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    1. PERSÉVÉRANCE##


PERSÉVÉRANCE. LA C ONT HO VERSE PELAGIENNË

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peux faire pendant quelques instants, tu ne me forceras pas à le faire toujours ; je puis jeûner, veiller, marcher, lire, chanter, m’asseoira dormir, mais le puisje perpétuellement ? » Col. 581. Voir la comparaison entre pélagiens et stoïciens. Epist., cxxxiii, n. 1, P. L., t. xxii, col. 1148.

Saint Augustin.

Il est incontestable que la doctrine

d’Augustin sur la persévérance des justes a subi une certaine évolution. Il serait toutefois exagéré de rattacher cette évolution au changement d’attitude qu’on observe chez Augustin par rapport à la première bonne disposition de la volonté, changement décrit ici. voir t. i, col. 2378. Elle n’est pas non plus en corrélation avec le concept de péché attribué par Augustin à toute œuvre, même bonne, des infidèles, concept repris et déformé par Baïus, voir ce mot, t. ii, col. 86 ; cf. Grâce, t. vi, col. 1578 sq.

La question de la persévérance des justes, en effet, est posée par les pélagiens avec assez de netteté, pour nous permettre de saisir, au cours de la controverse, la pensée de saint Augustin sur ce point précis. Pour les pélagiens, l’homme tient de Dieu la possibilité du bien ; mais il ne tient que de soi-même le bon usage de sa liberté, par conséquent, le pouvoir de ne pas pécher, d’observer les préceptes et de persévérer jusqu’à la mort dans cet état d’impeccance. Voir Pklagia NISME, Col. 68-1.

1. Il semble que d’abord saint Augustin n’ait pas prêté une attention suffisante à la nécessité d’un secours particulier de Dieu, en dehors de ce que nous appellerions aujourd’hui l’état de grâce. « Persévérer en l’Esprit saint, ce qui est au pouvoir du libre arbitre, entraîne le mérite de la vie éternelle. » E.vposit. quarumdam propositionum ex epist. ad Romanos, prop. 60, P. L., t. xxxv, col. 2079. Dans cette manière de s’exprimer, saint Augustin ne faisait que transférer

i l’humanité régénérée par le Christ ce qu’il enseignait

de l’humanité encore innocente en Adam, avant la faute originelle. Cf. Opus imperfection contra Julianum, I. III, c. ex ; De natura et gratta, c. xi.vin, n. 56 ; Dr Genesi ad lilteram, t. VIII, n. 25-26. P. 1… t. xi.v, c. 1.1291 ; xi.iv, col. 271 ; wxiv. col. 391.

2. Mais la controverse l’oblige bientôt à proclamer l’impuissance de l’homme, même ami de Dieu, à éviter le péché sans le secours divin, l.a doctrine générale d’Augustin est celle qui a été esquissée, ici même, t. i, col. 2385-2386, à propos de l’impeccantia pélagienne. Mais il n’est pas inutile de montrer comment saint Augustin propose déjà les arguments que la théologie moderne fera valoir en faveur de la nécessité morale de la grâce pour le posse perseverarc.

Le De spiritu et littera est en grande partie consacré .i montrer que le libre arbitre ne sullit pas pour vivre selon la Justice, Livré a lui seul, il ne saurait faire

autre chose que trébucher et pécher, s’il ne connail

pas la voie à suivre. Même celle-ci connue, il lui faut, en outre, la charité divine qui lui fera aimer cette voie m pour y progresser. Ainsi, le précepte donné de vivre selon la justice, sans l’esprit qui nous la fait aimer, c’esl la lettre qui lue. Car il est des choses qui. bien que théoriquement possibles en elles-mêmes.

ne peuvent, pour différents motifs, être réalisées en pratique. Et Augustin appuie son dire sur Rom.,

. 14-15. Cf. s u [ira. col. 1259. Chrétiens. Juifs, gentils,

tOUS ont un besoin indispensable de la grâce mérité* par Jésus Christ. Lire surtout, c. tv. n. 6 ; c. xix. n. 32 : (. x, n. 52. t. xr.iv. col. 203, 22(1. 233. D’autres textes peuvent être Invoqués en faveur de la aéces lité de la grâce divine pour soutenir et diriger le libre arbitre. Voir surtout />'’/rai m Christi, c viii, t. m. col. 364 ; De peccat. merlttt et remisiione, 1. II. c. v, n. 5. t. xi.iv. col. 153 (aux c vu. n. 7 : xvii. n. 26. i oi. 155, 167, ugiistiii indique nettement qu’avei la

grâce, la persévérance qui empêche de tomber dans le péché est possible à l’homme) ; De gral. et lib. arbitr.. c. vi. n. 13 : c. x. n. 22 : c. xi, n. 23, t. xliv, col. 889, 89-1, 895 ; Epist.. ci.vii, c. ii, n. 10 ; clxxv (lettre collective des évêques du concile de Cart liage à Innocent), n. 3 : ci.xxxvi. c. ix, n. 32. t. xxxiii, col. 677, 760, 827.

