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913 PÉNITENCE. SOLUTIONS DÉF INITIVES. TEXTES TH ÉOLOGIQUES 914

b) Homélistes et spirituels. — Au moment où les maîtres que nous venons de recenser essayaient du sacrement de pénitence des théories plus ou moins consistantes, prédicateurs et écrivains spirituels poussaient à la pratique de la confession et émettaient, à l’occasion, leurs idées sur l’efficacité de la discipline ecclésiastique en la matière.

Le mystérieux Honorius Auguslodunensis, dans le recueil d’homélies intitulé Spéculum Ecclesiæ, nous donne un type d’absolution générale donnée aux fidèles les jours de fête. Il commence par dire que, sans aucun doute, les fidèles se confessent fréquemment à leurs prêtres, mais que, pour suppléer à ce qui a pu manquer en ces aveux, il va leur demander de répéter après lui les paroles de la confession générale (voir ci-dessus, col. 907), pour qu’il puisse leur donner l’absolution. Cette confession, conclut-il, ne vaut que pour les fautes déjà confessées aux prêtres ou omises par ignorance. Les dernières remarques sont relatives à la distinction entre pénitence publique et pénitence privée. Voir P. L., t. clxxii, col. 824-827. L’ensemble donne des renseignements pratiques du plus haut intérêt.

L’œuvre immense de saint Bernard (| 1153) fournit moins d’informations que l’on ne pense. Voir dans les tables, soigneusement dressées par Mabillon, aux mots Con/essio et Pœnitentia, P. L., t. clxxxiii, col. 1228 et 12.S2 : encore faudrait-il faire le départ entre les instructions adressées aux simples fidèles et celles qui visent les moines. Retenir au moins le Sernw xl, De septem gradibus con/essionis, ibid, col. 647-653 ; le Serm. in Canl., xi.iv, De correptione pro ingénia peccantium moderanda, col. 995-999 ; quelques passages importants du Liber de diligendo Deo, où sont mentionnés les effets de la contrition parfaite, voir surtout c. mi-xiv, t. clxxxii, col. 995-998.

Même remarque en ce qui concerne l’abondant homéliste que fut Gode/roy, abbé de Weingarten († 1165). Les généralités qu’il exprime en nombre de passages sur les qualités de la contrition se rencontrent partout. Voir les tables aux mots Con/essio et Peenitentia, P. L.. t. clxxiv, col. 1(530 et 1647 (poulies homélies dominicales), 1656 et 1664 (pour les homélies restivales). Si notre orateur insiste beaucoup sur la valeur purificatrice du repentir, voir surtout JJumil dom., xxvii, col. 185 C, il ne laisse pas d’enseigner que cette purification intérieure doit être accompagnée du recours au prêtre. Hom. dom., xvii, col. 117-118, où intervient l’exemple des lépreux, <|iii est encore invoqué et plus longuement exploité dans l’homélie LXXXII, col. 575 sq.

I. homélie qu’Otto de Bamberg, l’apôtre de la

Poméranie († 1159), est censé tenir à ses nouveaux

convertis a bien des chances d’avoir été composée

on biographe, Hcrbord de Michelsberg († 1168).

Texte dans P./, .. t. cxxxiii, col. (355-1360. Elle est

remarquable en ce qu’elle exprime très clairement

(trop clairement, « lisent hs sceptiques) la doctrine du

septénaire sacramentel à peu près dans l’ordre actuel :

baptême, confirmation, extrême onction, eucharistie,

pénitence, mariage et ordre Le texte sur la pénitence

"iiniuni sacramentum est per peenitentiam

ciliaiio lapsorum, i<l est ipsorum, gui post bai>lis mum propter gravioret culpas nl> Ecclesia projecti

iclione pœnitentise reformantur et hoc sacra mentum quasi malagma et recuperalto est cadentium

in pugna « vulneratorum. il est remarquable que

définition soit (.nie ;, peu près exclusivement en

fonction de la pénitence publique. De imite évidi

d’ailli or-, nous avons affaire ici avec un texte savant

ie homélie populaire. On aimerait être

iix. plus exactement sur la date de cette i m

profession de foi.

