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PEZ (BERNARD]

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le monastère, en lévrier L696, et s’était réfugié à Bâle, puis à Brandebourg, où il avait passé au calvinisme et s’était marié. Bernard Pez, mettant en avant ses relations littéraires, l’exhorta, en plusieurs de ses lettres, à revenir à la vraie foi et à rentrer dans son ordre ; il lui offrait même une charge « le professeur à l’abbaye de Gottweig. Tout son zèle se heurta à la tranquille obstination de l’apostat, qui était d’ailleurs plein d’estime pour l’ordre bénédictin et pour son correspondant. Jordan, Histoire de la vie et des ouvrages de M. La Croze, Amsterdam, 1711, p. 197-213.

Mais la plupart des lettres de H. Fez, encore inédites et éparses dans les bibliothèques, sont adressées à des confrères érudits, tels dom Millier de Saint-Gall et les mauristes français, et elles ne traitent que des sujets d’érudition et surtout des textes qu’il avait à éditer. A peine si, dans ses lettres au fougueux dom Massuet, il s’associe à ses rancunes contre les jésuites, Bibl. nation., fonds français 19 664 et 17 680. On n’a pas conservé sa réponse à dom de Lacodre, qui lui communiquait, en 1716, sa Traditio benedietina de gratin, et lui disait en même temps l’opposition qu’elle avait rencontrée de la part du supérieur général de Saint-Maur. Plus tard, il entretint une correspondance affectueuse avec dom Martène, qui était parmi les non-appelants.

Pez se faisait gloire de ses relations avec les mauristes, et personne ne lui fit un compliment — sinon plus discret — du moins plus agréable que le bibliothécaire de Leipzig, qui lui écrivait, le 20 octobre 1715 : « Vous allez nous rendre Mabillon et d’Achery, et vous donnerez un exemple aux autres monastères de Germanie, pour scruter leurs antiquités, au grand profit de l’histoire nationale. »

De 1721 à 1723, dom Bernard mena allègrement la publication de son principal ouvrage : Thésaurus anecdotorum novissimus, en cinq tomes, qu’il couronna d’un sixième en 1729. En 1723, il commença à publier la Bibliotheea aseetica qu’il devait conduire jusqu’au t. x, publié l’année même de sa mort (1735) et qui fut complétée par deux tomes après sa mort (1735 et 1740). La plus grande partie du contenu est fournie par des mss. du xve siècle. Les chartreuses de Gaming, Aggsbach, Dolan-Olmûtz, Seitz, les monastères de Walditz, Melk, Mariazell, Admont, Tegernsee y sont représentés. Beaucoup de documents concernent les mouvements réformateurs du xve siècle. Ici encore, il eut de nombreux collaborateurs : Romanus Franz de Mariazell, Khobalter de Mondsee, Alphonse Hueber et Bonaventure Beyhoffer de Tegernsee, le chartreux Wydemann de Gaming qui prépara, à lui seul, les trois derniers volumes. Il faut relever aussi l’apport de Meichelbock de Benediktbeuren, qui envoya, entre autres, à Pez, un catalogue de mss. de cette abbaye, catalogue datant du xme siècle. L’abbé, plus tard cardinal Quirini, fournit personnellement des matériaux et amena des collaborateurs. Le cardinal Passionei encouragea aussi ses travaux, et vit deux de ses discours insérés dans la Bibliotheea aseetica. Marqard Herrgott, de Saint-Biaise, vint travailler quelques mois près de Pez, dont il sollicita les conseils pour composer sa Vêtus disciplina monastica (1726).

Le chancelier Philippe de Sinzendorf profita d’une assemblée tenue à Soissons, par ordre du cardinal Fleury, pour amener Pez en France, afin qu’il fît connaissance avec des moines de Saint-Germain-des-Prés. Il fut très bien accueilli par l’abbé commendatairc, le cardinal de Bissy, et parles moines de Saint-Germain, ce qui causa son étonnement. Dom Martène, en particulier, lui renouvela ses témoignages d’amitié. Il se tint à l’écart du mouvement contre la bulle Unigenilus. A son retour, il visita les monastères de Souabe et les abbayes cisterciennes du sud de l’Alle magne. Il entreprit en vain de fonder une Académie littéraire à Vienne, el enrichit la bibliothèque de Melk. C’est a ce moment (1731) que se place sa controverse avec le jésuite llansiz sur la date de la mort de saint Trudpert, et une publication imprudente sur Aunes de Blanbeckin, dont les révélations furent jugées extravagantes.

