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PÉNITENCE. LES THOMISTES


niels (sacramentaux et sacrements). Ibid., q. lxxxvii ; De malo, q. vii, a. Il et 1 2.

b) Reviviscence des vertus (III a, q. lxxxix, a. 1-2). — La grâce recouvrée dans le sacrement de pénitence est proportionnée aux dispositions actuelles du pénitent. Il s’ensuit que le pénitent se relève quelquefois avec une grâce plus grande et d’autres fois avec une grâce égale ou même inférieure, et il en va de même des vertus qui suivent la grâce. Cf. I I a - 1 1 33, q. clii, a. 3, ad 3 am ; In /Vum Sent., dist. XIV, q. ii, a. 2, comparé avec In IIl am, dist. XXXI, q. i, a. 4. L’homme retrouve donc sa dignité première considérée dans son essence, c’est-à-dire dans l’amitié de Dieu ; mais certaines dignités (par exemple les dignités ecclésiastiques) ne sont pas nécessairement rendues ; certaines prérogatives (par exemple la virginité, l’innocence ) sont à jamais perdues, mais ce ne sont que dignités secondaires au regard de Dieu. Id., a. 3, et ad lum.

c) Reviviscence des mérites (III a, q. lxxxix, a. 4-5).

— Les œuvres faites en état de charité avaient été « mortifiées par le péché mortel subséquent, a. 4. Mais elles sont revivifiées par la pénitence ultérieure, a. 5. Cf. In ///"m sent., dist. XXXVI, a. 5, ad l<"n ; } n /V"m, dist. XIV, q. ii, qu. 2 et qu. 3 ; dist. XXI, q. i, a. 1, qu. 1, ad 3*™ ; dist. XXII, q. i, a. 1, ad 6°™ ; In epist. ad Thess., c. iii, leç. 1 ; Ad Heb., c. vi, leç. 1 et 3. Elles ont droit à la récompense essentielle proportionnée au degré de charité et à leur récompense accidentelle entière. IIl a, q. lxxxix, a. 5, ad 3um.

On consultera, avant tout, les grands commentateurs, spécialement C.ajétan, Sylvestre de Ferrare, Jean de Saint-Thomas, Gonei, Billuart et, parmi les contemporains, dans leurs traités de la pénitence, tout spécialement Billot, A. d’Alès, Hi gon et Lépicier.

t’n certain nombre de monographies intéressant directement la doctrine de saint Thomas ont été publiées récemment.

I. Contrition et attrition ; effets du sacrement. — G. von Holtum, O.S.B., Die’contrition in ihrem Verhàltniss zum Bussseikrament nuch der Lehre des hl. Thomas von Aquin, dans Jahrbucli fur Philosopliie und spekulative Théologie, t. xx (1905), p. 45-55 ; id., Zur theologischen Reuelehrc. I. Der thomistische sakramentalisrhe Rechtjertignngsbegriff, même revue, t. xxv (1908), p. 129-149 ; R. Schultes, O. P., Reue und Busssakrament. Die Lehre des hl. Thomas uber das Verhdltniss von Rrue und Busssakrament, Paderborn, 1907, et Circa doclrinam S.Thomu : de justificationc, dans Angelicum, t. m (1926), p. lf>6-175, 345-354 ; M. Buchberger, Die Wirkungen des Busssakramentes nach der Lehre des hl. Thomas von Aquin, Fribourg-en-B., 1901 ; J. Gôttler, Der hl. Thomas von Aquin und die vorlridenlinisehen Thomisten ùber die Wirkungen des Busssakramentes, Frib.-en-B., 1904 (la I" partie) ; A. 1-andgrafT, Grundlagen fur ein Verstàndniss der Busslehre der lrùh-und Hochskolastik, dans Zeitschrijl fur kalhol. Theol., t. LI (1927), p. 101-191.

J. I’érinelle, (). 1’., L’allrilion d’après le concile de Trente et d’après saint Thomas d’Aquin, dans Bibliothèque thomiste, t. x, Le Saulchoir, 1927 (la IIe partie) ; F. Galtler, S. !., Amour de Dieu et attrition, dans Gregorianum, t. ix, (1928), p. 375-416 (le début de l’article) ; F. de Vooght, O. S. B., I.a justification dans le sacrement de pénitence d’après saint Thomas d’Aquin, dans Ephem. theol. Lovunicnses, t. v (1928), p. 225-256 ; id., A propos de la causalité du sacrement île pénitence. Théologie thomiste et théologie tout court, même revue, t. vu (1930), p. 663-675 ; F. NVviut, i M, , Valeur du repentir du pécheur ou efficacité de la contrition, i » ns le biru Thomas, Plaisance, t. xxx (1927), )). 264297 ; id., /)// motif ci île l’efficacité de lu contrition parfaite,

ibid., p. 725-731 ; id.. Est-il possible au pécheur, tant qu’il demeure dons ton péché, d’avoir pour Dieu un simple amour de bienveillance ? même revue, t. xxxii (1929), p. 182 166 ; L’absolution change-t-elle les dispositions psychologiques du pénitent ? Ibid., p. 160-162 ; lula justification, dans apologétique, t. i iv (1932), p. 25-48.