D’autre part, dans le De correptione et gralia. Augustin montre que le secours sans lequel Adam innocent n’aurait pu persévérer n’est plus suffisant, dans l’état actuel de l’humanité déchue et régénérée par le Christ, pour assurer la persévérance. Il faut un secours par lequel Dieu nous accorde et le pouvoir de persévérer et le fait de la persévérance. Ici-bas, au milieu de tant et de si fortes tentations inconnues au paradis terrestre, pour pouvoir vaincre le monde avec tous ses attraits, ses frayeurs, nous avons besoin d’une liberté plus forte, qui soit protégée et affermie par une grâce spéciale. Cf. c.xii, n. 38, t. xliv, col. 939. Ici, Augustin touche au problème de la persévérance finale. Sans elle, pas de véritable persévérance, et c’est la grâce qui donne à l’infirmité de la volonté humaine de ne pas succomber aux tentations, alors qu’elle pourrait y succomber et être vaincue par l’adversité. Ibid., cf. n. 35, col. 937. Dans le De natura et gratia, Augustin écrit déjà, contre les pélagiens, que, sans le secours du remède apporté par le Sauveur, le pouvoir de ne pas pécher était inconcevable, c. xi.viii, n. 56, t. xi.iv, col. 274, et, de cette infirmité de la nature, il trouve la raison dans les difficultés provenant des tentations. Cf. c. lui, n. 62, col. 277. Et, dans YEnarratio in ps. LZXXIX, n. 4, il propose la brève formule suivante : « Sans le secours divin, nous ne pouvons surmonter les tentations de cette vie par le libre arbitre de notre volonté. » T. xxxvii, col. Il 12.

3. Autant saint Augustin est ferme dans la doctrine de la nécessité de la grâce pour le simple po.sse perseverare, autant il est catégorique sur le fait que la grâce nécessaire ne manquera à personne. Si l’homme ne persévère pas, c’est que lui-même ne veut pas persévérer. De correptione et gralia, c. xiii, n. 42. t. xi.iv. col. 9 12. Dans ses sermons au peuple et dans ses premiers écrits contre les pélagiens. Augustin insiste sur cet aspect de la doctrine catholique. Dans le De natura cl gralia, il rappelle les prévenances et les soutiens de la Ljràce de Dieu, et conclut : Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais, en les conimandant.il l’avertit de faire ce que tu peux, et de demander ce que tu ne peux pas. « C. XXXI, n. 35 ; c. xi.ui. n. 50 ; t. xi.iv, col. 264, 271. Auparavant, il avait écrit dans le même sens : « Dieu, à moins d’être abandonné, n’abandonne personne de ceux qui veulent vivre, dans la pieté et la justice, i C. xxvi, n. 29, col. 261. Cf. De gratia et libero arbilrio, c. xvi, n. 32, col. 900 ; / ;  ; ps. LYl, n. I ; In ps. i, v/, l. n. 9, I. XXXVI, col. 661 ; I. XXXVII, col. 1890.

1. Enfin, sur la fin de sa carrière, saint Augustin précise sa pensée sur le don de la persévérance finale. Déjà, dans le De correptione et gratin, il donne à sa doctrine une expression plus parfaite ; mais les principes de cette doctrine avaient été déjà poses dans divers ouvrages antérieurs. Augustin renvoie lui-même au Dr diversis quæêtionibus ad Simplicianurn, 1. I ; aux lettres ci.xxxvi, ad Paulinum ; CXCIV, ’/(/ Snliim. Cf. De dont) prrsci<cranli ; c. v. xxi, n t. i. col. 1n’_'7. || aborde directement le problème

dans le De pradesltnatione tanctorum et surtout dans le Dedono perseveranttse qui en est la suite.

I, a pensée d’Augustin sur la persévérance linale est en relation étroite avec sa doctrine de la prédestination. Voir t. i. col. 2398. Nous nous boi aérons i< i aux traits concernant directement la persévérance finale. Dans le », correptione et gralia. le saint évêque

enseigne que c’est la grâce divine qui tire les élus de