Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/510

Cette page n’a pas encore été corrigée
1005
4
PÉNITENCE. LES THOMISTES, XlIP ET XIVe SIÈCLES — ItMlli

. Albert de Brescia († 1314) a composé, tout au début du xive siècle, une Summa de offlcio sacerdotis, qui se fonde principalement sur les ouvrages de saint Thomas. Cf. Dietterle, loc. cit., p. 63-64. Cette Summa se trouve dans cod. Vatic. lat. 960. La doctrine y tient une assez large part. Le sacrement de pénitence, avec la confession, a été institué par Jésus-Christ : en accordant aux prêtres le pouvoir des clefs, Joa., xx, 22, Jésus-Christ a obligé implicitement les fidèles à confesser leurs péchés, et les apôtres ont promulgué ensuite cette institution implicite du Christ. D’où l’obligation, pour le pécheur, de soumettre ses fautes au pouvoir des clefs. De plus, la grâce perdue par le péché ne peut être récupérée que par les sacrements, qui sont les sources de la grâce descendant du Christ dans les membres de l'Église. Op. cit., fol. 138 v°139 r° et v°. Sur un point, Albert se sépare nettement de saint Thomas. Il affirme que le baptême est d’une plus grande nécessité que la pénitence, considérée dans la confession et l’absolution ; donc, en cas de nécessité, un non-prêtre peut baptiser, mais non pas confesser, tout au moins d’une confession sacramentelle. lbid., fol. 139 v°.

5. Une Somme anonyme, la Summa rudium, composée vers 1334, voir J. Dietterle, ibid., t. xxvii (1906), p. 78-81, a très certainement comme auteur un dominicain allemand. L’auteur se réfère à saint Augustin et saint Grégoire, à saint Thomas d’Aquin, à l'Écriture (Ancien et Nouveau Testament), aux commentaires d’Albert le Grand et de Pierre de Tarentaise, aux Décrétâtes, à la Summa copiosa d’Henri de Suse et enfin à la Summa de Jean de Fribourg, tant louée par le pape Jean (XXII ?). Cette Somme est éditée à Reutlingen, 1487. Toute la doctrine y est exposée succinctement conformément aux principes de saint Thomas : mais l’influence de Jean de Fribourg est manifeste. Voir Gôttler, op. cit., p. 170-174.

6. Barthélémy de Pise († 1347), dominicain italien, est l’auteur de la Summa Pisana, ainsi appelée en raison de son auteur, ou encore Summa de casibus conscientiæ, composée vers 1338. Sur l’auteur et les éditions de son œuvre, voir ici t. ii, col. 435. Cf. Dietterle, loc. cit., p. 166-171. De toutes les Sommes, c’est peut-être l’une de celles qui suivent de plus près saint Thomas. On y retrouve la division du sacramentuin tuntum, res et sacramentum, rcs tantum, au mot Pœnitentia, 1°, § 14. Causalité instrumentale et ornatus, au mot Ctavis, § 6. La traditionnelle description en quatre temps de la justification, au mot Justiflcatio. Sur la contrition : définition empruntée au Maître des Sentences, au mot Contritio, § 1 ; division en attrition et contrition, § 2, sans allusion à une différence de motifs ; causes de la contrition, d’après Raymond de Pefiafort et Jean de Fribourg, § 7, avec indication de la dépendance de la contrition habituelle par rapport à la charité. Efficacité de la contrition pour la rémission de la coulpe et de la peine, § Il et 12, comme partie du sacrement, et comme disposition du sujet, d’après la distinction connue de saint Thomas. Validité de la confession fictn, dans des conditions plus larges que celles que nous avons trouvées chez les autres dominicains, au mot Confessio, §.'{. Le pouvoir des clefs concourt, disponendo, à la rémission de la coulpe ci de la peine éternelle qui est relief propre de la contrition, au mot Ctavis, § ii ; probablement s’a^il il ici « lu pouvoir des clefs agissant avec la simple attrition. Cf. < ><>t 1 1er.

p. 176. Sur la satisfaction et les œuvres sal isfactoires. même doctrine que chez Thomas d’Aquin. au mot Satltfactio, | : t. I et 10

Sur le complément de la Pisana par Nicolas d’Osimo, voir plus loin, col. 1032.

