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PHÉLIPEAUX (JEAN) PHILARÈTE DHOZDOV


des Discours en /orme de méditations sur le sermon de J.-C. sur la montagne, qui oui été publiés à Paris, eu 1730 ; une Chronique des évéques de Meaux, en latin ; elle n’a pas été publiée et elle a servi au bénédictin Toussaint Duplessis pour son Histoire de l’Église de Meaux. Mais l’ouvrage le plus important (Je Phélipeaux est la Relation de l’origine, du progrès et de la condamnation du quiétisme, répandu en France, avec plusieurs anecdotes curieuses, qui fut imprimée seulement en 1732, 1 vol. en 2 parties, in-12, s. 1. C’est l’histoire très partiale du quiétisme et une sorte de journal sur les affaires du quiétisme jusqu’en 1700. Les diverses parties furent lues à Bossuet, qui approuva l’ensemble et ne critiqua que quelques détails. Voir Journal de Ledieu, édit. Urbain et Levesque, t. i, p. 223-224, 227-230, 234-237, 250. L’abbé de la Bletterie réfuta les affirmations de Phélipeaux au sujet des mœurs de Mme Guyon, dans Lettres de M*** à un ami sur la Relation du quiétisme, in-12, Paris, 1733. En ce qui regarde Fénelon, le cardinal Bausset écrit : « Son ouvrage décèle la partialité la plus marquée et l’acharnement le plus odieux. » Au reste, Phélipeaux avait pris soin de demander que son écrit ne fût publié que vingt ans après sa mort. Pour l’histoire de la publication de cet écrit, voir Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, 3e éd., t. iv, col. 211-212.

Durant son séjour à Borne, pour gagner à sa cause les examinateurs qui lui semblaient favorables à Fénelon, Phélipeaux rédigea, ordinairement en latin et quelquefois en italien, des Remarques, ou, comme il dit, des Animadversions sur plusieurs articles du livre de Fénelon. Voir Correspondance de Bossuet, édit. Urbain et Levesque, t. viii, p. 416-418, et surtout t. ix et x, passim. Il rédigea des Mémoires et des Réponses, il traduisit en latin quelques écrits, venus de France contre Fénelon ; il publia les Remarques de Bossuet sur l’Instruction pastorale de Fénelon et les répandit à Borne (Correspondance de Bossuet, t. ix, p. 18-20) ; enfin, il rédigea un petit écrit intitulé : Ecclesiæ in damnandis libris praxis et disciplina, qu’il distribua aux membres de la commission, le 20 décembre 1698 (Relation du quiétisme, IIe partie, p. 187), et un Mémoire, publié dans la Correspondance de Bossuet, t. xi, p. 471-475. Au fond, Phélipeaux, avec l’abbé Bossuet et par des procédés parfois regrettables, se consacra tout entier à obtenir de Borne la condamnation de Fénelon.

Michaud, Biographie universelle, t. xxxiii, p. 26-27 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxix, col. 821 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, t. viii, édit. de 1759, p. 258 ; Relation de l’origine, da progrès et de la condamnation du quiétisme, Avertissement ; Correspondance de Bossuet, édit. Urbain et Levesque, t. VI, ix et x, passim ; De Bausset, Histoire de Fénelon, 4 vol. in-8°, t. H, Versailles, 1817, p. 80-81, 354-356.

