Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/519

Cette page n’a pas encore été corrigée

L023

    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LES FRANCISCAINS AVANT DUNS 5C0T

1024

secret de la confession ; dist. XXII, du retour des péchés et de la sacramentalité de la confession.

D’une manière générale, et tout spécialement dans l’analyse des mouvements qui accompagnent la justification, Richard ne s’éloigne généralement pas des données de saint Thomas et de Pierre de Tarcntaise : avec eux, il reconnaît les quatre actes nécessaires (col. 987). Pour lui, l’infusion de la grâce et la purification du péché ne se distinguent que logiquement, la priorité étant cependant accordée à l’infusion de la grâce. Dist. XVII, a. 4, q. iv. La grâce est la cause formelle de la justification, id., q. ii, ad lum. Dieu soutient d’ailleurs de sa grâce le pécheur se disposant à la justification, q. i, ad lum ; mais tout se passe in instanti, q. VI.

L’existence du pouvoir des clefs dans l’Église résulte des paroles du Christ, Matth., xvi, 18. Richard l’explique comme saint Thomas, distinguant le pouvoir d’excellence du Christ du pouvoir ministériel de l’Église. Dist. XVIII, a. 1, q. i. Il s’agit ici de clef, non de la science, mais du pouvoir, clavis potentiæ, pour ouvrir et fermer, délier et lier. Ce pouvoir, les prêtres du Nouveau Testament le possèdent par leur caractère sacerdotal, même s’il leur manque la clavis scienliæ, Dist. XIX, a. 1, q. ii, même si leur mauvais état d’âme leur en interdit l’usage, q. ni. Sur cette dernière considération se greffe d’édifiantes et utiles vues de théologie pastorale. Cf. Lechner, op. cit., p. 249-250.

La distinction de la pénitence-vertu et de la pénitence-sacrement trouve sa place dans le traité de Richard. Dist. XIV, a. 1, q. I. L’objet formel de cette vertu est le péché, non pas tant comme offense de Dieu que comme transgression coupable de la loi divine. Id., q. n. Quand Richard parle ici de péché actuel, il faut l’entendre par opposition au péché originel. La vertu de pénitence est une vertu morale, se rattachant à la justice, a. 2, q. ii, avec cette note distinctive que le pécheur s’impose à lui-même librement la réparation du droit lésé. A. 3, q. i. L’espérance du pardon y est incluse, a. 3, q. ii, et ad 3um ; et cette pénitence salutaire fait elle-même partie du plan de la prédestination. L’habitus naturel de la pénitence dispose certainement à Vhabilus surnaturel : Richard ne décide pas si la pénitence surnaturelle résulte en nous de l’action des principes surnaturels, ou si elle est totalement infuse. A. 4, q. i.

L’existence de Vattrition est démontrée, sans que ce mot soit prononcé, à propos de la question de l’origine du mouvement de pénitence : utrum pœnilentia concipi potest in nobis ex timoré ? Dist. XIV, a. 4, q. n. La réponse est affirmative, à condition d’entendre que la crainte est un simple point de départ. Divers motifs peuvent influer sur ce mouvement : foi, espérance, crainte et même commencement d’amour. Ordinairement, c’est à la crainte qu’il faut rapporter le principe de la pénitence. A. 4, q. n ; a. 10, q. i. Mais l’auteur distingue nettement la crainte servile et la crainte filiale, celle-ci pouvant seule conduire à la vraie pénitence. A. 4, q. ii, ad 3um. La contrition informe (attrition ) ne mérite la justification que de congruo. A. 7, q. i. Quoi qu’il en soit, la justification par la contrition est en dépendance directe du sacrement, puisque aucune contrition n’est véritable si elle ne contient pas le désir du sacrement : elle est, en toute hypothèse, la res sacramenti. A. 7, q. ii, ad 2um. S’il faut mettre un ordre dans les sentiments dont se compose le mouvement de pénitence, la foi doit passer en premier lieu ; c’est elle qui montre ce que l’on doit craindre, aimer, espérer. A. 10, q. i.