7. Très similaire > la précédente est la Somme de Raynier de lie i + 1351), plusieurs fois Imprimée, et

dont la dernière édition fut faite par les soins et avec les annotations de J. Nicolaï, Rainerii de Pisis, O. P., Pantheologia sive universa theologia, ordine alphabctico…, nolis et additionibus Nicolai illustrata, 3 vol., Lyon, 1670. L’auteur, ayant voulu écrire une pantheologia se réfère non seulement aux maîtres dominicains, Thomas et Pierre de Tarentaise, mais encore aux autres docteurs célèbres, notamment Pierre Lombard, Hugues de SaintVictor, Alexandre de Haies. De là, un certain éclectisme dans ses solutions.

Le problème de la justification est abordé sous deux rubriques, Justiflcatio et liberatio a peccato : distinction, comme chez saint Thomas, des différents moments de la justification, infusio gradée, præparatio et ascensio animæ, compunclio vel contritio cordis, remissio culpee, le tout simultanément, avec des priorités simplement de nature. Justiflcatio, c. ii, iii, iv, vi : Liberatio a peccato, c. vu. Mouvement nécessaire de la volonté, avec le secours de la grâce divine. Gralia, c. m. Distinction entre attrition et contrition, avec impossibilité de transformer la première en la seconde. l 'attrition étant une grâce gratis data, la contrition, une grâce, gratum faciens ; l’attrition ayant comme principe la crainte servile, la contrition, la crainte filiale ; l’attrition n'étant pas en opposition avec le péché, tandis que la contrition le contredit. Contritio, c. i.

Raynier est naturellement un défenseur de la causalité dispositive, soit en général, pour les sacrements, soit en particulier pour la pénitence. Sacramenta, c. m ; cf. Gratia, c. i. L’absolution produit dans l'âme une disposition à la grâce ; la grâce elle-même ne peut être causée immédiatement par aucun agent créé, puisque c’est Dieu seul qui la cause. Absolutio, c i, § 2 ; c. ii ; Clavis, c. vi. L’expression effective est employée, mais réservée à l’action divine ; dispositive marque l’action du prêtre. Ibid. Aussi le pouvoir de lier et de délier est-il simplement un pouvoir déclaratif : c’est Dieu qui délie et le prêtre ne fait que compléter l'œuvre divine, quoad ostensionem, quoad satisfactionem, quoad præcisionem (réconciliation avec l'Église). Ici, l’influence d’Hugues de Saint-Victor et de Pierre Lombard est particulièrement manifeste. Clavis, c. xvii-xviii. Comme Pierre de la Palu, Raynier admet, en cas de nécessité, la validité de l’absolution à distance.

Les effets de la pénitence sont indiqués aux mots Absolutio, Clavis, Contritio, Confessio, Pœnitentia.

En ce qui concerne la rémission de la coulpe, Rcynier est thomiste. Il estime qu’en règle générale cette rémission est l’effet de la contrition, et qu’il en est souvent ainsi. Contritio, c. iii, iv, xvi ; Clavis, c. vu. xvii. xviii ; Confessio, c. xxxvi. Cependant, il ajoute : s/ unie absolutionan aliquis non fuisset perfeete disposflus ad gratiam suscipiendam, in ipsa tamen confessionr et absolulione sacramentali gratiam consequerctur. si obicem non poneret. Absolutio, ci, § 2 ; cf. Clavis. c. VI ; Confessio, c. vin. D’ailleurs, la contrition n’obtient pas son effet de manière Indépendante ; pour être véri table, elle inclut le désir de la confession ; la vertu de la passion du Christ ne s’exerce (lue par les sacrements En tant que partie sacramentelle, la contrition dispose sans doute l’ftme à la grâce, mais elle produit encore instrumentalement la rémission du péché. l'.rni/rntia. c. i. XXX VI ; Contritio, c. XVi ; Confessio, c. vu. Reynier distingue une double rémission du péché, au for divin et au for ecclésiastique, puisque le péché offense à la fois Dieu et l'Église ; de là. le double moyen de rémission, contrition et confession. C’est la

raison pour laquelle la confession est exigée par l'Église

pour le pécheur qui veuf être admis ; t l’eucharistie et qui ne peut se contenter de la contrition. Contritio, c. wi Semblables preuves sont apportées de la m