II. CONFESSION ET I’Imiinm EN GÉNÉRAL. A I | |

linit. O m <, La confession aux laïques dans l’Êgltse latine depuis le vi // jusqu’au XIV siècle, Weteran Parts, ’.W>,

nicT m : r m’oi. c riioi.

spécialement, p. 321-331, 363-366 ; Amédée de Zedelghem (Teetært), O. M. C, Doctrine de saint Thomas d’Aquin au sujet du sacrement de pénitence et de la confession aux laïques, dans Estudis françiscans, t. xxxiv, Barcelone (1924), p. 302325 ; Et. Hugueny, O. P., La pénitence (édit. de la Revue des jeunes), t. i et ii, Paris, 1931, spécialement, t. n ; note doctrinale ni ; R. Mulard, O. P., La grâce, même édition, note doctrinale iv. (A ces deux auteurs, nous avons souvent emprunté la traduction des textes de saint Thomas.)

IV. Les thomistes de saint Thomas a la Réforme. — Saint Thomas doit être considéré comme le fondateur de la théologie moderne du traité de la pénitence. Ses idées constituent un tel progrès sur les doctrines enseignées jusqu’à lui, que le concile de Trente n’aura qu’à consacrer l’ensemLle du système, pour affirmer la vérité catholique en face des erreurs protestantes. L’œuvre fait donc époque : aussi fallait-il s’y arrêter.

Ce n’est pas à dire qu’une tradition thomiste s’installe immédiatement après saint Thomas, même chez les frères prêcheurs. Les plus fidèles disciples du maître ne se sentent pas enchaînés par toutes ses affirmations. Et, surtout, il y a, un certain temps encore, des disciples fidèles de Pierre Lombard et même d’Hugues de Saint-Victor.

C’est ainsi qu’on relève l’influence de ces deux auteurs chez Romain de Rome († 1273), O. P., qui aurait succédé à saint Thomas comme professeur à l’université de Paris ; cf. card. Ehrle, S. J., L’agoslinismo e l’aristolelisnw nella scolaslica del secolo xiii, dans les Xenia thomistica, Rome, 1925, p. 55 sq. Cet auteur a laissé un commentaire sur les quatre livres des Sentences, bibl. Vatic., cod. Oltob. lat. 1430, fol. 84119. Il y enseigne que Dieu seul remet le péché : le prêtre, la peine éternelle, selon l’opinion d’hugues ; mais il rappelle aussi l’opinion du Lombard, qui réserve à Dieu cette double rémission. Les prêtres ont néanmoins le pouvoir de lier et de délier, c’est-à-dire de manifester la rémission déjà faite, de remettre une partie des peines, d’imposer des satisfactions et, au besoin, de prononcer l’excommunication. Fol. 115 r°. La confession des péchés doit être faite au prêtre, qui a juridiction et qui détient le pouvoir des clefs ; en cas de nécessité, il semble admettre l’obligation de la confession aux laïques. Dans une confession de ce genre, le pécheur obtient son pardon, en raison du désir qu’il manifeste ainsi de se confesser à un prêtre et de l’humilité qui accompagne la confession. Fol. 114 v°, 115 r ».

Mêmes traces dans la Summa de casibus de Burchard de Strasbourg, O. P., qui a dû composer cet ouvrage entre 1280 et 1290. Cf. J. Dietterlc, Die Summaconfessorum, dans Zeitschrifl fur Kirchengeschichlc, t. xxv (1904), p. 268-270. Pour cet auteur, d’après L’opinion la plus répandue, Dieu remet directement les péchés dans la contrition. Bibl. nationale de Florence, A. 254 (sans pagination). Le pouvoir des clefs est réduit au triple mode exposé pour Romain de Rome. Chose étrange, nous retrouvons cette explication, même clicL les théologiens et canonistes qui, comme Jean de Fribourg, enseignent que le sacrement agit ex opère ope rato. Voir col. 1000.

L’enseignement de Pierre Lombard se retrouve encore chez Henri de Suse, cardinal d’Ostie (Hostien sis) († 1271), qui déclare explicitement que la faute et la peine éternelle ne peuvent être remises que par Dieu dans la contrition et que toute l’efficacité sacra mentelle de l’absolution se réduit à diminuer ou à remettre les peines temporelles. Même explication que chez l<s deux auteurs précédents pour le pouvoir de lier et de délier, Ce sont aussi les mêmes renseigne

meut s touchant la confession des péchés mortels, qui

normalement doit Être faite au cure ; la rémission des

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