Comme sacrement, la pénitence peut être publique ou privée. Dist. XIV, a. 11, q. i. Richard ne s’occupe que de la pénitence privée. Le sacrement a été immédiatement institué par Jésus-Christ. Dist. II, a. 1,

q. m. Comme sacrement, la pénitence se distingue de la pénitence naturelle, par l’aveu fait au prêtre et par l’absolution. Dist. XXII, a. 2, q. iv. Le pouvoir d’absoudre a été conféré aux prêtres par le Christ après sa résurrection, Joa., xx, 23, en relation avec la juridiction préalablement concédée, Matth., xvi, 18. Richard s’en tient sur l’efficacité du sacrement aux conceptions reçues. La pénitence extérieure est le signe, la rémission des péchés est la res sacramenti, et la pénitence intérieure est res et sacramentum, c’est-à-dire un ornalus animæ par lequel le prêtre, grâce au signe extérieur, produit dispositive, dans l’âme, la grâce et la rémission des fautes ; a. 2, q. i, ii, iii, in quantum tua ministerio assislil virtus divina, quæ peccatum reit ittil. Nous avons déjà dit que Richard considère toute rémission du péché, même antérieure à la réception elïective du sacrement, comme res sacramenti. Il suit en cela l’opinion de ses contemporains et prédéY(s seurs immédiats.

Le sacrement est un, nonobstant la multiplicité dises éléments, unum unitate integrata ex pluribus relatis ad aliquid significandum et aliquo modo efjiciendum, quod est remissio actualium peccatorum, et donc d’unité relative. A. 2, q. m. Pour Richard, la forme du sacrement réside dans l’ordre des parties en vue de signifier la rémission des péchés et d’y disposer l’âme ; la matière, ce sont ces parties, contrition du cœur, confession, satisfaction et absolution. Dist. XVI, a. 1, q. ii, ad lum. Ainsi, dans le sacrement, la pénitence demeure emendatio voluntaria, mais per viam judicii voluntarie suscepti. Ibid.

L’absolution est l’élément qui coopère le plus efficacement à la rémission des péchés et de la peine éternelle ; l’acte du prêtre, qui tient la place du Christ, doit être plus efficace que les actes du pénitent. Ibid. Mais cette efficacité ne s’étend à la rémission de la faute et de la peine éternelle que minislériellemtnt et instrumentalement : la vertu divine assiste le prêtre conférant l’absolution. C’est elle, et elle seule, qui remet directement faute et peine ; l’absolution produit simplement, mais ex opère operalo, la disposition à cette rémission. Dist. XVIII, a. 2, q. i. Nous sommes donc ici encore en face du système de la causalité dispositive.

Si Richard s’en tient à cet enseignement, c’est que sur la contrition elle-même il professe la même doctrine que la plupart de ses contemporains. Il y a deux contritions, le mouvement de pénitence informé par la grâce ; le mouvement encore informe. Dist. XVII. a. 1, q. n et m. La contrition informe, pourvu qu’elle procède d’un commencement d’amour de Dieu, devient « formée » par l’absolution dans le sacrement de pénitence ; et ainsi, d’attritus le pénitent devient conlritus. Nous rejoignons ici la doctrine précédemment énoncée à propos de l’absolution : c’est Dieu qui demeure la cause unique et directe de la rémission du péché et de la peine éternelle ; la contrition joue avant tout le rôle de disposition. Pour plus de détails, voir Lechner, op. cit., p. 274-288.

La confession, faite oralement au prêtre, est un précepte du Christ. Dist. XVII, a. 2, q. i, m. Le précepte a été donné soit implicitement, en figure, Matth., viii, 4 : soit explicitement. Mais il se déduit également du caractère judiciaire de la pénitence. Rien ne sert de dire que sans la confession le pécheur peut réparer : il s’agit, en effet, avant tout, de remettre les fautes. Le précepte du Christ a été promulgué par Jacques, v, 13-15, 16. Et enfin l’Église l’a sanctionné au concile du l.atran, dans le canon Omnis utriusque sexus. La confession est d’ailleurs nécessaire d’une nécessité de salut. Q. i. Ainsi l’aveu doit toujours être réalisé, soit in actu, du moins in voto, quand le pénitent ne peut s’acquitter de cette grave obligation. Q. i. Richard