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PÉNITENCE. THÉOLOGIE CONTROVERSIS1 E

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pénitence, donc n’est pas partie « le la pénitence. C. ix. p. 187. La foi luthérienne ne fai L pas partie non pins de la pénitence : rien ne prouve qu’un homme ne puisse pas confesser ses péchés avec un vrai

regret, les expier par des (eus les de pénitence, bien qu’il ne croie pas que ses péchés lui soient actuellement remis. La foi, au sens catholique, n’est qu’une disposition à la pénitence, bien qu’elle soit requise nécessairement. Les bonnes œuvres, sans l’aire nécessairement partie de la pénitence, peuvent cependant rentrer dans la contrition ou la satisfaction. Id., p. 488. Le renouvellement de vie qui, dans l’opinion de Calvin, fait suite à la mortification de la chair est le fruit de la pénitence, non la pénitence elle-même. Id.. p. 189.

Au contraire, les trois actes, contrition, confession, satisfacl ion, « procèdent de la vertu de pénitence (bien que les deux derniers en procèdent non immédiatement, ni principalement) ; ils sont nécessaires au pardon ; et donc, à bon droit, on peut les appeler parties de la pénitence. » Ibid.

4. La contrition ne doit pas être confondue avec la simple terreur des menaces divines ; l’homme n’y est pas simplement passif. La contrition est un mouvement libre, méritoire. L. II, c. i-ii. Loin de dépouiller l’homme de ses bonnes œuvres, elle est elle-même une œuvre bonne, qui délivre l’homme du péché ; elle est à la source des bonnes œuvres, même si elle n’apporte lias encore avec elle le pardon des péchés. P. 503 sq.

La contrition est due à la grâce : cette doctrine résulte de tous les textes opposés par les Pères à l’hérésie des pélagiens. C. iii, p. 506. Il est donc faux de prétendre, avec Chemnitz, que le concile de Trente aurait attribué aux seules forces naturelles la pénitence suffisante pour la justification. Avec de nombreux théologiens, I3ellarmin enseigne que le ferme propos, virtuellement inclus dans la douleur du péché passé, n’est pas suffisant ; selon lui, il faudrait un propos formel. Il s’appuie sur la déclaration du concile de Trente, définissant la contrition « douleur du péché commis, avec le propos de ne plus pécher à l’avenir ». C. vi, p. 511. Cette opinion est discutable.

La contrition, au moins imparfaite, est nécessaire aux adultes d’une nécessité de moyen, pour obtenir la rémission des péchés. Elle est aussi de nécessité de précepte. La charité parfaite elle-même ne justifie que parce qu’elle inclut la contrition. C. viii-ix, p. 516, 518. Il est plus délicat de fixer le degré de contrition requis, les protestants accusant la théologie catholique de plonger les pécheurs dans le désespoir en exigeant d’eux un certain degré qu’ils ne sont jamais certains d’atteindre. Bellarmin résout la difficulté par une distinction désormais classique, entre contrition appretialive summa et contrition intensive summa. La première seule est requise. : et un simple examen de conscience suffît à nous manifester si nous sommes décidés à ne plus commettre le péché, quoi qu’il en coûte. Cela suffit. Même un saint peut ressentir avec plus d’intensité la douleur d’un deuil de famille que celle de l’offense divine, et pourtant il est disposé à sacrifier ses plus chères affections plutôt que d’offenser Dieu de nouveau. C. xi, p. 521-522.

Que la contrition, et non la foi. soit cause de la rémission des péchés, Bellarmin le prouve abondamment par les passages de l’Écriture, qui montrent le péché racheté par les bonnes « ’livres, l’âme de l’impie rendue à la vie par le repentir, Dan., iv, 24 ; Ez., xviii, 27, et par les exemples des Ninivites, Jon.. ni, 10, et de la pécheresse de Luc, vii, 47. Les Pères montrent que « la contrition efface, lave, purifie les péchés » et que par elle Dieu est apaisé, satisfait : ils ne craignent pas de dire qu’elle mérite, « qu’elle achète la miséricorde ». P. 526. Pour préciser la causalité de la

contrition par rapport a la justification, Bellarmin s’arrête a l’opinion de saint Thomas et de beaucoup de scolastiques : c’est une causalité dispositive, mais simplement méritoire en convenance (de congruo).

