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PÉNITENCE. ORIGINES DE LA PENITENCE PRIVÉE


caractéristique du système, est désormais acceptée. Cette constatation faite, il n’est pas trop difficile d’imaginer comment s’est introduite la nouvelle discipline ; le processus serait, en somme, le même qui, dans l’Église orientale, a fait passer l’administration de la pénitence à peu près exclusivement aux mains des moines. Voir art. Confession, col. 862 sq. Il y a cette différence, toutefois, qu’en Orient la concurrence était possible entre clergé séculier et clergé régulier ; dans les chrétientés celtiques, où il n’y avait que des moines, il ne pouvait en être question. Depuis les origines du monachisme, l’ouverture de conscience, nous l’avons dit à plusieurs reprises, avait joué un rôle considérable dans le développement de la vie religieuse ; on comprend assez que, très pénétrés des bienfaits d’une telle institution, les moines l’aient répandue autour d’eux. En des régions où la vieille discipline canonique n’avait pas eu le temps ou le moyen de s’implanter, on comprend que la forme très souple de la nouvelle pratique ait montré tout aussitôt ses avantages. Écartons pour l’instant toute idée d’obligation. On imagine sans trop de peine des laïques coupables de fautes plus ou moins graves, venant demander à l’abbé d’un monastère, ou même à l’un de ses moines, le moyen de les expier, et, celui-ci, guidé par l’expérience des anciens, imposant à chacun une pénitence proportionnée, analogue à celles mêmes qui étaient en usage dans le couvent, tout cela sans aucun appareil extérieur, sine strepitu et forma judicii. Ce qui peut-être avait été le cas, à titre plus ou moins exceptionnel, dans les chrétientés continentales, ci-dessus, col. 807 et 839, devenait maintenant, en l’absence d’une institution plus officielle, la coutume et, si l’on peut déjà (hic la règle générale. Tout ceci, bien entendu, reste dans le domaine del’hypothèse ; mais, en somme, les quelques documents que nous pouvons avoir s’encadrent assez Lien dans cette présentation des choses.’1. Diffusion de la pratique sur le continent. - Les moines cettes ont été d’infatigables missionnaires. Si l’un excepte la légion de la Grande-Bretagne, conquise par les Jutes, les Saxons et les Angles, où ils ont, pendant des années, obstinément refusé de porter l’Évangile, on peut dire qu’à peu près toutes les régions de l’< tccident latin les ont entendu prêcher sinon le christianisme (beaucoup de ces pays étaient chrétiens de nom), du moins une pratique plus sérieuse de la vie chrétienne. Sur ces expansions celtiques, voir les cartes publiées dans le livre de dom Gougaud, ci-dessus mentionné.

Que ers moines cettes aient emporté avec eux les peniteiiticls qui, depuis quelque temps déjà, réglaient.

en leur pays, l’administration de la pénitence, cela ne

aurait faire de doute ; qu’ils se soient efforcés, dans les régions or, ils passaient, dans les localités où ils s’et ablissaienl. d’amener huis ouailles a pratiquer une discipline dont ils connaissaient, par expérience, l’efficacité, cela non plus ne saurait él re discuté. 1 '>. l’ose h

mann nous paraît bien avoir démontré que le célèbre

canon de Tolède de 589, ci dessus, col. 840, vise la

propagande faite par des Celtes dans le nord de l’Es el spécialement dans la région galicienne. Voir

Dieabendl. K irchen busse im frùhen Mtltelalter, p. 58 sq.

