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    1. PERSÉVÉRANCE##


PERSÉVÉRANCE.

PERUZZINUS

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sang, c. vi, i. 51-52, 55. Et, pourtant, celle promesse solennelle, consignée flans la révélation publique, laisse intactes toutes les autres conditions <lu salut. De même, Notre-Seigneur attache la promesse de la persévérance finale aux neufs communions, marquant par là que celui-là assurera bien mieux son salut qui communiera plus fréquemment et plus pieusement en son honneur ; mais il sous-entend certainement la nécessité des œuvres, de toutes les œuvres que le souci de notre salut nous impose : « Souvent la sainte Écriture, écrit Bellarmin, attribue à différents moyens la vertu de justifier une âme, ou même de lui assurer son salut. Cela ne veut pas dire que ces moyens puissent, par eux seuls, justifier et sauver quelqu’un, mais seulement qu’ils ont la vertu de contribuer à la justification et à la vie éternelle, pourvu qu’ils soient accompagnés des autres moyens de salut, comme sont la foi. l’état de grâce, l’observance des commandements. » De psenitentia, t. ii, c. vil. Ceux qui admettent que le Sacré-Cœur a fait une promesse spéciale et attribuent la persévérance finale à la seule pratique des neuf communions sont obligés d’en restreindre la certitude aux limites qu’impose la foi et qui précisent heureusement la portée de leur interprétation. Voir surtout Vermeersch, Pratique et doctrine de la dévotion au Sacré-Cœur, Tournai, 1908, p. 217 sq.

2° La persévérance finale étendue normalement à la presque totalité des hommes. —

C’est la vieille thèse miséricordieuse, voir t. i, col. 2443-2445, 2450-2452, et t. v, col. 77 sq., mais renouvelée sous une forme nouvelle en connexion avec la grâce spéciale de la persévérance finale. On suppose qu’à l’heure de la mort l’âme reçoit normalement de Dieu le bienfait d’une illumination suprême, qui la met à même de se déterminer en connaissance de cause soit pour Dieu, soit contre Dieu ; et l’illumination est si puissante que la conversion vers Dieu suit nécessairement. Une première manifestation de cette hypothèse se rencontre dans une proposition condamnée en 1368 par Simon Langham, archevêque de Cantorbéry : Quilibel viator, iam adullus quam non adultus, Saracenus, Judseus et paganus, etiam in utero materno defunctus. habebit elaram visionem Dei ante mortem suam, qua visione manente habebit electionem liberam convertendi se ad Deum, vel diverlendi se ab eo ; et si pro tune elegerit converti ad Deum, salvabitur, sin autem minus damnabitur. Texte dans Noël Alexandre, Hist. eccl., sn ?c. xiv, c. iii, a. 21, t. xv, p. 213. Cette opinion fut reprise au xixe siècle par Klee en faveur des enfants morts sans baptême, pour leur permettre le baptême de désir. Katholische Dogmatik, t. iii, Mayence, 1835, p. 119. Thèse renouvelée avec une nuance de modération par Karl-Maria Mayrhofer, Das dreieine Leben in Gotl und jeglichem Geschôpfe, t. i, Ratisbone, 1851, p. 246-251 ; par Laurent, Grôsserer Katechismus der romiseh-katholischen Religion fur das Bistum Luxemburg, 3e édit., Luxembourg, 1879, p. 288 ; plus récemment, en faveur des adultes, par dom Démarét, Les morts peu rassurantes, motifs d’espérance et de prière, Montligeon, 1923 ; et, dernièrement, dans une communication au liulletin de la Société médicale de Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien, mai 1930 ; voir Documentation catholique, 5 décembre 1931, col. 1043-1054.

Une telle hypothèse ne semble guère admissible ; de plus, en face des textes scripturaires qui inculquent aux hommes la nécessité d’être toujours prêts et de se tenir en garde, cf. Matth., xxv, 13, coll. xxiv, 42. Il : Luc, xii, 39 ; I Thess., v, 2, 6 ; II Pet., iii, 14 ; Apoc, m, 3 ; xvi, 15, elle semble doctrinalement téméraire. Avec elle, deviendraient inintelligibles les graves avertissements du Christ, illustrant la nécessité de la vigilance en attendant son retour. Matth., xviii, 8, 9 ; Marc, ix, 42-47 ; Luc, xiv, 27 ; xxi, 31. Enfin, sans insister sur le fait que l’Évangile suppose qu’un assez grand nombre d’hommes seront damnés, cf. Matth., XXV, 32 sq., (cite universalité de la grâce de la conversion finale met en péril le dogme de l’incertitude de cette persévérance, sans compter qu’elle constitue un grave danger pour la pratique de la morale. Les faits physiologiques sur lesquels on prélend l’appuyer ont été repris ei interprétés d’une façon correcte par le 1’. Roure, Au-delà, Paris, 1932. Cf. Ami du clergé, 1932, ». 130 sq.

