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PERSÉVÉRANCE. TÉMOIGNAGE DES PREMIERS PÈRES


I Thess., v, 8, et triompher par la foi. I Joa., v, 4. Saint Paul dit expressément que ce qui était impossible à la Loi seule devient possible par « la loi de l’esprit de vie dans le Christ Jésus ». Rom., viii, 2. La Loi était sans force à cause de la chair ; mais Jésus, revêtant notre chair, nous a donné le moyen d’accomplir la justice en nous. Id., 3-4. Cf. Gal., ii, 21. « Dieu, dit encore saint Paul, est fidèle et ne souffrira pas que vous soyez tentés par-dessus vos forces ; mais il vous fera tirer profit de la tentation elle-même, afin que vous puissiez persévérer. » I Cor., x, 13 ; cf. II Pet., î, 10. Cette espérance n’est pas une certitude absolue, id., 12 ; cf. Phil., ii, 13, puisqu’elle laisse subsister une appréhension. Néanmoins, la persévérance est possible et le salut est au bout. Matth., x, 22 ; xxiv, 13 ; Marc, xiii, 13. Sur le sens très général de ces derniers textes, voir Lagrange, Évangile selon saint Marc, Paris, 1920, p. 317.

Enfin, la possibilité de la persévérance ne rend pas, même avec le secours de la grâce, l’homme juste impeccable. Des péchés, péchés de surprise et de faiblesse, lui échappent encore : FloXXà yàp 7tzodoy.zi àrravreç. Jac, iii, 2. L’expression TTrateiv dénote cette surprise, cette faiblesse dans le péché. Cf. Matth., vi, 12 ; Luc, xr, 4 ; Marc, xi, 25 ; Ps., cxlii, 2 ; II Par., vi, 36, et peut-être Eccl., vii, 21 ; sur les textes dont le sens est douteux ou forcé, voir Ch. Pesch, Præleeliones dogmaiieæ, t. v, n. 177. Ces péchés sont ceux que nous nommons véniels.

II. LES PÈRES AVANT LA CONTROVERSE PÊLA QIBNNB. — 1° Les Pères apostoliques n’envisagent pas directement le problème de la vie chrétienne sous l’aspect de l’impossibilité morale où se trouve l’homme, même justifié, d’accomplir tout son devoir sans le secours de Dieu. Leurs exhortations présupposent toujours ce secours accorde : le souvenir du salut apporté par Jésus-Christ est encore très vivace et le retour du Sauveur est espéré si proche ! Néanmoins, ils connaissent les obstacles à la vie chrétienne. Ce sont toutes les fautes de la voie de mort. Didachè, v, commises par « ceux qui sont en éveil non pour le bien, mais pour le mal ». v, 2. L’auteur de la Didachè ne met pas en doute que le chrétien puisse accomplir toute la loi de Jésus-Christ, préceptes et conseils, ou tout au moins « ce qui est possible » à tous indistinctement, c’est-à-dire les préceptes, vi, 2. Les recommandations de vigilance qui terminent l’écrit concernent de toute évidence le prochain retour du Chris !  : mais, au point de vue moral, n’est-ce pas le même conseil qui convient à la persévérance dans le bien ?

La même préoccupation, persévérer dans la voie du salut pour être prêt au jour du jugement, se fait jour chez l’auteur de YÉpttre de Barnabe. Cf. iv. 1-14. Tout le c. v montre comment Dieu, par Jésus-Christ, nous en a donné les moyens, de telle sorte que périt justement l’homme qui, axant connaissance de la voie de la justice, se tourne vers la voie des ténèbres ». v. I.

Mêmes recommandations dans la / Cor. (le Clément, xxviii xxix. La seule chose importante pour l’homme est d’elle trouvé au nombre de ceux qui attendent le Seigneur. XXXV, I. Cela sera réalisé par la fidélité à

la voie de la vérité qui éloigne l’homme de tout ce qui est odieux à Dieu, xxxv, 5-6. En cela. Jésus Christ est

le protecteur et le soutien de notre faiblesse. XXXVI, 1.

c est lui qui ouvre les yeus de notre cœur, qui lionne la lumière a notre Intelligence privée de clarté

et de sagesse Id., 2. Il faut donc combat t re de toutes nos forées, en nous maintenant, tels (les soldais dlscl

plinés. dans l’ordre voulu par Dieu, xxxvii, i. L’impuissance de l’homme, laisse a lui naine, transparaît

dans les citations de Job, i. 16 sq. el. 15, faites par Clément, xxxix. La prière est le moyen d’obtenir a

tous de se conformer à la divine volonté, lvi, 1. et c’est l’obéissance aux préceptes divins qui nous placera au nombre de ceux qui sont sauvés par Jésus-Christ, i.viii. Dieu devant être, dans cette œuvre de salut, l’aide et le soutien des élus, lix en entier.