Il est certain, en tout cas. que les listes conciliaires de’i et de l’.raga <."> 7 j > révèlent la présence, en contrées, d’cccli iastiques d’origine bretonne.

d’ailleurs que la vive résistance que présenta

d’Espagne, résistance que nous retrouverons

période suivante, ne laissa pas d’enrayer en ce

on la hiéran iasl Ique et l’autoi de s no

l’affirment si énergiquement, surtout au i

de, la diffusion de la pratique nouvelle.

il en va tout autrement dans la (..mie mérovin gienne. Sans parler de I rmor ique, entièrement

repeuplée par des insulaires, mais sur laquelle nous n’avons que peu de lumière à ce moment, on peut dire que la Gaule, durant la seconde moitié du vr siècle. pendant tout le viie, et jusque très avant dans la période carolingienne, est sillonnée par les moines scots (c’est-à-dire irlandais). Le plus illustre est. a coup sûr, saint Colomban (fondateur de Luxeuil err 590), mais il ne faudrait pas se le représenter comme une exception. Et si Colomban lui-même n’a guère fondé, en Gaule, que Luxeuil, le nombre des monastères qui a subi l’influence luxovienne a été très considérable. Voir sur ce sujet l’excellente thèse de

A. Malnory. Quid Luxovienses monachi ad regulam monaslerorium atque ad eommunem Ecclesise projectum contulerinf, l’aris, 1894. Cet auteur a fort bien mis en lumière tant l’irradiation générale qui s’est produite à partir de Luxeuil. que le rôle particulier des moines de saint Colomban dans la diffusion de la pratique pénitentielle. Loin d’infirmer ces conclusions, les travaux ultérieurs n’ont fait que les renforcer ; 1*. Four nier, en particulier, a reconnu l’authenticité substantielle du Liber de pxiiitentia attribué à saint Colomban (voir Rev. d’hist. et de lilt. réf., t. vi, 1901, p. 293) ;

B. Poschmann, de son côté, qui ne semblait pas connaître le livre de Malnory, est arrivé aux mêmes conclusions que lui en ce qui concerne le texte du concile de Chalon-sur-Saône que nous avons cité col. 848. Comme à ces divers auteurs, il nous paraît, à nous aussi, que ce concile, tenu vers 650, à peine un demi siècle après le départ de Colomban pour l’Italie, émet, en faveur de la discipline pénitentielle, telle que les luxoviens l’ont propagée, un avis favorable. Poschmann, op. cit., p. 75 sq.

A s’en tenir aux disciples mêmes de saint Colomban, et sans l’aire entrer en ligne de compte d’autres missionnaires irlandais moins célèbres, on a la possibilité d’expliquer la diffusion de la discipline celtique non seulement dans une bonne partie de la Gaule, mais en Bavière, dans les pays de langue alémanique (Suisse, Alsace), et jusqu’en 1 "huringe. Et si l’on ajoute que saint Colomban est allé mourir à Bobbio, dans la Haute-Italie, on donnera une idée de la zone considérable sur laquelle s’est exercée son influence directe ou médiate. Les quelques anecdotes que rapporte son biographe, ci dessus, col. 8 18 sq., sont très loin de nous faire mesurer l’étendue de son action dans le domaine de la pratique pénitentielle. Or, ce que nous venons de dire de saint Colomban. il faudrait hdire de tous les missionnaires celtiques et, dès lors, conclure avec A. Boudinhon : Dans les Gaules et en Germanie, la marche suivie par la pénitence tarifée est facile à suivre : elle n’est autre que celle des moines missionnaires. Reo. d’hist. et de lilt. ni., t. II, 1897, p. 502.

Au moment même où ces progrès se manifestaient sur le continent, la partie de la Grande-Bretagne ion quise par les

glo Saxons achevait de se rallier défi nitivement au catholicisme. On sait comment l’cvan gélisatlon de l’Heptarchie fui commencée parles mis siouuaites romains du pape saint Grégoire uu peu contre le gré du cierge breton, demeuré hostile aux envahisseurs. Mais, en définit ïve, cette première tenta live ne donna que des résultats instables ; la pénétra lion sérieuse du christianisme dans l’Heptarchie ne commencera que du jour où les moines scois d’Iona entameront. par le Nord. I uiivrc d’év angelisal ion. ( >n comprend, dès lors, comment les nouvelles Églises anglo-saxonnes ont retenu davantage la discipline pénitentielle celtique que celle des collections cano niques Bien qu’il témoigne d’une certaine connais tance de la pénitence publique, le pénitentlel « lit de Théodore, ou se résument bien les diverses tendances de l’époque, a une et rolte parenté av ce celui de Colom-