La bibliographie théologique sur la question de la persévérance sérail Immense. On se contentera d’indiquer ici :
1° les travaux modernes sur la pensée de saint Augustin ;
2° les principaux ouvrages de systématisation théologique dérives de saint Thomas et du concile de Trente.

I. Sur saint Augustin.- —

A. Koch, Der hl. 1 austus Bisehof von liiez, c. v, Die AuloriiBi des hl. Augustin, Stuttgart, 1895 ;.1. Rottmanner, Der Augusliuismus, Munich, 1892 ; Fr. Saint-Martin, La pensée de saint Augustin sur la prédestination gratuite et infaillible des élus a la gloire d’après ses derniers écrits, Paris, 1930, principalement p. 81-140 ; Ch. Boyer, Le système de saint Augustin sur la grâce d’après le De rorreptione et gratia r, dans Recherches de science religieuse, 1930 ; X. Merlin, Saint Augustin et tes dogmes du péché originel et de la grâce, Paris, 1931, surtout IVe et V 1’parties, c. m-v. On devra aussi consulter’fixeront, Histoire des dogmes, t. ii, p. 498 sq. ; Cayré, Précis de patrologie, t. i, Paris, 1927, p. 670 sq. ; et ici Augustin (Saint), t. i, col. 2384 sq.

II. La systématisation théologique. —

Les commentateurs de saint Thomas, Ia-II « , q. cix, a. 1-2, 4, 9-10 ; q. exiv, a. 9 ; Ila-Iiæ q. cxxxvii, a. 3 (notamment les commentaires de Cajétan) et Cont. genl., t. III, c. clv (commentaire de Sylvestre de Ferrare). On se reportera aux grands théologiens cités, notamment Suarez, Jean de Saint-Thomas, les Salmanticenses, Gonet, Billuart, et, parmi les auteurs plus récents, aux traités de la grâce de Schiflini, Mazzella, Palmieri, Pesch, Janssens, Billot, Beraza, Van der Meersch et surtout Lange.

A. Michel.


PERSHORE ou PERSORA (Jean de), frère mineur anglais, originaire de Pershore (comté de "Vorcester), et qui fut régent, selon toute probabilité, au Sludium générale des mineurs à Oxford, vers 1288. Dans les mss. il est appelé aussi Jean de Persol (Persole). Le ms. 158 de la bibl. communale d’Assise donne sur divers « actes » tenus à Oxford, et auxquels prit part Jean de Pershore des renseignements intéressants : q. clxxxv, fol. 330 r°-v° ; q. cxcix, fol. 341 r° ; q. cxxx, fol. 104 r°-110 r° ; q. lvii, fol. 56 r° ; q. cl. fol. 184 r°. D’après A. G. Little, quelques queestiones de Jean de Pershore seraient conservées dans le ms. 95 de la bibl. comm. de Todi. Mais nous n’avons pu identifier aucune des questions contenues dans ce ms. comme devant être attribuée à Jean de Pershore.

A. G. Little, The jranciscan school at Oxford in the XIII. century, dans Arch. franc, hislor., t. xix, 1926. p. 828829, 858-859 ; Fr. M. Henquinet, O. F. M., Descriptio codicis 158 Assisii, ibid., t. xxiv, 1931, p. 215, 227, 231, 242, 245.

Ain. Teetært.

PERSONNE. Voir art. Hypostase, t. vi. col. 369-437.

PERUZZINUS André, frère mineur de la régu lière observance. Il n’est originaire ni de la province des Marches, ni de Pérouse, ni d’Uviano, comme le prétendent quelques historiens, mais d’Orciano, dans la province de Brescia. Le P. André fut surnommé Peruzzinus. Il vivait à la fin du xvie siècle et pendant la première moitié du xviie. En l’honneur de l’immaculée conception de Marie, il composa Spéculum de conceptione beatæ Yirginis, Padoue. 1627. et Analysis purissimie conceptionis Deipanv. in-4o, Venise, 1634. Dans ce dernier ouvrage, il s’efforce de prouver le privilège de l’immaculée conception, non seulement par le témoignage de plus de trois cents auteurs, par l’auto-