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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. DUNS SCOT

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Zeitschr. fur K. < ;., t. xxvii, 1906, p. 70 sq. La Srnnma

a été rédigée vers 1 1 ! 10. Elle étudie les cas les plus fréquents, circa confessores, circa confessionem et circa confitenda. C’est la troisième partie, qui s’occupe des cas concrets, qui est la plus développée (en deux livres). La confession sacramentelle est celle qui est faite au prêtre, lequel, seul, peut donner l’absolution et, par elle, remettre une partie de la satisfaction. Comme toutes les Sommes de l’époque, celle de Durand expose la doctrine des indulgences tanquam relaxationes satisfactionis. Klle reflète l’influence de Jean de Fribourg.

Se rattache aussi à l’influence de Jean de Fribourg et d’Henri de Suse la Somme de l’ierre Quesvel, franciscain de la première moitié du xive siècle. Sur cet auteur, voir Fr. Schulte, op. cit., t. ii, p. 262. A Henri de Suse, il emprunte la distinction des péchés véniels en trois catégories, ligna, fœnum, stipula ; cf. col. 995. Il indique les huit manières d’en obtenir rémission en dehors du sacrement de pénitence. Quant aux fautes mortelles, la rémission s’en obtient par l’absolution sacerdotale dans la confession sacramentelle. Avec Henri de Suse, Pierre Quesvel refuse au laïque ce pouvoir d’absoudre. Si, par nécessité, un pécheur se confesse à un laïque, ce sera uniquement pour manifester son désir de se réconcilier avec Dieu et avec l’Église : celle-ci pourra, en conséquence, l’absoudre même après la mort. Turin, bibl. nationale, cod. I). I. ; < ?, fol. 20 v°, 22 v°.

La Summa de casibus du franciscain Astesan († 1330), parue vers 1317 et imprimée une première fois à Venise, 1468, ne présente aucun caractère particulier.

II. nuxs scot.

La théologie pénitentielle de Duns Scot porte le cachet très personnel qui s’attache à tout son enseignement. Nous l’exposerons d’une façon plus didactique.

Causalité des sacrements en général.

Pour Scot,

la causalité physique des sacrements, soit perfective, soit simplement dispositive, est inadmissible. In /yum Sent., dist. I, q. iv, v. La raison en est que la production de la grâce est une création proprement dite, à laquelle aucune cause créée, même simplement instrumentale, ne saurait être adaptée. Et pourtant, le sacrement est un signe efficace. Dist. I, q. v, n. 12-18. La causalité des sacrements en fait non de pures dispositions, grâce auxquelles l’action divine serait possible ; non de simples signes infaillibles de cette action ; non des causes occasionnelles ou accidentelles de la grâce ; mais de véritables causes instrumentales, ordonnées per se à la production des effets du sacrement, contenant même ces effets, non physiquement, mais moralement, en vertu d’un engagement très libre, certifié par l’Église, par lequel Dieu est spécialement présent et agissant dans le rite, sacramentel. D’un mot, l’efficacité sacramentelle s’explique par l’assistance divine. Cf. Duns Scot, col. 1910.

L’essence du sacrement de pénitence.

Scot

marque une orientation nouvelle de la doctrine théologique. Pour lui, l’essence, au sens strict du mot, réside dans la seule absolution. Il définit, en effet, la pénitence : « l’absolution de l’homme pénitent, prononcée par un prêtre ayant juridiction, signifiant efficacement l’absolution du péché opérée dans l’âme en vertu de l’institution divine. « Dist. XIV, q. iv, n. 2. Sa pensée s’exprime plus nettement encore dans les Reportala : o Ce sacrement n’a qu’un signe sensible dans les paroles prononcées ; il n’a donc qu’une forme et, à proprement parler, pas de matière. » L. IV, dist. XVI, q. vi, n. 6. On a indiqué, t. îv. col. 1921, comment Scot n’excluait pas pour autant une quasimatière du sacrement, composée des actes du pénitent, qui sont la contrition et la confession, actes préalables

nécessairement requit a l’absolution, enfin la satisfaction, complément obligé du jugement.

