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907 PÉNITENCE. SOLUTIONS DÉFINITIVES, TEXTES LITURGIQUES 908

coupable de péché mort cl, de recourir aux remèdes « le la pénitence selon le mode prescrit par les autorités canoniques. Mais tout Adèle, même s’il n’a pas la conscience aussi chargée, doit recourir, au début du carême, à son propre prêtre, lui confesser toutes les transgressions par lesquelles il a offensé Dieu et recevoir la pénitence qui lui sera assignée. Un extrait de Bède, De remediis peccatorum, vient appuyer cette admonition. Après quoi commence proprement Yordo qualiter sacerdotes plebem sibi commissam tempore pmnitudinis suscipere debent et reconciliari.

Le prêtre commence par se recueillir et par demander la grâce de bien remplir son ministère : deux oraisons, commençant toutes deux par Domine Deus omnipotens propitius esto mini peccatori (la seconde est celle de Burchard, t. XIX, 3). Le pénitent s’approche ensuite du prêtre qui récite sur lui une oraison : Deus qui confitenlium tibi corda puripeas. Ensuite, si le lieu et le temps le permettent, confesseur et pénitent entrent dans l’église (le début est censé se passer au domicile du prêtre) et chantent les sept psaumes de la pénitence ; après chaque psaume, des versets et une oraison. Le prêtre interroge ensuite son client sur les grandes vérités de la foi chrétienne ; il lui demande s’il est prêt à pardonner à ceux qui l’ont offensé, s’il est disposé à se corriger des vices auxquels il s’est livré. En cas de réponse affirmative, on peut procéder à la confession proprement dite : tune cum omni devolione ante absidam suscipi débet ad pitentiam.

Et tout d’abord une exhortation du prêtre, encourageant le pénitent à s’expliquer en toute sincérité, (cf. Burchard, t. XIX, 4, col. 951 ; notre texte donne aussi une autre exhortation où interviennent les exemples scripturaires montrant la vertu de l’aveu). Et c’est maintenant l’interrogatoire : postea sollerti indigatione débet inquirere ipsa peccata, ut ex utrisque plena sit confessio scilicet ut ea confiteatur quæ per corpus gessit et ea quibus in sola cogitatione deliquit. Notre texte ne donne pas les divers chapitres de l’interrogatoire : on s’en fera une idée en lisant le Corrector de Burchard, t. XIX, 5, col. 951-976, où l’on verra que l’on ne craignait pas d’entrer en de singulières précisions.

L’interrogatoire terminé, vient la confession générale du pénitent, formule stéréotypée, correspondant à ce qu’est notre formule actuelle : Conpteor… quia peccavi nimis cogitatione, verbo et opère, mais rédigée avec un luxe extraordinaire de détails (on trouvera un exemple en latin et en haut-allemand d’une confession de ce genre dans P. L., t. cxxxviii, col. 989-990, il y a des textes beaucoup plus développés encore ; en voir un particulièrement circonstancié dans Morin, appendice, p. 55-56).

Après cette confession générale, le prêtre demande au pénitent s’il croit que, par la confession et une pénitence véritable, les péchés peuvent être remis ; puis il lui adresse une instruction sur les huit péchés capitaux, car il est presque impossible que l’un ou l’autre n’ait inspiré au pénitent quelque mouvement déréglé, sur les vertus qu’il faut opposer à ces vices (Burchard, col. 976-978). Le pénitent se prosterne alors à terre et, renouvelant son aveu général de culpabilité, demande au prêtre d’intercéder pour lui auprès de Dieu : quatenus de his et de omnibus sceleribus meis veniam et indulgentiam consequi merear (Burchard, col. 977 D).

Ce qui suit est introduit par la rubrique : Sequitur absolutio sacerdotis. En voici le texte :

Misereatur tui omnipotens Deus et dimittat tibi omnia peccata tua, præterita, preesentia et futura ( !), visibilia et invisibilia quæ commisisti coram effet sanctis ejus, quæ confessus es, vel quæ per aliquam neglegentiam seu ohlivio nem vel malcvolentiam abscondisti ; liberet te ab omni nialo hic et in futuro, conservet te in omni bono et perducat te ad vitam sine fine manentem. Qui vivit c-t gloriatur in ssecula sœculorum.