J. Carreyre.

PHILA5VJARINUS François-Marie, frère mineur capucin de la province de Naples. Né en 1596 d’une famille napolitaine distinguée, Marie-Antoine Philamarino entra à Caserte dans l’ordre des capucins, à l’âge de seize ans. Il émit ses vœux solennels le 24 avril 1615. Prédicateur renommé, il exerça dans sa province les charges de lecteur, gardien, défmiteur et fut élevé jusqu’à trois fois à la dignité de provincial (1651-1653 ; 1657-1660 ; 1664-1667). Il fut chargé de la visite de l’archidiocèse de Naples par son frère Ascanius, lequel avait été créé cardinal en 1641 et archevêque de Naples. Le pape Urbain VIII nomma le P. François-Marie consulteur du Saint-Office et archevêque de Salerne, mais le religieux refusa énergiquement cette dernière dignité. Il travailla de toutes ses forces à pacifier le peuple napolitain pendant la révo lution que Thomas Aniello avait déchaînée en 1647 contre le vice-roi. Mais il échoua dans sa mission conciliatrice, à cause de la convoitise et de l’ambition de quelques dirigeants exaltés. Il mourut à Naples, au couvent de l’Immaculée-Conception, le 7 mars 1683. Le P. François-Marie écrivit un traité remarquable en deux volumes contre les divinations, les fausses révélations et les superstitions de tous genres : Præclarissimo Mariée nomini tractatus de dioinis rcoelationibus duo dicali, N’aples, 1675, in-l°, 42-627 p. Dans le i er volume, il expose et examine un grand nombre de révélations, de prophéties, d’oracles, etc., et démontre la vérité ou la fausseté de ces différentes sortes de révélations, indiquant lesquelles viennent de Dieu et lesquelles doivent être attribuées au démon. Dans le 11e volume, il examine sept révélations spéciales, qui y sont considérées comme ayant été faites par une femme à un certain Théophile ; il les déclare fausses et les condamne comme opposées à la religion. Ce traité y est dit utile aux supérieurs, aux théologiens, aux confesseurs et aux directeurs d’âmes, parce qu’ils y trouvent les critères sûrs pour discerner les révélations vraies des divinations et superstitions opposées ou contraires à la religion.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scripiorum ord. min. capuccinorum, Venise, 1747, p. 106 ; Apollinaire de Valence, Bibliotheca frat. min. capuccinorum provinciæ Neapolilanie, Rome, 1886, p. 96-97 ; H. Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 625.

Am. Teetært.

    1. PHILARÈTE DROZDOV##


1. PHILARÈTE DROZDOV, métropolite

de Moscou, théologien russe du xixe siècle (26 décembre 1782-19 novembre 1867). I. Vie. II. Écrits. III. Doctrine.

I. Vie.

Basile Mikhaïlovitch Drozdov, qui prit le nom de Philarète en embrassant la vie monastique (16 novembre 1808), naquit à Kolomna, petite ville du gouvernement de Moscou, d’une famille sacerdotale, le 26 décembre 1782. Son père, Michel Théodorovitch, archiprêtre de la cathédrale — Kolomna était encore alors le siège d’un évêché — fut son premier précepteur. Il continua ses études d’abord au séminaire de la ville (1791-1799), puis, après la suppression de celui-ci, au séminaire de la laure Troïtskii, près de Moscou, où il étudia, trois ans durant (1800-1803), les sciences philosophiques et théologiques. Après un brillant examen de fin d’études passé devant le célèbre métropolite de Moscou, Platon Levkhine († 1812), il fut nommé professeur des langues grecque et hébraïque au séminaire. C’était le commencement d’une carrière particulièrement brillante et rapide. Dès 1806, il devient professeur de poésie et prédicateur de la laure. En 1808, on lui confie la chaire de rhétorique. La même année, le 16 novembre, sur les conseils du métropolite Platon, il revêt l’habit monastique, condition indispensable pour parvenir aux hautes charges ecclésiastiques. Cinq jours après (21 novembre), il reçoit le diaconat des mains de Platon. L’année n’était pas encore achevée que, au grand chagrin du vieux métropolite, le jeune diacre était appelé à Pétersbourg comme inspecteur et professeur de philosophie du séminaire de la ville. On lui contenait, parla même occasion, le titre de bachelier de l’Académie ecclésiastique de Pétersbourg. Le 28 mars 1809, il est ordonné prêtre par le métropolite Ambroise et, le 21 août de la même année, tout en gardant ses autres fonctions, il est nommé recteur de l’école ecclésiastique Alexandre-Newskii. Comme la philosophie ne lui plaisait guère, dès 1810 (8 février), il passe à la faculté de théologie de l’Académie ecclésiastique, où il enseigne successivement, ou en même temps, l’herméneutique sacrée, l’histoire biblique et ecclésiastique, avec l’archéologie sacrée, le droit canonique et une