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PÈRES DE L'ÉGLISE. DISCIPLINES PATRISTIQUES


genre enfin le De viris illuslribus, faussement attribué à Henri de Gand († 1293) et publié à diverses reprises, en dernier lieu par Fabricius dans la Bibliotheca ecclesiastica, 2e part., p. 118-129. Voir B. Hauréau, dans Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. xxx b, Paris, 1883, p. 349-357.

La rénovation des études patristiques.

Une des

caractéristiques de la Renaissance, c’est le retour à l’antiquité, classique ou chrétienne. Dès la fin du xve siècle, l’imprimerie commence à éditer un certain nombre de textes patristiques. Il nous est impossible de donner ici un aperçu, même sommaire, de l’ordre dans lequel les traités des Pères vinrent au jour ; à chacune des notices (au moins parmi les plus récemment parues) de ce dictionnaire, on s’est efforcé de déterminer la date des editiones principes. Disons que ce sont d’abord les Pères latins qui sont imprimés, puis les grecs (en des traductions latines, souvent assez médiocres), enfin les auteurs grecs dans leur texte. Ceci est réalisé dès le début du xvie siècle. Il est naturel que le besoin se soit fait sentir de joindre une histoire littéraire, si sommaire fût-elle, aux éditions des ouvrages. En dehors des notices qui figurent souvent en tête des éditions, quelques érudits auront l’idée de rédiger des catalogues d’auteurs, qui, poursuivant l'œuvre de Jérôme, de Gennade, d’Isidore et même de Sigebert, fourniront des répertoires plus ou moins complets de la littérature patristique. Comme nous l’avons fait remarquer, d’ailleurs, on ne se préoccupe nullement de marquer une séparation entre les Pères anciens et les écrivains ecclésiastiques plus récents.

1. Jean Trithème († 1516) peut être considéré comme un des bons représentants de la première Renaissance. Son immense curiosité lui a fait rassembler des notices sur près d’un millier d'écrivains dont il donne le catalogue dans son De scriptoribus ecclesiaslicis, œuvre très complète, qui ne manque pas de critique et à laquelle, aujourd’hui encore, on est obligé de se référer, pour nombre d'écrivains du Moyen Age. On signalera à l’article Trithème les principales éditions. Il est commode d’utiliser celle de J. A. Fabricius, dans sa Bibliolheca ecclesiastica, IIIe part., p. 1-240. On trouvera également dans ce même ouvrage, IVe part., le supplément et les notes ajoutés par Aubert le Mire, soit dans YAuclarium de scriptoribus ecclesiasticis et a tempore quo desinil Trilhemius de scriptoribus secc. XVI et xvii libri duo, soit dans la Bibliolheca ecclesiastica cum scholiis. Voir ici l’article Mire (Aubert Le), t. x, col. 1864.

2. Bellarmin († 1621) reste fidèle, dans son De scriptoribus ecclesiasticis, au type réalisé par Jérôme, Gennade et leurs continuateurs, et pousse jusqu’en 1500 la liste des auteurs étudiés. Voir art. Bellarmin, t. ii, col. 584. C’est dire que nous sommes assez loin encore d’une histoire littéraire au sens où nous l’avons définie ci-dessus.

4° L'âge d’or des travaux patristiques. — C’est à bon droit que l’on peut donner ce nom aux xvii « et xviiie siècles, surtout si on les envisage chez les catho tiques et tout spécialement en France

1. Travaux d'édition. — D’une part la publication des textes fait de considérables progrès. Nombre d’ouvrages encore inédits sont publiés, beaucoup <1< ceux que le xvie siècle avait édités avec un peu de hâte et sans les précautions nécessaires sont revus soigneusement et donnés en des éditions plus correctes et plus lisibles. La critique d’authenticité 'exerce avec plus de rigueur. A ce travail si nécessaire de la publication des texte* s’attellent des séculiers

comme J.-B.Cotelier(1 1686), Etienne Baluze(† 1718), l'érudit le plus prodigieux d’une époque qui en compte tant, des dominlcaini ( « mime l’r. Combéfli († 1679), des jésuites comme Fronton du Duc (+ 1624), i Sii

