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    1. PERSÉVÉRANCE##


PERSÉVÉRANCE. LA CONTROVERSE PÉLAGIENNE

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l’originelle damnation, leur procure le bienfait de la loi et leur assure la persévérance finale, s’ils viennent ; i quitter en coins de roule le droll chemin, la grâce les y ramène et c’est encore la grâce qui leur enlève la vie, à n’importe quel âge, pour les soustraire aux dangers de l’existence. C. vii, n. 13, t. xr.iv, col. 924. Ceux qui se perdent à la mort, même après avoir été quelque temps fidèles, n’ont jamais eu la persévérance finale, qui les eÛ1 séparés de la masse de perdition, n. 16, col. 925. Et c’est tellement la grâce qui opère en l’homme la persévérance finale, qu’il faut distinguer soigneusement cette grâce de celle qui. pour Adam innocent, était la condition de sa persévérance : la grâce d’Adam était le secours sine quo l’homme ne pouvait persévérer ; la grâce que reçoivent maintenant les élus est le secours quo /il ut persévèrent. C.xii, n. 34, 38, col. 936, 939.

Une doctrine analogue se retrouve dans le De donu perseveranlix, avec quelques traits nouveaux. Augustin affirme que la persévérance finale est pour l’homme un don de Dieu. Car c’est à la fin de la vie seulement qu’existe le grand danger de manquer le salut. Tant que l’homme est en vie, il est incertain s’il a ce don. Car, s’il vient à pécher avant de mourir, en toute vérité, il ne peut être dit avoir persévéré. Sans doute, c’est déjà une sorte de persévérance de passer un certain temps de sa vie sans pécher ; mais celui qui ne persévère pas jusqu’à la fin ne saurait être dit avoir la grâce de la persévérance. C. i, n. 1, t. xlv, col. 993 ; cf. c. vi, n. 10, col. 999. Cette grâce de la persévérance finale ne nous est pas accordée selon nos mérites, mais selon la volonté très secrète et en même temps très juste, très sage, très bienfaisante de Dieu. C. xiir, n. 33, col. 1012. Ce don de Dieu ne peut donc être obtenu que par nos supplications, suppliciter emereri potest. C. vi, n. 10 ; cf. xxiii, n. 64, col. 999, 1032. La persévérance finale est un don de Dieu, et qui ne dépend que de Dieu, parce qu’il appartient à Dieu seul d’imposer, quand il lui plaît, un terme à la vie ; c’est lui seul qui peut envoyer la mort à un homme, avant une chute qu’il prévoit, afin d’assurer sa persévérance. C. xvii, n. 41, col. 1018. Cf. Epist., ccxvii, ad Yilalem, c. vi, n. 21, t. xxxiii, col. 98(3.

C’est ce qui fait que, même pour les enfants baptisés et mourant avant l’usage de la raison, le simple fait de mourir en état de grâce constitue déjà le bienfait de la persévérance finale. Cf. Epist., cxciv, n. 32 ; ccxvii, n. 19 ; Contra Julianum, t. IV, c. viii, n. 42 ; De dono perseverantiæ, c.xii, n. 31, t. xxxiii, col. 885, 985 ; t. xliv, col. 759 ; t. xlv, col. 1011.

Après saint Augustin.

Les disciples d’Augustin

maintiennent intégralement ses affirmations. D’une part, ils affirment pour l’homme, pour le juste lui-même, l’impossibilité, sans la grâce de Dieu, d’éviter le péché et de surmonter les tentations au cours de l’existence. Cf. saint Prosper d’Aquitaine, Liber contra collalorem, c. xviii, n. 3, P. L., t. li, col. 265 ; l’auteur du De vocatione gentium, I. 1, c. vi, P. L., t. i.i, col. 652 ; saint Fulgence, Epist., iv, c. iv, n. 7, P. L., t. lxv, col. 341. D’autre part, le don de Dieu dans la prédestination et la persévérance finale est prêché dans le sens d’Augustin. Cf. Saint Prosper, Responsiones ad capitula objectionum Gallorum, ad 7um. P. /, .. t. li, col. 161 (xlv, col. 1836) ; saint Fulgence, Epist.. xvii, epilog., n. 67, P. L., t. lxv, col. 492.

4° Persévérance dans te bien et péché véniel, chez les Pères. — L’affirmation de la possibilité pour l’homme d’éviter, avec la grâce de Dieu, les fautes graves et de surmonter les difficultés morales, n’empêche pas les Pères, soit avant, soit surtout pendant la controverse pélagienne, de reconnaître qu’il est impossible à l’homme justifié, même avec le secours de la grâce, d’éviter absolument tout péché.

