Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/513

Cette page n’a pas encore été corrigée

loi 1

    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LES THOMISTES, XV « SIÈCLE

1012

duplicis dispositionis’, scilicet sacramenti, quæ fil per (irnalum et liberi arbitrii, quæ. fit per contriliuurm. Sum., part. III, tit. xiv, c. xvii. Ici, par rapport à saint Thomas, la pensée d’Antonin est incomplète, car elle passe sous silence l’influence du sacrement in iwto sur la contrition, dans la justification extrasacramentelle, qui est, selon son avis, le cas le plus fréquent. Il fonde la nécessité de confesser les péchés déjà pardonnés par la contrition sur le précepte divin et ecclé siastique et sur l’incertitude où se trouve le pécheur à l’égard du pardon. Si l’on omet cette confession subséquente, les péchés pardonnes ne revivent pas, mais le pécheur commet un nouveau péché. Jbid., c. xviii.

Sur la contrition, l’enseignement d’Antonin ne se différencie guère de celui de saint Thomas. Il distingue contrition et attrition, mais non d’après les motifs. La contrition est dolor perfectus et gratin injormalus. Dans le même acte de volonté, l’attrition ne peut devenir contrition, mais l’acte d’attrition prépare l’acte de contrition. La contrition est absolument nécessaire pour la rémission du péché grave, le pécheur devant préférer tout souffrir plutôt que d’offenser Dieu. Ibid., § 1, 4, 5. Cf. Summula con/essionis, t. I, part. II, § 5, Strasbourg, 1499, fol. 17 v°. Toutefois, étant donnée la position très nette adoptée par Antonin touchant la suffisance de l’attrition dans le sacrement, on ne doit pas le ranger parmi les précurseurs du contritionisme. Sum., III a, tit. xiv, c. vi, § 3, et c. xix, § 5.

Sur l’efficacité du sacrement reçu dans la fiction, rien de particulier : Antonin suit saint Thomas et Pierre de la Palu. Sum., IIIa, tit. xiv, c. xix, § 5. Cf. Summula, loc. cit., fol. 17. Signalons que la validité de l’absolution conférée à un absent, en cas de nécessité, est reconnue. Sum., III a, tit. xiv, c. xix, § 9, et tit. xvii, c. xii, xxi, § 3.

Antonin énumère une douzaine d’effets propres au sacrement de pénitence : c’est un développement oratoire de l’Écriture et des Pères. Op. cit., tit. xiv, c. vi. Brièvement, on peut les résumer dans la délivrance du joug du péché et de l’enfer, et dans l’espérance de la récompense céleste. Plus théologiquement traitée, se lit, au c. xvii, la question de la rémission de la coulpe du péché. Vis-à-vis de cet effet, Dieu joue le rôle de cause principale, la passion du Christ de cause méritoire, la grâce de cause formelle. La cause instrumentale est multiple : contrition, confession, absolution agissent simultanément. La contrition, comme partie du sacrement, agit en tant qu’acte de la vertu de pénitence, removens prohibens. La pénitence remet simplement les péchés personnels, mortels ou véniels ; il faut que tous les péchés mortels soient remis simultanément, l’un ne pouvant être effacé sans l’autre. Les mortels peuvent être remis sans les véniels, et un véniel sans les autres. Loc. cit., § 3. Pour les péchés réservés, la causalité dispositive amène Antonin à concevoir d’une façon singulière l’infusion de la grâce et la rémission du péché. Normalement, le pécheur doit confesser toutes ses fautes, même les réservées, au prêtre auquel il s’adresse ; celui-ci donne l’absolution ; s’il n’a pas juridiction pour les réservés, il renvoie le pénitent au supérieur ayant juridiction. Et, derechef, sa confession de tous les péchés doit être faite à ce supérieur. Au cas où le pénitent vient avec la contrition parfaite, aucune difficulté : les absolutions servent uniquement à le réconcilier avec l’Église au for externe. Mais, si le pénitent n’a qu’une simple attrition, la première absolution ne lui confère qu’un ornatus, lequel n’aura son plein effet qu’en vertu de la seconde absolution. Ibid., c. xx.