On trouve quelques traits analogues dans Ignace d’Antioche. La persévérance dans la prière et dans la foi est particulièrement recommandée aux Éphésiens, x, en vue du jugement prochain, xi, 1. Selon la forte expression de YÉpitre aux Magnésiens, c’est en se salant » en Jésus-Christ (àXîoOiQTS èv aÙTÔi) qu’on sera préservé de la corruption, x, 2. Ignace lui-même ne peut supporter ses souffrances que soutenu par Jésus Christ. Smyrn., iv, 2. L’Épitrc à Polycarpe, décrivant les armes nécessaires au combat de la vie chrétienne, vi, 2, rappelle Eph., vi, 11-17.

2° Des Pères apologistes il est suflisant de citer le plus représentatif, saint Justin. Bien que le péché originel reste en dehors des vues de l’apologiste, l’impossibilité pour l’homme d’accomplir, sans la grâce, les œuvres nécessaires au salut est clairement proclamée : « C’est près de Dieu seul qu’il faut chercher le salut et le secours. » Dial., c. en, P. G., t. vi, col. 713, et Apol., i, c. lxv : » Que les chrétiens prient, afin que ceux qui ont appris la vérité y ajoutent la pratique des bonnes œuvres et l’observation des préceptes ». Col. 428. Voir aussi les deux beaux textes cités ici, t. viii, col. 2268.

3° Parmi les controversistes, saint Irénée mérite une mention spéciale. L’essentiel de la doctrine catholique sur la nécessité de la grâce pour faire le salut se trouve dans l’enseignement de l’évêque de Lyon. Voir t. vii, col. 2487 sq. Par ailleurs, Irénée affirme la possibilité pour tous, avec l’aide de Dieu, de parvenir au salut et. d’autre part, il enseigne explicitement que l’observation de l’économie providentielle, c’est-à-dire de la loi divine, justifie l’homme qui a foi en Dieu et cherche à lui plaire. Cf. col. 2101. Malgré leur vague et leur insuffisance relative, ces indications montrent néanmoins que la doctrine catholique, sur l’impossibilité d’observer la loi et de ne pas pécher sans le secours de la grâce, se trouve déjà tout au moins Implicitement affirmée.

Clément d’Alexandrie et Origenc.

Le maître

d’Origène enseigne déjà que, « sans une grâce abondante, l’âme ne reçoit pas d’ailes et ne peut s’élever vers les choses d’en-haut ». Strom., t. V, c. xiii. éd. Stâhlin, t. ii, p. 381 ; P. G., t. ix, col. 124. Mais Origène est plus explicite. Bien qu’exaltant le libre arbitre. il n’ignore pas que l’homme a besoin du secours de Dieu pour vaincre les obstacles au salut. La lutte que le chrétien doit soutenir contre les démons et les tentations qu’ils suscitent est terrible. In tib. Jesu Navc, homil., xiv. l. P. (.’., t. xii, col. 802 ; xv, 5, col. 902 : éd.Bahrens. t. ii, p. 376-377, 389-390. Mais Dieu se sert de ces tentations et de ces luttes nécessaires pour procurer notre bien, c’est ; i dire notre triomphe sur le mal. 7/i Numéros, homil. iv, 2. ibid., p. 123, PG-. t- xii, col. i)77. Car ce qui manquera par suite à l’humaine faiblesse, lorsque nous aurons fait ce qui est en notre pouvoir, Dieu l’achèvera, lui qui coopère en tout avec ceux qui l’aiment en vue du bien (cf. Boni., viii, 28), avec ceux dont il connaît d’avance, selon son infaillible prescience, ce qu’ils seront. De oratione, n. 20 (fin), edit. Kœtschau, t. n. p. 392 ; P. <-’..t. xi, col. 545. La liberté humaine toute seule est impuissante à achever le bien (car elle est amenée a la perfection par un secours di in i. I lieu lui donne des aunes spii il uelles. Uràce auxquelles elle doit triompher « les puissances adverses. Ce sont les armes éiiunierees dans Eph., VI, Il sq. Cf. />< principtis, I. III. c. n. n. 2, I’. G., t. xi, col. 306 ; In Numéro », homil. vii, "> ».’dit. Bsehrens, i. n. p. bi is. P. G., t. mi. col. 618 620. ussi devons-