Les actes do pénitent, contrition, confession, satistacl ion, sont pari ies non essentielles, mais intégrantes de la pénitence sacramentelle : on peut les considérer comme la matière prochaine sur laquelle s’exerce la forme, puisque l’absolution porte sur les péchés, dont ces actes sont la manifestation douloureuse. Ainsi s’explique la définition : absolulio hominis pœnitentis. Dist. XVI, q. i, n. 7.

La forme du sacrement n’est pas strictement déterminée par le caractère judiciaire du jugement : la formule ego le absolvo est convenablement choisie. Tout ce qui précède ou suit est affaire de coutume dans les différentes Églises. Dist. XIV, q. i, n. 4. Dans leur sens naturel, ces paroles signifient la purification fablutionem) de l’âme par rapport au péché, id., n. 2 : mais elles la signifient d’une manière efficace, se terminant en réalité à la purification du pécheur, id., n. 3, et elles doivent être prononcées par le prêtre en présence du pénitent. Dist. XVII, n. 31.

Conformément à sa doctrine générale sur l’efficacité sacramentelle, Scot enseigne que l’absolution n’opère pas immédiatement et principalement le pardon des péchés, mais s’étend médiatement et instrumentalement à la rémission de la faute et de la peine éternelle. Dist. XIX, q. ii, n. 32. Son efficacité, relevant d’une causalité morale, se termine donc à la production d’une disposition objective, laquelle, en vertu du pacte divin, exige nécessairement le pardon. Jbid.

Une conclusion s’impose que nous empruntons au P. Teetært. « Continuant le mouvement qui s’était produit durant le xiir siècle en faveur de l’absolution, le Docteur subtil fait de cet acte du prêtre le seul élément essentiel et constitutif du sacrement de pénitence et considère les trois actes subjectifs (la contrition, la confession et la satisfaction) comme des parties intégrantes du sacrement, requises non pas pour la validité, mais seulement pour la réception fructueuse de la pénitence. De la sorte, la contrition, à laquelle les auteurs du xiie et de la première moitié du xme siècle réservaient la place la plus importante dans la rémission du péché et que saint Thomas avait maintenue comme un élément essentiel de la pénitence, fut rejetée par le Docteur subtil comme partie constitutive du sacrement et n’y fut gardée que comme partie intégrante. » Op. cit., p. 395.

Caractère général des actes pénitentiels.

- « Faire pénitence » comporte des sens divers, énumérés par Scot, dist. XIV, q. I, n. 14-16, mais le sens primordial, dont dépendent tous les autres, est la punition du péché : peccatum vindicabile. Par là, nous avons la spécification de la vertu de pénitence, qui se rattache à la vertu de justice et, en dernière analyse, à la justice vindicative. Q. ii, n. 8. Elle a son siège dans la volonté. Id., n. 5. Mais, de ce caractère général, il est possible de déduire que, de puissance absolue, Dieu pourrait ne pas ordonner le pécheur à cette vindicte et, par là, sans mouvement de pénitence de sa part, lui pardonner ses fautes, q. i, n. 18. Cette opinion singulière répond à la conception générale de Scot sur la justification, voir ce mot, t. viii, col. 2127, et a trouvé un écho surtout chez les nominalistes. Voir plus loin, col. 1035, 1039.

Dans l’ordre naturel, la vertu de pénitence s’inspire d’un motif indépendant de la révélation : il faut punir le péché, mal et offense de Dieu. A ce point de vue, un acte unique de justice vindicative semble exigé : une douleur, une peine, un regret intérieur en raison de l’offense faite à Dieu. Report., 1. IV. dist. XIV, q. iii, n. 4. Au point de vue surnaturel, le péché doit être puni, en tant que détournant l’âme de Dieu et l’empêchant d’acquérir la béatitude surna-