Contrition, confession et absolution agissent pareillement pour la rémission de la peine due au péché, mais en tenant compte de la dévotion et des efforts du

pénitent. La rémission de la peine éternelle n’est pal possible sans la rémission de la faute qui l’a méritée : elle est nécessairement accordée dans le pardon de U faute. Mais la peine temporelle n’est complètement remise que si la pénitence est parfaite. Ici Intervient l’égalité d’amitié et l’égalité de justice déjà mises en relief par saint Thomas et Pierre de la Palu. Ibid.^ c. xvii, § 3.

Sur la satisfaction, même doctrine que chez saint Thomas et Pierre de la Palu ; impossibles la satisfaction faite sans l’état de grâce ou encore l’expiation d’un péché mortel sans repentir des autres. Nécessité des œuvres satisfactoires imposées par le confesseur. Ibid., c. xx. Excellent moyen de satisfaction, la confession répétée des mêmes péchés, c. xix, § 4. Effet du sacrement encore, la rémission des restes (reliquise) du péché. Ibid., c. xvii, § 3.

Sur la reviviscence de la grâce, des vertus et (Us mérites, même doctrine que chez saint Thomas. Ibid., § 1 et 3.

Antonin, on le voit, n’a pas grande originalité : s ; i Somme est, avant tout, un ouvrage pratique, qui ne s’embarrasse pas dans les discussions spéculatives. On aura remarqué le schématisme des dispositions. ornatus et contrition, schématisme qui ne paraît pas heureux. Une grave lacune est à signaler touchant le rapport du sacrement extérieur avec la contrition intérieure.

Denys le Chartreux.

Denys est, dans l’ensemble,

fidèle à saint Thomas, parfois avec une tendance à l’éclectisme. Cet auteur pense que le maître est resté, même dans la Somme, fidèle à la théorie de la causalité dispositive exprimée dans les Sentences. In IY urn Sent., dist. I, q. iv. Ainsi, le pouvoir des clefs s’étend à la faute elle-même, et certainement instrumentaliter dispositive. C’est l’opinion de saint Thomas, communément admise, près de laquelle les opinions de saint Bonaventure et d’Albert le Grand sont insuffisantes, et contre laquelle s’exerce injustement la critique de Duns Scot. Dist. XVIII, q. m. Denys s’en tient à l’interprétation traditionnelle dans l’école thomiste pour l’efficacité sacramentelle de la pénitence ; et il désigne comme res et sacramentum la pénitence intérieure, ne connaissant rien d’un ornatus. Dist. XXII. q. n. On trouverait moins encore des éclaircissements nouveaux sur les rapports de la pénitence intérieure avec l’effet dernier du sacrement, la justification. Sur l’effet de la contrition avant la réception du sacrement, . Denys suit fidèlement Thomas. Dist. XVII, q. rv. L’attrition, dans le sacrement de pénitence, est suffisante pour la justification. C’est même l’opinion la plus commune. Dist. XVIII, q. m ; cꝟ. t. III, dist. XXXIV. q. ni. En somme, traité excellent quant à sa présentation didactique, mais sans originalité. Sur l’origine divine du précepte de la confession, Denys est très, ferme. Voir t. iii, col. 904.

Les Sommes pénilentielles.

Dans le courant de la

tradition thomiste, deux Summee confessorum sont particulièrement à signaler. Toutes deux ont pour auteurs des dominicains ; leur composition doit être reportée au début du xvie siècle. L’auteur de la Summa Tabiena est Jean Cagnazzo de Tabia, canoniste distingué, mort à Bologne en 1521 ; voir t. ii, col. 1302. L’auteur de la Sylvestrina est Sylvestre Prierias († 1523). Sur ce dernier auteur, voir Michalski. De Sylvestri Prieratis, O. P., magistri sacri Palatii vita et scriptis. Munster, 1892. Sur les deux Sommes, cf. J. Dietterle, op. cit., dans Zeitschr. fur Kirchengesch.. t. xxviii, 1907, p. 401 et 416.

Les deux Sommes sont d’accord pour enseigner la distinction reçue entre sacramentum lantum, res et sacramentum et res tantum sacramenti. Sylv., Sacramentum ; Con/essio ; Tab., Sacramentum. pœnilentia. fa