Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/505

Cette page n’a pas encore été corrigée

995

    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LES THOMISTES, XIII* HT XIY « SIÈCLES

UUi,

péchés véniels (dont Henri, se référant au mot de saint Paul, I Cor., iii, 12, distingue trois espèces : ligna, les fautes invétérées ; fœnum, les fautes moindres ; stipula, les imperfections légères), obtenue soit par la confession pour ceux de la première espèce, soit par d’autres œuvres pour les autres ; enfin, la confession des péchés mortels aux laïques, en cas de nécessité. Summa aureu, Lyon, 1568, p. 407, 410. Cf. Appar. super libros Décrétai., t. V, Strasbourg, 1512, p. 341.

Un grand nombre de commentaires anonymes se rattachent également aux théories de Pierre Lombard. Citons, d’après Teetært, Concord. super IV l. Sentent., bibl. munie, de Bruges, cod. 154 ; Commentar. super IV l. Sentent., bibl. Vatic, Borgnes. 350 ; Compendium theologiæ, bibl. Vatic. Barber, lai. 484 ; Abbrev. in IV l. Sent., cod. Vatic. lai. 1174 ; Liber Sent, abbreviatus, bibl. munie, de Bruges, cod. 80 ; Lectura super Sententias, Vatic. lat. 4289, où on retrouve, touchant les différentes absolutions, les idées d’Albert le Grand, voir col. 067, et de plusieurs de ses devanciers ; le petit traité De absolutionibus, qui a été édité par F. Gillinann, dans Der Kalholik, t. lxxxix (1909), p. 447, où l’on trouve également mention de ces absolutions. Dieu absout principaliter ; le prêtre, ex commissione ; le laïque, en cas de nécessité, ex unilate fidei ; cette dernière absolution n’étant pas sacramentelle, quoi qu’en ait écrit Gillmann, loc. cit., et G. Gromer, Die Laienbeichle im Mittelaller, Munich, 1909, p. 65, note 2.

C’est surtout dans l’ordre des dominicains que s’exerce tout d’abord l’influence de frère Thomas. Nous suivrons cette influence tout d’abord jusqu’au seuil du xve siècle, puis dans le siècle qui précède immédiatement la Réforme (xve siècle) et enfin à la veille de la Réforme (début du xvie siècle). C’est l’ordre suivi par Gôttler, dont on s’inspire en cet exposé.

I. la FIN du xiiie et le XIVe siècle. — 1° Pierre de Tarentaise. — Ce théologien (le futur pape Innocent V) doit, et par la date de sa mort († 1276), et par ses relations étroites avec saint Thomas, être cité en premier lieu. Son œuvre principale est un Commentaire sur les Sentences, Toulouse, 1652.

La doctrine de Pierre de Tarentaise est fort apparentée à celle de saint Thomas jeune, commentateur lui-même du Maître des Sentences. Sur certains points, Pierre est moins précis que Thomas ; sur d’autres, il apporte, au contraire, une nuance de fermeté.

Le sacrement de pénitence est nécessaire pour obtenir la rémission des péchés et quant à la coulpe et quant à la peine éternelle ; aussi, la contrition parfaite ne remet les péchés avant l’absolution que si elle contient le désir du sacrement ; le pardon, en ce cas, est donc déjà une sorte de rémission sacramentelle. Mais, en l’absence de contrition parfaite, l’attrition, jointe à l’absolution du prêtre, suffit à remettre le péché. In /Vum Sent., dist. XXII, q. i, a. 2.

Comment le sacrement remet-il le péché ? Pierre énumère cinq opinions, dont aucune ne le satisfait. Il fait voir ses préférences pour celle que Thomas enseigne, In /Vum Sent., dist. XVIII, q. i, a. 4, sol. 1 (Suppl., q. xviii, a. 1), voir col. C91 : le pouvoir des clefs concourt instrumentalement à la production de la grâce, en tant qu’il dépose dans l’âme du pénitent les dispositions nécessaires à 1 infusion de la grâce justifiante, mais il n’est pas cause efficiente principale et immédiate : valet (virtus clavium) instrumentaliter ad graliam et justificationem, disponendo, non… immédiate efjficicndo. Dist. XVIII, q. ii, a. 1 ; cf. q. i, a. 6. Mais, quand il s’agit d’expliquer comment la contrition appelle la grâce et comment la grâce est requise pour que la contrition etîace le péché, la distinction thomiste assez vague de grâce opérante et coopérante, s’affirme chez Pierre avec une terminolo gie expressive : cet auteur distingue tritio cum gratia et tritio ex gratin. Dist. XVII, q. iv. Les actes du pénitent sont requis comme l’absolution du prêtre, ad perjectionem sacrumenti, dist. XVI, q. i, et non pas seulement, comme l’insinue Teetært, p. 392, à titre de condition nécessaire.