Les dernières années de sa vie sont consacrées a la Bibliotheea benedietina generalis. Il meurt le 27 mars 1735, le jour même de la fête de saint Trudpert. son saint de prédilection, épuisé avant l’âge par les travaux déjà imprimés, et par ceux qu’il laissait manuscrits à la bibliothèque de son monastère, sans parler de ceux qu’il voyait encore à préparer, entre autres la correspondance de l’abbesse Thiathilde avec Louis le Pieux et les annales de Zwifalt.

II. Œuvres. — Outre les opuscules de polémique que nous avons signalés, outre de nombreuses lettres, imprimées ou manuscrites, sur des sujets littéraires, qu’il adressa aux bénédictins français, ou à ses collaborateurs allemands et étrangers, ses principaux ouvrages sont :

1° De irruptione Bavarica et Gallica… in Tirolim jacta anno 1703, autore Bern. lpsionlano, Vienne, 1709. in-12, œuvre de jeunesse, composée sans grandes recherches sur le détail des événements, mais écrite dans un style élégant et avec un sens juste de la politique.

2° Bibliotheea benedictino-mauriana, seu de orlu. vitis et scriplis Putrum benedictinorume celeberrima rongregatione Sancti Mauri in Francia, 2 vol. in-8°. Vienne et Gratz, 1716. Cette Bibliothèque, qui ne commence qu’à dom H. Ménard et finit en 1711, ne mentionne donc que des mauristes contemporains de l’auteur et est reconnue exacte par dom Tassin, qui l’a utilisée pour son Histoire littéraire de Saint-Maur : mais elle serait désormais inutile, si elle ne contenait in extenso certaines préfaces des mauristes à leurs œuvres.

3° Quelques monographies sont à signaler : Triumphus castilalis, seu acta et vita venerabilis Wilburgis, virginis recluses S. Floriani. avec des notes, Augsbourg, 1715, in-4° ; Vita et revelationes venerabilis Agnelis Blannbeckin († 1315). et Pothonis liber de miraculis S. Dei genitricis Mariée, Vienne, 1731, in-S° : cet opuscule, malgré l’apologie qu’en fit l’auteur dans sa lettre à Garelli (1735), suscita de vives critiques à cause du caractère de certaines visions ; il fut censuré par l’autorité ecclésiastique et retiré du commerce ; le livre de Pothon a été réédité en 1927 par F. Grane. mais d’après Pez et sans les errata de celui-ci ; Epistolu de etymologia nominis Hapsburgici et origine demus Hapsburgico-AustriacœA13, ainsi que d’autres opuscules d’érudition ou de polémique étrangers à notre sujet. Il faut pourtant rappeler la publication dans les Acta eruditorum de Leipzig, en 1717, du Conspectus insignis codicis diplomatieo-historico-epistolaris Udalrici Babenbergensis, où Pez signalait des pièces inédites de ce dossier fameux, qu’il allait publier dans son Thésaurus et qui devait être réédité plus complètement par Jaffé au xixe siècle.

Il faut aussi noter — autre préparation de B. Pez pour son Thésaurus — la publication, dans la Biblic theca ecclesiastica de Fabricius, Hambourg, 1718. de l’anonyme de Melk, De scriptoribus ccclesiasticis, qui vient compléter, pour le bas Moyen Age allemand, les catalogues similaires de saint Jérôme et de saint Isidore ; les notes exclusivement chronologiques que l’éditeur y a mises sont généralement exactes.

Signalons enfin deux recueils séparés de textes anciens : en 1 725, les œuvres de Godefroid d’Admont, Venerabilis Godefridi, sec. xii abbatis Admontensis 0. S. B.. in Styria homiliæ in dominicas et festa ; cette édition.