Il précise ensuite le double effet correspondant à la double espèce de contrition : parfaite il imparfaite. La première a pour motif l’amour de Dieu et obtient la rémission des péchés, même avant l’absolution du prêtre. C’est l’acte d’amour parfait, inclus dans la contrition parfaite, qui remet les péchés. Cet amour parfait doit être soigneusement distingué de l’amour initial, dont parlent les conciles d’Orange et de Trente. qui est une simple disposition à la justification et par lui-même n’a pas de vertu purificatrice. Cette contrition parfaite remet tous les péchés, même les plus graves, et, à ce propos, Hellarmin étudie ce que peut être le péché contre le Saint-Esprit. C. xi-xv, p. 559 sq. -Même dans le cas où le catéchumène ou le pénitent seraient justifiés avant de recevoir le baptême ou la pénitence, ces sacrements ne seraient pas inutiles et la signification des paroles de la forme ne serait pas faussée. Il y a augmentation de grâce et il est toujours vrai que le sacrement est administré conformément à la signification des paroles de la forme.

La contrition imparfaite ou attrition. née de la crainte des châtiments divins, est, elle aussi, bonne et utile. Il s’agit de la crainte même strictement servile, par laquelle le pécheur craint tellement la punition de Dieu que, seulement pour fuir cette peine, il évite de commettre le péché ou regrette le péché commis. C. xvii, p. 545. Toutefois, Bellarmin distingue une double crainte strictement servile, dont l’une n’est pas une disposition à la justification : « C’est celle qui empêche l’acte extérieur du péché, mais n’empêche pas l’attachement de la volonté à ce péché. L’autre, au contraire, est plus parfaite, c’est celle qui empêche non seulement l’acte, mais même la volonté de pécher. » P. 548.

5. Bellarmin enseigne sans hésitation l’origine divine de la confession : il la déduit du fait que les prêtres ont été institués par le Christ juges de la conscience du pénitent. L. III, c- ii, P- 555. C’est le sens des textes. Matth., xvi, 19 ; xviii, 18, et surtout Joa., xx, 23. Si le prêtre était seulement annonciateur des promesses divines, comme le voudraient les protestants, le fidèle ne pourrait jamais être sur de sa justification ; et aussi bien que le prêtre, femmes, enfants, laïques, infidèles. « voire diable ou même perroquet pourraient prononcer les paroles de l’absolution, ce contre quoi proteste toute la pratique de l’Église. D’ailleurs, toutes les figures de la confession dans l’Ancien Testament et plusieurs textes du Nouveau, attestant la pratique de la confession aux prêtres, vont à rencontre d’une telle interprétation. C. IV, p. 564. Bellarmin invoque Act.. xix, 18 ; II Cor., v, 18 ; Jac, v, 16 ; I Joa., i. 9. L’enquête sur la confession dans la tradition est particulièrement développée. Trente témoignages de Pères avant Innocent III sont invoqués. Plusieurs textes lui semblent indiquer la pratique de la confession secrète. Les Pères la considèrent non seulement comme utile, mais comme nécessaire. Et sa nécessité résulte de l’obligation d’accuser les péchés secrets. Lue telle pratique ne saurait d’ailleurs avoir été introduite par les hommes : on ne trouve pas trace de pareille innovation dans la discipline de l’Église. Les faits objectés par Calvin sont rétablis dans leur vérité historique. Il s’agit surtout du cas de Nectaire (voir ci-dessus, col. 796) et de certaines allégations de saint Jean Chrysostome. C. xiv, p. 588, 592. Enfin, il n’est pas vrai que la confession soit une « torture des consciences C. xvi, p. 595.

6. Quant à la salis/action. Bellarmin en développe la doctrine conformément à l’enseignement du concile.