1. Avant lu controverse, nous trouvons cette doctrine déjà explicitement affirmée par de nombreux auteurs : Origène n’excepte quc Jésus-Christ, (.nuira Celsum, I. III, c lxii, P. C, t. xi, col. 1001 : Grégoire de Nazianze dit qu’être sans péché n’appartient qu’à Dieu, Or., xvi, ii. 15. P. (, .. t. xxxv, col. 953. Voir saint Jean Chrysostome, /n Genesim, homil. i.x. n. I, P. (’, ., I. i.i v. col. 524, et, chez les Latins, saint Cyprien, De opère et eleemosyna, n. 2. édit. Hartel, t. i. p. 374 ; De oratione dominica, n. 22. P. L. (édit. 1X65), col. 552 ; Optât de Milève, Deschism. donat., I. Vil, c. n. P. /… t. xi, col. 1085. Voir aussi les témoignages de Cyprien et d’Ambroise, rapportés par saint Augustin, (’.unira duas epist. pelag., I. IV. c. x, n. 27 sq. ; c. xi, n. 29-31, P. Y… t. xi. iv. col. 629 sq., 632-636.

2. Pendant la controverse, étant donnée l’orgueilleuse position prise par les pélagiens concernant le fait de l’impeccance parfaite, conçu comme possible pour l’homme libre, les Pères proclament hautement que cette impeccance absolue est un mythe. Voici, chronologiquement, les réactions de la pensée catholique contre l’assertion pélagienne. En 411, condamnation des erreurs de Célestius au concile de Cartilage, d’après les Actes publiés par Marius Mercator, c. vi : Posse esse hominem sine peccato et facile Dei mandata servait- ; c. vu : Quia et ante Christi adventum fuerunt hommes sine peccato…. P. L., t. xlv, col. 1681. En 412, saint Augustin réprouve la parfaite impeccance préconisée par les pélagiens, De peccatorum merilis et remissione, t. II, c. ii, n. 3, P. L.. t. xliv, col. 152 ; voir également c. vi, n. 7 ; c. xvii, n. 26, col. 155, 167. Dans le De spirilu et liltera, il reconnaît que la vie d’ici-bas ne peut pas être sans péchés véniels, mais que ces péchés n’empêchent pas les justes d’entrer dans la vie éternelle, c. xxvii. n. 48 ; cf. c. xxxv, n. 65, t. xliv, col. 229, 242. En 414, l’erreur de l’impeccance se répand en Sicile ; pour la réfuter, Augustin écrit la lettre clvii, t. xxxiii, col. 674. En 415, dans De natura et gratta, c. xxxvi, n. 42, il excepte la sainte Vierge, mais à tous les autres, il applique la parole de saint Jean, I Joa., i, 8, t. xliv, col. 267. Dans De perfectione justitiæ hominis, c. xxi, n. 44, il éprouve quelque difficulté à admettre qu’un juste, si parfait ait-il été, n’ait jamais commis le moindre péché : si cela était, il faudrait l’attribuer à un secours très particulier de Dieu. T. xliv. col. 316. En 415 également, le concile de Diospolis fait déclarer à Pelage qu’il « n’a pas dit qu’il ait existé quelqu’un qui. depuis son enfance jusqu’à sa vieillesse, n’eût jamais péché ». Voir ici col. 692 ; cf. saint Augustin, De gestis Pelagii. c. vi, n. 16 sq. ; c. xi, n. 23 sq., t. xliv. col. 329, 333. En 416. les Pères des conciles de Cartilage et de Milève et les cinq évêques écrivent leurs lettres à Innocent I er contre la justice parfaite des pélagiens (dans les lettres de saint Augustin i, Epist, , clxxv, n. 3 ; clxxvi, n. 2 : c.i.xxvii, n. 16-18, t. xxxiii. col. 760, 763, 771-772. En 117. Augustin écrit le !)< gestis Pelagii. lui 418, a lieu le grand concile de Cartilage, dont les canons 7-8 condamnent la doctrine île l’impeccance absolue. Voir Milève /Conciles de t. t. x, col. 1757. En 420. dans le Contra duas epist. pelag., Augustin ne se contente pas d’invoquer contre la thèse pélagienne les autorités de Cyprien et d’Ambroise : il affirme lui-même, avec beaucoup plus d’assurance qu’auparavant, la fausseté de la doctrine de l’impeccance : multi fidèles sunt sine crimine. sine peccato neminem dixerim, 1. I. c. xiv, n. 28 : et il compte parmi les erreurs de Pelage l’affirmation qu’en cette vie il existe des justes nullum habentes omnino peccatum, 1. IV. c. x. n. 27, t. xliv. col. 563 et 629. Dans VEnchiridion, écrit en 121, il proclame l’existence de ces péchés légers, sans lesquels la vie terrestre ne saurait exister, et que la prière suffit à remet Ire :