mond († 1651), Denys Petau († 1652), Jean Garnier († 1681), Fr. Chifilet († 1682), pour ne parler que des plus grands. Mais ce sont les mauristes surtout, qui, d’une manière systématique, entreprennent leur gigantesque travail d'édition. Voir pour le détail l’art. Mauristes, particulièrement col. 418 sq., 426 sq., etc. A la fin du xviiie siècle, quand la Révolution vient arrêter leur travail, les mauristes ont édité les plus importants des Pères de l'Église, ceux que l’on peut appeler les classiques. Quelques-unes de leurs éditions sont de véritables chefs-d'œuvre.

En même temps que paraissent ces éditions originales, de grandes collections, dites ordinairement bibliothèques, mettent à la portée du public instruit les nombreux ouvrages dispersés, rendant plus aisée la comparaison entre les divers textes. Rien peut-être n’a contribué davantage au progrès des sciences patristiques que ces collections. En même temps, l’exploration par les Assemani du riche fonds oriental de la bibliothèque Vaticane aboutit à la publication par Joseph-Simon de la Bibliolheca orientalis, 1719-1728. Voir ici, t. i, col. 2121.

2. Éludes patrologiques et patristiques.

Les études sur les Pères et sur leur doctrine marchent de pair avec ces publications de textes.

La plupart des grandes éditions signalées consacrent, dans leurs introductions, des études approfondies à la vie, aux œuvres, aux doctrines des Pères dont elles publient le texte. Plusieurs de ces travaux, ceux, par exemple, relatifs à Augustin dans l’admirable édition des mauristes, restent aujourd’hui encore du plus vif intérêt. Les historiens ecclésiastiques consacrent, eux aussi, une attention soutenue à la personne des Pères. C’est le cas, par exemple, de l’honnête et consciencieux Tillemont († 1698), dont les Mémoires renferment une foule « d’articles » qui ne sont pas autre chose que le dépouillement et l’analyse suivie des textes patristiques.

Mais l’histoire littéraire comme telle prend à son tour conscience de son indépendance. En 1086, paraît le i" volume de la Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques de Louis Ellics du Pin, qui, sous des titres variés, poursuivra jusqu'à l'époque de l’auteur l’histoire littéraire du christianisme. Les attaques, pour une part méritées, dont cette œuvre considérable a été l’objet, et qui ont amené (mais en 1757 seulement) la mise à l’Index de l’ensemble, ne doivent pas faire oublier ses considérables mérites. Huit ans plus tard (1694), dom Le Nourry donnait, lui aussi, le I er tome de son Apparatus ad bibliolhecam… Palrum. Voir le détail à l’art. Le Nourry, t. ix, col. 217. Enfin, en 1729, dom Ceillier faisait paraître le premier des vingt-trois grands in-4o qui, sous le titre d’Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, menait l’histoire littéraire du christianisme jusqu’au milieu élu xiii c siècle. Voir art. Ceillier, t. iii, col. 2050, où l’on trouvera les indications bibliographiques. Presque au même moment, en 1733, dom Rivet commençait la publication de l' Histoire littéraire de la France, qui, pour se borner aux écrivains des Gaules, ne laisse pas de fournir à la patrologie une importante contribution. Un peu plus tard, l’Aile magne catholique se mettait elle-même en branle. Le bénédictin D. Schram donnait en 1780, à Augsbourg, le I er volume de son Analysis operum SS. I’atrum dont le t. xviii et dernier (consacré à saint Épiphane) paraîtrait en 1796 ; et presque au même moment un autre bénédictin, dom <i. Lumper, taisait paraître son Histortalheologico-critica… Palrum, Aug-*bourg, 1763-1799. Voir son article ici, t. ix.<"i nti

s’ils ne marchaient point.t iiie i Hure aussi rapide,

les protestants ne laissaient pas de s’intéresser aux

travaux patristiques. G. Cave ( + 1713) donne ion