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PÉNITENCE. LE PROTESTANTISME CONTEMPORAIN


devant l’Église ou près d’un homme, « toutes fois et quantes qu’il est expédient de ce faire, ou pour s’humilier, ou pour donner gloire à Dieu », n. 10, col. 117. « Mais il se faut toujours donner garde, que là où Dieu n’a point imposé de loy, les consciences ne soyent astreintes à certain joug. Dont il s’ensuit que telle forme de confession doit estre en liberté, tellement que nul n’y soit contraint : mais seulement qu’on remontre à ceux qui en auront besoin, qu’ils en usent comme d’une aide utile », n. 12, col. 119-120. Mais la vraie confession, la seule obligatoire, est celle qu’on doit faire à Dieu, « si, d’un cœur affligé et humilié nous nous prosternons devant luy : si en vraye sincérité nous accusans et condamnans devant sa face, nous demandons estre absous par sa bonté et miséricorde », n. 9, col. 116.

Zwingle.

 Il est inutile d’insister sur la doctrine

de Zwingle, qui est la même que celle de Calvin. Déjà, dans ses thèses de 1523, il rejette la confession, n. 52 ; cꝟ. 50, 51, et la réserve des cas, n. 56. Voir E. F. K. Millier, Die Bekennlnisschriften der rcformierten Kirche, Leipzig, 1903, p. 6. Le pouvoir des clefs, promis aux apôtres, Matth., xvi, et conféré, Joa., xx, doit être entendu de la simple mission qu’a l’Église de paître les fidèles. Claves sunt pascere… Solvere nihil est aliud quam desperantem saluli menlem ad certam spem erigere. .. Ligare est obstinalam menlem deserere. De vera et fqlsa religione, De clavibus, Opéra, t. iii, Zurich, 1832, p. 220, 221. Il est donc, comme tous les réformés, d’accord avec les catholiques sur le fait que la rémission des péchés se fait par le pouvoir des clefs ; mais, quant à déterminer en quoi consiste ce pouvoir des clefs, « nous sommes, dit-il, plus loin d’eux que le ciel de la terre ». Ibid., p. 224.

Sur la confession, un mot marquera la position de Zwingle : Breviter, satis con/itetur, qui Deo fîdit. De confessione, ibid., p. 273.

Il ne saurait être question de ranger la pénitence parmi les sacrements : en dehors fin baptême et de la cène, les autres sacrements sont de pures cérémonies, instituées par l’Église. De sacramentis, ibid., p. 231.

Confessions de foi des reformés.

Nous ne donnerons

que de simples indications, renvoyant pour leur développement à l’ouvrage de E. V. K. Millier, dont on consultera la table des matières, aux mots Absolutio, liasse, Beichte, etc.

1. La Confession télrapolilaine (1530) rappelle les principes luthériens de la justification par la foi, c. iii, iv, et les applique à la confession, e. xx. Millier, op. cit.. p. : >7-58, 74. Cf. synode de Berne (1532), e. xiv, id.. p. 11.

2. I.a confession de Genève (1530) reconnaît aussi que la rémission des péchés est faite en.Jésus-Christ par la foi, il. ! > ; et rejette tous sacrements autres que le baptême et la cène, n. 14, trf., p. 113. 114. Cf. Catéchisme de Genève, id., p. 1 17.

3. La Confession suisse (1562) traite au c xiv, de psenltenlia et conversione hominis. I.a définition de la pénitence est curieuse et confuse :

Per p.i initentiam intelligimus mentis In homine peccatore retipiscentiam, verbo evangelii et Splritu sancto excitiil : im, fldeque er ; i acceptant, <|ii<> protinus homo, peccata, gnatara sji>i corruptlonem peccataque su ; i omnia, per virimiii Del accusa ta, agnoscit, ac <le his es corde dolet, sademque roram Don non tantum déplorât et tatetui Ingénue eu m pudore, sed ctiam en m Indignatione execratur, cogitani |am sedulo de emendatlone et perpetuo Innoceo Irtutumque studio, in quo sise omnibui diebus vitsa relupiis lancta exi recat. Ibid., p. 189.

