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PHÉBADE


(la divinité) avait son activité propre ayanl pour objet les miracles. La chair (l’humanité), par (outre,

était soumise à ses faiblesses ; c’est elle qui eut faim et soif, qui l’ut tentée par le démon, qui pleura sur Jérusalem et SUT La/are et qui l’ut triste jusqu’à la mort.

Dans cette argumentation, I’hébade suit de 1res près Tertullien, comme la juxtaposition des textes va le montrer :

Tertullien, Adu. Praxeam, c. xxvii, P. I.., t. ii, col. 215.

…cum Deum et hominem sine dubio secundum ulramque substantiam in sua proprietate distantem…

Vidimus duplicem slatum non coni’usum, sed conjunctum. ..

Neque Deus erit Jésus. Sermo enim desiit esse qui caro factus est ; neque caro, id est liomo, caro enim non proprie est qui Sermo fuit, ïta ex utroque neutrum est ; aliud longe tertium est…

Et ideo salva est utriusque proprietas substantise, ut et Spiritus res suas egerit in illo, id est virtutes et opéra et signa, et caro passiones suas functa sit, esuriens sub diabolo, sitiens sub Samaritide, Mens Lazarum, anxia usque ad mortem. (Après, allusion à Joa., ni, 6) : neque caro spiritus fit, neque spiritus caro.

Phébade [col. 16].

O duces caîci… non distinguentes Dominicse potestatis duplicem statum in sua

unumquemque proprietate distantem…

Duplicem hune statum non conjunctum sed confusum vultis videri…

Fecistis… nescio quid tertium : quia nec vere etiam Deus est, si Vcrbum esse desinit (caro enim factus est) ; neque vere liomo quia non proprie caro, fuit enim Verbum ; ac si ex utroque jam neutrum est…

Utramque substantiam suam atïectus proprietate distinxit (Christus). Nam et Spiritus in illo res suas egit, id est virtutes et opéra et signa ; et caro passionibus suis functa est. Cibum desideravit cum tentaretur a diabolo ; sitivit ad puteum Samariae…, flevit Lazarum et Jérusalem, postremo anxius fuit ad mortem. (Suit une citation de Joa., iii, 6 et de Matth., xxi, 46.) Non, ergo lit spiritus caro, nec caro spiritus.

2° La deuxième formule de Sirmium prohibe le terme « substance », qu’elle estime ne pas être biblique. Phébade commence par définir ce qu’il faut entendre par substance : « On appelle substance, dit-il, ce qui est toujours par soi-même, c’est-à-dire ce qui subsiste en soi par sa propre force, laquelle faculté n’appartient qu’à Dieu seul. » Ensuite, notre auteur énumère un certain nombre de textes bibliques employant le mot « substance » : Ps., xxxviii, 8 ; lxviii, 3 ; cxxxviii, 5 ; Sap., xvi, 2 ; Tob., iv, 7, 9 ; Luc, xix, 8, et d’autres encore. Il termine en disant « qu’en proclamant l’identité de substance du Père et du Fils, nous ne faisons que reconnaître que l’un et l’autre possèdent les mêmes richesses de l’unique divinité, selon la parole de l’Apôtre, Col., i, 27. Nous leur attribuons aussi la même puissance, selon la parole de l’Apôtre, I Cor., i, 24. Or, cette puissance, parce qu’elle n’a besoin d’aucune aide extérieure, est appelée substance, comme nous l’avons dit plus haut. » Col. 18 CD.

Dneseke, mémoire cité, p. 395, admirait fort cette définition de la substance par Phébade ; mais.Marx, Theotogische Quartatschri/t, t. lxxxviii, 1906, p. 394, a prouvé que l’évêque d’Agen l’a empruntée à saint Hilaire, Fragmenta historica, ii, 11, dans Corpus de Vienne, t. lxv, p. 133, lig. 26 sq., comme le démontre la juxtaposition des textes suivants :

Phébade Saint Hilaire,

Fragmenta historica.

Substantia enim dicitur Essentia enim ex eo quod id quod semper ex sese est, semper est nuncupatnr, hoc est, quod propria intra quæ quia extrinsecus opis

se Vtrtute siiIimsIiI ; qiue vi^ ad < oui inondum se nimquam

uni et soli Deo competft. eguerit, et substantiadicitur,

quod mira seest.el in eeterni I ; i I i-. su : e virtute subsistil.