Après quoi le prêtre se prosterne en même temps que le pénitent, dit l’oraison dominicale et une série de versets, laquelle introduit le chant de nouveaux psaumes séparés par des oraisons : ps. xxxvii (Domine ne in furore tuo), ps. L (Miserere), ps. li (Quid gloriaris), ps. lui (Deus in nomine tuo), ps. en (Benedic anima mea). On trouvera dans Burchard, col. 978, les oraisons qui s’intercalent à la suite de chacun des quatre premiers psaumes. Voici les passages essentiels de celle qui vient après le ps. : Benedic anima mea :

Omnipotens Deus, criminum absolutor et indultor peccaminum, qui apostolis tuis apostolorumque successoribus dixisti : « Sine me nihil potestis facere » et t si duo ex vobis consenserint super terram de omni re quameumque petierint, fiet illisaPatre meo, qui etiam specialiter beato Petro apostolorum principi ligandi et solvendi pontificium tradidisti, et postea generaliter in omnibus discipulis insufflasti et dixisti : i Accipite S. S., etc. », tu, Domine in nostro ministerio tuam insère clementiam et in nobis peccatoribus quod tuum est operare, ut quod nostra mérita non exigunt tuse virtutis impleatur efïectu. Supplices poscimus tuam clementiam ut famulo tuo N… pius adjutor et clemens indultor existas. Adsit ei, Domine rex cæli, tua misericordia in tribulatione constituto… ne reminiscaris, Domine Deus, malorum suorum factorum… Tu enim solus potens es, non solum peccata dimittere verum etiam ipsos peccatores justificare. Qui solus cum Pâtre et Spiritu Sancto vivis, etc.

Ces prières terminées, le prêtre assigne au pénitent la pénitence convenable ; et notre ordo de donner au confesseur un certain nombre de règles, toutes empruntées à Burchard, sur la manière de proportionner la satisfaction aux diverses circonstances. Il se clôt sur la remarque classique concernant les péchés quotidiens et légers, qui sont remis par la récitation du Pater et l’aumône, et par la vieille prescription du pape Innocent I er relative à la réconciliation générale des pénitents, qui doit avoir lieu le jeudi saint.

On se gardera de voir dans cet ordo un type ne varietur. De très nombreuses divergences se remarqueraient dans des textes, même très voisins dans le temps et l’espace ; nous avons choisi celui-ci parce que le dessin général de la cérémonie est bien marqué : 1. prières préparatoires ; 2. confession proprement dite sous forme d’interrogatoire et ensuite de confession générale ; 3. prières de l’absolution, sous lesquelles il faut comprendre non seulement la formule Misereatur, mais tout l’ensemble des psaumes et oraisons ultérieures ; 4. imposition de la pénitence.

Jusqu’à quel point s’astreignait-on, dans la pratique, à cet ensemble de cérémonies et de prières qui devait durer fort longtemps, c’est ce qu’il est impossible de dire. Il est vraisemblable qu’il y avait avec le rituel des accommodements. Néanmoins, l’impression que laisse la lecture des très nombreux ordines pienilentiæ de cette époque, c’est que les choses ne pouvaient se passer avec la célérité qui nous est coutumière. Si les cérémonies de la pénitence publique ont finalement trouvé, vers le début du xe siècle, leur règlement à peu près définitif, il faudra bien des simplifications encore pour donner une forme pratique à Yordo de la pénitence privée.

Une chose, néanmoins, frappe à première inspection, quand l’on parcourt ces différents ordines, c’est l’insistance sur Vintégrité de la confession. Cette insistance montre que, dans l’opinion des clercs qui ont compilé ces formulaires, la confession prend une importance capitale. Et, par là, ces textes du Xe et du xie siècle nous mettent en un monde de préoccupations qui se rapproche du nôtre.