La confession est nécessaire de droit divin : elle est indiquée par Jac, v, 16. Pour prouver cette nécessité de droit divin, Pierre fait appel à la même raison que Thomas : le pénitent doit être mis en relation avec la passion du Christ, cause de toutes les grâces. La vertu de cette passion opère par les sacrements ; nous ne pouvons être guéris du péché actuel ou originel, sans recevoir les sacrements, soit en vérité, soit en désir. Or, la confession est instituée contre la maladie du péché mortel. Dist. XVII, q. ii, a. 2, ad lum. Les péchés mortels doivent être révélés au prêtre ; les véniels peuvent être avoués à un simple compagnon et sont remis sans absolution sacramentelle. En cas d’impossibilité de confesser les fautes mortelles à un prêtre, Pierre se demande s’il est nécessaire, comme l’affirment certains, de les confesser à un laïque : rapportant les deux opinions qui ont cours, il incline vers l’opinion large, recommandant, sans 1 imposer, une telle confession. Ibid. L’hésitation de Pierre de Tarentaise sur ce point montre combien était grande l’influence de saint Thomas. Mais cette hésitation du futur Innocent V fut salutaire et autorisa nombre de disciples à abandonner sur ce point la doctrine trop rigoureuse — et illogique — du maître.

La doctrine de Pierre de Tarentaise sur la matière du sacrement de pénitence a é^é déjà exposée. Voir Confession, t. iii, col. 914-915. Sur l’urgence du précepte de la confession, PLrre de Tarentaise partagj l’opinion bénigne de saint Thomas ; voir t. iii, col. 906.

Hugues de Strasbourg.

Le Compendium theologicæ

veritatis, le manuel le plus parfait et le plus répandu du Moyen Age, cf. t. vi, col. 871 et 902, est aujourd’hui, sans discussion, attribué à Hugues Ripelin de Strasbourg (| 1268). Cf. L. Pfleger, Der Dominikaner Hugo von Strassburg und das Compendium theologiæ veritatis, dans Zeilschr. fur kathol. Theol., t. xxviii, 1904, p. 429-440, et M. Grabmann, Studien ùber Ulrich von Strassburg, même revue, t. xxix (1905), p. 312-330. Le Compendium a été édité parmi les œuvres d’Albert le Grand dans l’édition Vives, t. xxxiv, Paris, 1895, p. 1-306. L’auteur, comme il en avertit lui-même dans le prologue, a emprunté le contenu de son ouvrage aux théologiens les plus divers. Mais, pour les lignes fondamentales du système pénitentiel, il se rallie à la doctrine de son maître, saint Thomas d’Aquin.

Hugues distingue une double nécessité de l’aveu des péchés : une nécessité de salut, une nécessité de précepte, soit divin, soit ecclésiastique. L. VI, c. xxv. loc. cit., p. 224. Si la rémission du péché est déjà obtenue par la contrition parfaite, la confession n’est nécessaire qu’en raison du précepte divin et ecclésiastique, imposé par le Christ et par l’Église. Le Christ a institué tacitement la confession en conférant aux apôtres le pouvoir de lier et de délier ; les apôtres en ont promulgué expressément la nécessité. Ibid. Mais si, avant la réception du sacrement, le pécheur n’a pas encore obtenu la grâce rémissive, la confession lui est nécessaire non seulement en raison du précepte du Christ et de l’Église, mais de nécessité de salut, de telle sorte que le pénitent doit en avoir au moins le désir, s’il ne peut se confesser réellement. Ibid. Toutefois, la confession n’est obligatoire que pour les péchés mortels, les péchés véniels pouvant être remis de bien d’autres façons. Cf. c. v et c. xxii, p. 204, 221. De ces moyens, il distingue avec saint Thomas une