3. La première scolastigue.

C’est l’emploi de la philosophie (ou, comme l’on disait à cette époque, de la dialectique) dans l’étude des questions religieuses qui caractérise, sans aucun doute, le premier âge de la scolastique. Après quelques tâtonnements, la nouvelle science prend vite, avec Abélard, son allure définitive. Pendant que celui-ci enseigne sur la montagne Sainte-Geneviève, l’abbaye de Saint-Victor, sur un autre point de Paris, forme un centre non moins important de culture ecclésiastique. Au milieu du xiie siècle, avec les Sententiaires, on peut dire que la théologie est faite. Comment s’expriment ces divers groupes sur la pénitence ?

a) Abélard et son école. - — Dès le premier quart du xiie siècle, Abélard († 1142) a conçu sa division générale de la théologie : foi (traitant de ce qu’il faut croire), charité (enseignant ce qu’il faut pratiquer), sacrements (moyens de salut). Ce plan grandiose n’a jamais été réalisé, et nous ne pouvons dire à quelle place Abélard aurait situé la pénitence. De celle-ci il parle abondamment dans YEthica (seu Scito leipsum), ce qui semblerait indiquer qu’à son avis la pénitence ressortissait moins à la théologie sacramentaire qu’à la théologie morale. Nettement divisé en deux parties (le péché, ses remèdes), cet ouvrage fait une part considérable à la pénitence, c. xvii-xxvi, P.L., t. clxxviii, col. 660-678, et l’idée de la pénitence ecclésiastique, du sacrement, n’est pas absente de la perspective de l’auteur, cf. c. xxiv, De confessione ; toutefois, c’est beaucoup plus sur la valeur de la contrition que l’on insiste, voir le c. xxv, Quod nonnunquam confessio dimitti potest ; et, quant à la doctrine exprimée au c. xxvi, Utrum generaliter ad omnes pertinet prselatos solvcre et ligare ? elle a paru, à tort ou à raison, suspecte à saint Bernard et au concile de Sens. Cf. ci-dessus, col. 898. Voir, dans le Sic et non, les arguments pour et contre au sujet de la nécessité de la confession, c. lt, col. 1599. Même si YEpitome iheologise christianse n’est pas d’Abélard, il reste précieux pour la reconstitution de sa pensée ; remarquer que la pénitence (c. xxxv-xxxvii, col. 1756 sq.) y est traitée indépendamment des autres sacrements (baptême, eucharistie, extrême-onction, mariage).

Sur bien des points Roland Bundinelli, le futur pape Alexandre III, est en dépendance d’Abélard ; mais sa théologie sacramentaire est plus ferme. La place même qu’il attribue à la pénitence dans ses Sententiæ, écrites après 1150, montre qu’il la range aux côtés du baptême, de la confirmation, de l’eucharistie, de l’extrême-onction. Voir M. Gietl, Die Senlenzen Rolands, Fribourg, 1891. Sa discussion sur la nécessitédela confession.]). 243-249, dont on trouverait l’amorce dans les Sentences d’Anselme de Laon. rappelle beaucoup celle de Gratien, mais avec des conclusions plus fermes ; Roland a essayé de trouver une théorie qui tienne compte, en cette délicate question, des divers points de vue exprimés par les Pères. Ses dires sur le pouvoir des clefs, sans être aussi nets qu’on souhaiterait, ihéritent néanmoins d’être retenus. Loc. rit., p. 264-269. On n’oubliera pas, d’ailleurs, que Roland, tout comme Omnibene, qui le copie souvent, est en dépendance étroite des canonistes.

b) Les Victorins, - - Contemporain d’Abélard, llugnes de Saint-Victor († 1141) s’est mis en garde, beaucoup plus que celui-ci, contre les emballements de La méthode dialectique ci son enseignement reflète davantage la pensée traditionnelle. Ses Idées s’expriment au mieux dans le De sacraincnlis, I. II. dont

une lionne partie est consacrée aux sacrements proprement dits : baptême, confirmation, eucharistie, sacramentaux divers, mariage, pénitence, extrêmeonction. I.. il. part i w L’ordre dans lequel ces questions sont traitées, les problèmes si divers qui