pfleiderer cherchent dans le nom même d’Onésime une preuve que la lettre est une allégorie. — Steck cherche l’origine de l’épître dans les deux lettres de Pline le Jeune à Sabinianus. — Dans le même camp de la critique radicale, la lettre à Philémon trouve des défenseurs : P. Sabatier, Renan, Von Soden. Ce dernier admire la grâce délicate, l’élévation des sentiments et du langage de la lettre.

Malgré sept à-rra ; XeYOp.ev3f, on y retrouve le style de l’Apôtre, ses expressions favorites. èrr iyvcoaiç.