Le même document replie la confession faite au prêtre e( l’absolution qu’on en reçoit, p. 189 ; le pou voir des clefs n’es ! autre que la prédication de l’Êvan 1 190 ; la pénitence se n urne dans V innovât lo

vitse, le renouvellement de la vie, p. 190 : et il faut rejeter les satisfactions et les indulgences papales, p. 191. Donc il y a seulement deux sacrements, c. xix, p. 205 sq.

L’exclusion implicite du sacrement de pénitence, par l’affirmation de deux sacrements dans l’Église, se retrouve dans la Confessio gallicana (1559), a. 35, id., p. 230 ; la Confessio belgica (1561), a. 33, p. 245 ; la Confessio scotica (1565) et le Couvent de 1581, c. xxi, p. 259.

4. Plus explicite est la Confession d’Erlau (1562). Sur la pénitence, retenons la définition :

Pænitentia vera ad Deum conversio est ex peccatis et interitu nostro, orta ex gratia Dei per Spiritum sanctiini fide operantem in electis et trahentem ad cognitionem Dei et veram psenitentiam. Ibid., p. 289.

Voici maintenant une formule scolastique : Causa pœnitenliæ efficiens gratia Dei ; mcrilum pœnitentiæ, Christus ; formalis causa, Spiritus sanctus ; instrumentons, fîdes cum verbo ; finalis, nova obedienlia, p. 289. On insiste sur ce que la contrition, la confession, la nouvelle obéissance sont les effets et non pas les causes ou conditions de la pénitence. Ibid., p. 289. Si l’on doit admettre la confession privée faite à Dieu, la confession publique faite soit par l’Église entière, soit par les excommuniés lors de leur réintégration, il faut résolument rejeter la confession auriculaire. Ibid., p. 290-291.

L’absolution est intérieure ou extérieure. Intérieure, c’est le pouvoir de Dieu sur les âmes et la grâce ; extérieure, c’est la prédication par l’Évangile de la rémission des fautes. Ibid., p. 292.

L’indulgence n’est pas autre chose que la rémission des péchés par Dieu ; mais les indulgences papales sont des superstitions. Ibid., p. 292-293.

Enfin, il n’y a pas d’autre satisfaction que celle du Christ, ou la réparation offerte dans la société civile pour un dommage causé. Les satisfactions « papistiques » sont impia opinio et fabula. Ibid., p. 293.

5. La Confession de Hongrie (1562) reprend la doctrine déjà exposée sur les sacrements en général. C. iv, De Spiritu sancto, n. 43-45, p. 419. Dans la pénitence, le pouvoir des clefs n’est que la prédication de la parole et l’administration des sacrements qui nous délivrent du péché. C. v, De Ecclesia, n. 15, p. 434.

6. Dans la Confession des frères bohémiens (1609), il faut, du c. v, De pœnitentia, retenir cette injonction : PeeniUntes peccata Deo. minlstro teste, confîteantur. non animèrent, n.6, p. 461, L’absolution doit être reçue fide et assensu fumo. persuasi omnino omnia peccata sibi remissa esse luirum clavium minislerio ; idque efficacia Christi et verbi ipsius testimonio, n. 7. p. 463. Cf. c. xi. De clavibus Ecclesiee, p. 478 ; c.xii, De sacramentis in génère, p. 480.

7. La confession de l’Église anglicane (1562) s’inspire des mêmes principes : la pénitence comme sacrement doit être rejetée, c. xxv, p. 514. Voir, dans la Confession de Westminster de Hil7. le c. xv, De resipiscentia ad vitam, où l’on expose la doctrine de la pénitence en général, n. 2 ; la pral Ique de la confession à Dieu seul. n. 6, p. 572-573. Au c, xxvii, doctrine générale des sacrements, el nombre des sacrements limité à deux, n. t. p. 601. Cf. Grand catéchisme de 1647, n. 164, p. 766 sq. Sur l’absolution dans l’Église anglicane, voir t. t, col. 222 22’. » ; sur la confession, c in. col. 930 9

IV. LB PROTBaTANTiailB CONTBUPORAIK. 1

v<. ulation. La doctrine luthérienne de la pénitence se retrouve chez les protestants orthodoxes modernes. Comme Luther et Calvin, Ils conçoivent la pénl s deux aspects, l’un pour ainsi dire prépa-