Du reste. Phébade a aussi employé le terme « substance au sens d’elns créés », col. 28 H : non sine substantia constitit qui lantas substantias fecit. Et, col. 16 C, dans un texte cité plus haut, il entend par utroque substantia Jes deux natures du Christ.

3° Parmi les objections qu’elle faisait au dogme de N’icée. la deuxjème formule de Sirmium citait le texte d’Isaïe, LUI, K, que Phébade lit : nativitatem ejus quis enarrabit ? Il concède que cette génération est elle-même inconnaissable à l’homme, mais que le Sauveur nous l’a fait connaître, en particulier quand il inspira le ?. 36 du c. xi de l’épître aux Romains. Dans ce texte, dit Phébade, ex eo se rapporte à l’auteur (le Père), cum eo, au Fils unique, et ; ’/) eo à la naissance de la substance (du Fils), car le Fils continue à demeurer en Dieu. Col. 19 BC. Après avoir cité le ps. xuv, 2, et Eccli., xxiv. 5. pour montrer que, en engendrant le Fils, le Père lui a transmis sa substance, Phébade termine par cette phrase lapidaire : Tolus (le Père) enim dédit lotum, til secundum Spiritus virtutem lotus (le Fils) essét in loto (le Père).

1° Comme toutes les professions de foi ariennes, la deuxième formule de Sirmium fait grand état du texte Pater major me est, Joa.. xiv, 18 ; et elle précise que le Père est plus grand que le Fils, « en honneur, gloire, dignité et majesté ». Phébade riposte que, si l’interprétation arienne du verset susdit est exacte, la pratique de l’Église qui. quotidiennement, dans ses actions de grâces, attribue au Père et au Fils une commune majesté et une gloire identique, doit être qualifiée de blasphématoire. Col. 21 C. Il établit ensuite, en se fondant sur Joa.. i. 18 ; xvii, 10, et v, 19, que tout ce que le Père possède appartient aussi au Fils, et que tout ce qu’on enlève au Fils est aussi enlevé au Père, l’un n’agissant et n’existant pas sans l’autre. Col. 22 A. II cite aussi Sap.. vii, 26, et Col., ii, 9, pour prouver l’égalité du Fils et du Père. Le Père est plus grand que le Fils, continue-t-il, en ce sens qu’il est l’auteur (qu’il a engendré) sans avoir lui-même un auteur (sans être engendré), et parce qu’il n’est pas descendu dans le sein de la Vierge. Col. 22 C.

Enfin, Phébade estime que les textes suivants : Is., xlii, 1 ; lxi, 1 ; Joa., xiv, 10, réfutent Arius aussi bien que Sabellius, en faisant ressortir « que le Père et le Fils ne sont pas une personne unique, comme le voulait Sabellius, ni deux substances, comme le prétendait Arius, mais, ainsi que le proclame la foi catholique, deux personnes et une substance, unam substantiam et duas personas. Col. 25 A.

5° Passant à l’affirmation de la deuxième formule de Sirmium, que le Père n’a pas eu de commencement. Phébade observe que ses auteurs ont voulu insinuer que le Fils a eu un commencement. Col. 24 D. Or. remarque-t-il. si le Fils est vraiment l’image du Dieu invisible, il n’a pu entrer dans l’existence postérieurement au Père. En outre, l’éternité du Fils lui paraît démontrée par les textes scripturaires. Ex., iii, 14 (il attribue les théophanies de l’Ancien Testament au Fils) ; I Joa., i, 1 et 2 : Joa., x, 13 ; xiv, 9 sq. Avec Tertullien, il combat l’interprétation arienne de Prov., viii, 22, Dominas condidit me (selon la lecture de Phébade), ce texte signifiant uniquement que. Dieu le Père mis à part, rien n’existe qui soit inengendré. Les termes dont se sert Phébade sont empruntés a Tertullien :

Phébade

Tertullien

Ideo Etutem Sapienlia Dei (Après avoir cité Prov., nata et condita nuntiatur, viii, 22) : Idcirco etiam So-